Si la présentation du budget 2024 était au menu du «forum participatif» animé par la première adjointe au maire de Dijon, ce mardi 16 janvier, les polémiques autour de l'affichage publicitaire, des berges du Suzon et des Jardins de l'Engrenage se sont invitées dans les débats.
Neuf réunions pour un budget municipal. En lien avec le périmètre des Ateliers de quartier (ex-commissions de quartier), la Ville de Dijon a organisé des «forums participatifs» pour présenter le budget primitif 2024, voté le 18 décembre dernier.
Si le président de la Métropole de Dijon a animé trois réunions dans l'agglomération (
lire notre article), Nathalie Koenders (PS), première adjointe au maire de Dijon, a été chargée d'intervenir au cours de ces «forums participatifs».
Une centaine de participants
La première occurrence s'est déroulée, ce mardi 16 janvier 2024, à la Maison Maladière, en présence d'une centaine de personnes dont des élus de la majorité municipale, de l'opposition départementale, des membres des Ateliers de quartier, des Jeunes socialistes, des habitants ainsi que, plus globalement, des citoyens trouvant là l'occasion d'interpeller les élus chargés de l'action publique.
L'affluence était telle que, du fait de la taille de la salle de la maison de quartier, plusieurs habitants ont dû rebrousser chemin, d'autant plus que la réunion a commencé à l'heure.
Sauf à de rares occasions, l'intervention a peu porté peu sur les quartiers Maladière, Drapeau et Clemenceau. L'oratrice abordant le territoire communal, voire intercommunal, dans son ensemble et les participants ne posant guère de questions spécifiques.
«Un budget ambitieux»
La première adjointe débute son propos en rappelant le contexte du vote du budget – Dijon recevant une dotation de l’État «beaucoup plus faible que des communes de même strate» – en insistant sur l'obligation faite aux collectivités territoriales de définir un prévisionnel «impérativement à l'équilibre».
Le budget primitif 2024 de la Ville de Dijon s'élève à 271,18 millions d'euros. La première adjointe assume la hausse des dépenses de personnel qui atteignent 90,72 millions d'euros du fait notamment d'augmentations de rémunérations des agents territoriaux décidées par le gouvernement et de la mise en place par l'exécutif local d'un système de prévoyance.
Toujours concernant les dépenses de fonctionnement, en matière d'énergie en particulier, «Dijon résiste mieux que d'autres collectivités» car cette municipalité, depuis 2001, a engagé de gros investissements».
«On va étudier la possibilité de raccorder des maisons individuelles au réseau de chaleur urbain mais ça coûte assez cher», indique-t-elle.
Concernant la fiscalité, Nathalie Koenders rappelle la «stabilité» de la part municipale de la taxe foncière. Cette dernière augmentera toutefois pour les propriétaires à Dijon en raison d'une mesure nationale portant sur les bases physiques.
Les priorités budgétaires de l'exécutif portent sur «la maîtrise des dépenses de fonctionnement» (prévues en augmentation de 2,94%), «la poursuite du désendettement» (l'encours de la dette atteignant 110,17 millions d'euros fin 2023 et envisagé proche de 100 millions d'euros fin 2024), «la stabilité des taux d'impôts» et «le maintien d'un niveau d'investissement élevé» (avec 61,95 millions d'euros cette année). «On a vraiment des finances saines», insiste la socialiste.
En fin de réunion, l'adjoint aux finances François Deseille (Modem) insistera sur «un budget ambitieux».
«90% des Dijonnais sont satisfaits de la qualité de vie»
Les priorités politiques sont données à la transition écologique, à la cohésion sociale – «un impératif dans une société en perte de repères et de plus en plus divisée» –, à la tranquillité publique – «comme dans toutes les villes de France, on rencontre des problèmes de tranquillité ou de sécurité liés aux trafics de drogue» relevant d'«une compétence régalienne de l’État» –, ainsi que l'attractivité du territoire.
«90% des Dijonnais sont satisfaits de la qualité de vie», se félicite l'élue municipale en citant un sondage commandé par la Ville de Dijon. Au passage, Nathalie Koenders glisse que ses enfants ont été scolarisés à l'école Buffon. Cela dans un contexte national où la nouvelle ministre de l’Éducation nationale fait face à une polémique portant sur l'inscription de ces enfants dans une école privée.
Anticipant sur des questions de citoyens, Nathalie Koenders insiste sur les aspects environnementaux et rappelle que 80 arbres et arbustes seront plantés rue Monge et place Bossuet ainsi que 30 arbres et arbustes place du 30 Octobre tandis que le parc urbain Maladière sera végétalisé.
La prévention de la délinquance par «la solidarité, le sport et la culture»
«Ce qui gangrène notre société, c'est le trafic de drogue», déclare la socialiste en abordant le chapitre de la sécurité. «C'est une compétence de l’État, on l'accompagne dans cette mission, on agit plutôt sur l'incivilité».
De 70 agents en 2020, l'effectif de la police municipale est passé à 90 actuellement avec un objectif de 100 policiers municipaux prochainement.
En 2024, le commissariat annexe des Grésilles sera rénové en lien avec la Police nationale et de nouvelles caméras viendront compléter le dispositif de vidéoprotection qui en compte près de 200.
Nathalie Koenders insiste sur «les domaines de la solidarité, le sport et la culture» en termes de prévention de la délinquance.
«Peut-être une ou deux athlètes handisports» reçues à Dijon lors de Paris 2024
«On va offrir des beaux événements sportifs et populaires», envisage l'élue municipale qui se réjouit d'«une grande année de sport en 2024, en France et à Dijon».
Le passage du Relais de la Flamme olympique à Dijon aura lieu le 12 juillet, «grâce au conseil départemental» souligne celle qui est également conseillère départementale de la Cote-d'Or, élue sur le canton Dijon-2 incluant le quartier de la Maladière, et siégeant dans l'opposition. Et d'anticiper «quelques perturbations» dans le quartier Chevreuil-Parc comme des interdictions de circulation dès la veille.
L'arrivée du Tour de France, le 4 juillet, avant de poursuite par deux autres jours en Côte-d'Or, «c'est bien pour la Ville, c'est bien pour le Département».
Alors que la base nautique du lac Kir sera prochainement inauguré, Nathalie Koenders annonce que «Dijon va peut-être recevoir une ou deux athlètes handisports qui vont pouvoir s'entraîner pour les Jeux olympiques et paralympiques».
Pour clore l'année sportive, les championnats du monde de pétanque se tiendront au Zénith de Dijon, du 5 au 8 décembre.
Le festival Vyv évoluera vers «un autre concept sur plusieurs villes»
Au chapitre culturel, le première adjointe acte la fin du festival Vyv dans la forme précédemment connue pour «réfléchir sur un autre concept sur plusieurs villes».
Cependant, un «grand festival de rap» est prévu sur l'aéroport Dijon-Bourgogne-Franche-Comté, les 13 et 14 septembre (
lire le communiqué).
Comme François Rebsamen lors de ses vœux, Nathalie Koenders demande plus de financement des équipements culturels dijonnais par le Département de la Côte-d'Or.
«Le budget permettra à Dijon de relever le défi écologique et d'améliorer la vie des habitants», conclut Nathalie Koenders
L'affichage publicitaire en question
Après 50 minutes d'une intervention menée tambour battant, les applaudissements fusent ainsi que les questions propres à cet exercice. La première concerne le tri des déchets alimentaires, sujet sur lequel Nathalie Koenders précise les obligations de la Métropole et des habitants (
lire notre article).
La question suivante, posée par un militant écologiste, fait référence aux rapports du GIEC et, dans le cadre d'une «baisse à l'incitation de la surconsommation», porte sur les publicités affichées par le mobilier urbain.
«Mille publicités par semaine sont changées» et «95% de ces publicités sont des publicités pour des multinationales, de la malbouffe de l'alcool, des voitures, des banques polluantes, etc.», juge l'intervenant.
«On a revu le contrat de Clear Channel», rappelle celle qui est également vice-présidente de la Métropole de Dijon, collectivité compétente (
lire notre article), en soulignant la part de la communication institutionnelle affichée sur le mobilier urbain. «La publicité existe, elle apporte aussi des recettes à la Ville.»
«Si on veut vraiment lutter sur la surconsommation, ce n'est pas en s'attaquant aux panneaux publicitaires des bus, c'est avec de l'action, le travail avec les associations que l'on fait», estime la socialiste.
Interrogation sur les plans de prévention des inondations au regard du projet Venise II
Le changement climatique est de nouveau convoqué par une habitante s'interrogeant sur les risques d'inondation d'un terrain au bord du Suzon, là où est prévue la réalisation du projet immobilier Venise II. Projet contesté par les membres du collectif Sauvons les berges du Suzon (
lire notre article).
«Les plans de prévention des risques naturels doivent impérativement évoluer pour prendre en compte les effets du réchauffement climatique», analyse l'intervenante. «Les pluies seront amplifiées en ville par la bétonnisation galopante, elles entraîneront des débordements des cours d'eau et des inondations bien plus rapides et importantes que par le passé.»
«[Venise II] n'est pas considéré aujourd'hui comme une zone d'expansion de crue», répond Antoine Hoareau
«Il faut que [le plan de prévention des risques naturels] soit révisé et adapté», reconnaît la première adjointe en laissant son collègue Antoine Hoareau (PS) préciser la réponse.
«La question des inondations est une question extrêmement importante au regard de l'évolution de la pluviométrie des années à venir», indique celui qui est vice-président de la Métropole de Dijon chargé de l'eau et de l'assainissement. «On va avoir des pluies beaucoup plus fortes et donc, potentiellement, des risques d'inondation.»
«Cela se fait à l'échelle de l'ensemble du cours d'eau», explique-t-il, «on est douze intercommunalités de Côte-d'Or – qui sont concernées par l'Ouche, la Tille et la Vouge – à travailler ensemble pour écrire un plan d'animation et de prévention des inondations (PAPI). Ce document-là va nous permettre ensuite d'adapter nos règlements communaux. Le travail a été lancé au mois de septembre 2023. L'étude va durer un an et demi avant d'avoir les conclusions.»
«Sur la métropole, on est concerné vraiment par trois secteurs particuliers : l'Ouge, du côté de la rue de l’Île, qui est potentiellement inondable, les communes de Neuilly-Crimolois et Sennecey, le long de la Tille, où on a des digues qui permettent de protéger les communes», précise Antoine Hoareau.
«On est concerné par ce qu'on appelle la sauvegarde de zones d'expansion de crues pour faire en sorte qu'on ne construise pas sur un certain nombre de zones, soit en amont de la métropole, soit après la métropole pour les territoires qui sont concernés. Par exemple, à Plombières, avant le lac Kir, la zone où il y a un pépiniériste qui est installée, est considérée comme une zone d'expansion de crue. Si l'Ouche devait déborder, l'eau peut s'infiltrer avant d'arriver dans la ville», développe-t-il.
Concernant le Suzon, de telles zones d'expansion de crue existent à Ahuy et à Messigny-et-Vantoux. «[Venise II] n'est pas considéré aujourd'hui comme une zone d'expansion de crue parce que le terrain est beaucoup trop haut par rapport à la cote du Suzon», conclut Antoine Hoareau.
«Je ne fais pas de politique fiction», rétorque Nathalie Koenders à une militante écologiste
Des projets immobiliers destructeurs de la nature seront de plus en plus contestés», anticipe une militante écologiste sur fond de passe d'armes judiciaire entre les opposants au projet immobilier Garden State et la Ville de Dijon. Ce même jour, la municipalité fait appel pour avoir avoir été déboutée d'une plainte contre les Jardins de l'Engrenage (
lire le communiqué).
«Madame Koenders, vous, maire de Dijon, feriez-vous appel de cette décision en continuant ainsi à insulter les habitants qui luttent contre la bétonnisation à outrance ou feriez-vous plutôt le choix d'engager un vrai dialogue avec les citoyens sur la place de la nature en ville ?» demande l'intervenante.
«Je ne fais pas de politique fiction», rétorque Nathalie Koenders, «je suis première adjointe, «je suis là pour vous présenter le projet, les actions de 2024».
Récupérateurs d'eau, moustiques, vignes, Sécur'école...
Dans un contexte de sécheresses de plus en plus marquées, une habitante demande si des aides sont disponibles pour les habitants souhaitant acquérir des récupérateurs d'eau de pluie.
«Ce n'est pas d'actualité», répond la première adjointe, «on veut infiltrer l'eau dans le sol». «Je vous demande vraiment de mettre des couvercles parce que l'eau stagnante [entraîne] des problèmes dans certains quartiers avec la présence de moustiques-tigres.»
Préférant parler de vin, Pierre-Alexandre Privolt, ancien conseiller départemental de la Côte-d'Or et membre des Ateliers de quartier, demande un point de situation sur la plantation de vignes dans le Dijonnais.
«On travaille avec la chambre d'agriculture», répond Nathalie Koenders en indiquant un objectif de cent hectares de vignes.
Un enfant interroge l'élue municipale sur le dispositif Sécur'école autour des établissements scolaires, souvent mis en œuvre par des personnes retraitées embauchées par la Ville de Djon.
«On a beaucoup de mal à recruter [des agents]», reconnaît Nathalie Koenders, «on essaie de sécuriser l'ensemble des écoles, on passe petit à petit toutes les écoles en zone 30». «À l'école Maladière, des croix de Saint-André seront posées.»
La réunion s'est terminée par un verre de l'amitié partagé dans le hall de la structure d'éducation populaire du quartier Maladière.
Jean-Christophe Tardivon