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31/01/2022 19:21

IMMOBILIER : L'association Cayen Environnement interpelle le promoteur Habellis

Des riverains alertent sur le «risque d'éboulement» depuis une butte au pied de laquelle le promoteur Habellis prévoit de construire quinze logements dans le quartier des Marcs d'Or. «Nous avons des propositions à faire au maire de Dijon», a déclaré Philippe Bourneaud, président de l'association, ce lundi 31 janvier.
Entre la fontaine au Cayen et le lycée des Marcs d'or, un espace de 1.800 m² est dégagé. Situé au fond d'une impasse, il est surplombé par une butte de 15 mètres de hauteur, témoignage d'une ancienne carrière.

Un panneau de permis de construire attire l'attention. Depuis 2016, l'entreprise sociale pour l'habitat Habellis envisage la réalisation d'un projet immobilier d'accession à la propriété : 15 appartements et 17 emplacements de parking.

Cayen Environnement conteste le projet immobilier


Dès ses prémices, le projet a fait réagir les riverains : un bâtiment au pied de la butte ? L'intuition tendait à considérer le lieu comme dangereux. Des riverains se sont donc constitués en association pour vérifier leur intuition et caractériser le danger.


Fondée en 2016, l'association Cayen Environnement rassemble les douze riverains du chemin de la Fontaine-au-Cayen. Elle est présidée par Philippe Bourneaud qui ne cesse d'alerter Habellis et les pouvoirs publics sur la particularité du lieu. Ont été contactés la Ville de Dijon, qui a accordé le permis de construire, et le conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, qui est propriétaire de la butte surplombée par le plateau d'évolution des engins de la section des travaux publics du lycée.

Une butte-falaise de quinze mètres de hauteur


Ce lundi 31 janvier, au numéro 19, plusieurs riverains entourent Philippe Bourneaud pour faire un point de situation des démarches de Cayen Environnement.

«Le plateau calcaire qui descend depuis Corcelles est parcouru de veines d'eau. La partie en dur, ce sont les deux derniers mètres du haut d'une ancienne carrière. Au-dessus, c'est de la plaquette calcaire», résume-t-il lors d'une lecture de paysage.

«Le rapport Géotec commandité par le promoteur stipule qu'il y a des risques de glissement de terrain, il y a des risques de chutes de blocs. Le renflement de ce mur ne permet pas de garantir qu'il puisse à terme retenir la masse des matériaux qui sont derrière», poursuit-il.

«Cette butte, d'une hauteur de quinze mètres au total, est plantée d'arbres qui meurent les uns après les autres parce qu'il y a des frênes qui sont tous touchés par la maladie. On voit une souche là, c'est un arbre immense qui s'est couché au mois de juillet 2021 et dont l’extrémité des quinze mètres et quelques de branches arrivaient jusqu'à la moitié du terrain», précise-t-il.

«Un des derniers terrains à plat des Marcs d'Or»


Avant 2016, l'espace correspondait au jardin d'une maison voisine. Jardin où était construit un garage. Maison qui aurait été un chais de vigneron, peut-être vieux de deux siècles, quand on cultivait encore des arbres fruitiers et des vignes aux Marcs d'Or. L'habitation étant construite à une trentaine de mètres de la butte.

Au coin du terrain se situe la fontaine au Cayen, une résurgence des veines d'eau du plateau. Les plus anciens témoignages remontent à 1355. Il y a deux siècles, deux vignerons auraient demandé à pouvoir réaliser chacun un escalier pour accéder à la fontaine.

En 2016, le propriétaire du jardin et de la maison a scindé le jardin en deux parties pour vendre une parcelle à Villeo, devenu depuis Habellis. Philippe Bourneaud signale qu'il s'agit d'«un des derniers terrains à plat des Marcs d'Or». En 2017, le propriétaire est décédé et la maison individuelle avec le reliquat de jardin a été vendue à des particuliers.

La justice administrative fait communiquer le rapport d'experts


Courrier au président de Villeo, rencontre avec l'adjoint au maire en charge de l'urbanisme... les premières démarches de Cayen Environnement sont restées sans effet. L'avocat de l'association a donc saisi le tribunal administratif de Dijon pour obtenir une copie du rapport d'hydrogéologie de Géotec.

«Entre temps, on nous a proposé de participé au choix des végétaux, ce qui était une façon de nous dire que notre avis n'avait pas une grande importance», décrypte Philippe Bourneaud.

Dans une seconde étape judiciaire, la cour d'appel administrative de Lyon a considéré le projet immobilier conforme au plan local d'urbanisme et au plan de prévention des risques naturels d'alors. Le permis de construire accordé par la Ville de Dijon a ainsi été validé.

Cayen Environnement a alors mandaté un autre expert, le cabinet Iduna, qui a confirmé le constat de Géotec.

Plus récemment, le nouveau président de Habellis, Jean-François Buet, a reçu le président de Cayen Environnement. En revanche, malgré des prises de rendez-vous avec François Rebsamen (PS), l'association n'a pas encore pu  rencontrer formellement le maire de Dijon.

L'association a cherché à sensibiliser des élus locaux de différents bords politiques : Pierre Pribetich (PS), Massar N'Diaye (sans étiquette), Céline Maglica (PS), Didier Martin (LREM), Laurent Bourguignat (LR-Libres), Henri-Bénigne de Vrégille (Agir-Horizons), Emmanuelle Bichot (LR) ou encore François-Xavier Dugourd (LR).

«S'il se produit quoi que ce soit, on ira au pénal»


Le président de Cayen Environnement pointe une conclusion du rapport de Géotec : «nous identifions clairement un risque de chute de blocs et/ou d'éboulement pouvant fortement impacter le projet au niveau de la falaise».

Par le passé, un éboulement s'est produit à 150 mètres du site actuel. «Compte tenu de cette information et du contexte local, des dispositions constructives seront à mettre en œuvre pour éloigner tout risque d'éboulement ou de chute de blocs», prévient l'expert. Charge au promoteur d'intégrer les préconisations de Géotec pour écarter les risques.

De son côté, le président de Cayen Environnement signale qu'un des deux immeubles devrait se situer à neuf mètres de la butte. «S'il se produit quoi que ce soit, on ira au pénal», prévient-il en citant «un arrêt de la Cour de cassation de 1994» stipulant que «n'importe qui qui possède un terrain surplombant un autre terrain est responsable de la retenue de ces terres».

Même, «si le propriétaire du terrain qui est situé en-dessous exige que des ouvrages soient réalisés pour tenir ces terres, le propriétaire du terrain situé au-dessus doit obtempérer». Cette fois, l'association Cayen Environnement pose une pierre dans le jardin du conseil régional.

Les conséquences sur la circulation


Au-delà des risques naturels que Cayen Environnement estime voir peser sur les futurs logements et leurs occupants, les riverains s'inquiètent également des conséquences sur la circulation.

Face au 1,2 place de parking réglementaire par appartement, les riverains brandissent les 2,1 véhicules possédés par famille statistiquement relevés par l'INSEE.

À partir de la rue des Marcs-d'Or, le chemin de la Fontaine-au-Cayen se termine en impasse. Les riverains imaginent déjà une dizaine de véhicules supplémentaires stationnés au niveau du tourne-bride et les difficultés de circulation au niveau des deux petites rues.

«Notre propos n'a jamais été de dire 'on ne veut personne dans le quartier en supplément', c'est de dire 'il faut un projet adapté qui tienne compte de la spécificité des lieux, en particulier la dangerosité des lieux'», martèle Philippe Bourneaud.

Le militant associatif assure que la problématique ne concerne pas la sociologie des futurs acquéreurs des appartements et que, même s'il ne s'agissait que de la construction de deux maisons, il dirait : «ne mettez pas les maisons sous la butte-falaise de quinze mètres, c'est lié à la géologie, à la typologie des lieux».

«Il faut prendre une voiture pour aller dans les commerces»


La démarche de Cayen Environnement reçoit le soutien des Amis des Hauts de Dijon, association présidée par Martine Dauvergne. «Ce projet immobilier me dérange beaucoup», proteste-t-elle. Martine Dauvergne considère que «le prix du mètre carré est prohibitif». Entre 3.000 et 3.500 euros le mètre carré selon leurs informations.

Villa Cayen est un projet d'accession à la propriété, c'est à dire sous conditions de ressources. Habellis promet que «les logements conjuguent calme et sérénité». L'immeuble prévu fait onze mètres de haut, incluant un étage et les combles aménagés. Sur son site web, Habellis annonce que «tous les T2 ont été vendus» tandis que les T3 s'affichent à partir de 214.500 euros et les T4 à partir de 277.000 euros.

Pour sa part, la présidente des Amis des Hauts de Dijon pointent l'éloignement des commerces et des écoles ainsi que la faible fréquence de passage des bus de la ligne B13 : «il faut prendre une voiture pour aller dans les commerces, on en est conscient quand on habite ici».

«Nous avons des propositions à faire au maire de Dijon», rebondit Philippe Bourneaud. Les adhérents de Cayen Environnement souhaitent en garder la primeur pour le premier édile dijonnais tout en esquissant un projet pédagogique qui pourrait être en lien avec les spécialités du lycée des Marcs d'Or.

Jean-Christophe Tardivon





















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