Une centaine de personnes se sont rassemblées, ce samedi 14 octobre, place de la République, pour rendre hommage au professeur de français assassiné la veille, à Arras. «C'est l'école qui est ciblée», a déclaré Annick Alix pour FO. «Il faut que la communauté éducative soit sécurisée», a relayé le recteur Pierre N'Gahane.
Le rassemblement a été improvisé dans la nuit. Spontanément, la Fédération nationale de l'enseignement et de la culture - Fonction publique Force Ouvrière (FNEC FP FO) a appelé les syndicats enseignants de Côte-d'Or à mobiliser leurs adhérents pour un rassemblement en hommage aux victimes de l'attaque terroriste islamiste survenue au lycée Gambetta-Carnot, à Arras (Pas-de-Calais), le 13 octobre dernier.
Dans l'attaque, Dominique Bernard, professeur de français, a perdu la vie et trois autres membres de la communauté éducative ont été blessés à des degrés divers.
Ce samedi 14 octobre 2023, sur la place de la République, durant une heure environ, une centaine de personnes, selon la police, se sont rassemblées dans le calme à l'appel des syndicats enseignants de FO donc, ainsi que de la FSU, de la CGT, du SNALC et de la CFDT. Le recteur de l'académie de Dijon Pierre N'Gahane est allé à leur rencontre pour échanger sur la situation.
La «sidération» des enseignants
«Hier, quand on a reçu cette nouvelle, on était tous dans la sidération», a témoigné Annick Alix, déléguée du Syndicat national Force ouvrière des lycées et collèges à Dijon (SNFOLC), à l'origine du rassemblement. «C'est l'école qui est ciblée, c'est l'école qui instruit, c'est l'école de la République.»
«Notre place est auprès de nos élèves, dans les établissements, on va continuer à y aller», a déclaré celle qui est professeure de philosophie au lycée scientifique et technologique Gustave Eiffel. «On est tous désormais très prudents. Ça ne nous empêche pas de parler de tous les sujets, en philo, en histoire et même dans d'autres disciplines (…) mais c'est vrai qu'on fait très attention au vocabulaire qu'on emploie avec le public que l'on a, on s'adapte.»
«Toute la communauté éducative se sent concernée par cet assassinat lâche»
«Nous sommes tous dans l'effroi. (…) On s'emploie à montrer que l'on est tous solidaires», a déclaré le recteur en marge du rassemblement. «Je discute avec les professeurs, ils se posent beaucoup de questions. (…) Il faut aussi les rassurer, (…) leur dire que toute la communauté éducative se sent concernée par cet assassinat lâche, incompréhensible d'un de nos collègues.»
«Il faut que l'on soit soudé. L'évolution du contexte international nous fait craindre d'autres événements. Il ne faut pas que l'on rajoute du traumatisme au traumatisme», a-t-il alerté.
«On a fait une réunion avec le préfet pour réclamer ce soutien inconditionnel en matière de sécurité»
«Il faut que cette communauté éducative soit sécurisée. On a fait une réunion, ce matin, avec le préfet pour réclamer ce soutien inconditionnel en matière de sécurité. Il ne peut pas le faire tout seul, il faut qu'on le coproduise. (…) Le niveau d'alerte urgence attentat est un niveau suffisamment élevé pour que le préfet mobilise toute les ressources qui sont les siennes. La sécurité ne peut pas se faire par le seul ministère de l'Intérieur, (…) on ne pourra pas mettre un policier ou un gendarme devant chaque entrée. (…) On doit être vigilant ! Cette vigilance doit être partagée par toute la communauté éducative en lien avec les collectivités. (…) Nous, on a des équipes mobiles de sécurité, elles vont tourner. On a mis en place un système d'alerte qui permettrait de se mettre en sécurité et d'avoir les bons réflexes. Le 17, police secours, reste le numéro à utiliser en cas de problème», a développé Pierre N'Gahane.
Une minute de silence lundi à 14 heures
Ce lundi 16 octobre, était déjà prévue la commémoration de l'assassinat de Samuel Paty, survenu en 2020. La journée se doublera d'un hommage à Dominique Bernard.
Les enseignants se retrouveront dans les établissements scolaires pour échanger de 8 heures à 10 heures. Les cours débuteront ensuite. À 14 heures, dans tous les établissements scolaires de France sera organisée une minute de silence en mémoire des deux enseignants victimes d'attaques terroristes islamistes.
Jean-Christophe Tardivon