«Les politiques publiques culturelles peuvent avoir un coût mais je trouve que c'est le prix à payer pour notre cohésion, pour la démocratie, pour la liberté», a défendu la ministre de la Culture, ce jeudi 9 janvier, à Dijon.
La ministre de la Culture Rachida Dati a inauguré, ce jeudi 9 janvier 2025, à Dijon, la restauration de la rotonde de l'an mil de la cathédrale Saint-Bénigne. Dans le cadre du plan de relance, l’État a mobilisé 7,9 millions d'euros pour entretenir cette structure qui accueille des sculptures romanes exceptionnelles.
La ministre a également annoncé la restauration de la flèche de cette même cathédrale. Un chantier estimé à 22 millions d'euros, un financement issu du Plan cathédrales, cette fois.
Un plan national pour sécuriser et entretenir les cathédrales
En effet, avec ce Plan cathédrales, l’État consacre chaque année des fonds aux 87 cathédrales qui lui appartiennent : 12 millions d'euros pour leur sécurisation et 50 millions d'euros pour leur entretien.
En Bourgogne-Franche-Comté, la cathédrale de Sens, première cathédrale gothique au monde sur le plan historique, a vu son portail occidental être restauré récemment. À Nevers, des travaux sont en cours au niveau de l'abside occidentale. À Besançon, le bâtiment Sainte-Anne rénové accueillera prochainement le trésor de la cathédrale.
«Un savoir-faire purement français que le monde entier nous envie»
Rachida Dati s'est inspirée des savoir-faire mis en œuvre lors de la reconstruction de Notre-Dame de Paris pour défendre le principe de l'entretien du patrimoine religieux.
«La somme des compétences professionnelles, scientifiques et techniques qui se déploie, c’est un savoir-faire purement français que le monde entier non seulement nous envie mais nous réclame», a-t-elle déclaré lors du discours inaugural.
«Ces chantiers ne se limitent pas à la préservation du patrimoine. Ils participent aussi au rayonnement culturel mais aussi à l'attractivité de notre pays», a estimé la ministre de la Culture. «En redonnant vie à ces monuments, nous perpétuons un héritage qui n’a pas fini de nous enrichir.»
Débat autour de l'éventuelle entrée payante à la cathédrale Notre-Dame de Paris
Après ce discours inaugural, les échanges se sont engagés entre la ministre de la Culture, les élus du territoire et les autorités ecclésiastiques sur l'éventuelle instauration d'entrées payantes pour les touristes souhaitant visiter Notre-Dame de Paris.
Une mesure que Rachida Dati continue de porter sous la forme d'une «contribution de 5 euros» avec l'objectif de générer annuellement 75 millions d'euros pour financer notamment l'entretien de 4.000 églises en péril dans toute la France : «certains diocèses de province ne sont pas insensible [à cette idée]».
L'archevêque de Dijon Antoine Hérouard a rappelé l'opposition de principe du diocèse de Paris tandis que le Père Yves Frot, recteur de la cathédrale Saint-Bénigne, a soulevé les difficultés pratiques.
«J'espère convaincre le diocèse [de Paris]», a glissé la ministre, tout sourire, «on va y arriver !» «En Italie, en Espagne, en Angleterre, les grands lieux de culte sont payants. (…) On peut aussi imaginer que ce dispositif soit transitoire.»
«La liberté de création, c'est aussi important qu'une politique de sécurité»
«Je considère que [le ministère de la Culture] est un ministère régalien», a avancé Rachida Dati, interrogée par les journalistes sur les arbitrages en vue d'un budget pour 2025, «la liberté de création, la création artistique, je pense que c'est aussi important qu'une politique de sécurité, qu'une politique d'éducation». «C'est une politique régalienne. Dans un monde fracturé, dans un monde où tout le monde s'affronte, je trouve que le ministère de la Culture a son rôle de cohésion. Les politiques publiques culturelles peuvent avoir un coût mais je trouve que c'est le prix à payer pour notre cohésion, pour la démocratie, pour la liberté.»
«J'ai annoncé un plan pour la liberté de création car nous avons de plus en plus d'atteintes à cette liberté de création», a conclu la ministre, «certains ont peur, donc ils ne créent plus, d'autres se limitent en se disant ''on ne prend pas de risque''». «Je trouve qu'il faut prendre le risque de la démocratie, le risque de la liberté. (…) Nous sommes à la croisée des chemins.»
Jean-Christophe Tardivon