
Suite à l’appel lancé par l’intersyndicale, ce jeudi 19 janvier, entre 11.000 et 13.000 manifestants ont foulé les pavés dijonnais contre la reforme des retraites. Un cortège à n’en plus finir a rassemblé organisations syndicales, politiques et citoyens de tous les âges.

Première mobilisation sociale de l’année, ce jeudi 19 janvier 2023, à Dijon, pour l'intersyndicale et un succès rêvé : 13.000 manifestants d’après le décompte de la CGT, 11.000 d’après la police, soit plus que les 8.000 manifestants recensés le 5 décembre 2019 lors des contestations de la précédente mouture de la réforme du système de retraite voulue par Emmanuel Macron.
Le rendez-vous était fixé place de la libération à 14 heures. Après quelques prises de parole, le cortège a démarré à 14 h 55. Il aura fallu attendre plus d’une heure avant que les derniers manifestants ne quittent la place de la Libération.
Chants, musiques, et slogans ont rythmé le cortège balayé par de nombreux drapeaux des syndicats. Des fumigènes ont aussi été considérablement utilisés par les participants. De nombreuses personnes sans drapeau ni pancarte étaient également présentes, parfois en famille, ainsi que des organisations politiques avec notamment les composantes de la NUPES - le PS, EELV, le PCF, la France Insoumise - ainsi que Lutte ouvrière et la CNT.
La manifestation s’est déroulée dans le calme avec des forces de l’ordre présentes mais à distance. Les neuf camions de CRS sont restés stationnés devant la préfecture en fin de manifestation.
Le mouvement de contestation fait suite à la présentation de la réforme du système de retraite par la Première ministre Elisabeth Borne, le 10 janvier dernier, projet qui prévoit une accélération de l’augmentation de la durée de cotisation prévue par la réforme Touraine et le report de l'âge légal de départ en retraite. L'objectif des manifestants est de faire reculer le gouvernement.
Une contestation portée par des jeunes
L’intersyndicale avait préalablement organisé les prises de parole en souhaitant que ce soit les jeunes interviennent. Suite à un vote, c’est l’Aube qui a été désigné (syndicat étudiant rattaché à l’Alternative). Tout ne s’est pas forcément déroulé comme prévu car c’est finalement le secrétaire général de FO, Franck Laureau qui a pris la parole en premier en rappelant les revendications de Force ouvrière liées à la réforme, avant de laisser un peu plus tard la parole à Emmanuel Brondel du syndicat l’Aube.
Ce dernier - qui avait chanté la quasi-intégralité de l’Internationale dans une précédente manifestation - a repris le communiqué de l’intersyndicale, pour le lire avec véhémence. En marge des prises de parole, il s’est exprimé sur son sentiment d’»une réforme injuste qui amène à la précarisation». Il lui apparaît donc «naturel» que ce soit la jeunesse qui porte les revendications : «on défend les jeunes, on défend les vieux, on défend tout le monde, car tout le monde va en pâtir».
La contestation portée par les jeunes présents venait se croiser avec d’autres préoccupations comme l’égalité salariale femmes-hommes ou encore l’écologie. C’était le cas pour Ysee, Alice et Telma, 15 ans, venues pour défendre «l’égalité salariale, femmes-hommes» mais aussi remettre en question le principe de la réforme «au lieu de reculer l’âge de la retraite, la solution pourrait être réglée en taxant les milliardaires et les profits».
L’inquiétude autour des métiers pénibles
Jacques, 78 ans, adhérent de la CGT, a participé à Mai 68. Pour lui, «la retraite, c’est un choix de société». Parti à la retraite à 55 ans après une carrière de cheminot, il se dit très satisfait de la mobilisation : «je m’attendais à ce qu’il y ait du monde, mais il y en a eu plus que je ne pensais. Cela dit, il faut tenir sur la durée», conclut-il.
Qu’il s’agisse de personnes âgées, ou encore des jeunes, beaucoup évoquent la question de la pénibilité du travail. La pancarte de Mathias a même été adaptée pour réagir spécifiquement aux propos controversés du sénateur Renaissance de la Côte-d'Or François Patriat sur les métiers pénibles et les exosquelettes.
Au niveau national, La France insoumise a appelé à participer à une marche à Paris le 21 janvier prochain et l'intersyndicale a prévu une nouvelle manifestation le 31 janvier.
Texte et photographies
Sabrina Dolidze























































