Si cette campagne de santé
publique incitant l’arrêt de la consommation d'alcool dès le 1 er janvier, pendant
un mois, peut faire sourire, aux Alcooliques Anonymes de Bourgogne
Franche-Comté, cette opération est prise très au sérieux.
L’association lance d’ailleurs un appel à ceux qui n’ont pas réussi à tenir le coup et qui se posent la question de savoir s’ils sont, ou non, alcooliques.
Le Dry January, ou «Defi de janvier» est une campagne lancée
en 2013 par l’organisation caritative britannique, Alcohol Change UK. Il s’agit
d’une organisation de premier plan dans le domaine de l’alcool. L’initiative de
janvier, est aujourd’hui un véritable mouvement international ou chaque année,
pendant un mois, des millions de personnes font une pause dans leur consommation
d’alcool.
Au-delà du côté parfois ironique que prennent certains
reportages télévisés et des réponses que donnent des passants interrogés, il
est bon de rappeler que l’alcool est un facteur aggravant pour certains cancers
comme ceux de la gorge, de l’œsophage, du sein ou encore de la bouche, sans
oublier le risque de déclanchement de maladies chroniques touchant le foie ou
encore le pancréas…
Si, comme dit la chanson,
boire un petit coup c’est
agréable, il faut aussi connaitre ces limites. Aux Alcooliques Anonymes de
Bourgogne Franche-Comté, on salue l’initiative du Dry January. «C’est l’occasion de mesurer sa consommation, de voir si on a
tenu le coup pendant ce mois de janvier» nous confie Aymeric* ancien alcoolique
et responsable de l’association de Bourgogne Franche-Comté, et d’ajouter «Si
vous vous posez la question de savoir si vous êtes alcoolique dépendant, c’est
peut-être le moment de répondre à un questionnaire sur notre site pour mieux
vous connaitre face à l’alcool. Et ensuite, en fonction de vos résultats, venir
parler et confronter vos expériences avec d’autres personnes pour encore mieux vous
rendre compte de votre dépendance»
A quel moment peut-on considérer que l’on boit trop ?
Aymeric : «J’aurai une réponse
personnelle. Moi je considérai que je buvais trop, lorsque j’avais perdu la
liberté de boire ou de ne plus boire. Je suis arrivé à un niveau ou je n’avais
plus de choix. Pour tout ce que je devais vivre dans mes journées que ce soit
pour les loisirs, les rencontres, dans le travail j’avais toujours besoin de
boire. C’était un besoin physique doublé d’un besoin psychologique. Je ne
savais plus rien faire sans ma béquille. Donc, à ce moment-là, on peut
effectivement considérer qu’il y a un sacré problème avec l’alcool»
L’aide de l’association
«C’est une des
premières étapes. L’association des Alcooliques Anonymes apporte une aide, un
soutien. C’est le lieu où on peut partager ces expériences. Moi j’ai un souvenir
de mes premières réunions, ou je me disais que jamais je ne pourrai partager ce
que je vivais tellement c’était difficile. Je pensais être le seul au monde à être
comme ça. Et puis j’ai écouté, dans les réunions, des personnes qui avaient
rencontré les mêmes problèmes que moi et qui en parlaient assez aisément et
surtout qui s'en étaient sortis. Ça m’a rassuré et enfin ma parole c’est libérée
sans aucun jugement de la part des autres personnes, bien au contraire»
Une aide sur du long
terme
«Nous menons des
actions dans de centres hospitaliers, comme récemment à Montceau-les-Mines, ou
les personnes font des cures. L’objectif est de les aider, à leur sortie de ces
cures pour qu’elles ne se sentent pas lâchées seules dans la nature. Il y a un
suivi possible par notre intermédiaire. Pour ma part, après ma première cure d’un
mois, j’ai été abstinent pendant plusieurs années. Et puis une forte charge
émotionnelle et professionnelle m’ont fait basculer à nouveau dans l’alcool. Si
j’avais rejoint l’association à la sortie de ma première cure, j’aurai été guidé
et je reste persuadé que l’accompagnement que j’aurai reçu m’aurait permis de
faire face à mes problèmes»
«Quand je dis non, c’est
non !»
«Il y a aussi la
période, lorsque l’on devient abstinent, où on retrouve une vie sociale, ses amis,
sa famille. En ce qui me concerne je reconnais que ça a été difficile les
premiers temps lors de certaines soirées. J’avais honte de dire non, pas d’alcool
pour moi. Je croyais que je devais me justifier, je partais dans des
explications assez complexes, et au final l’entourage insistait. Aujourd’hui,
ça n’est plus du tout le cas. Quand je dis non, c’est non ! Et il s’entend
puisque personne n’insiste. Mais pour en arriver là, l’association m’a beaucoup
aidé. Il faut dire aussi que la société a bien évolué, elle est plus tolérante
envers les personnes qui ne veulent pas boire. Et puis aujourd’hui, ce n’est
plus l’alcool à tout prix dans toutes les situations»
L’association des
Alcooliques Anonymes en Bourgogne Franche-Comté
«Nous avons accueilli
en novembre 2021, le 61ème congres des alcooliques anonymes à Dijon ou 700
personnes étaient présentes. Il y a eu des temps forts comme la réunion des
médecins addictologues venus présenter la coopération de notre association à d’autres
médecins et infirmiers qui souhaitaient des informations pour mieux aider et
comprendre les personnes touchées par la maladie liée à l’alcool»
Les réunions
«Nous avons plus de
500 groupes en France dont 20 en Bourgogne Franche-Comté. Nous organisons
régulièrement des réunions en présentiel dans nos 7 départements mais aussi des
réunions en visio. C’est vraiment ouvert à tous, à tous les âges dans un total
anonymat. Nous avons aussi un numéro de téléphone avec un interlocuteur
disponible 24h/24 et 7 jours sur 7»
Norbert Banchet
Pour faire le test de dépendance cliquer ICI sur le site : alcooliques-anonymes.fr Téléphone : 09 69 39 40 20 (24/24h)
*Aymeric, prénom
changé à la demande de l’interlocuteur