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05/04/2025 03:54

FORMATION : Selon Annie Genevard, les acteurs des MFR sont «les principaux contributeurs au mouvement de reconquête de notre souveraineté alimentaire»

Ce vendredi 4 avril 2025, à Dijon, la ministre de l'Agriculture est venue au congrès national des Maisons familiales et rurales pour «réaffirmer son soutien» à leurs initiatives éducatives. «Agriculture et environnement sont intimement liés», a rappelé Annie Genevard alors que l'enseignement agricole s'est vu confier une nouvelle mission en matière de transition climatique.
Toutes les Maisons familiales et rurales (MFR) de France s'étaient données rendez-vous à Dijon pour leur congrès national, ces 4 et 5 avril 2025. Durant ces deux jours, 1.800 participants étaient attendus dans le Hall 2 du parc des expositions : administrateurs, personnels et jeunes. Le réseau des MFR comprend 50 fédérations qui totalisent 420 écoles associatives où sont accueillis 100.000 apprenants.

Dans le Hall 1, était organisé le Salon des Maisons familiales et rurales de Bourgogne-Franche-Comté avec des stands où les MFR présentaient des projets. La région compte 29 MFR réparties dans tous les départements, exceptés la Nièvre et le Territoire de Belfort. Ces MFR représentent un tiers des effectifs régionaux de l'enseignement agricole.

La ministre de l'Agriculture «réaffirme» son soutien aux MFR


Ce vendredi 4 avril 2025, après une visite officielle dans le Jura, auprès de viticulteurs notamment, Annie Genevard, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire du gouvernement de François Bayrou, a inauguré le salon régional des MFR, prononcé un discours devant les congressiste et remis les prix d'un concours des MFR.  

L'objectif de la ministre était de «réaffirmer son soutien aux initiatives éducatives et aux actions menées par les MFR pour répondre aux défis sociaux, économiques et environnementaux actuels».

Parmi la délégation étaient présent notamment Paul Mourier, préfet de la Côte-d'Or, François Patriat (REN), sénateur de la Côte-d'Or, Océane Godard (PS), députée de la Côte-d'Or, Marie-Guite Dufay (PS), présidente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, Sébastien Sordel (LCOP), vice-président du conseil départemental de la Côte-d'Or, Philippe Lemanceau (PS), adjoint au maire de Dijon, Vincent Lavier, président de la chambre régionale d'agriculture de Bourgogne-Franche-Comté, Jacques Carrelet de Loisy, président de la chambre d'agriculture de la Côte-d'Or, et Dominique Ravon, président de l'union nationale des MFR.

«L'enthousiasme et le dynamisme» des jeunes des MFR


Habituée des journées portes ouvertes des MFR de son territoire d'élection, dans le Doubs, Annie Genevard a retrouvé «l'enthousiasme et le dynamisme» des jeunes participants au salon des MFR de Bourgogne-Franche-Comté au cours d'une déambulation auprès de stands.

«Cette énergie, cette passion qu'ils ont se ressentais dès l'entrée dans cet espace», a-t-elle confié avant de remercier les encadrants – les «moniteurs» – pour «la confiance qu'[ils] donnent en eux et pour ce qu'[ils] leur apportent par la formation qu'ils reçoivent».

Les effectifs de l'enseignement agricole sont «au plus haut niveau depuis dix ans»


Durant le temps des discours officiels, Annie Gevenard a partagé sa «fierté» devant «les résultats obtenus par l'enseignement agricole».

«Les taux d'admission aux examens et [les taux] d'insertion professionnelle» et «la réputation d'excellence qui s'est forgée en termes d'innovation et de formation» font de l'enseignement agricole, «l'école de la réussite».

La ministre de l'Agriculture voit dans l'action des MFR «un rôle essentiel» face au renouvellement des générations du secteur agricole : «les efforts que vous avez fournis ces dernières années ont payé comme le montre la hausse du nombre d'apprenants dans l'enseignement agricole, au plus haut niveau depuis dix ans».

«Vous êtes les principaux contributeurs au mouvement de reconquête de notre souveraineté alimentaire que nous souhaitons porter», a-t-elle souligné.

Objectif +30% d'apprenants de l'enseignement agricole d'ici 2030


La loi d'orientation agricole fixe un objectif d'augmenter de 30% le nombre d'apprenants de l'enseignement agricole d'ici 2030, par rapport à 2022. Pour cela, la ministre de l'Agriculture compte actionner deux leviers : «la sensibilisation et l'attractivité».

«Un plan dédié se déploiera du primaire au lycée afin que les élèves de tout le pays prennent conscience, dès leur plus jeune âge, de l'étendue et de la qualité des filières agricoles», a-t-elle exposé. «Sur la question de l'attractivité, il nous faut étendre notre périmètre d'action. C'est tout l'objet du volontariat agricole qui permettra aux personnes qui ne sont pas issues du milieu agricole de découvrir les quelques 200 métiers du vivant que compte notre pays et d'apprécier le sens qu'ils sont susceptibles d'insuffler dans une vie.»

«Agriculture et environnement sont intimement liés»


L'enseignement agricole innove avec la création d'un un Bachelor Agro pour les métiers de l'agriculture et de l'agroalimentaire et l'instauration d'une sixième mission – venant complétée celles définies durant les années 1990 – portant sur «la formation aux transitions climatique et environnementale».

«Agriculture et environnement sont intimement liés et il ne saurait être question de les opposer», a pris soin de glisser Annie Genevard à ce dernier sujet. «Il faut produire pour alimenter la population tout en respectant notre environnement, (…) l'un ne va pas sans l'autre.»

Le 25 mars dernier, les professionnels de l'enseignement agricole public se sont mobilisés pour revendiquer des moyens pédagogiques afin de mettre en œuvre ces nouvelles orientations.

Annie Genevard assure vouloir «défendre et promouvoir le modèle singulier et fécond des MFR»


«Chers acteurs des MFR, grâce à vous, de très nombreux jeunes ont trouvé leur voie, ont trouvé ou retrouvé l'envie d'étudier et se sont épanouis», a déclaré Annie Genevard en s'adressant aux congressistes. «Votre implication pour accueillir et former tous les jeunes, quels que soient leur profil ou leur projet, est remarquable et se vérifie dans tous les territoires.»

Alors que les MFR ont connu, à la rentrée 2024, la plus forte progression des effectifs des différentes filières de l'enseignement agricole, la ministre de l'Agriculture a attribué ce résultat à «la pédagogie de l'alternance» : «accompagnement personnalisé des jeunes, pédagogie innovante et expérience professionnelle marquée».

La représentante du gouvernement a conclu son propos en assurant vouloir «défendre et promouvoir [le] modèle singulier et fécond des MFR».

«L'apport des MFR est essentiel pour nos territoires», remarque Marie-Guite Dufay


De son côté, Marie-Guite Dufay s'est dite «sensible» aux spécificités des MFR : «liberté, écoute des besoins des territoires, souplesse, innovation, accompagnement individualisé dans la proximité».

La présidente de la Région a, elle aussi, alerté sur «la baisse régulière et forte du nombre d'agriculteurs».

«L'apport des MFR est essentiel pour nos territoires», a remarqué Marie-Guite Dufay en évoquant les volets agricole, touristique ou encore sanitaire et social.

Le «clin d’œil» de Marie-Guite Dufay adressé à Annie Genevard


Cinq semaines après avoir reçu Annie Genevard sur le stand de la Région au Salon international de l'agriculture, à Paris, Marie-Guite Dufay a glissé un «clin d’œil» à sa compatriote doubiste sous la forme d'un rappel historique. En 1977, Edgar Faure, alors président de l'Assemblée nationale, a soutenu le réseau des MFR qui s'opposait à un projet de loi. L'année d'avant, il avait été élu premier président du conseil régional de Franche-Comté. Par le passé encore, le tenant du radicalisme avait été ministre de l'Agriculture, de 1966 à 1968, dans deux gouvernements de Georges Pompidou.

Voilà de quoi méditer sur les perspectives politiques qui pourraient s'ouvrir pour Annie Genevard à l'avenir : la présidence de l'Assemblée nationale ou celle de la Région Bourgogne-Franche-Comté ?

La Région Bourgogne-Franche-Comté a «préservé l'enveloppe consacrée à l'investissement dans les MFR»


Revenant au sujet du jour, Marie-Guite Dufay a signalé que, malgré un budget 2025 en baisse, «la majorité régionale a décidé de préserver l'enveloppe consacrée à l'investissement dans les MFR et de préserver également l'accès des MFR aux dispositifs péripédagogiques instaurés par la Région et de maintenir l'aide au premier équipement professionnel».

«Nous réservons, chaque année, une part extrêmement conséquente de notre enveloppe dédiée à l'apprentissage – une part bien supérieure à la proportion de ces effectifs – et nous conservons sans faiblir la place des MFR dans les formations qualifiantes aux demandeurs d'emplois», a insisté la socialiste. «Notre engagement est fidèle et concret !»

«C'est vrai que vous êtes unique !»


«Les MFR sont très particulières, dans leur réponses dans nos territoires comme dans la pédagogie», a enchaîné Marie-Guite Dufay. «Les principes mêmes des MFR – l'alternance des temps de cours, des temps en situation professionnelle dans des structures à échelle humaine, en cogestion avec les familles, avec un accompagnement par des moniteurs qui ont une fonction bien plus large que la seule formation en construisant des projets personnalisés pour chaque jeune –, on ne les retrouve nulle part ailleurs. C'est vrai que vous êtes unique !»

Le propos a fait mouche, suscitant une vague d'applaudissements parmi les congressistes, et a amené le président à faire de la responsable de l'exécutif régional une «ambassadrice» des MFR.

Océane Godard souhaite que l'action menée en Bourgogne-Franche-Comté «inspire» le gouvernement


La ministre de l'Agriculture ayant été accueillie chaleureusement par la présidente de Région, Océane Godard s'est retrouvée entre le marteau et l'enclume en tant que députée PS de la Côte-d'Or, élue dans le cadre de l'accord électoral du Nouveau Front populaire, et conseillère régionale de la majorité.

La socialiste a pris le parti de livrer un propos politique tout en nuances, sans heurter ni l'exécutif national, ni l'exécutif régional, en commençant par soutenir Élise Moreau, présidente du CESER Bourgogne-Franche-Comté, présente parmi la délégation officielle, afin de protester contre l'amendement de la commission spéciale de l'Assemblée nationale visant à supprimer les CESER par souci de «simplification».

«Je suis une convaincue de l'utilité, de la nécessité d'avoir des MFR au sein de nos territoires», a indiqué la députée. «Madame la ministre, je sais que vous êtes aussi convaincue de ce qui se fait en région Bourgogne-Franche-Comté. On compte sur vous, effectivement, pour que ça inspire davantage la vision que peut porter le gouvernement en matière d'éducation pour témoigner, justement, que ces organismes de formation – que ce soit les lycées professionnels, les lycées agricoles, l'apprentissage, les écoles de production, les maisons familiales et rurales, évidemment, et bien d'autres espaces de formation – (…) il y a une vraie complémentarité.»

Océane Godard a ensuite rendu hommage aux acteurs des MFR en insistant sur «le don de la transmission» qu'ils pratiquent.

«Notre pédagogie de l'alternance est un gage de réussite pour nos apprenants», souligne Dominique Ravon


Pour sa part, Dominique Ravon a rappelé quelques temps forts de la vie institutionnelle du réseau des MFR comme les récentes contractualisations du ministère de l'Agriculture avec des MFR d'Auvergne-Rhône-Alpes et d'Occitanie.

«Nous nous adaptons aux besoins des familles, des jeunes, des entreprises», a souligné le président de l'union nationale des MFR, «notre pédagogie de l'alternance, basée sur la valorisation de l'expérience dans le monde réel, est un gage de réussite pour nos apprenants, un régulateur de notre recrutement, une réponse aux questions d'insertion et d'adéquation des formations et des emplois.»

Les MFR sont «prêtes» pour le Bachelor Agro


Dominique Ravon a signalé que les MFR étaient d'ores et déjà «prêtes» à proposer le futur Bachelor Agro – en partenariat avec l'Institut Agro – aux inscrits en BTS notamment et quelles pourraient «relever le défi» d'augmenter le nombre d'apprenants de l'enseignement agricole.

«Nous avons entamé cette évolution dès la rentrée dernière avec une hausse de 1.200 élèves en formation initiales et de 400 apprentis du secteur agricole sans oublier le maintien du nombre d'adultes en reconversion professionnelle», s'est-il félicité avant d'espérer la concrétisation d'un engagement du ministère de l'Agriculture pour «financer tous les élèves».

Fondé en 1937, le réseau des MFR se projette vers son centenaire. L'union nationale a défini un projet pour la période 2025-2037 qui ambitionne d'«accompagner les transitions sociétales de manière éthique et responsable, contribuer à une société de dialogue et de coopération, promouvoir les pratiques pédagogiques et éducatives prenant en compte les rythmes et les capacités de chacune et chacun, encourager la formation tout au long de la vie et lutter les discriminations et les inégalités».

Remise de prix du défi Tik Tak @ction


Les MFR ont lancé aux jeunes un défi Tik Tak @ction portant sur la citoyenneté, en particulier «l'éducation aux mondes et aux autres». Ont été récompensées les MFR de Gionges, Rhône Alpilles, Clisson et Montfort sur Meu.

Après ce temps officiel, la première journée du congrès s'est poursuivie par des conférences puis une dégustation de produits régionaux.

Jean-Christophe Tardivon

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