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08/03/2022 08:56

HUIT MARS : Les Clitorines, une nouvelle association féministe pour «promouvoir la société inclusive»

La présidente Pauline Ternon présente l'association qui lance ses activités ce mardi 8 mars. Politiquement, sans apporter de soutien, la militante se dit sensible au programme porté par Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle.
En cette Journée internationale des Droits des femmes, une nouvelle association débarque dans le paysage féministe régional : Les Clitorines. À la veille de son lancement ce 8 mars 2022, la présidente Pauline Ternon présente la démarche depuis Dijon.

Déclarée à la préfecture de la Côte-d'Or, le 16 janvier dernier, l'association débute officiellement sa campagne de communication ce 8 mars en lançant son site web et en activant ses comptes sur les médias sociaux avec pour slogan «Les Clitorines, femmes libres, écoresponsables et assumées».

Directrice de campagne de Bastien Faudot aux régionales


À l'état-civil, Pauline Ternon est âgée de 35 ans, est mariée avec une femme et vit à Dijon depuis trois ans en étant originaire de Rouen. Professionnellement, elle est enseignante spécialisée dans le handicap cognitif.

Politiquement, elle a adhéré au parti Nouvelle Donne en 2020 et a figuré sur la liste le Temps des cerises conduite par Bastien Faudot (Gauche républicaine et sociale) aux élections régionales de 2021, liste soutenue notamment par La France Insoumise. Pauline Ternon était directrice de campagne (lire notre article).

La militante se revendique «sensibilisée au féminisme». «Quand je suis revenu en politique, je me suis rendu compte qu'il y avait du boulot, que les problématiques que je rencontrais à titre personnel et privé, il y a dix-quinze ans étaient encore valables», indique-t-elle. Pour autant, Pauline Ternon n'a pas participé à un mouvement féministe par le passé ; son engagement s'était fait au sein du syndicat étudiant UNEF, historiquement classé à gauche.

«J'ai toujours été sensible aux interactions, aux problématiques de vivre-ensemble. (…) J'ai beaucoup travaillé ça avec les élèves : comment créer une société égalitaire où chacun a sa place, où chacun peut parler s'exprimer et comment créer une micro-société juste ?», développe-t-elle.

«Promouvoir la société inclusive»


Rejointe dans ses réflexions par Théodora Barreau Potier, habitant Poligny, et Sandra Gaudillère, habitant Chalon-sur-Saône, la militante fonde Les Clitorines pour «faire de la place aux femmes». «Mais pas qu'aux femmes ! Que l'on le monde ait sa place ! Que l'on ne soit pas dans une société où il y ait une norme, des injonctions et que l'on doive rentrer dans des cases.»

Peu enclines aux «certitudes», les trois femmes préfèrent «questionner». Une approche qu'elles ne retrouvent pas de prime abord dans les mouvements féministes historiques ni chez les néoféministes.

«Les Clitorines sont là pour essayer de faire un liant entre tout le monde. On va aller à la rencontre de toutes les associations féministes pour essayer de se dire : 'est-ce qu'il n'y a pas un terrain d'entente entre tous les sujets qui sont clivants ?'», envisage Pauline Ternon.

L'objet de l'association est de «promouvoir la société inclusive» : «ça s'adresse à tout le monde ! On considère qu'il y a un patriarcat qui est présent. (…) On va essayer d'aller interroger toutes les personnes qui sortent du cadre mais aussi les hommes qui sont, en ce moment, détenteur d'un pouvoir qui est présent selon les injonctions sociales pour aller les questionner pour qu'ils puissent faire de la place à toutes les autres».

Un intérêt pour à l'écoféminisme


Relevant plus de la légende urbaine que du prénom usité, le choix de Clitorine interpelle. Pauline Ternon réfute toute provocation : «c'est la référence au clitoris, (…) on veut faire en sorte qu'il n'y ait pas de sujet tabou. On veut lever les tabous sur tous les sujets pour faire en sorte que tout le monde puisse parler des choix qu'on fait. Qu'on puisse librement parler de nos sexualités, de nos problématiques au quotidien... D'avoir un nom marquant comme ça, Les Clitorines, fait qu'on lève déjà des tabous, on a déjà des sourires, les gens réagissent et il y a déjà un premier levier».

La notion d'écoféminisme est importante pour les trois fondatrices : «l'idée est de travailler avec des associations, on va sur le féminisme mais aussi l'écoféminisme. On va aller vers des associations écolos pour rejoindre les deux causes en considérant que les femmes et les minorités sont assujettis au patriarcat et aux hommes de la même façon que la nature l'est».

L'événementiel pour sensibiliser


«On veut amener de façon drôle, de façon douce toutes ces questions-là. (…) Le but est de toucher des personnes qui ne voudraient pas forcément aller dans le militantisme à la base», insiste Pauline Ternon. Plutôt que du militantisme classique, les trois femmes souhaitent donc développer de l'événementiel pour sensibiliser à leur vision du féminisme.

Ainsi, un festival est en préparation. Il se tiendra au Chauffe Savates, à Mâlain, le 28 mai prochain. «C'est vraiment un lieu écoféministe», s'enthousiasme Pauline Ternon qui a tissé des liens avec l'association Risomes durant la campagne des régionales (lire notre article).

Durant le samedi en question, les participants pourront suivre des tables-rondes (comment consommer autrement, la déconstruction des rôles d'hommes et de femmes, les sexualités...), contribuer à des mises en situation, déguster de la bière locale (lire notre article) et, peut-être, assister à une animation musicale.

L'événement devrait être prolongé par des conférences d'université populaire organisée par Risomes. Dans les tuyaux toujours, des podcasts pour interroger des personnes ayant fait des choix «sortant des injonctions».

«Contribuer par l'exemplarité à un changement de société»


«On n'est pas forcément engagée auprès de parti mais on veut contribuer par l'exemplarité à un changement de société ; par le local, on va pouvoir essayer de recréer une autre société où l'on peut vivre ensemble en se respectant», déclare Pauline Ternon.

Les Clitorines n'apportent pas de soutien à une candidature à l'élection présidentielle mais, néanmoins, les trois fondatrices, à titre individuel, se retrouvent dans le programme de l'Avenir en commun porté par Jean-Luc Mélenchon (LFI).

Peu sensible à la candidature de Yannick Jadot (EELV), Pauline Ternon considère Sandrine Rousseau (EELV), l'autre finaliste de la primaire de l'écologie, comme «une figure hyper-intéressante dans l'écoféminisme».

Localement, Pauline Ternon suit particulièrement le parcours de Séverine Véziès (LFI), tête de liste départementale dans le Doubs du Temps des cerises aux dernières régionales, ou encore de Christine Renaudin-Jacques (Génération.s), ex-conseillère départementale de la Côte-d'Or. Selon Pauline Ternon, il s'agit là «de femmes qui arrivent à faire leur place et à se faire respecter et, surtout, à maintenir leurs convictions».

Jean-Christophe Tardivon