Un an après les attaques terroristes du 7 octobre 2023 en Israël, deux Français sont toujours détenus par le Hamas. Ohad Yahalomi et Ofer Kalderon, pères de famille âgés respectivement de 49 et 53 ans, figurent parmi la centaine de prisonniers du mouvement islamiste. À ce jour, 42 Français ont été tués par le Hamas.

Ce lundi 7 octobre 2024, à Dijon, le collectif Tous 7-Octobre a organisé une marche pour commémorer ces attaques et adresser un message de soutien à tous les otages (lire le communiqué).

Selon les organisateurs, environ 150 personnes ont participé, se réunissant place Darcy avant de descendre dans le calme et la dignité la rue de la Liberté vers la place de la Libération où ont eu lieu des prises de parole sur fond d'Hôtel de Ville illuminé aux couleurs d'Octobre rose.

Selon Israël Cemachovic, le grand nombre de civils tués à Gaza est «le résultat d'une volonté politique» du Hamas

«Les Juifs ont été présents en Bourgogne depuis le temps des Romains», a rappelé Israël Cemachovic, président de l'Association cultuelle israélite de Dijon (ACID), «la communauté juive à Dijon s'est constituée en association loi 1905 en 1906 ; notre association est plus que centenaire».

«Notre communauté a bien tendu été bouleversé par ce qui s'est passé en Israël, comme tous les juifs, comme tous les hommes et femmes de bonne volonté qui ont vu ce qui s'est passé il y a exactement un an», a-t-il ajouté en évoquant la «cruauté» les attaques des terroristes du Hamas au sein des kibboutzim à proximité de la bande de Gaza.

«Tout cela est extrêmement perturbants pour nous, les juifs, qui avons cru dans une sécurité enfin retrouvée après deux millénaires de persécution. Israël est encore considéré comme le havre de sécurité pour les juifs lorsqu'ils se sentent menacés dans le monde et, hélas, le 7-Octobre a montré que ce n'était plus finalement une certitude», a-t-il développé. «La réaction d'Israël a entraîné une riposte extrêmement violente que beaucoup diront disproportionnée avec énormément de civils tués du côté adverse mais tout cela est le résultat d'une volonté politique qui a été clairement affichée d'obtenir le plus de victimes civils pour qu'on oublie les victimes israéliennes et les otages notamment.»

«Nous sommes contents d'avoir autour de nous des amis non-juifs qui compatissent au sort de ces otages que nous espérons voir revenir le plus vite possible», a conclu Israël Cemachovic.

Le président de l'ACID fait notamment référence à un article du 10 juin dernier du «Wall Street Journal» qui, s'appuyant sur ce qui était présenté comme des messages de Yahya Sinwar, le chef du Hamas, envoyés aux membres du mouvement islamiste participant aux négociations autour d’une trêve avec Israël, révélait que celui-ci appréhendait les morts civils à Gaza comme des «sacrifices nécessaires».

«Chaque fois qu'un citoyen juif français se sent agressé, c'est la République qui recule», alerte François Rebsamen

«Le 7 octobre 2023 restera à jamais dans la mémoire de l'ensemble de nos concitoyens», a déclaré ensuite François Rebsamen (PS, FP), maire de Dijon, «ce jour d'horreur où l'organisation terroriste Hamas a attaqué, massacré, assassiné, femmes et enfants, a été un jour de deuil pour les juifs du monde entier et, plus largement, pour tous les citoyens français qui se sont sentis concernés».

«Chaque fois qu'un juif, chaque fois qu'un citoyen juif français se sent agressé, inquiété dans sa vie personnelle, à chaque fois, c'est la République qui recule», a poursuivi avec gravité le social-démocrate. «Ce message doit passer partout, nous sommes à vos côtés dans ce moment de souffrance. Bien sûr, nous n'oublions pas les populations civiles qui subissent les dégâts mais tout est venu de cette attaque terroriste du Hamas.»

Le maire de Dijon était accompagné de plusieurs élus de la majorité municipale – dont la première adjointe Nathalie Koenders (PS) –  tandis que, indépendamment, des membres de l'opposition –  dont Laurent Bourguignat (LR, NE) pour le groupe Dijon autrement – ont également participé au rassemblement.

Françoise Tenenbaum dénonce le sinistre «marché d'otages» du Hamas

Présidente de la section de Dijon de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA), également élue à la Ville de Dijon et à la Région Bourgogne-Franche-Comté, Françoise Tenenbaum (PS, FP) a souligné l'importance du «souvenir» lié à cette commémoration. Elle a dénoncé le «massacre de masse» répondant au mot d'ordre «morts aux juifs», ce que «les juristes dénomme génocide et tentative de génocide».

«1.195 personnes assassinées dont 815 civils, 79 ressortissants étrangers, au moins 282 femmes et 36 enfants», a-t-elle indiqué, «251 personnes dont encore des enfants, même des nourrissons, ont été emmenées en otages par le Hamas»    . «Certains habitants fanatisés de Gaza sont venus faire leur marché d'otages, à monnayer plus tard. 101 dont deux Français sont encore otages du Hamas.»

Bien des victimes n'étaient pas juives. «Preuve en est que l'antisémitisme n'est pas seulement réservé aux juifs et que cette haine interpelle l'universalisme cher à la LICRA», a-t-elle analysé.

«Les assaillants agirent avec une cruauté absolue à l'égard de leurs victimes», a rappelé la socialiste avant de pointer «les violences sexuelles» et de dénoncer l'absence d'hommage des associations féministes.

«Le 7-Octobre ne peut pas rester uniquement un combat juif», exhorte Françoise Tenenbaum

Françoise Tenebaum a déploré le fait que «certains importent le conflit du Moyen-Orient et mettent de lui sur le feu a des fins électoralistes» et établi un lien avec la très forte hausse du nombre d'actes et agressions antisémites survenant en France depuis le 7 octobre 2023.

«Les Français ne sont ni les ambassadeurs d'Israël, ni les opposants à Israël», a-t-elle souligné, «comme tous les humanistes, les Français juifs sont  attachés à l'existence d'Israël». «Israël, démocratie exigeante entourée de régimes totalitaires, qui est l'exemple type de la démocratie proportionnelle intégrale. Israël qui défend les valeurs de l'Occident contre le régime des mollahs [en Iran], allié à la Russie, et leurs proxis que sont le Hamas et le Hezbollah mais à qui, curieusement, on n'accorde pas cette mission comme on le fait pour l'Ukraine. Pourquoi ?»

«Le 7-Octobre interpelle l'humanité et l'universalisme», a-t-elle exhorté, «le 7-Octobre ne peut pas rester uniquement un combat juif sinon nous perdrons notre âme». «Nous voulons la paix et nous défendons les valeurs d'humanité et de progrès pour tous, ici et partout dans le monde.»

François-Xavier Dugourd tisse un lien entre le 11-Septembre et le 7-Octobre

«Après le 11-Septembre, il faut véritablement que le 7-Octobre demeure une date qui ne s'efface pas dans notre histoire», a déclaré François-Xavier Dugourd (LR, NE), vice-président délégué du conseil départemental de la Côte-d'Or, tissant ainsi un lien entre les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis et l'attaque du 7 octobre 2023 en Israël.

L'élu départemental a appelé à «ne pas oublier les otages», en considérant qu'on ne parle pas suffisamment des deux Français, et a adressé une pensée pour les familles des victimes.

«Parfois, j'ai honte d'être Français, j'ai honte de notre pays», a-t-il confié au regard de la montée de l'antisémitisme. «On a un bien commun, c'est notre République, (…) il faut la promouvoir parce qu'elle est mise en danger.»

«Il nous faut continuer à clamer de libérer tous les otages !»

«Où est l'indignation mondiale ?» s'est exclamée Monique Thébault, présidente de l'association France-Israël Dijon. Elle aussi a fustigé le silence des mouvements féministes ainsi que celui des associations de défense des droits de l'Homme.

«Il nous faut nous dresser contre cette situation et continuer à clamer de libérer tous les otages !» a-t-elle ajouté.

Représentante de l'association Tous 7-Octobre, Aurélie Rotardier a ensuite lu un poème commémorant les attaques et évoquant leurs conséquences, dénonçant notamment le «en même temps» qui «ne penche que sur un pan» (voir ci-dessous).

Le rassemblement s'est terminé par le chant de «La Marseillaise» puis de l'«Hatikvah» [NDLR : «espérance» en hébreu], l'hymne national d'Israël.


«Shabbat Rouge et Noir ... Un An Après !»
Poème d'Aurélie Rotardier
Il y a un an, c’était Shabbat en Israël,
Un samedi chez nous, une même date fatale :
Le 7 octobre 2023, un drame sans égal,
Un séisme humain, un choc brutal et moral.
Aujourd’hui, face à vous, complices sans remord,
Nous parlons pour les cœurs, pour ceux que vous mordez fort.
Vos actes sont inscrits dans l’histoire du mal,
Mais vos victimes restent les héros dans ce bal.
Les réseaux sociaux, vos armes de déraison,
Sont devenus l’écho de votre trahison.
Des messages de haine, des complots en folie,
Vous distillez la judéophobie et l’antisémitisme, venins de vos envies.
Vous avez arraché les visages d’innocents,
Un bébé même n’a pas échappé à votre coup de sang.
Mais là où vos cris de haine résonnent,
C’est le silence qui, chez certains, tonne.
Où sont les voix des féministes censées crier,
Quand des femmes juives sont abusées, déshonorées ?
Où sont ceux qui, pour les enfants, s’indignent avec ferveur,
Quand Kfir, bébé enlevé, est ignoré par leur cœur ?
Ce pogrom, vous voulez l’effacer,
Mais la vérité, elle, ne peut se cacher.
Manipuler les faits pour inverser le jeu,
Faire passer les victimes pour coupables, quel aveu !
Une démocratie se défend, vous l'attaquez,
Et vos organisations, dans la terreur, s'abreuvent sans pitié.
Les universités, les écoles, nos émicycles et autres lieux de savoir,
Témoignent de votre venin qui sème le rouge et le noir.
Des synagogues brisées sous vos griffes acérées,
Des slogans de haine que vous osez brandir fièrement,
Des pancartes antisémites dans vos cortèges brûlants,
C’est votre discours, mais il est écœurant.
Dans vos médias cachés sous le voile de la critique,
Vous diffusez vos mensonges, un flot maléfique.
Mais la vérité éclatera, vous ne pouvez la cacher,
Car les stéréotypes que vous portez vont s’étioler.
En France, le gouvernement a levé la voix, il a pris des mesures,
Pour vous empêcher d’enflammer la blessure.
Mais ses sanctions, ses boycotts contre l’État hébreu,
Ne masqueront jamais ce que vous voulez scabreux.
Alors, devant vous, les complices, nous dénonçons l’injustice,
Et face à vos mensonges, c’est notre parole qui glisse.
Car les victimes, jamais, ne seront oubliées,
Et votre haine ne fera que vous condamner.
.... Pas que vous, d'ailleurs !
Les complices des crimes, sans loi ni morale,
Menacent les démocraties, d'un sort qui se dévale.
Leur silence coupable, pire que la trahison,
Encourage des agressions, sur chaque nation.
Ils ferment les yeux, aux maux qui s'étendent,
Et dans l'ombre complice, de l'avenir ils prétendent.
Mais à chaque instant, leur soutien sans remord,
Nourrit les attaques, les violences, les torts.
Ainsi, face aux tyrans, ne restons pas figés,
Car les complices, eux, sont déjà engagés.
Ensemble, faisons briller la différence,
Pour nos enfants, donnons l'espérance.
Ensemble, bâtissons un avenir serein,
Pour les générations, le bonheur en chemin.
Ensemble, disons non à la haine noire,
Oui à la paix, au juste espoir.
Ensemble, levons le flambeau de l'unité,
Pour la justice et la solidarité.

Le 10 octobre 2023, à Dijon, deux cents personnes dénonçaient «la cruauté des attaques aveugles perpétrées par le Hamas contre la population israélienne»

Le 12 octobre 2023, à Dijon, se déroulait une cérémonie oecuménique à la synagogue «en mémoire des milliers de victimes innocentes» en Israël