La nouvelle maire de Dijon a fait de la cohésion sociale le fil rouge de son action. Ce lundi 25 novembre, Nathalie Koenders a annoncé le «renforcement» de la police municipale et un futur «soutien aux familles monoparentales».
«La petite Dijonnaise qui pagayait sur le lac du chanoine Kir grâce au dispositif municipal Vacances pour ceux qui restent» est devenue maire de la capitale régionale, ce lundi 25 novembre 2024, par 47 voix contre 5 pour Céline Renaud.
«J'aime profondément Dijon et ses habitants, je m'engage à les servir et à œuvrer pour un avenir à la hauteur de leurs espérances», a déclaré celle qui succède en cours de mandat à François Rebsamen, celui-ci demeurant conseiller municipal et surtout président de la Métropole de Dijon.
300 personnes dans le public
Le vote de ce lundi était attendu. Le public se pressait bien avant l'ouverture des portes menant à la salle de Flore. En tout, selon la Ville de Dijon, 300 personnes ont pris place dans trois salles différentes pour suivre le conseil en direct ou sur écran.
En écho à cet intérêt, les principales entreprises de presse couvrant le territoire étaient représentées ainsi que plusieurs moyens de communication qui donneront également de la voix dans les prochains mois grâce aux médias sociaux des géants numériques américains et chinois.
Danielle Juban préside le début de séance
La séance du conseil municipal a été ouverte par Nathalie Koenders avant que Danielle Juban (REN), doyenne d'âge, ne préside les débats, le maire étant démissionnaire.
Ludmila Monteiro (Modem) a été désignée secrétaire de séance puis Kildine Bataille (REN), Massar N'Diaye (sans étiquette) et Axel Sibert (LR) ont été choisis comme assesseurs du scrutin voyant Nathalie Koenders et Céline Renaud solliciter les voix des élus.
«Aujourd'hui, le temps de la transmission est venu», déclare François Rebsamen
François Rebsamen a pris brièvement la parole pour présenter la candidature de Nathale Koenders «au nom de la coalition Dijon c'est capitale».
«C'est un choix de confiance», a-t-il déclaré, «depuis longtemps, j'ai toujours considéré qu'en politique, il y a un temps pour rassembler, un temps pour agir et un temps pour transmettre». «Aujourd'hui, le temps de la transmission est venu.»
François Rebsamen remet «le talisman du rassemblement»
«Le temps du rassemblement, c'est le temps qu'il m'a fallu pour convaincre que la gauche pouvait changer la ville grâce à un projet crédible», a poursuivi celui qui a été élu maire en 2001, en insistant sur «les valeurs progressistes» portées communément avec Nathalie Koenders, désormais «maire de tous les Dijonnais».
«Je vous transmets ce soir le talisman du rassemblement», a indiqué le maire démissionnaire, induisant ainsi la condition de l'action future de la nouvelle première édile.
Faisant référence à Albert Camus, Pierre Mauroy, François Mitterrand et Alain Lipietz, François Rebsamen a dessiné les contours de son bilan avant d'envisager «une sorte de continuité dans le changement».
«Avoir été maire de Dijon aura été l'honneur de ma vie. (…) La transmission n'est pas un renoncement, c'est un engagement renouvelé», a souligné l'orateur, «c'est d'abord avoir foi en l'avenir». «C'est croire que les graines que nous avons semées ensemble continuerons de pousser.»
Debout, ses soutiens et le public de la salle de Flore ont longuement applaudi le maire démissionnaire.
Céline Renaud envisage «une offre alternative» en 2026
«La démocratie, c'est le choix», a enchaîné Céline Renaud pour présenter sa propre candidature sans pour autant faire référence au groupe politique d'opposition Dijon autrement dans lequel elle siège.
«Dans seize mois, auront lieu les élections municipales. Les forces de la droite républicaine et du centre préparent ce rendez-vous démocratique qui est vivement attendu des Dijonnais. Elles proposeront une offre alternative à celle qui est imposée ce soir. Un nouveau maire mais aussi une nouvelle équipe, un nouveau projet, un nouveau souffle», a expliqué l'opposante.
Deux voix font défection parmi la majorité
Le vote impliquait 59 élus présents ou représentés. À l'issue du scrutin, ont été décomptés 7 bulletins blancs, 5 voix pour Céline Renaud et 47 voix pour Nathalie Koenders ainsi élue maire de Dijon à une large majorité
On peut supposer que Céline Renaud a récolté les trois voix de Dijon autrement ainsi que des deux non-inscrits. Les trois Écologistes ont indiqué avoir voté blanc.
On peut émettre l'hypothèse que les deux élus d'Agir pour Dijon ont également voté blanc auquel cas deux élus soutenant François Rebsamen n'auraient pas souhaité approuver l'élection de celle qui lui succède.
Durant l'appel, il est apparu que Pierre Pribetich, absent, avait donné son pouvoir à Nathalie Koenders. Un geste tactique qui permet d'éviter de lui imputer un tel vote blanc.
Nathalie Koenders, première femme à devenir maire de Dijon
«Madame Nathalie Koenders est proclamée maire de Dijon et immédiatement installée dans ses fonctions», a lancé Danielle Juban. Un tonnerre d'applaudissements a salué la première femme à occuper ce mandat.
À la tribune, François Rebsamen a alors transmis l'écharpe de maire à celle qui lui succède avant de ponctuer le geste par une accolade. La nouvelle élue a alors prononcé son premier discours de responsable de l'exécutif dijonnais.
«De belle endormie, Dijon est devenue une capitale régionale au rayonnement international», relève Nathalie Koenders
«C'est avec une grande humilité et un sens aigu des responsabilités que j'accueille la confiance que le conseil municipal vient de m'accorder», furent ses tout premiers mots. «Je tiens à exprimer ma profonde gratitude envers François Rebsamen dont la vision et le dévouement continue d'inspirer chacun de mes pas.»
Soulignant le «travail d'équipe» mené depuis 2008, en particulier, Nathalie Koenders a salué le bilan de son prédécesseur : «depuis 2001, Dijon s'est profondément transformée, elle s'est modernisée pour entrer dans le XXIème siècle et faire face au grand défi de notre temps». «De belle endormie, elle est devenue une capitale régionale au rayonnement international.»
«Pour mener ce travail, dans un esprit de rassemblement pionnier, que vous portez depuis toujours, avec une très forte conviction politique, vous avez su vous appuyer sur des équipes renouvelées au fil des mandats en laissant des responsabilités à de jeunes générations aux côtés d'élus expérimentés», a-t-elle déclaré à l'adresse de son prédécesseur.
Nathalie Koenders a également salué Alain Millot, notamment maire de Dijon quand François Rebsamen était ministre du Travail durant le quinquennat de François Hollande : «il a été un grand serviteur de notre ville».
Aménageant une pause dans son propos, la nouvelle maire a fait applaudir une nouvelle fois François Rebsamen.
Le fil rouge de la cohésion sociale
Le discours a repris pour envisager l'avenir : «ce bilan, cette histoire politique, c'est avant tout une trajectoire dans laquelle je m'inscris». «Comme maire de Dijon, je continuerai d'agir avec ma méthode, celle que beaucoup de Dijonnais connaissent, dans le dialogue, la concertation et au plus près du terrain.»
Nathalie Koenders a partagé «[sa] détermination a améliorer la vie quotidienne des habitants de notre ville» et «[sa] conviction profonde que notre rôle d'élus républicains est de chercher à l'apaisement de notre société, de rassembler plutôt que de diviser, de faire de la politique pour trouver des solutions aux problèmes plutôt que de se précipiter à des fins politiciennes sur les difficultés».
«Nous avons profondément besoin d'apaisement, de valeurs et d'attitudes positives, d'espoir et de cohésion. Cette cohésion, elle passe par l'affirmation haut et fort des valeurs de la République : la liberté, l'égalité, la fraternité et la laïcité», a-t-elle développé avant d'adresser, sous les applaudissements, une pensée «aux femmes qui se sont battues pour nos droits» et d'assurer sa «vigilance» en matière de droits des femmes.
Toujours dans le champ sociétal, la socialiste a ajouté l'«universalisme» à la fraternité et à la laïcité et indiqué compter s'appuyer sur «la culture» pour diffuser de telles valeurs ainsi que «le sport».
Vers le renforcement de la police municipale vue comme une «police de proximité»
«L'éducation est le pilier de notre projet municipal», a enchaîné Nathalie Koenders. «La Ville de Dijon continuera à soutenir [les enseignants], veillant à leur offrir des conditions de travail dignes et à garantir à nos enfants un environnement propice à leur épanouissement et à leur réussite».
Après avoir évoqué le «devoir de solidarité» envers «ceux qui sont dans le besoin, le propos se poursuit par le sujet de «la sécurité» et une citation du radical Georges Clemenceau : «nous continuerons à renforcer notre police municipale pour qu'elle joue son rôle de police de proximité».
Celle qui assumait la délégation à la tranquillité publique a alors annoncé continué de la porter en tant que maire.
Nathalie Koenders souligne «l'importance du rassemblement»
«La crise climatique s'impose à nous, c'est le défi du siècle», a constaté la socialiste, «Dijon et sa Métropole font beaucoup mais nous devons toujours faire plus». «C'est grâce au progrès que nous réussirons la transition écologique, c'est aussi en la rendant acceptable par tous.»
«Les Dijonnais ont élu une majorité municipale plurielle, issue d'un rassemblement progressiste, écologiste, citoyen et républicain», a-t-elle analysé, «cette majorité s'est élargie au cours du mandat». «C'est l'un des enseignements que je retiens de François Rebsamen : l'importance du rassemblement. Avec cette équipe, nous agirons en responsabilité et nous serons à la hauteur du moment.»
La nouvelle maire a alors abordé les sujets financiers, soulignant que la contribution au «redressement» des comptes publics de l’État demandée par le gouvernement – estimée à 6 millions d'euros – est équivalent aux rémunérations des «cent policiers municipaux».
«Nous avons besoin des classes moyennes à Dijon», insiste Laurent Bourguignat
Après des «félicitations républicaines», Laurent Bourguignat a partagé son «malaise» : «il n'y avait pas de raison de changer de maire à 16 mois de l'élection municipale». «Les Dijonnais n'auront pas directement choisi leur nouveau maire. Or, en démocratie, c'est le peuple qui choisit ses représentants. (…) Le véritable choix aura lieu en mars 2026 à l'issu d'un débat démocratique.»
«Un nouveau maire pour quoi faire ?» a-t-il demandé avant d'attirer l'attention sur différents sujets : la sécurité, l'urbanisme, la fiscalité et les tarifs des services municipaux... «Nous avons besoin des classes moyennes à Dijon», a-t-il insisté.
Olivier Muller rappelle la participation des Verts aux majorités municipales précédentes
Alors que François Rebsamen commentait l'intervention de Laurent Bourguignat, Olivier Muller (LR) a lancé «c'est amusant qu'on vous entende encore Monsieur le Maire», sous les applaudissements des différents oppositions. Toutefois, l’Écologiste a félicité la nouvelle maire, désignée dans un contexte «historique».
«Si Dijon a changé en 20 ans, c'est d'abord grâce sous l'impulsion d'une majorité de gauche avec des écologistes», a analysé celui qui siège dans un groupe d'opposition qui vise à «accélérer les transformations de Dijon» notamment en matière d'urbanisme, de mobilités et de démocratie locale.
Emmanuel Bichot pointe le «bilan de plus en plus négatif» de l'exécutif
Un premier «Madame le maire» lancé par Emmanuel Bichot (LR, AD) a fait froncer les sourcils des élus de la majorité. L'opposant a évoqué ensuite un «non-événement» : «c'est un jeu de chaises musicales pour la fin du mandat».
«Votre légitimité est réduite à une élection au sein de votre propre groupe majoritaire», a-t-il analysé en postulant une «tutelle» de la part de François Rebsamen.
Considérant comme «surréaliste» le fait d'organiser une telle élection plutôt que de débattre des orientations budgétaires de la collectivité, Emmanuel Bichot a pointé un «bilan de plus en plus négatif» de l'exécutif en place, le «communautarisme» et «la mobilité toujours plus difficile».
Dans la salle, le propos est devenu inaudible tellement les élus de la majorité intervenaient hors micro alors que l'élu conservateur mentionnait des faits divers survenus récemment. Malgré cela, l'opposant a appelé à un «vrai rendez-vous démocratique» lors des prochaines municipales.
«Merci Monsieur la conseillère municipale», a répondu Nathalie Koenders, à la grande joie de sa majorité.
Depuis une première circulaire de 1986 du Premier ministre Laurent Fabius, les invites à féminiser les noms de métier et de fonction se sont multipliées sans que cela prenne un caractère obligatoire. «Maire» étant un nom masculin, l'Académie française préconise toutefois de dire «Madame le maire» même si «Madame la maire» est devenu d'un usage courant.
«Dijon rayonne», selon Stéphane Chevalier
La parole a échu ensuite à Stéphane Chevalier (HOR) qui conduit le groupe Horizons et indépendants. L'ancien opposant, ayant voté le dernier budget, a considéré que «Dijon rayonne, en France comme à l'étranger» même s'il y a «encore à faire» en termes d'éducation, de sécurité, de logement, d'environnement et d'attractivité.
L'élu de centre-droit a appelé, lui aussi, à un rassemblement sur «les principes républicains» pour «œuvrer au bien-être de toutes et tous».
Karine Huon-Savina insiste sur «la défense de la nature en ville»
Au nom du groupe l’Écologie pour vous, Karine Huon-Savina (GE) a salué le bilan de François Rebsamen. «Nous avons voté pour vous», a annoncé l'écologiste à l'adresse de Nathalie Koenders.
Karine Huon-Savina a souligné «l'écoféminisme» et «le droits des femmes» comme valeurs partagées avec la nouvelle première édile «dans une société encore marquée par le patriarcat» avant d'insister sur «la défense de la nature en ville».
François Deseille met en avant «l'équilibre» des finances municipales
Après avoir remercié François Rebsamen, notamment pour avoir porté le dossier de la Cité de la gastronomie, François Deseille (Modem), président du groupe Démocrates et centristes, s'est réjouit de l'élection de Nathalie Koenders et a salué «une élue de dialogue».
Le soutien de l'exécutif a mis en avant «l'équilibre» des finances de la Ville à la veille d'un prochain débat d'orientations budgétaires.
«La transmission doit se faire dans le rassemblement», a insisté le centriste, «nous construisons ensemble l'avenir de Dijon».
Selon Hamid El Hassouni, «beaucoup reste à faire»
Pour sa part, Hamid El Hassouni (PS) a placé sur le même plan l'élection de François Rebsamen, en 2001, et l'élection de Nathalie Koenders, ce jour : «c'est historique».
«Nous continuerons à rassembler autour de nos valeurs», a anticipé le soutien de l'exécutif. «La ville de Dijon s'est transformée en se tournant résolument vers l'avenir», a ajouté le socialiste en estimant que «beaucoup reste à faire d'ici un an et demi».
L'exécutif comprend désormais 21 adjoints
Laurence Gerbet (NC) a également pris la parole pour s'exprimer sur l'élection des adjoints, systématique en cas de nouvelle élection du maire. Il s'agissait d'un scrutin de liste.
L'opposante a demandé à «réduite le nombre d'adjoints» en soulignant que l'indemnité annuelle atteint 32.000 euros brut hors charges.
Faisant fi de la remarque, Nathalie Koenders a présenté la liste «Dijon, c'est capitale» comprenant 21 noms, comme avant la démission de Pierre Pribetich pour cause de cumul des mandats.
Le vote s'est conclu par 3 bulletins nuls, 8 blancs et donc 48 votes favorables – ce qui induit une défection parmi la majorité.
En particulier, Antoine Hoareau devient premier adjoint à la maire de Dijon. Danielle Juban et Massar N'Diaye deviennent adjoints. Les délégations seront fixées prochainement.
Un futur «soutien aux familles monoparentales» accordé par la Ville de Dijon
À l'issue de la séance, Nathalie Koenders a répondu aux questions des médias.
«Ma volonté, c'est d'être à la hauteur, d'être à écouter les attentes des Dijonnaises et Dijonnais, à continuer à embellir notre ville et à améliorer leur vie au quotidien», a-t-elle rappelé en tant que premières intentions. «Je ne veux pas changer, j'ai toujours été proche des gens, à leur écoute donc je vais continuer d'aller, dans tous les quartiers de Dijon, écouter les habitants et les habitantes. Je vais continuer le programme municipal.»
«Je suis très attachée à la condition des femmes et notamment le soutien aux familles monoparentales qui sont souvent des femmes isolées», a-t-elle souligné, «je pense que la municipalité doit agir en ce sens».
Parmi ses premières actions, Nathalie Koenders a signalé un prochain échange avec les bénévoles du Secours populaire, une rencontre avec les policiers municipaux et la plantation d'arbres place Bossuet.
Par ailleurs, Nathalie Koenders a indiqué qu'elle continuerait de siéger, dans l'opposition cette fois, au Département de la Côte-d'Or de façon à «défendre la Ville de Dijon auprès du conseil départemental».
Interrogée sur le fait de mener éventuellement une liste lors de la prochaine élection municipale, la socialiste a considéré que «la question ne se pose pas aujourd'hui».
Jean-Christophe Tardivon
Listes des adjoints dans l'ordre du tableau
Hoareau Antoine
Martin Christine
Deseille François
Zivkovic Sladana
El Hassouni Hamid
Tomaselli Claire
Lehenoff Franck
Akpinar-Istiquam Nuray
Berthier Christophe
Martin-Gendre Dominique
Lovichi Marien
Belhadef Nadjoua
Avena Christophe
Bataille Kildine
Mekhantar Joël
Blaya Delphine
Hameau Denis
Pfander-Meny Lydie
Morel Jean-Philippe
Juban Danielle
N'Diaye Massar