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23/09/2021 03:28

DIJON : «On a le droit de vivre tranquilles», revendiquent les habitants de la Fontaine d'Ouche

Après une fusillade et une succession d'incendies dans le quartier de la Fontaine d'Ouche, une opération de sécurisation a été déclenchée ce mercredi 22 septembre. Les représentants des pouvoirs publics sont allés saluer les forces de l'ordre et ont échangé avec des riverains. «Les interventions sur le quartier depuis un an ont été multipliées par deux», a signalé le préfet de la Côte-d'Or.
Dans la nuit du samedi 18 au dimanche 19 septembre derniers, un homme à scooter a arrosé de tirs à l'arme automatique – de type kalachnikov selon le parquet – la vitrine du magasin O'Market situé au pied du 35 de l'avenue du Lac, dans le quartier de la Fontaine d'Ouche, à Dijon.

Un homme a été grièvement blessé et hospitalisé au CHU Dijon Bourgogne. Le parquet de Dijon a ouvert une enquête pour tentative d'assassinat et usage d'une arme de guerre sur la voie publique.

Dans un autre registre, le bailleur CDC Habitat social a dû poster un vigile à compter du 17 septembre dernier au 73 de l'avenue du Lac après que neuf incendies se sont déclarés là depuis le mois de mai.


Le dernier en date étant arrivé le 12 septembre au cinquième étage. Plusieurs familles ont dû être relogées en urgence à Éthic Étapes.

Dans ce contexte, la préfecture a diligenté une opération de sécurisation, se déroulant simultanément dans plusieurs quartiers de Dijon, ce mercredi 22 septembre 2021 au soir.

Passé 21 heures 30, Fabien Sudry, préfet de la Côte-d'Or, s'est rendu aux adresses des récents événements pour échanger avec des riverains choqués. Il était accompagné de Didier Martin (LREM), député de la Côte-d'Or, et de Nathalie Koenders (PS), première adjointe en charge de la tranquillité publique, ainsi que de Danyl Afsoud, directeur de cabinet du préfet, et de Jean-Claude Dunand, directeur départemental de la sécurité publique.

«Les interventions sur le quartier depuis un an ont été multipliées par deux»


«On s'habitue maintenant, c'est tous les mois», déclare avec fatalisme une riveraine habitant depuis treize ans l'avenue du Lac. Elle déplore également la musique qui était associée au commerce de nuit : «c'est toutes les nuits». «Sinon, ça va», indique-t-elle à propos du quartier.

«Vous voyez régulièrement les forces de police», répond le préfet avant que les «bonne nuit» ne fusent en chœur. Fabien Sudry constate que la vitrine du magasin O'Market a été remplacée par des panneaux de bois.

«La solution, c'est que les forces publiques fassent leur travail», commente le préfet, «ils sont de plus en plus présents. «Les interventions sur le quartier depuis un an ont été multipliées par deux. Nous avons une action extrêmement déterminée dans le domaine de la lutte contre les stupéfiants. (…) On ne lâchera à rien. Il n'est pas normal qu'un petit groupe de personnes se croit autorisé à pourrir la vie de leurs concitoyens», développe-t-il.

«Avant, c'était le meilleur quartier à Dijon»


En progressant le long de l'avenue, Fabien Sudry remarque que le Café du Lac est ouvert avec quelques messieurs à l'intérieur qui jouent aux cartes. Il va à la rencontre du gérant qui l'invite à entrer.

La conversation s'engage d'emblée sur les questions d'emploi. «Il manque des  stages, des formations pour les jeunes. Il ne faut pas les laisser traîner dans les quartiers», lance un client, «ils restent dehors, ils ne font rien». «Il y a des formations», réagit le préfet.

Les échanges bifurquent vers les activités sportives pour occuper les jeunes habitants. «Il y a le foot», signale Nathalie Koenders. «Le club de l'ASFO [NDLR : Association Sportive de la Fontaine d'Ouche], ça marche bien», acquiesce un autre client.

«Nous, les parents, on est toujours là», assure le gérant. «L’État a passé un accord avec la Métropole pour recruter douze éducateurs spécialisés, sept à Dijon, cinq à Chenôve», précise le préfet.

«Le quartier, ça se dégrade chaque jour», alerte un client, «avant, les gens disaient que c'était le meilleur quartier à Dijon». Tandis que ces riverains disent «sécurité», les représentants des pouvoirs publics répondent «rénovation urbaine». Alors, les usagers du café insistent et demandent la remise en fonction du commissariat de quartier : «avant, on était tranquille».

«On a toujours peur du prochain événement»


L'immeuble au 73 de l'avenue du Lac rappelle des souvenirs à Nathalie Koenders : elle a habité là quand elle était étudiante en STAPS à l'université de Bourgogne, dans les années 1990.

Des riverains passent dans la rue ou se rendent à leur logement dans l'immeuble en question. La présence des policiers et des médias intrigue. Les gyrophares des fourgons sont éteints et la dizaine de CRS autour ne semblent pas en action.

Le préfet aborde les personnes pour les rassurer sur la situation, les échanges se nouent. «On a toujours peur du prochain événement», soupire une habitante. «On a le droit de vivre tranquilles», insiste-t-elle.

«Je suis très bien là-bas», indique un riverain en indiquant un immeuble du bout de l'avenue. «J'ai un boulot, c'est tranquille, je n'ai pas à me plaindre», ajoute celui qui habite la Fontaine d'Ouche depuis 24 ans. Les ressentis n'apparaissent pas les mêmes d'un bout à l'autre de l'avenue du Lac.

«C'est parfois une conquête de territoire»


«Les services de police font un travail dans la durée tout à fait remarquable, ils sont extrêmement engagés», commente le préfet. «Il y a eu ces derniers jours des événements complètement anormaux. Nous voulons dire aux gens qui habitent ce quartier qu'ils ont naturellement le droit à la sécurité», ajoute-t-il.

«C'est une hypothèse que nous avons : que cette présence de plus en plus importante sur le terrain pour essayer de déjouer des trafics, qui sont des trafics criminels, bouscule ces groupes. C'est parfois une conquête de territoire, la police dérange certainement ces groupes», poursuit le préfet. «Les services publics, les services de la Ville, les services de l’État sont présents [aux côtés de la population]», ajoute-t-il.

«Les démantèlements de trafics de drogue ont été multipliés par deux», insiste le préfet. L'équivalent de 3,6 millions d'euros auraient ainsi été soustraits à l'économie souterraine depuis le début de l'année en Côte-d'Or (lire notre article).

Près de 130 personnels mobilisés dans quatre quartiers


Pendant que le préfet arpentait l'avenue du Lac en compagnie de médias, tout en étant entouré par des forces de sécurité intérieure, d'autres quartiers faisaient l'objet d'interventions.

Dans l'ensemble, quatre sections de la Compagnie Républicaine de Sécurité de Mulhouse ont fait le déplacement ce mercredi soir, soit 70 CRS en surveillance dynamique sur les quartiers de la Fontaine d'Ouche, des Grésilles, du centre-ville ainsi qu'à Chenôve. 58 policiers de sécurité publique ont également été mobilisés en renfort. L'opération se poursuivra ce jeudi. «On reviendra régulièrement», prévient le préfet.

«Des moyens importants sont mis en œuvre»


Didier Martin indique avoir «appuyé» la demande du préfet auprès du ministre de l'Intérieur pour obtenir des forces de sécurité mobiles supplémentaires ces jours-ci. «Des moyens importants sont mis en œuvre», insiste-t-il, «en 2022, éducation, intérieur et justice sont les postes en augmentation».

Plus globalement, le préfet rappelle que 27 policiers supplémentaires sont arrivés à Dijon début septembre, en lien avec les 40 effectifs annoncés par le Premier ministre à la suite des violences urbaines de juin 2020 (pour arriver à 540 policiers sur la circonscription de Dijon et Beaune). En complément, la Ville de Dijon cherche à recruter 30 policiers municipaux.

Jean-Christophe Tardivon

Un levier pour renforcer le continuum de sécurité




























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