
La nouvelle ministre chargée des Personnes handicapées s'est rendue, ce vendredi 28 juillet, à Marsannay-la-Côte, dans un ESAT qui instaure des passerelles permettant à des travailleurs en situation de handicap d'intervenir en entreprise.

Une semaine après avoir intégré le gouvernement d’Élisabeth Borne en tant que ministre déléguée chargée des Personnes handicapées, la Côte-d'Orienne Fadila Khattabi a réservé son premier déplacement officiel, ce vendredi 28 juillet 2023, à la visite de l'ESAT de l'Acodège, à Marsannay-la-Côte, en périphérie de Dijon.
Le 20 juillet dernier, lors de la passation de pouvoir avec sa prédecesseure Geneviève Darrieussecq, Fadila Khattabi avait fait part de ses priorités dont «l'emploi» (
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De profil enseignante d'anglais dans le secteur de la formation professionnelle, la nouvelle ministre a d'emblée fait le lien avec l'insertion professionnelle des personnes en situation de handicap au moment où le Sénat vient d'adopter en première lecture, le 11 juillet dernier, le projet de loi pour le plein emploi qui contient des dispositions qui, selon le gouvernement, visent à «leur emploi dans les entreprises ordinaires» et à «aligner leurs droits sur ceux des salariés ordinaires avec conservation de leur protection spécifique».
Ce vendredi, la visite s'est effectuée en présence de Franck Robine, préfet de la Côte-d'Or, François Patriat (REN), sénateur de la Côte-d'Or, des députés Philippe Frei (REN) et Didier Martin (REN), Michel Neugnot (PS), premier vice-président du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, Céline Vialet (LCOP), vice-présidente du conseil départemental de la Côte-d'Or, Jean-Michel Verpillot (sans étiquette), maire de Marsannay-la-Côte et conseiller délégué de Dijon Métropole, Jean-Jacques Coiplet, directeur général de l'agence régionale de santé Bourgogne-Franche-Comté, et de Claude Guillet, président de l'Acodège.
L'émotion de Fadila Khattabi, l'admiration de François Patriat
À son arrivée, la nouvelle membre du gouvernement partage d'emblée son émotion sur ses terres d'élection, Marsannay-la-Côte se trouvant sur la troisième circonscription de la Côte-d'Or où elle a accédé à la députation, en 2017.
«Ça y est, c'est fait, après vingt ans», réagit François Patriat qui ne cache pas son «admiration». En 2004, Fadila Khattabi avait été élue conseillère régionale de Bourgogne sur une liste de gauche plurielle conduite par François Patriat dans «une région difficile à conquérir».
«J'ai un portefeuille qui est magnifique et je vais essayer de faire mon travail de manière qualitative», déclare à présent la ministre qui salue les collaborateurs parlementaires qui prennent le relais auprès de Philippe Frei qui lui succède (
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L'ESAT de l'Acodège accueille 230 personnes en situation de handicap
Patrice Durovray, directeur général de l'Acodège, et Sandrine Estivalet, directrice de l'établissement et service d'aide par le travail (ESAT) accueillent les visiteurs et rappellent les missions de la structure.
Fondée en 1985, l'association Acodège est l'héritière du Service social de sauvegarde de l'enfance de la région de Dijon créé en 1942. Elle a pour mission de développer toutes actions en direction des personnes en difficulté d'insertion sociale et dans le domaine du handicap, au titre de la prévention, du dépistage, du traitement, de l'éducation et de la réinsertion. Elle compte mille salariés et accompagne 7.000 personnes par an.
En 2018, le site dijonnais de l'ESAT, localisé au niveau de la montagne Saint-Anne, a fusionné avec celui de Marsannay-la-Côte, implanté dans la zone d'activité des Portes du sud, s'étendant sur 10.000 m².
L'établissement compte 55 professionnels et accueille 230 personnes en situation de handicap qui interviennent dans différents ateliers : logistique, menuiserie, métallerie, conditionnement, restauration, blanchisserie et espaces verts.
2.000 clients font confiance à l'ESAT : collectivités, entreprises, particuliers. Parmi les entreprises, on recense Adhex, URGO, SEB, Cycles Lapierre ou encore APRR.
Notamment, la cuisine centrale produit 190.000 repas par an. La blanchisserie traite 90 tonnes de linge. Les espaces verts répondent à 81 contrats à l'échelle de la métropole dijonnaise.
L'ESAT vise «la transférabilité des compétences dans l'emploi»
Selon Patrice Durovray, la politique de développement de l'ESAT de l'Acodège intègre «la dimension financière, l'épanouissement individuel, l'intention de l'entreprise, la considération des travailleurs, l'attractivité des projets, le niveau d'accessibilité et la transférabilité des compétences dans l'emploi».
Le directeur assure considérer «les souhaits, les contraintes, les forces et les vulnérabilités» des travailleurs. «On mesure chaque jour l'investissement des personnes accueillies qui, pour un certain nombre d'entre elles, sont un modèle d'engagement avec l'expression de leur attachement à leur structure, leur sentiment d'utilité sociale, le développement de leurs liens sociaux, la fierté de contribuer à la qualité des productions, la reconnaissance de leur travail et leur attente d'une juste rémunération.»
«L'Acodège peut à présent répondre favorablement à l'évolution sociétale souhaitée par le législateur en renforçant la politique de l'accompagnement vers le monde de l'entreprise et en favorisant les mises en situation professionnelle au-delà des espaces de production», ajoute-t-il en évoquant l'organisation d'«une part des activités hors-les-murs (...) pour proposer à ceux qui le peuvent et le veulent de nouvelles expériences professionnelles».
L'équipe de l'entreprise Cosminter est renforcée par des travailleurs de l'ESAT
Dans ce dernier cadre, six travailleurs sont mis à disposition, trois fois par semaine, auprès de l'entreprise de produits cosmétiques Cosminter, basée à Fleurey-sur-Ouche, pour renforcer l'équipe de 18 salariés. Une expérience présentée par Valérie Gerarduzzi, présidente de Cosminter, et Alain Garcia, représentant d'Accompagnement vers et dans l'emploi (AVDE).
Au sein de Cosminter, les travailleurs de l'ESAT procèdent à de l'emballage, ils confectionnent également des lingettes antiseptiques. «Les ouvriers ont vraiment intégré l'équipe de Cosminter», commente Valérie Gerarduzzi, «il n'y a presque plus de différences, (…) on en oublie le handicap».
«Ce sont des personnes qui ont une forte richesse humaine, qui ont su se faire accepter de nos équipes. Je mets un point d'honneur à cette collaboration. (…) On se focalise sur la volonté de travailler ensemble et de s'entraider», ajoute l'entrepreneuse.
«L'objectif premier, c'est l'autonomie des personnes en situation de handicap», indique Fadila Khattabi
«Il s'agit de lever les freins et de faire en sorte que le milieu dans lequel on reçoit ces personnes soit complètement adapté», commente Fadila Khattabi, se référant à l'action de Sophie Cluzel, secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées de mai 2017 à mai 2022.
«Il y a un projet de loi qui arrive dans le cadre de la loi sur le plein emploi. (…) Il y a deux articles, effectivement, qui concernent les salariés en situation de handicap avec, comme objectif, bien sûr, qu'ils aient les mêmes droits que les salariés qui travaillent en milieu ordinaire», signale la ministre en évoquant «une complémentaire santé, des représentants syndicaux, c'est une avancée sociale aussi pour eux».
«L'objectif premier, c'est l'autonomie des [personnes en situation de handicap]», indique Fadila Khattabi même si «les défis sont immenses». «L'insertion sociale passe par l'insertion professionnelle», insiste la ministre.
«C'est la raison pour laquelle, j'ai accepté ce portefeuille (…) qui implique beaucoup d'humain. (…) Il va falloir que je passe beaucoup de temps et d'énergie pour aussi convaincre les collègues ministres sur l'accessibilité, les transports, l'éducation», anticipe-t-elle.
L'effervescence d'une délégation parmi les travailleurs de l'ESAT
La directrice Sandrine Estivalet pilote alors la visite au sein de son établissement. Fadila Khattabi rencontre et échange avec les travailleurs en situation de handicap, qui étant porteur de trisomie 21, qui étant touché par une déficience visuelle ou qui présentant des troubles du spectre de l'autisme.
Les ouvriers les plus à l'aise avec l’effervescence d'une délégation composée d'élus, de représentants d'administration, de conseillers et de journalistes – sans médias nationaux toutefois – semblent ravis de pouvoir évoquer leur travail au sein de l'ESAT.
La délégation s'attarde notamment au niveau des ateliers de couture industrielle, de conditionnement pour URGO, de confection de palettes et de composteurs en bois, de recyclage des vélos professionnels des Cycles Lapierre, ou encore de destruction d'archives de collectivités, avant de déterminer par un buffet préparé et servi par les équipes de l'ESAT.
«L'insertion professionnelle des personnes en situation de handicap a beaucoup progressé» estime la ministre
«C'est un très bel établissement», relève Fadila Khattabi, à l'issue de la visite et des échanges, en saluant «un travail des [ressources humaines] et un accompagnement des personnes en situation de handicap de qualité».
«L'insertion professionnelle des personnes en situation de handicap a beaucoup progressé depuis ces dernières années. Il nous reste encore beaucoup à faire pour changer le regard des citoyens lambda sur le handicap. Cela passe par l'école inclusive et également par le milieu du travail», estime la ministre. Selon elle, il s'agit de «faire en sorte aussi que celles et ceux qui souhaitent travailler en milieu ordinaire puisse également le faire».
Le «vrai sujet» des AESH
Concernant l'école inclusive, la situation précaire des accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) est régulièrement dénoncée par les syndicats enseignants.
Pour la nouvelle ministre, «c'est un vrai sujet». «Le nombre d'AESH depuis 2017 a été quasiment triplé puisque nous sommes passés de 47.000 à 135.000 AESH. Je pense qu'il faut aller plus loin. Il faut faire en sorte que l'école soit plus ouvert et accueille les enfants en situation de handicap avec un accompagnement bien spécifique renforcé avec, notamment, l'entrée dans l'école de la République de tous les professionnels qui relèvent du secteur médico-social pour soutenir les équipes éducatives».
Un «dialogue» avec les Départements
Les conseils départementaux ayant la compétence du handicap, la ministre aura à travailler régulièrement avec François Sauvadet (UDI), président du Département de la Côte-d'Or et président de l'Assemblée des Départements de France.
«Je suis pour le dialogue», répond sobrement Fadila Khattabi, interrogée sur sa future méthode de concertation, en évoquant «une réunion à fixer très prochainement».
L'attractivité interministérielle de Marsannay-la-Côte
Ce déplacement officiel constitue la deuxième visite d'un membre du gouvernement en quelques semaines à Marsannay-la-Côte. Le 3 juin dernier, Olivia Grégoire, ministre chargée notamment du tourisme, avait fait étape au Caveau des vignerons pour aborder les sujets en lien avec l'œnotourisme (
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Jean-Michel Verpillot se félicite de l'attractivité interministérielle de sa commune : «je remercie [Fadila Khattabi] d'avoir choisi Marsannay pour cette présentation de l'ESAT qui est un établissement remarquable où l'on voit de belles choses qui se réalisent, (…) ça touche beaucoup d'entreprises de la région».
«Marsannay-la-Côte fait partie de la Métropole a une caractéristique à travers le tourisme, à travers l'activité économique, et c'est une commune accueillante où il fait bon vivre, on tient à préserver cette qualité de vie», conclut le maire.
Jean-Christophe Tardivon

























































