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24/07/2021 19:57

DIJON : Un millier de manifestants contre le passe sanitaire

Sympathisants d'extrême-droite et d'extrême-gauche, gilets jaunes et antivax notamment se sont rassemblés ce samedi 24 juillet au mot d'ordre de «liberté» pour protester contre le déploiement du passe sanitaire. Trois personnes ont été interpellées en fin de journée.
Un appel national avait été lancé pour des rassemblements partout en France ce samedi 24 juillet 2021 afin de protester contre l'instauration du passe sanitaire dans le cadre de la lutte contre l'épidémie de la Covid-19.

À Dijon, environ 1.000 personnes – 900 selon la préfecture – se sont dans un premier temps regroupées place de la République aux environ de 14 heures 30 pour des prises de parole avant de se diriger, en groupes fragmentés, vers le centre-ville où les forces de sécurité intérieure ont dû parfois faire usage de gaz lacrymogènes.

«On va tous devenir des codes-barres»



Alors que les manifestants aux profils hétérogènes continuaient d'affluer malgré la pluie, le premier à prendre le micro est Alberto Rodriguez, un Dijonnais membre de l'association «covido-sceptique» Réaction 19 qui «défend les gens contre cette dictature sanitaire qui s'impose peu à peu».

D'emblée, le propos prend des accents complotistes en évoquant «18.000 morts» liés à la vaccination en Europe à partir d'une interprétation erronée de sources européennes (ainsi que actu.orange et LCI l'ont décrypté). À fin juin, à noter qu'on enregistrait 1,1 million de morts des suites de la Covid-19 en Europe.

«On va tous devenir des codes-barres avec des caméras thermique sur les lampadaires», reprend le manifestant en protestant contre la «reconnaissance faciale» possiblement associée à la vidéoprotection. «1984, c'est rien à côté de ce qu'on va vivre ; (…) dans 20 ans, ce sera l'enfer», ajoute-t-il dans une veine technophobe.

Le propos est bien reçu par l'assistance même quand Alberto Rodriguez lance «tous les Républicains se sont couchés», qu'il qualifie Jean-Luc Mélenchon d'«hypocrite» et qu'il vante ensuite – sous les applaudissements – les mérites de Martine Wonner (députée du Bas-Rhin successivement exclue de LREM, EDS, Liberté et Territoires pour des propos flirtant avec le complotisme) et du professeur Didier Raoult.

En revanche, quand il évoque Florian Philippot (ex-Front National, à présent Les Patriotes), François Asselineau (UPR) et Nicolas Dupont-Aignan (Debout La France), les choses se corsent et le micro lui est à moitié arraché des mains : «pas de récupération politique» lui lance-t-on avant que la situation ne se calme.

«Déborder le système»


Habitué des manifestations des gilets jaunes, Bruce Duvic, «40 ans, agriculteur», reprend le micro en main pour déplorer la «supercherie» de la gestion de la pandémie et manifeste sa colère en abordant le sujet de la vaccination des enfants. L'orateur appelle à constituer un «bloc massif» pour «déborder le système» comme «le 5 décembre» en référence à la grève contre la réforme des retraites du 5 décembre 2019 ayant rassemblé entre 800.000 et 1,5 million de manifestants en France.

Une femme prend ensuite le micro pour adresser une pensée «aux soignants» et annonce vouloir «se battre» pour ne pas vacciner sa fille de douze ans.

«La Macronie est actuellement en panique», rebondit un homme qui lui succède et invite les manifestants à «persévérer de semaines en semaines» avant d'appeler à la «révolution».

Très ému, le gilet jaune Dimitri incrimine cette fois «les médias» distillant «la peur» avant de prôner «l'union [qui] fait la force» sous les «non à la dictature» qui fusent dans l'auditoire.

«La liberté est un phénix»


«C'est vous tous qui êtes la Liberté», proclame Mathieu de Dijon qui grimpe sur le rebord de la fontaine de la place de la République habillé en Statue de la Liberté.

Faisant référence aux conditions de la citoyenneté dans la Grèce antique édictées par Périclès (495-429 avant notre ère), l'orateur considère que «la liberté est un phénix, elle renaîtra de ses cendres (…) et nous allons reprendre nos droits».

Déambulation erratique au centre-ville


Le cortège prend la direction du centre-ville par la rue Jean-Jacques-Rousseau et les forces de l'ordre apparaissent à l'autre extrémité de la rue, appelant à faire demi-tour. Les manifestants ne rebroussant pas chemin, les policiers saisissent la possibilité donnée par l'arrêté préfectoral de la veille (lire le communiqué) et lancent des gaz lacrymogènes pour faire reculer le cortège.

Disloqués, les manifestants rejoignent en petits groupes la place du Bareuzai et profitent d'une relative tolérance des policiers présents pour s'exprimer sans débordement.

Une «Marseillaise» est entamée à pleins poumons accompagnée de plusieurs poings dressés tandis que les soutiens des Jardins de l'Engrenage agitent une banderole demandant «vaccinons Dijon contre le béton».

Par groupes de 200 à 300 personnes, les manifestants se mettent alors à parcourir le centre-ville de Dijon de manière erratique avant de se rassembler place de la Libération alors que les policiers sécurisent l'accès à la cour d'Honneur où se déroulent des mariages.

Les gilets jaunes dopés à l'antivax


Dans le calme, de nouvelles prises de parole ont lieu dont certaines pour conspuer le maire de Dijon. Le 18 juillet dernier, avec 300 élus de différentes sensibilités politiques, François Rebsamen (PS) signait dans le Journal du Dimanche une tribune saluant les décisions sanitaires et économiques de l'exécutif (lire la tribune).

Malgré les appels d'une partie des manifestants à profiter de la journée pour contester la réforme des retraites ou encore la réforme de l'assurance-chômage, le rassemblement dijonnais a ainsi nettement pris une tournure similaire à celle des premières actions des gilets jaunes de contestation globale de la politique d'Emmanuel Macron, incluant cette fois la gestion sanitaire, et de diffusion de théories complotistes, dont la critique du recours à un vaccin à ARN messager. Les thématiques spécifiquement sociales ont été reléguées à l'arrière-plan.

Trois interpellations


Vers 16 heures 30, la manifestation s'est en partie dispersée place de la Libération. Entre 100 et 200 personnes ont alors reflué en direction de la place de la République en scandant des slogans hostiles à la police. Passant devant la préfecture, le mouvement a été prolongé par des tensions avec les forces de l'ordre qui ont de nouveau eu recours aux gaz lacrymogènes.

Selon la préfecture de la Côte-d'Or, les derniers manifestants ont finalement été dispersés vers 18 heures 30. Trois personnes ont été interpellées pour refus de dispersion et violence sur agent de la force publique. La préfecture souligne qu'il n'y a pas eu de blessé ni de dégât matériel.

Jean-Christophe Tardivon






































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