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26/03/2022 19:48

ÉCONOMIE : Selon Roland Lescure, «on peut mieux faire en France pour accompagner les entreprises»

Le président de la commission des affaires économiques à l'Assemblée nationale a effectué un déplacement digne d'un ministre, ce mardi 22 mars à Dijon, au sein du Marché de l'Agro et auprès de la CCI Métropole de Bourgogne.
En se présentant à la CCI Métropole de Bourgogne, ce mardi 22 mars 2022 à Dijon, pour des échanges axés sur le bilan des mesures économiques mises en œuvre durant le quinquennat d'Emmanuel Macron, Roland Lescure allait ainsi à la rencontre des 50.000 entreprises de Côte-d'Or et de Saône-et-Loire que la chambre consulaire représente.

Période de réserve oblige, la réunion s'est déroulé à huis clos. À l'issue de la visite des entreprises Salaisons dijonnaises, Vitalfa, Apidis et Caves Carrière implantées sur le marché de l'agro, le député de la première circonscription des Français de l'étranger (Canada et États-Unis) et président de la commission des Affaires économiques à l'Assemblée nationale est revenu sur la nature des échanges.

Visite «hors les murs» de la commission des affaires économiques


«Depuis que je suis élu – je viens du monde des affaires, j'étais à Montréal pendant une dizaine d'années avant d'arriver en France – je trouve que le défi majeur de l'Assemblée nationale, en particulier, et du gouvernement en général est d'être loin du terrain. Donc je veux m'assurer que tout ce qu'on a voté ce retrouve bien sur le terrain auprès des entreprises.»

«Avec la commissions des affaires économiques, on a fait des visites hors les murs. Avec quelques députés locaux, on organise une visite comme aujourd'hui, on cherche à voir des entreprises emblématiques et les représentants des corps intermédiaires.»

«Merci aussi pour les recrutements»


«D'abord, merci pour tout ce que vous avait fait. Pendant cinq ans, on a l'habitude de dire qu'on a fait face à pas mal de crises mais [les chefs d'entreprises] aussi. On a des entreprises qui ont su se réadapter, des entreprises qui ont su se réinventer, des entreprises qui ont su bien traiter leurs employés face à une crise sanitaire historique et qui, maintenant, avec la crise en Ukraine, font face à des difficultés d'approvisionnement et de hausse des matières premières.»

«Deux, merci aussi pour les recrutements parce qu'on est sur un taux de chômage historiquement bas en France. On a la modestie de penser que c'est en partie grâce à ce qu'on a mis en œuvre mais aussi, évidemment grâce aux entreprises.»

«Je voulais les entendre sur le bilan de ce quinquennat pour les entendre sur ce qui a été bien fait, moins bien fait. Éventuellement réfléchir à l'avenir, au cas où on serait amené à faire un mandat supplémentaire. Et échanger un peu sur les premières hypothèses que l'on a sur la campagne qui s'ouvre et le programme qui a présenté la semaine dernière.»

«Les entreprises reconnaissent qu'on a fait le boulot»


«[En Côte-d'Or], les entreprises reconnaissent qu'on a fait le boulot. Notamment pendant la crise sanitaire et au-delà. Apprentissage, formation professionnelle, baisse des impôts notamment les impôts de production, la réforme du marché du travail... ont été extrêmement appréciés.»

«On a eu une petite remarque, bien acceptable, du président de la CCI sur le fait qu'on a pas mal coupé les moyens des chambres de commerce. ( ;..) Tout le monde reconnaît qu'il y avait des réformes à faire qui ont été faites pour la plupart des chambres de commerce pour améliorer les fonctionnement et baisser les coûts mais c'est clair qu'on a mis un peu de pression dans le tube.»

«Il va falloir simplifier pour qu'on change la culture de l'administration»


«Il y a des attentes fortes sur la simplification administrative. C'est un défi majeur du quinquennat qui va s'ouvrir quelle que soit la personne qui en sera en charge et la majorité qui l'accompagnera. Il va falloir simplifier-simplifier-simplifier pour qu'on change un peu la culture de l'administration pour qu'on passe d'une administration souvent un peu axée sur le contrôle à une administration peut-être un peu plus axée sur l'accompagnement sur le service. (…) J'ai été dans les affaires pendant une dizaine d'années au Canada, je pense qu'on peut mieux faire en France pour accompagner les entreprises.»

«Former les moins jeunes qui ne sont plus adaptés aux besoins des entreprises»


«La baisse des charges est toujours un petit sujet. Les gens reconnaissent qu'on a fait une bonne partie du chemin qu'il en reste un peu à faire notamment du côté des impôts de production. Ça tombe bien, on a prévu de le faire si on est réélu.»

Pour arriver à un million d'apprentis, «il va falloir accompagner les plus jeunes, notamment dans les lycées professionnels, faire rentrer l'entreprise dans l'école. (…) On peut faire mieux pour simplifier les relations entre l'école et l'entreprise».

Pour baisser encore le niveau de chômage, «il faut qu'on arrive à former les jeunes notamment mais parfois les moins jeunes qui ne sont plus adaptés aux besoins des entreprises aujourd'hui pour s'assurer d'une transition vers les emplois que les entreprises souhaitent pourvoir».

«Ensuite, on a un enjeu de mobilité géographique. Il y a des zones en France où l'on a plus de 10% de chômage et il y a des zones où on moins de 6%, comme c'est le cas [en Côte-d'Or]. Il faut que l'on puisse favoriser la mobilité des Françaises et des Français. Il y a des enjeux sur la politique du logement, c'est difficile de se trouver un logement quand on trouve un job à Dijon et qu'on habite à Maubeuge. Des enjeux liés à la garantie des loyers, on a fait quelques mesures dans cette direction-là mais je pense qu'on peut en faire plus.»

«Intégrer un rapport au travail qui a un peu changé dans les jeunes générations»


Sur la question des rémunération, «la politique salariale se fait dans les branches et je ne crois pas que ce soir l’État qui doit décréter les hausses de salaires. L’État peut donner des outils aux entreprises pour améliorer la rémunération : l'intéressement, la participation, la prime dite Macron que le candidat a annoncé vouloir tripler au cas où il serait réélu».

«Face à un marché du travail qui se tend, les entreprises ont bien compris qu'il faut sans doute un peu rémunérer davantage – mais c'est à elles de le faire – mais, surtout, que les nouvelles générations ne sont pas forcément seulement à la recherche de rémunération : les conditions de travail, la qualité des relations de travail, la manière dont les horaires de travail sont adaptés... (…) Les entreprises doivent intégrer un rapport au travail qui a un peu changé dans les jeunes générations.»

Le «temps long» du «capitalisme familial»


«Je suis un grand fan du capitalisme familial, on en a pas assez en France. (…) C'est la meilleure manière, pour moi, d'avoir un vrai capitalisme de long terme. On n'est plus au moment des hauts fourneaux et du capitalisme paternaliste qu'on avait au début du siècle dernier. On est passé dans un capitalisme beaucoup plus moderne, où les conditions de travail sont importantes ou la prise en compte des enjeux de l'environnement.»

«Au fond, on se plaint souvent que le capital est orienté à très court terme, notamment sur les marchés boursiers. (…) Quand vous êtes dans du capitalisme familial – on l'a vu avec des entrepreneurs qui sont Salaisons dijonnaises ou Apidis qui sont sur cinq générations – on est sur du vrai temps long. Je suis persuadé que le capitalisme responsable que j'appelle de mes vœux – j'ai été rapporteur général de la loi PACTE [NDLR : Loi relative à la croissance et la transformation des entreprises du 22 mai 2019] – nécessite une chose : allonger l'horizon de tout le monde.

«Si votre capital est patient à long terme, si votre seul intérêt est d'assurer la pérennité de l'entreprise, forcément le risque environnemental, le risque sanitaire, le risque social, vous allez l'intégrer. Si vous êtes capable d'aligner l'intérêt de l'entreprise avec vos salariés en donnant de l'intéressement, de la participation, évidemment les salariés vont se sentir plus concernés par l'avenir de l'entreprise et y travailler de manière plus mobilisées.»

«Les clients, c'est pareil. Ils cherchent des produits de qualité, produits de manière responsable. Si on arrive à aligner l'horizon de tout le monde vers un horizon de plus long terme, je pense qu'on arrivera à responsabiliser davantage le capitalisme. (…) Le capitalisme familial est un des facteurs-clés pour arriver sur cette voie.»

Propos recueillis par Jean-Christophe Tardivon

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