A l’heure où la
pandémie de Covid-19 accapare l’actualité, des étudiants en médecine de la Faculté de Dijon se mobilisent à l’occasion de la 69è journée
mondiale des malades de la lèpre avec la Fondation Raoul Follereau.
Partout en France et notamment en
Côte-d’Or du 28 au 30 janvier 2022, des milliers de bénévoles iront à la
rencontre des personnes pour expliquer, sensibiliser et fédérer le plus grand
nombre dans le combat contre la lèpre. La lèpre frappe encore, dans le monde, 1 personne toutes
les 3 minutes et 1 malade sur 10 est un enfant. Actuellement, plus de 3
millions de personnes sont affectées par cette maladie contagieuse et porteurs
d’un handicap à vie selon l’estimation de l’Organisation Mondiale de la Santé.
A Dijon, des
étudiants en médecine de la Faculté de Dijon et les bénévoles de la Fondation Raoul
Follereau invitent le docteur Bertrand Cauchoix spécialiste de la lèpre à Madagascar et en Afrique et
conseiller médical pour la Fondation Raoul Follereau a animer une réunion, gratuite, ouverte à tous. Objectif, sensibiliser le
grand public sur la situation des malades dans le monde.
Rencontre avec le Docteur Bertrand Cauchoix
Comment réussir à
parler de la lèpre alors que le monde a les yeux braqués sur la Covid-19 ?
Docteur Bertrand
Cauchoix : «Il est clair qu’il est plus compliqué de se faire entendre et
de défendre notre cause depuis deux ans. D’un part, il est difficile d’assurer
nos activités de communications et de manifestations en présentiel et puis la préoccupation
des français est plus de se protéger, de s’occuper de leur famille que de se
soucier de ce qui se passe ailleurs dans le monde. En plus, et heureusement, la
lèpre n’est pas présente en Bourgogne et plus généralement en France. Malgré
tout, nous nous appuyons sur un réseau de bénévoles bien présents, notamment en
Côte-d’Or, qui est en contact permanent auprès des populations, ce qui nous
permet de poursuivre nos actions»
La lèpre, c’est quoi ?
«La lèpre est une
maladie infectieuse transmissible d’homme à homme par voie respiratoire, mais à
la différence du virus que la planète subit depuis bientôt deux ans, elle est
moins contagieuse. C’est certainement une des raisons pour laquelle elle a
disparu des pays occidentalisés. Cette maladie touche essentiellement la peau
qui ensuite meurtrit le nerf. A court terme, si on la laisse progresser on se
dirige vers une paralysie et vers des handicaps sévères à vie. Pour la soigner il
faut des antibiotiques»
Des enfants contaminés
«Le temps d’incubation
est assez long. Il faut compter entre 5 et 10 ans. Les personnes touchées sont
des adultes ou de jeunes adultes et très rarement des enfants. Néanmoins, les
enfants peuvent se faire infecter jeunes et développer la maladie à l’adolescence
et dans certains pays on constate des cas de lèpre, entre 7 et 10%, sur des
enfants de 10 ans»
Des risques de
handicap à vie
«L’Inde, l’Indonésie,
le Brésil et sur le continent africain on compte entre autres, Madagascar et la
Côte-d’Ivoire parmi les pays les plus touchés. En 2020 on a dépisté
250 000 personnes malades. Mais comme nous sommes dans des pays ou l’accès
au soin n’est pas suffisant, on cumule des malades handicapés. Et un malade handicapé
est pris en charge à vie. Pour limiter cette propagation il faudrait pouvoir
effectuer des dépistages précoces, mais les systèmes de santé dans ces pays ne
le permettent pas, par manque de moyens matériels et financiers»
Des risques de contaminations pour les touristes ?
«Non il n’y pas de
risque pour un occidental de contracter la maladie s’ils voyagent dans ces
pays. Contrairement à la Covid-19 ou à
la tuberculose, pour la lèpre, il faut un contact répété et étroit avec un
malade non soigné pendant une période d’un mois environ dans une même
habitation. Ajouter à cela, que l’immunité joue un rôle important dans la
transmission, et on constate que cela touche essentiellement les populations
fortement défavorisées»
La recherche n’avance
plus à cause de la Covid-19
«Aujourd’hui nous
avons un traitement qui est une association d’antibiotiques, et on peut dire
que plus de 99% des malades peuvent être soignés et guéris définitivement s’ils
sont pris au stade débutant de la maladie. La durée du traitement est d’une
moyenne de six mois. Et bonne nouvelle, depuis quelques années des
équipes médicales travaillent sur l’élaboration d’un vaccin. Mais soyons clair,
ces recherches sont limitées par les financements. Aujourd’hui, la lèpre n’est
plus un problème en occident, tous les moyens ont été mis sur la Covid-19. En
ce début d’année 2022 nous savons qu’il n’y a aucun espoir que les financements
institutionnels se tournent vers la lèpre, ça n’intéresse plus personne.
Aujourd’hui nous sommes soutenus uniquement par la générosité du public».
Mobilisation à Dijon
«C’est une initiative
des bénévoles de la Fondations Raoul Follereau de Dijon qui organisent cette
journée. Ce sont les jeunes étudiants en médecine qui se mobilisent pour parler
de la lèpre. Je parlerai de la maladie lors de la conférence que je donnerai à
la Fac de Médecine à Dijon. J’aborderai différents aspects et les conséquences
de cette maladie contagieuse. Nous en profiterons pour rappeler l’importance de
collecter des dons pour financer les actions de la Fondation Raoul Follereau,
afin de dépister la maladie, soigner les malades, améliorer la prise en charge
et développer la recherche des remèdes toujours plus efficaces. Notre objectif
d’ici à 2030, c’est zéro lèpre sur la planète»
La conférence publique à la Faculté
Le Docteur Bertrand
Cauchoix, donnera une conférence, gratuite, ouverte au grand public le mercredi
19 janvier de 17h à 19h à l’Amphithéâtre Martin, 7 Boulevard Jeanne d’Arc à
Dijon.
La 69ème Journée Mondiale
des malades de la lèpre organisée dans plus de 110 pays à travers le monde, dont en France, les 28, 29 et 30 janvier 2022, permettra de mobiliser, sensibiliser le grand public à cette cause.
Norbert Banchet Photo couverture : What's up DocInfo Fondation : raoul-follereau.org