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27/03/2021 19:49

ÉDUCATION : Le dédoublement des classes en REP «recrée de l'égalité des chances», selon Amélie de Montchalin

Dijon est la douzième étape d'un tour de France entamé par la ministre de la Transformation et de la Fonction publique pour vérifier que «les engagements pris sont tenus». La première séquence de ce vendredi 26 mars concerne l'éducation avec une démarche «exemplaire» au groupe scolaire d'York, intégré au réseau d'éducation prioritaire des Grésilles.
À l'âge des acquis fondamentaux, le gouvernement a initié en 2017 une expérimentation du dédoublement des classes de CP dans les réseau d'éducation prioritaire renforcés (REP+). Les REP et REP+ ayant succédé aux anciennes ZEP.

Après une évaluation favorable, l'expérimentation a été progressivement étendue aux classes de CE1 puis de grande section de maternelle. Aujourd'hui, le gouvernement met en œuvre sa généralisation.

Presque toutes les classes concernées ont été dédoublées en Côte-d'Or


Au sein de l'académie de Dijon, dans le département de la Côte-d'Or, la quasi-totalité des classes de grande section de maternelle, de CP et de CE1 sont dédoublées dans les réseaux d'éducation prioritaire. C'est effectivement le cas au groupe scolaire d'York où le dédoublement a été rapidement possible parce que l'établissement présente l'espace nécessaire.


Ce vendredi 26 mars 2021, Amélie de Montchalin, ministre de la Transformation et de la Fonction publique, est accueillie notamment par Rémi Delatte (LR) député de la Côte-d'Or, Hamid El Hassouni (PS), adjoint au maire de Dijon et référent du quartier des Grésilles, Nathalie Albert-Moretti, rectrice de l'académie de Dijon, Pascale Coq, directrice académique des services de l’Éducation nationale, Marion Pouzet, directrice de l'école maternelle York, et Sonia Jendoubi, directrice de l'école élémentaire York.

«Les enfants ont plus de temps pour parler»


Depuis quatre ans qu'Émilie Aubé enseigne en grande section de maternelle à York, la professeure des écoles est dans sa première année de classe à effectif réduit. «Il y a énormément de bénéfices», explique-t-elle à la ministre, «on a deux fois plus de temps pour les enfants, ils ont plus de temps pour parler, c'est le gros avantage d'avoir un effectif réduit. En maternelle, on sait que c'est primordial d'avoir des échanges avec les pairs et des échanges avec les enseignants. On peut mettre en place des activités avec des temps de parole qui ne sont pas possible à 24».

Amélie de Montchalin constate également que cette modalité permet «beaucoup d'autonomie pour les enfants», ajoutant qu'il y a «beaucoup d'apprentissages différenciés». «C'est une mesure qui n'a que des bienfaits», abonde la rectrice. Le suivi est aussi plus individualisé auprès des parents pour «repérer les difficultés» et mettre en place des actions avec les différents partenaires.

Ministre des ressources humaines de l’État, Amélie de Montchalin interroge l'enseignante sur ses nouvelles conditions de travail : «avant, je me disais, je fais au mieux ; depuis cette année, j'arrive à bien faire mon travail, on peut faire enfin le travail correctement».

150 activités accessibles dans la classe


«On a des enfants qui manquent de vocabulaire, qui ont l'envie de communiquer mais qui n'ont pas forcément les moyens. On voit les enfants qui lèvent le doigt parce qu'ils sont très enthousiastes à l'idée de parler mais ça pêche parce qu'il n'y a pas le vocabulaire nécessaire pour pouvoir le faire. Le seul moyen pour pouvoir le faire véritablement, c'est l'interaction. Si on ne les fait pas parler, ils ne peuvent pas progresser. Quand on en a 24, le temps est même divisé par plus que deux. Il y a tous les moments où l'on doit gérer la classe, où l'on n'est pas dans les apprentissages. Attendre que tout le monde soit calme à 12, cela va plus vite qu'attendre que tout le monde soit calme à 24», détaille la professeure des écoles.

Pour stimuler les élèves, neuf différents espaces thématiques sont organisés dans la classe pour proposer des activités : hôpital, cuisine... Un plan de travail individualisé est organisé sur la semaine. Chaque enfant a libre accès à 150 activités différentes dans cette classe.

Apprendre ensuite à vivre dans des groupes plus grands


Alors que la ministre se rend également dans une classe de CP, Pascale Coq explique pourquoi prolonger le dédoublement au-delà de la classe de CE1 n'est pas envisagé par le gouvernement : «à un moment donné, il faut aussi que les enfants apprennent à vivre dans des groupes plus conséquents et à travailler d'autres compétences et scolaire».

«La difficulté pour nous est de travailler cette transition», ajoute la DASEN. «Passer du simple au double, c'est délicat, cela se travaille», confirme Hamid El Hassouni. «La liaison entre grande section-CP et CE1-CE2 est fondamentale à la réussite du système, c'est vraiment un axe du travail départemental avec les inspecteurs et conseillers pédagogiques qui œuvrent au quotidien pour proposer des accompagnements et des formations», souligne Pascale Coq.

La ministre échange ensuite avec une représentante des parents d'élève et une femme effectuant un service civique au sein du groupe scolaire. Pour la représentante des  parents d'élèves, le dédoublement des classes est «très pertinent», elle demande ainsi sa «pérennité».

«Ça revalorise aussi le métier»


«L'objectif est d'arriver dans tous les réseaux d'éducation prioritaire à 100% d'ici 2022. Vu les résultats en termes d'évaluation, de sérénité pour les enfants, l'autonomie, le vocabulaire et aussi la capacité des enseignants, notre ambition est bien de les maintenir. Cela demande un accompagnement important sur les locaux», déclare la ministre en faisant référence aux petites écoles où le dédoublement nécessite la construction de nouveaux bâtiments.

Après la «nouveauté» du dispositif, l'enjeu devient celui de la «qualité» : «il faut que les choses s'approfondissent, ça veut dire accompagner les enseignants. Je suis ministre de la fonction publique, c'est aussi un enjeu RH. Comment on forme, on recrute. Comment on attirer des profils qui ont envie d'entrer dans cette démarche-là. Ça revalorise aussi le métier».

«Dans une académie très rurale, on a beaucoup d'école à une-deux-trois classes», signale Nathalie Albert-Moretti, «il y a des effets de seuil, on doit tout regarder, travailler évidemment à l'égalité et lutter contre le déterminisme social».

«Les enseignants ont le sentiment de pouvoir bien faire leur métier»


L'objectif du président de la République est que «dans les quartiers prioritaires, dans les zones les plus rurales, dans les territoires où peut-être que les enfants ont au départ un peu moins de chances, parce qu'ils sont peut-être dans des conditions matérielles, sociales, familiales, plus difficiles, nous leur redonnions la possibilité par l'éducation de pouvoir ensuite faire leur choix, leur choix de vie, leur choix professionnel et qu'on recrée de l'égalité des chances», résume la ministre.

«Ici, clairement, c'est une école exemplaire, qui a dédoublé d'abord les classes de CP puis de CE1 et puis maintenant de grande section. Sur ces trois classes qui sont des classes charnières pour apprendre à lire, à écrire, à compter, à respecter autrui, on voit des environnements d'apprentissage extrêmement sereins, très calmes, où chaque enfant est accompagné, où les enseignants ont le sentiment de pouvoir bien faire leur métier et d'avoir les outils, le temps, l'accompagnement, la formation aussi pour vraiment remplir cet objectif», explique Amélie de Montchalin.

Avant de quitter l'école, la ministre ajoute que «notre ambition, avec le président de la République et le Premier ministre, c'est que – alors bien sûr que la crise sanitaire occupe beaucoup de nos esprits, de nos inquiétudes collectives – nous dédions du temps à nous assurer que le reste de nos réformes éducatives, sur le logement, sur l'accès à l'emploi, sur l'écologie... bref, tout ce qu'on a pris comme engagements en 2017, se poursuit parce que ces questions-là sont des questions urgentes».

Jean-Christophe Tardivon





























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