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12/04/2025 18:11
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DIJON : Une centaine de personnes alertent sur les «attaques» envers l'état de droit

Plusieurs militants associatifs ont pris la parole, ce samedi 12 avril, pour fustiger l'extrême-droite ainsi que les responsables politiques jugés réactionnaires ou populistes. Les exemples en Russie, en Italie, en Israël et même aux États-Unis nourrissent leurs craintes.
Un appel national pour «défendre l'état de droit» circulait à l'initiative d'associations et de syndicats, notamment la CGT, ce samedi 12 avril 2025, à la suite de la contestation par le Rassemblement national de la condamnation en première instance de Marine Le Pen dans l'affaire des assistants parlementaires européens.

À Dijon, un rassemblement statique place de la Libération a connu une participation modeste avec environ 120 personnes.

Le PCF, la CGT Éduc'action, la FSU et Amnesty International ont fourni les contingents les plus importants. Parmi les personnalités politiques, on pouvait noter la présence de Catherine Hervieu (LE), députée de la Côte-d'Or, de Jacky Dessolle (PCF) et de Dominique Guidoni-Stoltz (LFI).

Actualisé le 13 avril 2025 :
La mobilisation dijonnaise est en phase avec la participation aux différents rassemblements organisés en France, voire même relativement plus importante. Différents médias ont recensés plusieurs centaines de personnes à Paris, 200 à Nantes, 200 à Lyon et 260 à Bordeaux quand le rassemblement marseillais a tout simplement été annulé par les organisateurs eux-mêmes.

Les signataires de l'appel ciblent Marine Le Pen et François Bayrou  mais oublient Jean-Luc Mélenchon


Co-secrétaire départementale du SNUIPP-FSU en Côte-d'Or, Christine Bernery se charge de lire le texte de l'appel unitaire à se rassembler pour «défendre l'état de droit», «le vrai» insiste-t-elle (lire le communiqué).

Le propos rappelle notamment les peines prononcées en première instance de Marine Le Pen. Ayant fait appel, l'actuelle présidente des députés RN bénéficie de nouveau de la présomption d’innocence.

Au-delà du verdict, les signataires déplorent les commentaires qui ont contesté le jugement voire remis en cause le système judiciaire de la Vème République : «le Rassemblement national a choisi de dénoncer la décision de justice en des termes aussi abusifs que choquants». «Il a accrédité l’idée d’un ''complot'' mené par un ''gouvernement des juges''.»

François Bayrou est également ciblé. Plusieurs médias ont rapporté des propos attribués à son entourage comme quoi le Premier ministre aurait été «troublé par l'énoncé du jugement».

Mis en cause dans une affaire similaire mais de moindre ampleur – un détournement de fonds publics de 2,9 millions d'euros reproché au RN contre 350.000 euros pour le Modem –, le président du parti centriste a été relaxé par la justice en février 2024.

Toutefois, les signataires ont omis les mots de Jean-Luc Mélenchon qui a déclaré que «la décision de destituer un élu devrait revenir au peuple». Un propos se distanciant du jugement et qui a choqué notamment parmi les socialistes et les écologistes.

L'ancien député européen du Parti de gauche fait l'objet d'une information judiciaire depuis 2018. Pour des soupçons d'«irrégularités» concernant deux anciens collaborateurs, l'Office européen de lutte antifraude estime le préjudice à 500.000 euros. Aucune mise en examen n'a été prononcée à ce stade.

Les attaques contre la justice se sont «dangereusement multipliées ces dernières années»


«Ces attaques qui visent à remettre en cause le fondement de nos institutions protectrices des droits et de l’égalité devant la loi ne sont pas nouvelles», résument les signataires, «mais elles se sont dangereusement multipliées ces dernières années».

«À l'heure où les haines racistes et antisémites, le masculinisme et les offensives anti-IVG ainsi que le mépris des habitats naturels connaissent une vigueur renouvelée, l'État de droit nous apparaît d'autant plus précieux», relaie finalement Christine Bernery.

SOS Racisme rappelle que «l'état de droit nous protège des attaques contre les minorités»


À son tour, Dieynaba Baldé, membre du conseil national de SOS Racisme et référence de l'association en Côte-d'Or, reprend la condamnation prononcée à l'encontre de Marine Le Pen en première instance et insiste également sur celle concernant Julien Odoul (RN), ancien assistant parlementaire européen et actuel député de l'Yonne. Celui-ci a fait appel, ce qui lui permet de conserver ses mandats.

«En réaction à cette décision de justice, le Rassemblement national fait diversion», analyse la militante associative, «il développe une rhétorique du complot du système contre lui». «Marine Le Pen et ses amis demandent à être traités différemment, dans une logique populiste, en rupture avec l'égalité de toutes et de tous devant la loi.»

«L'état de droit nous protège des attaques contre les minorités, contre les opposants comme le font [les soutiens de Marine Le Pen] Trump ou Poutine», déclare-t-elle pour élargir le propos.

«L'état de droit, c'est l'égalité de toutes et de tous devant la loi pour vivre ensemble dans une société démocratique», insiste Dieynaba Baldé, «tout ce que les réactionnaires détestent».

La LDH cible Vladimir Poutine, Benyamin Netanyahou et Donald Trump


«On peut voler des millions à la collectivité publique et ce serait un scandale d'être condamné», s'insurge Paul Garrigues, président de la section de Dijon de la Ligue des droits de l'Homme.

Se plaçant «au niveau international», le militant associatif cible Vladimir Poutine – dénonçant «les massacres de masse en Tchétchénie», «l'intervention, avec des massacres aussi terrifiants, en Syrie», «l'invasion de l'Ukraine» – puis Benyamin Netanyahou – pointant «le massacre de masse de civils à Gaza et la colonisation en Cisjordanie» – et, enfin, Donald Trump dont les sorties sur le Groenland, le Canada et le canal de Panama inquiètent les manifestants.

Paul Garrigues alerte sur une «violation de droits élémentaires» des migrants à Dijon


Revenant à la situation en France, Paul Garrigues vise cette fois Bruno Retailleau : «il est quand même absolument inquiétant de voir un ministre de l'Intérieur afficher publiquement son mépris de l'état de droit».

«Nous voyons des exemples à Dijon de cette violation de droits élémentaires, couverte notamment par la préfecture», développe le militant associatif. «Théoriquement, dans le droit français, le droit à l'hébergement d'urgence pour tout le monde est un droit élémentaire. On a vu, ces derniers jours, la préfecture faire pression pour mettre à la rue des personnes gravement malades : une personne sous hémodialyse trois fois par semaine, une personne polyhandicapée. (…) On a aussi la violation des droits de l'enfant, (…) on voit régulièrement des présumés mineurs que le Département met à la rue et la préfecture qui leur donne obligation de quitter le territoire. Ce combat est un combat de principe, international et quotidien.»

ATTAC 21 analyse la situation en Italie


«Ce procès a démontré l'absolue détermination de l'extrême-droite à détourner les richesses à son profit», considère Agnès Salomon, porte-parole d'ATTAC 21

«[Giorgia] Meloni, en Italie, illustre parfaitement ce qui peut arriver avec l'extrême-droite au pouvoir», développe la militante associative. «En s'entourant de sa famille pour gouverner, en réduisant considérablement la liberté de la presse, en abolissant le délit de fonction des administrateurs locaux, en remettant en cause les lois anti-mafia, tolérante avec l'évasion fiscale, elle met sur pied un système de prédation et de népotisme qui ne peut profiter qu'à ceux qui se partage le pouvoir et qui n'ont alors plus de comptes à rendre de leurs agissements. Pendant ce temps, les plus pauvres, eux, sont victimes de la suppression des couvertures sociales.»

Du côté d'ATTAC 21, on dénonce «le grave danger que représente la posture du Rassemblement national et son mensonge» afin de «le battre sur le terrain des idées» et, ainsi, «empêcher son accession au pouvoir». «Cela passe par l'affirmation haut et fort de nos valeurs antiracistes, féministes, de justice sociale et écologique.»

Rendez-vous le 1er mai


Le rassemblement n'aura duré qu'une petite heure, la dispersion s'effectuant dans le calme, ponctuée par les notes d'un musicien de rue installé sur les bancs de la place de la Libération.

La plupart des manifestants se sont donnés rendez-vous pour renouveler leurs alertes lors de la prochaine Journée internationale des travailleurs.

Jean-Christophe Tardivon
























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