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12/09/2021 18:05

DIJON : «Nous demandons que les migrants afghans en France soient mieux traités que ces dernières années», déclare la présidente de Solidarité afghane

Lors d'un assemblement de soutien au peuple afghan ce samedi 11 septembre à Dijon, Marie Yaqoub-Clerteau a interpellé le gouvernement français en avançant que les expatriés pourraient «constituer une force pour l'avenir de l'Afghanistan».
«On se rassemble pour exprimer notre douleur», déclare Marie Yaqoub-Clerteau, présidente de l'association Solidarité afghane alors que débute la manifestation ce samedi 11 septembre 2021.

Place de la Libération, devant l'Hôtel de Ville de Dijon, le rassemblement pacifique atteint une cinquantaine de personnes en fin d'après-midi. Une manifestation que l'association a déclaré à la préfecture de la Côte-d'Or.

Brève histoire militaire de l'Afghanistan


Dans le contexte de la guerre froide, l'URSS envahit l'Afghanistan en 1979 et, jusqu'en 1989, combat les moudjahidines soutenus par les États-Unis. Les États-Unis soutiennent également le Pakistan qui a des revendications sur une partie du territoire de l'Afghanistan. L'Iran, hostile à l'URSS et aux États-Unis, est suspecté de contribuer à déstabiliser le pays.


En 1988, le commandant Ahmed Chah Massoud négocie une trêve auprès de Mikhaïl Gorbatchev qui finit par retirer l'Armée rouge d'Afghanistan en 1989. Succède alors une guerre civile entre partisans du régime pro-soviétique et  moudjahidines, eux-mêmes traversés par des dissensions entre Afghans et islamistes arabophones.

En 1996, des fondamentalistes islamistes, les talibans (ou «étudiants»), équipés par le Pakistan et financés par l'Arabie saoudite prennent le pouvoir. Les troupes du commandant Massoud sont marginalisées. Le Mollah Omar impose la loi islamique dans ce qui devient l'émirat islamique d'Afghanistan, non reconnu par l'ONU.

En 2001, à la suite des attentats du 11-Septembre, les États-Unis entament une campagne militaire en Afghanistan pour renverser les talibans et détruire des bases d'Al-Qaïda. Le 9 septembre, le commandant Massoud a été assassiné par des agents présumés d'Al-Qaïda. Kaboul est repris par des forces afghanes hostiles aux talibans en novembre 2001.

De 2001 à 2014, des troupes françaises participent à la coalition internationale présente en Afghanistan sous l'égide de l'OTAN. En 2014, l'OTAN passe le relais à l'armée nationale afghane. Les talibans commencent à reconstituer des troupes.

En 2019, le président sortant Donald Trump annonce le retrait des troupes américaines d'Afghanistan. Le président élu Joe Biden confirme le retrait, effectif en août 2021. Le 15 août, les talibans reprennent Kaboul après une rapide offensive. Le 30 août ont lieu les dernières évacuations d'importance depuis l'aéroport de Kaboul.

«On oublie complètement la souffrance du peuple afghan»


Marie Yaqoub-Clerteau est arrivé en France en 1981. Elle a vécu plusieurs années à Genlis avant de déménager dans d'autres villes et de revenir s'installer à Dijon.

Créée en 2016 à Dijon, l'association Solidarité afghane accompagne les ressortissants afghans dans leur parcours en France en favorisant l'apprentissage de la langue française et en proposant des activités culturelles et sportives. Elle revendique une quarantaine d'adhérents.

«Depuis quarante ans, notre pays est la scène des enjeux régional et international et l'on oublie complètement la souffrance du peuple afghan», déplore Marie Yaqoub-Clerteau.

«Avec l'arrivée de l'Armée rouge en Afghanistan, on a perdu pratiquement 90% de nos intellectuels et de nos étudiants. Ce sont les premiers qui ont été assassinés et emprisonnés», indique-t-elle.

En conséquence, les fondations permettant, au XXIème siècle, de faire émerger une société démocratique se sont révélées particulièrement fragiles. D'où les rapides succès militaires des talibans à partir des retraits de l'OTAN et des États-Unis.

«Les talibans viennent au pouvoir et le peuple afghan est encore dans la répression, dans une société fermée et gouvernée par un groupe qui est la marionnette du Pakistan», selon la présidente de Solidarité afghane.

«Dans les grandes villes, les femmes ont pris goût ces dernières années de manifester. Elles ont profité d'une période où elles pouvaient aller à l'école, où elles pouvaient travailler. (…) Elles sont seules et devant elles, il y a un pouvoir qui va agir avec violence», craint-elle.

La demande de «mieux traiter» les migrants afghans


«Nous demandons à ce que le monde ne nous oublie pas, que les droits de l'Homme soient assurés en Afghanistan, que les droits des femmes afghanes soient assurés en Afghanistan et nous demandons que les migrants [afghans] en France soient mieux traités que ces dernières années et que l'on puisse constituer une force pour l'avenir de l'Afghanistan», déclare au micro la présidente de l'association.

«Un certain nombre d'Afghans sont arrivés en France ces dernières années. Il faut prendre leur situation au sérieux pour que, eux, puissent faire des études ici. (…) Il y a un mouvement en France qui s'est constitué pour accueillir les artistes afghans et protéger les gens qui sont vraiment en danger en Afghanistan. Il faut que le gouvernement accepte un certain nombre de réfugiés. Le but n'est pas qu'ils sortent les gens d'Afghanistan. Le but est que l'on puisse, à l'extérieur, au moins pendant un certain temps, constituer une force démocratique et que l'avenir de l'Afghanistan ne reste pas dans les mains de personnes ignorantes et incompétentes qui sont des marionnettes de forces étrangères», développe Marie Yaqoub-Clerteau.

Un appel à contester le gouvernement taliban dans le monde entier


En France depuis onze ans, Evazalt manifeste ce jour pour «montrer aux Français et aux Françaises la menace des talibans en Afghanistan». «On veut que le gouvernement français ne reconnaisse pas le gouvernement des talibans. Pour nous, ce sont des terroristes».

Evazalt s'inquiète pour les femmes de sa famille en Afghanistan : « mes nièces veulent devenir professeures, infirmières, mais c'est impossible sous le gouvernement des talibans».

Les talibans ont commencé à récolter des impôts, y compris en nature dans les régions pauvres : blé, farine, chèvres... «C'est très dur, ils sont économiquement très limités», insiste-t-il, «s'ils ne donnent pas de blé, de farine, les talibans les mettent en prison».

Evazalt songe à l'avenir de son pays : «en Europe, en Amérique, en Australie, on essaie de construire une organisation en face du gouvernement taliban qui installe les bases de résistants en Afghanistan ».

Jean-Christophe Tardivon













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