
«Nous travaillons contre l'oubli et pour ne pas oublier il faut naturellement se souvenir. Et aujourd'hui, Dijon se souvient», a exprimé Jean-Philippe Morel lors de l'inauguration, ce mardi 28 mai.
Blanche Grenier-Godard, figure de la Résistance française, a été honorée, à Dijon, par une allée portant son nom dans le quartier Valmy.
La cérémonie d'inauguration, ce mardi 28 mai 2024, a vu la présence émouvante de sa famille, y compris son fils Jean, âgé de 95 ans. Née en 1900, Blanche Grenier-Godard a joué un rôle crucial durant la Seconde Guerre mondiale. De 1940 jusqu'à son arrestation en 1942, elle dirigeait un réseau de 400 résistants qui ont aidé environ 8000 personnes à échapper à l'occupation en passant en zone libre.
Evelyne Momas
Petite-fille de Blanche Grenier-Godard

« Je suis venue pour la mémoire de ma grand-mère, puisque j'ai été très proche d'elle. Elle m'a élevée, j'ai vécu à Dijon longtemps avec elle, donc c'était pour moi une évidence d'être là pour elle.
Pour moi c'est un peu tardif, c'est ça mon seul regret. Mais je me dis qu’il vaut mieux que ça soit maintenant que pas du tout, et j'ai la chance encore d'avoir mon père présent. Donc je trouve que dans la lignée, dans la psychologie familiale, c'est bien que ça se passe encore au moment où il est là. »
Dominique Martin-Gendre
Adjointe au maire déléguée aux équipements urbains

« C’est vraiment un plaisir pour moi d'être là, d'honorer Blanche Grenier-Godard, et on essaye à Dijon d'honorer au maximum les figures dijonaises. Lorsqu'on a proposé ce nom au conseil municipal, ça a été bien sûr voté à l'unanimité. Je suis fille de résistants déportés. Mon père a été torturé des heures et des heures.. Donc c'est toujours avec beaucoup d'émotion que j'assiste à ces cérémonies importantes qui mettent en valeur les résistants et tout ce qui a été fait grâce à ces personnes. »
Jean-Philippe Morel
Adjoint au maire délégué au devoir de mémoire

« Avec ma collègue Dominique Martin-Jean, nous avons l'honneur de représenter ce matin François Rebsamen à cette importante cérémonie.
La dénomination des rues et des espaces publics est une responsabilité importante et c'est l'occasion évidemment de rendre hommage à des personnalités remarquables et le Conseil municipal de Dijon a souhaité distinguer une femme qui a incarné la résistance locale.
Inscrire dans la rue, sur les murs des villes le souvenir d'une personne, c'est d'une part lutter contre l'oubli et permettre la transmission d'une histoire, de son histoire, de ses combats et des valeurs qu'incarnaient Blanche Grenier-Godard.
Nous travaillons contre l'oubli et pour ne pas oublier il faut naturellement se souvenir. Et aujourd'hui, Dijon se souvient. »
« Les Grenier-Godard ont résisté en famille, et nous avons ce matin l'immense plaisir d'avoir à nos côtés Jean Grenier-Godard, le fils de Blanche Grenier-Godard. Blanche était à la tête du réseau Grenier-Godard.
Elle était à la tête d'un réseau d'environ 400 personnes au début de la seconde guerre mondiale et par ses actions, ce chiffre est même 8000 prisonniers et juifs ont pu atteindre la zone libre.
Même si une plaque rappelait l'existence du réseau Grenier Godard, la mémoire collective s'était quelque peu étiolée, il faut le reconnaître, au fil du temps. »
« Pendant très longtemps, la résistance a été perçue comme plutôt masculine. Mais en 1900, dans le Jura, Blanche Grenier Godard est arrivée à l'âge de 20 ans dans la cité Léduc, elle était infirmière à domicile et dès l'arrivée des nazis à Dijon, le 17 juin 1940, immédiatement Blanche Grenier Godard décide de résister.
Régulièrement, votre famille apportait des ravitaillements aux prisonniers nombreux du camp de Longeville. Très vite accompagnés des commerçants du quartier, le réseau Grenier-Godard se spécialise en l'évasion des prisonniers. Certains fournissent du pain, d'autres du vin, des habits, sans oublier un toit pour se cacher, des vêtements, des faux papiers. Et vous-même et votre frère accompagnent des groupes de prisonniers au dépôt SNCF de Périgny-les-Dijon.
Ensuite, les cheminots cachent les prisonniers dans les wagons et leur permettent de rejoindre la zone libre. Et à partir de 1941, alors que les persécutions raciales prennent une grande intensité, le réseau aide énormément de familles juives à passer en zone libre.
Cette histoire, évidemment, n'est pas sans tristesse puisque tant votre frère que Blanche sont arrêtés et déportés en 1942. On sait que René décédera dans un camp de concentration en Allemagne entre la fin mars et début avril 1945, quasiment peu de temps avant la libération des camps, que Blanche survivra à l'horreur des camps, sera libérée le 26 avril 1945 par les américains et qu'à son retour à Dijon elle s'engagera dans le mouvement gaulliste, le RPF, et siègera même au conseil municipal de Dijon. »
« À 11 ans vous avez eu des comportements héroïques, M. le Préfet hier les rappelait, alors que la Gestapo arrivait rue Saumaise, vous avez eu le réflexe, alors qu'ils vous laissaient tranquille vu votre jeune âge et s'en prenaient à votre mère et à votre frère, eu l'idée immédiate de monter dans les étages pour permettre à 7 prisonniers qui étaient cachés dans la maison de vos parents de s'évacuer par les toits et également de mettre un drap blanc qui était le signe annonçant un danger imminent dans la maison, pour informer les autres résistants qui devaient rejoindre la rue et surtout de ne pas venir. »
« En ce jour où nous nous souvenons et nous honorons Blanche-Grenier-Godard, cet héritage de la Résistance, nous devons aussi en être à la hauteur. C'est pour ça que nous sommes aujourd'hui très fiers, Dominique Martin-Gendre et moi-même, au nom de l'équipe municipale, d'inaugurer cette rue en hommage à votre mère, à votre famille, à travers elle l'engagement de tous ces membres du réseau, des 400 membres du réseau Grenier-Godard et vous dire aujourd'hui que la ville de Dijon et la famille Grenier-Godard seront maintenant unies par ce symbole fort qui est porté haut et fort le nom d'une rue. »
Manon Bollery























