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18/07/2021 13:06

DIJON : Une cérémonie en mémoire de la rafle du Vél'd'Hiv

«Nous devons collectivement combattre le racisme, le révisionnisme, le complotisme et les séparatismes», a déclaré la ministre Geneviève Darrieussecq dans un message lu ce dimanche 18 juillet en présence des autorités civiles et militaires ainsi que des représentants de l'association cultuelle israélite de Dijon et de la LICRA.
Alors que François Mitterrand était président de la République, un décret du 5 mars 1993 a instauré une journée d'hommage qui devint en 2000, sous l'impulsion du président Jacques Chirac, la Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'État Français et aux «Justes» de France. En mémoire de la rafle du Vélodrome d'hiver survenue les 16 et 17 juillet 1942 à Paris, les cérémonies se déroulent le dimanche qui suit le 16 juillet.

La cérémonie de ce 18 juillet 2021 dans la cour de la gare de Dijon a été présidée par Danyl Afsoud, directeur de cabinet du préfet de la Côte-d'Or, en présence de Fadila Khattabi (LREM), députée de la Côte-d'Or, Océane Charret-Godard (PS), vice-présidente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, Françoise Tenenbaum (PS), adjointe au maire de Dijon, ainsi que du lieutenant-colonel Étienne Royal, délégué militaire départemental, du capitaine David Chausse, représentant le commandant de la région de gendarmerie, et du commissaire divisionnaire Jean-Claude Dunand, directeur départemental de la sécurité publique.

«Les actes, les propos antisémites perdurent»


Président de l'association Mémoire(s) Vive(s), Sylvain Blandin a pris la parole en premier pour évoquer le témoignage d'une rafle effectuée à Châtillon-sur-Seine le 13 juillet 1942 et indiquer le nom de 21 déportés de Côte-d'Or durant le mois de juillet 1942. «À l'heure où les derniers témoins disparaissent, où les actes, les propos antisémites perdurent, il faut continuer de faire ce travail de mémoire», a ajouté Sylvain Blandin.

Membre de l'association cultuelle israélite de Dijon, présidée par Israël Cemachovic, Elis Sadigh a lu la prière des Morts. La Ligue internationale de lutte contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) était représentée par Alain David.

«Durant ces abjectes journées, la France trahissait ses valeurs et son histoire»


Danyl Afsoud a ensuite lu un message de Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants. La ministre indique que 4.115 enfants ont été arrêtés durant la rafle du Vél'd'Hiv : «aucun de ceux qui ont été déportés vers les 'camps de la mort' ne revint».

«Les 16 et 17 juillet 1942 demeurent une marque d’infamie dans notre histoire, une blessure à notre mémoire nationale. 13 152 Juifs, qui avaient fait confiance à la patrie des Droits de l’Homme, furent arrêtés et livrés à leurs bourreaux. Durant ces abjectes journées, la France trahissait ses valeurs et son histoire, recouvrant notre honneur du voile de la compromission. Le zèle coupable de l’État français, des collaborateurs et du régime de Pétain avait secondé la folie criminelle de l’occupant», déclare par ce message Geneviève Darrieussecq.

«La flamme du souvenir ne s’éteindra pas. En cette journée nationale, la Nation rend hommage aux victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français. Elle se souvient de la Rafle du Vel d’Hiv et de toutes les autres, des 76 000 déportés, des victimes tziganes, homosexuelles, handicapées et tant d’autres», précise la ministre.

«Les Justes ont fait vivre les valeurs qui nous sont chères»


«Dans un même mouvement, la France se souvient des martyrs et des sauveurs. En ces heures, il y eut les ténèbres mais tant de lumières aussi. Des héros, connus ou anonymes, ont sauvé, aidé, caché, accueilli, protégé, accompagné, souvent au péril de leur vie, des enfants, des femmes, des hommes et des familles. Tant et tant furent sauvés de la rafle des innocents par ces étincelles d’humanité. Les Justes ont, dans les profondeurs de notre pays, fait vivre les valeurs qui nous sont chères», tient-elle à souligner.

Finalement, Geneviève Darrieussecq tisse un lien entre le devoir de mémoire et l'action de l'exécutif face aux menaces actuelles : «dans le chemin tracé par Jacques Chirac et poursuivi par le Président de la République, la France regarde son histoire avec vérité. Cette journée nationale invite chaque Français à l’éveil et à la vigilance face à l’extrémisme, à l’antisémitisme et à toutes les discriminations. Il est des fléaux qui rongent une nation, nous devons collectivement combattre le racisme, le révisionnisme, le complotisme et les séparatismes. Ainsi, nous œuvrons en faveur d’une certaine idée de la France, mais aussi pour une idée certaine de l’humanité».

Après la lecture de ce message, les autorités civiles et militaire ainsi que les représentants associatifs ont procédé à un dépôt de gerbes de fleurs au pied des deux plaques qui interpellent les passants à l'entrée de la gare. La cérémonie a été conclue par une sonnerie aux Morts, une minute de silence et l'hymne national.

Jean-Christophe Tardivon