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08/07/2021 03:23

DIJON MÉTROPOLE : Avec la méthanisation, Odivea lance le premier maillon d'une chaîne de production d'énergie

Réduction des boues d'épuration retournant aux milieux naturels, production d'énergie, prestation pour l'industrie agroalimentaire, réduction de l'empreinte carbone... l'unité de méthanisation dont le chantier a été lancé ce mercredi 7 juillet marque le premier élément d'une série qui s'étalera jusqu'en 2030. François Rebsamen a vanté «l'âme des pionniers» permettant de «créer cette nouvelle frontière qu'est la lutte contre le réchauffement climatique».
Depuis le 1er avril 2021, Odivea gère l'approvisionnement en eau et l'assainissement de 15 des 23 communes de la métropole de Dijon. Constituée dans un partenariat public-privé, Odivea est une société d'économie mixte à opération unique multiservices (SEMOP) dont le groupe Suez est actionnaire à 51% et Dijon Métropole à 49%.

Selon le président de Dijon Métropole, François Rebsamen (PS), ce partenariat permet de «renforcer l'efficacité du service public tout en bénéficiant des compétences et des capacités d'innovation d'un grand groupe industriel d'envergure internationale».

«L'énergie, l'hydrogène, l'eau, l'assainissement sont des piliers sur lesquels reposent notre développement», résume le président de la collectivité qui invite les conseillers métropolitains à «poursuivre avec l'âme des pionniers pour créer cette nouvelle frontière qu'est la lutte contre le réchauffement climatique».

Odivea investira 100 millions d'euros d'ici 2030


Dans cet esprit, Odivea prévoit de lancer plusieurs chantiers sur neuf ans pour un investissement total de 100 millions d'euros. 40% pour l'eau potable, 60% pour l'assainissement.

Quatre grands chantiers concerneront justement l'assainissement : la réalisation d'une unité de méthanisation, la construction d'un nouveau bassin d'orage, la valorisation thermique des boues par incinération et le traitement des micropolluants plastiques.

«Réduire notre empreinte carbone collective»


Le début des travaux du premier chantier a été officialisé ce mercredi 7 juillet 2021 à l'arrière de la station Eau vitale entre Dijon et Longvic.

Selon le vice-président de Dijon Métropole et président d'Odivea, Antoine Hoareau (PS), l'objectif est «de réduire notre empreinte carbone collective et de limiter l'impact de la vie humaine sur les milieux naturels» et de «lutter contre le changement climatique».

Dans son discours, le socialiste fait également référence à Ségolène Royal et à sa loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, promulguée en 2016, durant le quinquennat de François Hollande : «la préservation des milieux aquatiques est une grande priorité».

37% financés par France Relance


Actuellement, les boues d'épuration sont destinées à l'épandage agricole et à du compostage. L'unité de méthanisation diminuera de 40% la quantité de boues à traiter et le nombre de camions transportant les résidus passera de 900 à 480.

L'investissement destiné à l'unité de méthanisation s'élève à 15 millions d'euros dont 5,5 millions de subventions par France Relance via l'agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse (soit 37%). Selon Dijon Métropole, il s’agirait du seul projet à ce stade financé en région par l’État pour la création d’une unité de méthanisation adossé à une station d’épuration.

Au niveau national, le plan de relance a confié une enveloppe de 300 millions d'euros aux agences de l'eau pour financer de tels projets. Selon le directeur de la délégation de Besançon de l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, François Rollin, «il s’agit de l’opération la plus importante financée par les crédits France Relance sur le territoire régional. Au titre du 11ème programme d’interventions de l’agence de l’eau tout d’abord, l’objectif est de répondre à l’enjeu d’adaptation des territoires face au changement climatique notamment grâce à l’innovation dans les stations de traitement des eaux usées».

En Bourgogne-Franche-Comté, près de 32 projets des collectivités territoriales sont soutenus, pour un montant total de près de 17 millions d’euros. La Côte-d’Or est le premier département de la région bénéficiaire de ce volet de France Relance : neuf projets de modernisation des infrastructures d’eau et d’assainissement sont ainsi soutenus, pour près de 10 millions d’euros de subvention.

Un projet qui relève de l'«économie circulaire»


Dans son propos, le préfet de la Côte-d'Or, Fabien Sudry, regrette que de tels investissements ne soit pas toujours «perceptibles» par la population car peu «visibles» alors qu'«ils répondent à une vocation d'intérêt général absolument prioritaire».

Cependant, le préfet salue un projet «vertueux sur le plan environnemental» qui participe de «l'économie circulaire». «C'est le témoignage qu'ici, sur ce territoire, la transition écologique, on la traduit en actes», résume Fabien Sudry.

Les recettes du biométhane


Par la suite Dijon Métropole financera un autre maillon de la chaîne de production d'énergie : un hydrolyseur pour 3,3 millions d'euros.

Le biogaz produit par Odivea à partir de la macération des boues sera alors mis à disposition de Dijon Métropole qui en assurera l'épuration au travers de l'hydrolyseur avant de le vendre à une filiale de GrDF, ce dernier distribuant finalement le biométhane sur le réseau.

La production annuelle attendue de biométhane devrait être de 10 GWh, correspondant ainsi à la consommation de chauffage et d'eau chaude sanitaire de 4.000 foyers. En conséquence, la recette espérée par la Métropole serait de 1,3 millions d'euros par an à partir de 2023.

Une future incinération des boues d'épuration


Selon le directeur général de Suez, Bertrand Camus, il s'agit de transformer «la pollution en énergie» avec une technologie reposant sur l'hydrolyse pour la première fois utilisée en France. Les différents outils à venir d'ici 2030 devraient permettre d'avoir une balance énergétique positive entre l'assainissement de l'eau et la production d'électricité et de gaz.

En 2026, Odivea reconstruira une partie de la centrale de traitement de boues pour implanter un four qui brûlera les 60% de boues ne passant pas en méthanisation. La totalité des boues seront ainsi traitées sur le site de la station Eau vitale.

Odivea pourra alors être prestataire pour l'industrie agroalimentaire qui génère également des boues grasses. 6.600 tonnes sont ainsi attendues annuellement.

À ce jour, la station Eau vitale est dimensionnée pour un assainissement correspondant à une population de 400.000 habitants. En 2020, elle a traité les eaux usées de 310.000 habitants. La population de la Métropole devrait être de 270.000 habitants en 2030 ce qui laisse donc la possibilité de proposer des prestations.

En matière de bilan carbone, la filière complète de traitement des boues ainsi modernisée passera de 1.342 tCO2 émis/an à -1.694 tCO2 émis/an. À terme, la production d'énergie issue du traitement des boues d'épuration pourrait être équivalente à celle diffusée par le réseau de chaleur urbain.

Jean-Christophe Tardivon