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01/05/2025 20:21

DIJON : Un 1er-Mai marqué par les plans de licenciements et la guerre à Gaza

Les Tetra Pak en tête de cortège, un drapeau palestinien géant pour clore la marche de la manifestation, ce jeudi 1er mai. Au milieu, l'intersyndicale a fustigé l'«économie de guerre» vue comme «un prétexte à une guerre contre les conquis sociaux».
Un 1er-Mai est constitué par deux aspects à suivre attentivement : les mots d'ordre syndicaux et le déroulé effectif. En ce sens, la manifestation pour la Journée internationale des travailleurs, organisée ce jeudi 1er mai 2025, au centre-ville de Dijon, est riche d'enseignements.

Les syndicats CGT, FO, FSU et Solidaires principalement – sans la CFDT – avaient mis en avant tout d'abord le thème d'un cessez-le-feu dans la guerre opposant l’État d'Israël au Hamas, puis la contestation de l'«économie de guerre» prônée par l'exécutif national et enfin la défense des salariés menacés par des plans de licenciement (lire le communiqué).

Dans les faits, cela s'est traduit par la présence de nombreux salariés du site de Tetra Pak, à Longvic, en tête de cortège, et d'un drapeau palestinien géant en fin de cortège.

Moins de manifestants qu'en 2024, sans la CFDT et avec un contingent FSU réduit


La police a recensé 1.500 manifestants quand la CGT en a dénombré 2.000, soit une mobilisation moindre que l'an dernier (avec respectivement des décomptes de 2.000 et 2.500 personnes, lire notre article).

Période de vacances scolaires oblige, le contingent du syndicat enseignant FSU était particulièrement réduit. L'an dernier, un carré CFDT avait été constitué bien que la confédération n'ait pas signé l'appel de l'intersyndicale. Cette fois-ci, il n'y a pas eu de participation du tout.

Au niveau national, le ministère de l'Intérieur a évalué la mobilisation à 157.000 manifestants, la CGT à 300.000 (contre respectivement 121.000 et 200.000 en 2024).

Du muguet en quantité


Comme en 2024, en attendant le départ du cortège, syndicats et associations  constituent un forum autour de la fontaine de la place Wilson. Les véhicules et des stands mobiles permettent alors de diffuser les revendications respectives.

Symbole du 1er-Mai, le muguet est présent en quantité cette année. Les clochettes du stand de la CGT connaissent un franc succès, éclipsant les quelques vendeurs à la sauvette positionnés autour de la place. De nombreux manifestants et même certains policiers accrochent alors quelques brins à leurs vêtements.

Communistes, Insoumis, Écologistes, socialistes...


Aux côtés des syndicats et des associations, sont présentes de nombreuses personnalités politiques, élus ou anciens candidats à des élections, voire même de potentiels colistiers aux prochaines municipales.

Très organisés autour de Laurent Gutierrez, les communistes sont les plus visibles en nombre de drapeaux. Ils sont toute fois concurrencés par Lutte ouvrière dont les militants sont positionnés de l'autre côté de la place, autour de Claire Rocher.

Les militants et élus du Parti socialiste ont moins de drapeaux mais ils ont pourtant fait le déplacement en force. Les Cheneveliers Patrick Audard et Thierry Falconnet retrouvent les Dijonnais Nuray Akpinar-Istiquam, Alexandre Émorine, Guillaume Girault, Antoine Hoareau, Franck Lehenoff, Michel Neugnot, Pierre Pribetich. Arrivent également Colette Popard et Céline Tonot.

La France insoumise présente un contingent renouvelé avec de nombreux Jeunes Insoumis autour de Patricia Marc. Les Écologistes se font plus discrets autour de Catherine Hervieu, Billy Chrétien et Philippe Schmitt.

Non loin de là, les militants de Générations sont menés par Bruno Léon et, de son côté, Mathilde Mouchet promeut le mouvement Dijon Avenir.

Le mouvement l'APRES se structure


De nouveaux drapeaux apparaissent. L'Association pour une République écologique et sociale (APRES) a été fondée par les «purgés» de La France insoumise, Clémentine Autain et Alexis Corbière en tête. Ils ont été rejoints par la Gauche démocratique et sociale de Gérard Filoche et Ensemble de Roland Mérieux. Soit un total d'environ 6.000 adhérents défendant «l'unité à gauche sur un programme de rupture».

L'APRES revendique des représentants dans 80 départements. En Côte-d'Or, le mouvement est représenté par Andrée Dejeu et Arnaud Guvenatam, eux-mêmes anciens adhérents de LFI, présents à la manifestation. Ils estiment le nombre de sympathisants en Côte-d'Or à une trentaine de personnes.

«Partout, le poison de la division progresse», note la CGT


Les prises de parole des différents représentants se font en ordre dispersé au lieu d'être réunis au pied du kiosque, comme ce fut le cas ces dernières années. Il faut dire que les militants propalestiniens se sont appropriés le site en accrochant leurs bannières et un impression drapeau géant de l’État palestinien.

Après avoir demandé une minute de silence en hommage aux victimes des «crimes fascistes» et des «crimes racistes» – respectée seulement par les quelques personnes autour du véhicule de la CGT pouvant comprendre le son saturé des hauts-parleurs –, Safaa Jawad, secrétaire à la politique financière de l'union départementale de la CGT en Côte-d'Or, prend la parole pour alerter sur «les contextes géopolitiques et sociaux».

«Aujourd'hui, la montée de l'extrême-droite se voit partout sur la planète, elle est la conséquence d'un système économique capitaliste qui lui sert de berceau», enchaîne-t-elle. «Partout, le poison de la division progresse au travers de toutes les formes de discrimination qui sont instrumentalisée, voire organisée, par l'extrême-droite et les médias des milliardaires.»

«Le meilleur protectionnisme, c'est l'amélioration des droits sociaux et environnementaux»


«À l'inverse, les salariés, avec leurs syndicats, défendent la coopération et la solidarité concrète entre les travailleurs et les travailleuses du monde entier», développe Safaa Jawad, «plutôt que le moins-disant social et la concurrence entre les salariés organisée par les détenteurs des multinationales, le meilleur protectionnisme, c'est l'amélioration des droits sociaux et environnementaux».

«Alors que les guerres se propagent pour les profits de quelques-uns, la CGT appelle, partout sur la planète, les salariés à manifester pour défendre une paix juste et durable, non pas aux conditions des agresseurs mais dans le respect du droit international», défend la syndicaliste en référence à l'intervention d'Israël dans la bande de Gaza après le pogrom du Hamas et à l'invasion de l'Ukraine par la Fédération de Russie.

«En France, dans de nombreuses entreprises, les salariés, avec la CGT, s'organisent, revendiquent, se mobilisent et obtiennent des augmentations de salaires plutôt que des primes occasionnelles non cotisées», insiste-t-elle, «négocier des augmentations de salaire brut, c'est plus de cotisations sociales et donc de meilleures pensions de retraite et c'est aussi plus de salaire net pour vivre de son travail».

«Nous devons gagner l'abrogation de la retraite à 64 ans»


«Nous ne sommes ni de la chair à patrons, ni de la chair à canons», clame Safaa Jawad qui alerte sur le nombre d'accidents du travail mortels.

«La liste des [plans de sauvegarde d'entreprise ne cesse plus de s'allonger», déplore la syndicaliste en rappelant les sociétés concernés en Côte-d'Or : Vallourec-Valti, PPG-La Seigneurie, Tetra Pak et Jtekt. On estime à 1.000 le nombre d'emplois menacés actuellement dans le département.

«Le travail se partage tout comme les richesses produites», clame la représentante du syndicat révolutionnaire, «on doit travailler moins pour travailler toutes et tous, pour travailler mieux». «On doit augmenter nos salaires pour notre pouvoir d'achat mais aussi pour une retraite à 60 ans. Nous devons gagner l'abrogation de la retraite à 64 ans !»

«La protection sociale n'est pas à vendre», ajoute-t-elle en rappelant l'opposition de la CGT au principe de la retraite par capitalisation.

Et de conclure que «ce 1er-Mai doit être le début de la mobilisation pour nos conquis d'aujourd'hui et de demain».

Création de la CGT, création de la Sécurité sociale et premier vote effectif des femmes – lors du premier tour des municipales, le 29 janvier 1945 –, le syndicat a nombreux anniversaires à fêter cette année.

«La montée des extrêmes-droites menace la paix et le progrès social», estime la FSU


«Le 1er-Mai est un jour qui nous dédié pour faire vivre la fraternité et la solidarité», déclare Christine Bernery, cosecrétaire départementale de la FSU en Côte-d'Or, alors qu'une proposition de loi centriste, soutenue par le gouvernement, souhaite ouvrir aux salariés la possibilité de travailler ce jour-là.

«À la FSU, nous marchons pour la paix, les libertés, le progrès social et contre l'extrême-droite», enchaîne la syndicaliste, «la montée des extrêmes-droites menace la paix et le progrès social». «Les conséquences pour les travailleuses et les travailleurs sont déjà bien visibles : la lutte contre le changement climatique est tempérée, le droit international est bafoué et les guerres se prolongent.»

«Les démocraties, fragilisées par les politiques néolibérales, qui défont le lien social, et par la montée des forces d'extrême-droite, sont attaquées par des stratégies de désinformation, d'ingérence et de déstabilisation», analyse-t-elle.

«Le gouvernement cherche à imposer toute amélioration des droits sociaux en matière de retraite ou de rémunération dans la fonction publique, voire de préparer les consciences à de nouvelles régressions», estime-t-elle.

Le thème de la paix selon la FSU


Christine Bernery exprime sa «solidarité internationale avec les peuples en guerre, celles et ceux qui subissent l'oppression dans le monde». «Nous continuons à appeler au cessez-le-feu en Ukraine comme ailleurs, à l'arrêt du génocide à Gaza et de la colonisation en Cisjordanie, arrêt des bombardements et des déplacements forcés des populations, libération des otages et des prisonniers politiques, levée du blocus dans la bande de Gaza et arrêt de livraison des armes ! Nous exigeons le respect du droit international et du principe d'autodétermination des peuples !»

L'«économie de guerre» vue comme «un prétexte à une guerre contre les conquis sociaux»


La représentante du syndicat enseignant considère que l'«économie de guerre» constitue «un prétexte à une guerre contre les conquis sociaux, l'écologie, les droits et les libertés». «Défendons les services publics, fruit de la mise en commun de nos richesses, patrimoine de ceux qui ne possèdent rien, garantie de l'accès aux droits.»

«Nous refusons de travailler jusqu'à 64 ans», scande-t-elle à son tour, «nous continuons d'exiger l'abrogation de la réforme des retraites et nous refusons la capitalisation».

«Impulsons les luttes nécessaires pour dépasser la sidération et renouer avec l'espoir», conclut-elle, «paix, liberté, progrès et justice sociale».

Selon Solidaires, «la gouvernement fait la poche des travailleurs»


«Le gouvernement continue de vouloir faire la poche des travailleurs et des travailleuses tout en coupant dans les budgets des services publics», estime Théo Contis, cosecrétaire départementale de l'union syndicale Solidaires 21.

«Dans le même temps, les usines ferment ou licencient massivement», déplore le syndicaliste qui fustige à son tour l'«économie de guerre».

Le représentant de Solidaires revendique la réduction du temps de travail légal et l’abrogation de la réforme des retraites.

Alors que, désormais, le taux de syndicalisation des salariés français dépasse à peine 10%, Théo Contis appelle «toutes les personnes à se syndiquer pour renforcer et dynamiser nos syndicats».

En conclusion, le syndicaliste dénonce «le contexte raciste qui se développe intensément en France». «Plus que jamais, nous allons devoir démontrer notre solidarité les uns avec les autres, dans les rues et dans les entreprises. Cela commence ce 1er-Mai.»

«Pas un sou, pas un homme, pas une arme pour la guerre», revendique FO


De l'autre côté de la place, Jean-Pierre de Oliveira, secrétaire général adjoint de Force ouvrière en Côte-d'Or, intervient à son tour, juché sur un escabeau, comme le fait traditionnellement Franck Laureau, absent pour raison de santé.

«Pas un sou, pas un homme, pas une arme pour la guerre», revendique Jean-Pierre de Oliveira en déplorant «les milliards pour l'armement».

Entre contestation de «économie de guerre», défense de la Sécurité sociale, défense des services publics et demande de l'abrogation de la réforme des retraites, le représentant de FO refuse l'«instrumentalisation» des syndicats par le gouvernement.

«Tetra Pak protège ce qui est bon mais pas ses salariés»


Le cortège s'élance avec une trentaine de salariés de Tetra Pak devant la banderole syndicale annonçant le mot d'ordre du jour «pour le progrès social, la solidarité et la paix entre les peuples».

Eux-mêmes sont accompagnés d'une brique de jus de fruit géante portant les mentions «Tetra Pak protège ce qui est bon mais pas ses salariés», inspirée par le slogan de la marque, et «Luttons pour sauver nos emplois».

Pourtant élément incontournable des manifestations revendicatives, les pancartes sont rares. Certains slogans sont poétiques, d'autres pragmatiques ou éminent politiques.

Une Insoumise prévient qu'«au printemps, fleurit la lutte». Un autre Insoumis revendique «des salaires décents, un enseignement, des services  publics, médicaux, de qualité».

Des Kurdes demandent la libération des «prisonniers politiques» des prisons turques.

Un panneau fait référence à l'affaire des assistants parlementaires européens du Rassemblement national : «l'extrême-droite a toujours été une mafia fasciste en col blanc».

Quelques «Non aux CRA» apparaissent, en lien avec la construction d'un centre de rétention administrative, en ironisant également «Bienvenue à Longvic».

Par ailleurs, quelques tags sont essaimés au sol pour prôner «la fête du travail du sexe» ou souligner la différence entre «juif» et «sioniste».

Reste le totem des militants pacifistes du Collectif Bourgogne-Franche-Comté pour l'abolition des armes nucléaires, un impressionnant ballon gonflable rouge et jaune symbolisant la menace des bombes nucléaires.

Les Treta Pak place de la Libération, un drapeau palestinien géant, une échauffourée avec des black blocs


Parmi les moments marquants de la manifestation figure notamment l'émouvante arrivée des salariés de Treta Pak dans une place de la Libération déserte, à l'exception de quelques personnes en terrasse.

La place et la cour d'Honneur vides accentuent l'emphase de cette entrée de cortège. Des manifestant craquent des fumigènes pour célébrer ce passage.

Avec l'exhibition du drapeau géant aux couleurs du panarabisme devant le palais des ducs de Bourgogne, les militants propalestiniens frappent un grand coup.

«Halte au génocide du peuple palestinien, rupture de tous les liens avec les assassins», scandent-il le temps de traverser la place.

Le défilé rue de la Liberté est émaillé d'une brève échauffourée au niveau du restaurant McDonald's. Des manifestants en viennent aux mains avec des black blocs – une dizaine de personnes étant habillées tout de noir – quand Joël Mekhantar, adjoint au maire de Dijon, tente de s'interposer.

Des coups sont échangés puis les uns et les autres sont séparés par d'autres manifestants. Le cortège reprend dans le calme avant d'être arrêté pour une raison plus pacifique.

«Résistons aux logiques guerrières», scande le Mouvement pour la Paix


N'ayant pas  pu intervenir place Wilson, les syndicats laissent un temps aux militants propalestiniens place Darcy, là où ils se réunissent tous les samedis après-midi.

Claudine Véderine, vice-président du Mouvement de la Paix, prend la parole pour dénoncer plus généralement l'«économie de guerre» et appeler à «construire un monde de paix».

«Les guerres nourrissent grassement de puissants complexes militaro-industriels au détriment d'un nouveau type de développement de l'industrie ou de l'agriculture permettant une bifurcation écologique», déclare-t-elle, reprenant le lexique de la gauche radicale, avant de proposer «une action forte contre la prolifération nucléaire».

En Ukraine, la militante pacifiste appelle à «mettre en débat un projet d'architecture de sécurité commune sur tout le continent incluant la Russie et l'Ukraine et impliquant des pays tiers comme garants».

Elle regrette que l'ONU ne soit pas plus impliquée et craint que, en cas de déploiement de troupes de pays européens, Vladimir Poutine «utilise l'argument de la cobelligérance qui ouvrira les portes au pire».

«L'Ukraine doit pouvoir être autonome et coopérer à la fois avec l'Union européenne et la Russie», avance-t-elle. «Dans les régions convoitées, les populations devraient être entendues, sous l'égide de l'ONU, d'un contrôle international et leur vote respecté.»

Claudine Véderine attend la concrétisation de l'annonce, sous conditions, d'Emmanuel Macron de s'orienter vers une reconnaissance de l’État de Palestine avant de prôner «un État commun» aux peuples israélien et palestinien, allant «de la mer au Jourdain».

«Résistons aux logiques guerrières et de force, de puissance et de domination économique, financière, militaire et idéologique proposées par Trump, Poutine, Netanyahou et d'autres qui veulent imposer la loi du plus fort au détriment du droit international», conclut-elle, pressée par les syndicalistes de reprendre la marche, ce qu'elle fait, bon gré, mal gré, derrière la banderole «Cessez le feu à Gaza ! Pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens».

Dispersion dans le calme


Le pas se fait plus lourd en longeant le boulevard de la Trémouille. Alors qu'une vague de chaleur traverse la France, la température dépassent les moyennes saisonnières avec environ 25°C.

Les manifestants retrouvent de l'énergie pour lancer quelques slogans rues Jean-Jacques Rousseau et Chabot-Charny avant, de retour place Wilson, une dispersion du cortège dans le calme.

Jean-Christophe Tardivon












































































































































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