La ministre de l'Enseignement professionnel et la présidente d'Enedis s'engagent à faire évoluer le bac pro des métiers de l'électricité. La première convention en ce sens a été signée, ce vendredi 8 septembre, au lycée Hippolyte Fontaine, à Dijon.
Les métiers de la transition écologique évoluent. Télécommunications, données ou encore systèmes d'information sont autant de nouvelles facettes qui enrichissent les métiers de l'énergie en particulier.
En France, les métiers liés au déploiement de réseaux électriques rassemblent 100.000 salariés au sein de 1.600 entreprises souhaitant recruter chaque année 8.000 nouveaux collaborateurs.
Pour «mieux former» via l'enseignement professionnel les futurs techniciens, un programme «Les Écoles des réseaux pour la transition énergétique» a été lancé par l’Éducation nationale et Enedis, l'opérateur du réseau de distribution électrique en France.
Première signature à Dijon
La toute première convention avec un établissement scolaire entrant dans le cadre de ce programme a été signée, ce vendredi 8 septembre 2023, avec le lycée polyvalent Hippolyte Fontaine, à Dijon. Elle porte sur le bac pro Métiers de l'électricité et de ses environnements connectés (MELEC).
Les premières signataires de la convention ont été Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l'Enseignement et de la Formation professionnels, et Marianne Laigneau, présidente du Directoire d’Enedis.
Accueillis par Lionel Pinard, proviseur du lycée Hippolyte Fontaine, Carole Grandjean et Marianne Laigneau ont débuté le déplacement par la visite les classes de terminale et première de bac pro MELEC ainsi que d'une classe de CAP électricien.
Parmi la délégation, étaient notamment présents, les parlementaires de la Côte-d'Or Benoît Bordat (FP), Philippe Frei (REN), Didier Martin (REN) et François Patriat (REN) ainsi qu'Emmanuelle Coint (LR), première vice-présidente du conseil départemental de la Côte-d'Or, Joël Mekhantar (sans étiquette), adjoint au maire de Dijon, Anne Coste de Champeron, secrétaire générale aux affaires régionales de la préfecture de la région Bourgogne-Franche-Comté, Pierre N'Gahane, recteur de l'académie de Dijon, Thomas Fraioli, directeur régional d'Enedis en Bourgogne, Vincent Martin, président de la Fédération régionale des travaux publics de Bourgogne-Franche-Comté, Bertrand Pongan, président du Syndicat professionnel régional d'entreprises de construction et d'entretien des réseaux secs de Bourgogne (SRER), et Fabrice Dudragne, représentant le Syndicat des entreprises de la transition énergétique et numérique en Bourgogne (SERCE).
À noter qu'aucun conseiller régional n'a participé au déplacement ministériel, les élus étant réunis par ailleurs en «séminaire politique». La Région Bourgogne-Franche-Comté était représentée par deux personnels administratifs.
«Vous avez entre vos mains des compétences-clés pour la nation»
«Vous pouvez être fière des voies que vous avez choisies», répète Carole Grandjean au gré de sa visite, s'attachant à échanger longuement avec les élèves proposant une démonstration du métier auquel ils sont formés. «Vous avez entre vos mains des compétences-clés pour la nation, pour sa transition énergétique et numérique et pour votre avenir professionnel.»
Avec plus de 620.000 élèves, «la voie professionnelle prend une part majeure dans la formation des jeunes», estime la ministre qui concède que ces jeunes sont «trop souvent orientés là de manière subie, sans bien connaître les métiers qui sont exercés».
Carole Grandjean préfèrait qu'il s'agisse d'«une voie de choix», une voie «reconnue par les jeunes comme par les familles».
Objectif : «0% de décrochage et 100% d'insertion professionnelle»
Cette rentrée scolaire correspond à la première mise en application de la réforme du lycée professionnel voulue par Emmanuel Macron pour, comme l'exprime Carole Grandjean, «transformer ce lycée professionnel pour que la réalité du parcours de ces jeunes tendent vers 0% de décrochage et 100% d'insertion professionnelle».
«Pour cela, nous allons accompagner les fragilités de ces élèves et, parfois, les difficultés dans la scolarité, mais aussi accompagner la valorisation du métier d'enseignant pour que ce métier soit réalisé dans de meilleures conditions», assure la ministre.
Le ministère de l’Éducation nationale garantit aux lycées professionnels une revalorisation de la rémunération des enseignants, des classes dédoublées en mathématiques et en français, des stages en entreprise durant la formation initiale avec un mentorat des élèves ainsi qu'un développement des options artistiques ou entrepreneuriales.
«C'est l'avenir du pays qui se trouve dans ces lycées professionnels»
La ministre ambitionne également de permettre aux lycées professionnels de «mieux accompagner l'évolution des métiers et des grands enjeux de la nation, notamment ceux des transitions énergétique et numérique»
«Mieux préparer les élèves aux métiers de demain, c'est aussi mieux les préparer aux grandes transitions qu'ils vont devoir accompagner demain dans leur emploi», poursuit Carole Grandjean. «C'est l'avenir du pays qui se trouve dans ces lycées professionnels».
Quarante lycées avec un bac pro MELEC «coloré» transition énergétique
D'où le programme «Les Écoles des réseaux pour la transition énergétique» pour faire évoluer le contenu du bac pro MELEC en revoyant 30% des contenus. Seront également facilités les accueils des élèves en stage en entreprise, de salariés des entreprises aux côtés des professeurs en classe et même des enseignants en entreprises.
Quarante lycées en France signeront prochainement une telle convention avant que le périmètre ne soit progressivement élargi. Ainsi, 2.000 élèves bénéficieront du bac pro MELEC «coloré» transition énergétique.
Relever «le grand défi de la transition écologique»
«Les entreprises investissent dans la formation et l'accueil de nouveaux salariés», abonde Marianne Laigneau, «chaque année, elles ont besoin de plus 8.000 nouveaux salariés». «Ce sont des métiers d'avenir dont le contenu a énormément évolué.»
«C'est une étape dans notre engagement, en tant que filière industrielle, aux côtés de l'enseignement professionnel, au bénéfice de la jeunesse et de notre pays, la France, qui continue à accélérer dans ce grand défi de la transition écologique», ajoute la présidente du directoire d'Enedis.
«La deuxième électrification de la France»
«Cette initiative est au service de la lutte contre le réchauffement climatique, de la lutte pour développer une énergie encore plus décarbonée. On parle d'électricité ce matin parce que lutter contre le changement climatique, c'est sortir des énergies fossiles progressivement et aller vers plus d'électricité, c'est la deuxième électrification de la France»
L'opérateur du réseau de distribution de l'électricité partage l'objectif français et européen d'atteindre la neutralité carbone en 2050. À ce jour, l'électricité représente 25% de la consommation d'énergie en France. L'objectif est d'atteindre 60% en 2050.
Pour se développer, les métiers des énergies décarbonées ont besoin de techniciens. En particulier, le nombre de sites de production d'électricité photovoltaïque devrait augmenter d'un million d'ici 2028.
En Bourgogne, les investissements pour financer le raccordement des panneaux photovoltaïques au réseau de distribution électrique ont été multipliés par sept en quelques années.
«Nous avons besoin de l'enseignement professionnel. Nous comptons sur vous. (…) Nous avons besoin de futurs salariés le plus vite possible», glisse Marianne Laigneau.
Carole Grandjean répond aux critiques des syndicats enseignants portant sur la réforme du lycée professionnel
Alors que les syndicats enseignants critiquent la réforme de la voie professionnelle en considérant qu'elle conduit à un «démantèlement» (
lire le communiqué), une délégation de militants syndicaux a été reçue par l'équipe du ministère pendant qu'une vingtaine de leur camarades manifestaient dans le calme devant l'entrée du lycée.
Pour sa part, Carole Grandjean entend démontrer que «l'importance que revêt la réforme de la voie professionnelle pour accompagner ces élèves-là». «Un sur deux n'arrive pas à s'insérer dans l'emploi et un sur deux qui poursuit des études n'arrive pas à obtenir le diplôme dans le cadre de sa poursuite d'études.»
D'où une «réforme ambitieuse», afin d'«accompagner mieux les élèves, valoriser mieux le métier d'enseignants et d'accompagner mieux les grandes transitions économiques et les grandes transitions énergétique, numérique, démographique».
Pour cela, tout comme dans l'enseignement général, la ministre compte sur l'effet de la revalorisation de la rémunération des enseignants liées au «socle» et au «pacte» : «il s'agit de faire mieux donc nous allons accompagner les enseignants avec une revalorisation inconditionnelle : 125 à 250 euros mensuels nets pour chacun des enseignants. Au-delà, la possibilité de participer avec nous à cette transformation de la voie professionnelle par des missions complémentaires».
Carole Grandjean salue «l'engagement extrêmement fort» des enseignants de la voie professionnelle : «ils ont la volonté d'accompagner la réussite de ces élèves et ont déjà beaucoup de missions au-delà des missions pédagogiques qu'ils réalisent habituellement».
Avec cette convention, le ministère entend dire également aux enseignants qu'«ils ne sont pas seuls» : «le lycée professionnel est identifié comme un partenaire stratégique pour le monde économique».
Le coût de la formation professionnelle en question
Alors que le gouvernement a l'objectif d'atteindre un million d'apprentis formés chaque année, les structures qui chapeautent les Centres de formation des apprentis (CFA) s'inquiètent d'une révision à la baisse de la prise en charge par l’État. Le débat se focalise sur l'estimation des «coûts contrats» (
lire le communiqué).
«On voit à quel point l'apprentissage est une modalité de formation intéressantes et utile pour beaucoup de jeunes», note la ministre. En moyenne, sept apprentis sur dix s'insèrent professionnellement à la fin de leur formation.
«Pour nous, c'est extrêmement important de poursuivre cette dynamique et de tendre vers le juste prix, c'est à dire que les dépenses qui sont engagées par les CFA sont accompagnées par un coût contrat, un coût versé par apprenti qui doit se rapprocher le plus près possible des dépenses engagées. L’État n'est pas là pour verser des marges aux centres de formation par apprentissage».
Un chantier-école autour d'une ligne électrique
Après la théorie, la pratique. La visite ministérielle s'est poursuivie à Fénay, où le maire Laurent Gobet (sans étiquette) a accueilli Carole Grandjean et Marianne Laigneau tandis que Jean-Patrick Masson (écologiste indépendant), vice-président de Dijon Métropole, et Anne Gutierrez-Vigreux (PS), adjointe au maire de Longvic, rejoignaient la délégation.
Les deux protagonistes ont pu assister à une démonstration des compétences des futurs professionnels du secteur des réseaux électriques sur un chantier école de la zone d'aménagement concerté de Beauregard où les entreprises Enedis et Roger Martin encadraient une implantation de poteau électrique ainsi qu'une intervention en nacelle sur une ligne sous tension et sous le regard d'une télépilote de drone.
La diversité des métiers de l'énergie
«C'est de l'activité à côté de chez vous», a constaté Marianne Laigneau , «ces emplois sont sur le territoire sur lequel vous habitez et vos familles habitent parce que ce sont des projets menés avec les collectivités locales».
«Ce chantier-école démontre la diversité des métiers qui existent dans les métiers de l'énergie mais aussi la complémentarité des expertises», a conclu Carole Grandjean. «C'est ce que l'on a voulu saluer au travers de notre déplacement et de la signature de cette convention.»
Jean-Christophe Tardivon