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05/12/2024 11:47

ÉCONOMIE : «L'intérêt national, c'est de reprendre le contrôle de nos finances publiques», signale le gouverneur de la Banque de France

Devant près de 200 lycéens participant aux Journées de l'économie autrement, ce vendredi 29 novembre, à Dijon, François Villeroy de Galhau a proposé une intervention claire et didactique portant sur la politique monétaire.
«Que veut la BCE ?» La question a été posée à François Villeroy de Galhau, ce vendredi 29 novembre 2024, à Dijon, lors de la 9ème édition des Journées de l'économie autrement.

Lors d'une conférence animée par Christian Chavagneux, éditorialiste du mensuel «Alternatives économiques», le gouverneur de la Banque de France a exposé son point de vue concernant la politique monétaire européenne, ainsi que le changement climatique, les inégalités et la taille des banques en Europe.

Près de 200 lycéens invités


À noter que plus de la moitié de la salle a été réservée pour des lycéens et étudiants en raison d'un partenariat entre Alternatives économiques et le rectorat de Dijon.


De nombreux participants aux Journées ont dû être réorientés vers les autres débats, dont celui impliquant Boris Vallaud, président du groupe PS à l'Assemblée nationale, ayant lieu au même moment dans une petite salle.

«La Banque de France appartient à tous les Français»


«Nous habitons un pays magnifique, unique», lance François Villeroy de Galhau en découvrant la salle des États de Bourgogne. «La France a beaucoup d'atouts économiques. Il y a 30 millions de Français au travail, il n'y en a jamais eus autant. L'emploi s'est beaucoup amélioré en France depuis dix ans : depuis 2014, on a créé 2,2 millions d'emplois.»

«La Banque de France appartient à tous les Français, nous sommes 100% public, on vous doit des comptes sur notre résultat et sur nos actions», met en avant François Villeroy de Galhau, «la mission d'une banque centrale est de protéger la valeur de la monnaie».

«Soigner» l'excès d'inflation et la déflation


«La politique monétaire est l'instrument que nous avons, Banque centrale européenne et Banque de France, pour soigner la maladie qu'est l'excès d'inflation», indique l'orateur qui participe également au conseil des gouverneurs de la BCE, présidé par la Française Christine Lagarde.

Suite à l'invasion de l'Ukraine par la Fédération de Russie, les prix des matières premières ont fortement augmenté, poussant l'inflation jusqu'à 7% en France et 10% en moyenne dans la zone euro. Suite à l'évolution de la situation et aux actions de politique monétaire, l'inflation est revenue autour de 2% (1,7% pour la France et 2,3% pour la zone euro, en novembre).

«Il y a moins d'inflation en France qu'en Europe», souligne François Villeroy de Galhau. «Dans notre projection, au-delà des variations mensuelles, nous sommes confiants que l'on va revenir durablement à notre cible de 2% d'inflation dans la première moitié de l'an prochain. (…) Quand il y a eu trop d'inflation, on a dû monter les taux d'intérêt jusqu'à 4% ; depuis début juin, nous avons commencé à baisser, on est à 3,25%. Il y aura d'autres baisses de taux.»

Le prochain rendez-vous du conseil des gouverneurs de la BCE aura lieu le 12 décembre.

«Les salaires progressent plus vite que les prix»


«La victoire contre l'inflation, (…) c'est une très bonne nouvelle pour l'économie», se félicite le gouverneur de la Banque de France, «cela veut dire que, maintenant, les salaires progressent plus vite que les prix». «Ça veut dire plus de pouvoir d'achat, c'est une bonne nouvelle pour les ménages.»

«On ne va pas faire reculer le niveau des pris de 12 à 15% en moyenne», reconnaît l'orateur. «Pendant le même temps, les revenus ont augmenté : les retraites, en France, sont indexées sur l'inflation et les salariés les plus défavorisés sont protégés de l'inflation – une mesure critiquée par les économistes les plus libéraux, moi je trouve que c'est bien. Faire reculer le niveaux des prix, cela voudrait dire faire reculer le niveau des revenus. Les gens ne seraient pas d'accord.»

De plus, le recul du niveau des prix, la déflation, est «une autre maladie économique» : «le rôle des banques centrales est d'éviter deux maladies opposées, l'inflation et la déflation», insiste le gouverneur de la Banque de France. «Les 2% d'inflation, c'est la bonne température de l'économie, un peu comme 37° est la bonne température du corps humain. (…) On a réussi à vaincre la surinflation. (…) Il faut éviter l'anémie de l'économie, la déflation, c'est pour ça qu'on ne rattrapera pas les 12% d'inflation.»

«On va dépenser plus à cause du passé que pour l'avenir»


«On a un souci de politique budgétaire depuis longtemps», remarque  François Villeroy de Galhau à propos de la situations des finances publiques françaises, «les dépenses, on trouve ça formidable, quand on pense aux impôts, on est moins enthousiaste». «La politique budgétaire est de trouver le bon équilibre entre les deux. (…) Pour couvrir l'accumulation des déficits chaque année, on emprunte. Le dernier budget [de l’État] en équilibre, date de 1973.»

«La dette coûte, (…) il faut payer des intérêts», note le gouverneur de la Banque de France, «on va payer de plus en plus cher pour cette dette de plus en plus lourde». «Quand j'avais 20 ans, en 1979, la dette pesait 20% du PIB, aujourd'hui, [elle] pèse 112% du PIB. (…) On peut pas toujours passer l'addition à la génération suivante.»

«Depuis deux ans, le déficit a dérapé et se trouve plus élevé que prévu, avec un déficit de 6% du PIB fin 2024, un des déficits les plus élevés d'Europe», relève l'orateur. «Un projet de budget avec 5%, ça va dans la bonne direction. (…) D'ici deux ans, les intérêts de la dette vont dépasser le budget de l’Éducation nationale. (…) On va dépenser plus à cause du passé que pour l'avenir.»

À modèle social équivalent, la France dépense 9 points de PIB de plus que ses voisins


«Nos voisins arrivent avoir le même modèle social sans avoir de dette», fait remarquer François Villeroy de Galhau suite à une question de Christian Chavagneux sur l'usage des dépenses publiques. «Je crois au modèle social européen. (…) Il est différent des Américains et différent des grands pays émergents : plus de services publics, plus de protection sociale et plus de redistribution fiscale, donc moins d'inégalités. Vous retrouvez ça aussi chez nos voisins. (…) Les autres pays se sont montrés plus efficaces et ont couvert ça par des recettes. Ils ont évité de transférer la facture aux jeunes.»

Les dépenses publiques de l’État et des collectivités territoriales ajoutées aux dépenses sociales représentent 57% du PIB, en 2023. «Nos voisins dépensent 47,7% du PIB soit 9,3 points de différence, soit 260 milliards d'euros. (…) Il y a des progrès d'efficacité à faire», pointe le gouverneur de la Banque de la France. «L'intérêt national, c'est de reprendre le contrôle de nos finances publiques.»

«Si le déficit faisait la croissance, on aurait dû avoir plus de croissance que nos voisins», glisse-t-il, «ce ne sont pas les déficits qui font la croissance».

Pour «aller plus vite», François Villeroy de Galhau est favorable à une hausse de la fiscalité pour les grandes entreprises et les hauts revenus


Alors que «le débat fait rage» sur la fiscalité des patrimoines les plus élevés,  François Villeroy de Galhau considère qu'«il faut principalement des économies de dépense» car «on a un problème d'efficacité de nos dépenses».

«La Banque de France est in-dé-pen-dan-te», souligne son gouverneur qui a appelé à faire «certaines hausses d'impôt» ciblant de grandes entreprises et de hauts revenus, épargnant les PME et les classes moyennes,  cela car «ça va plus vite que les économies dépenses.

«Si on se retrouve avec une taxation des grandes entreprises beaucoup plus fortes qu'ailleurs, les grandes entreprises ne viendront plus en France», alerte-t-il néanmoins, «dans la durée, j'espère qu'on fera cet effort d'efficacité».

Le changement climatique pourrait induire une perte de 15% du PIB mondial d'ici 2050


«La transition écologique est impérative», poursuit François Villeroy de Galhau, «les conséquences du changement climatique sont de plus en plus négatives».

Les dernières estimations du Network for Greening the Financial System portant sur le chiffrage des pertes économiques associées aux catastrophes climatiques envisagent un coût représentant une perte de 15% du PIB mondial à l'horizon 2050.

Les investissements d'adaptation et les investissements de transition pourraient entraîner une légère inflation pour l'énergie et l'alimentation. En revanche, un choc d'offre négatif induirait un effet désinflationniste.

«Quelle est la balance des deux ? Il est encore trop tôt pour le dire», commente le gouverneur de la Banque de France. «Le pire des scénarios est celui où on ne fait rien. (…) La transition a un coût mais plus on commence tôt, de façon coordonnée, plus on évitera des coûts beaucoup plus élevés.»

La Banque de France agit pour «verdir» le système financier


Au passage, l'orateur signale l'action de la Banque de France en direction des financements impliquant des énergies fossiles : en 2015, demander aux banques et assurances la publication de leurs risques climatiques, puis, en 2018, la publication des projections à horizon 2050 – les stress tests climatiques –, et, désormais, la réduction des risques selon des «plans de transition» articulés avec les directives de l'Union européenne.

«Les banques et les assurances françaises ont déjà pris des engagements de sortie [des énergies fossiles] (…) et de ne pas prendre des financements nouveaux», souligne-t-il, «on est extrêmement actif sur la question du verdissement du système financier».

Jean-Christophe Tardivon

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