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06/12/2021 03:26

INDUSTRIE : Corden Pharma Chenôve augmente sa capacité de production pour Moderna

Dans le cadre de la relocalisation en France de productions pharmaceutiques en lien avec la lutte contre la Covid-19, Corden Pharma Chenôve a reçu «la plus grosse subvention publique de l’État à un projet industriel sur la région», ainsi que l'a signalé le préfet de Bourgogne-Franche-Comté ce vendredi 3 décembre.
En périphérie de Dijon, le site de Chenôve de Corden Pharma est la seule industrie de chimie fine de Bourgogne-Franche-Comté. Les équipes ont développé toute une offre de services pour des entreprises de biotechnologies : bonnes pratiques pharmaceutiques, capacités de production, salle blanche, statut de laboratoire pharmaceutique...

Parmi ses clients, on trouve notamment Abbott, qui est demandeur de Fénofibrate, ainsi que Moderna qui requière des lipides spécifiques entrant dans la composition du vaccin contre la Covid-19.

À ce sujet, le préfet de Bourgogne-Franche-Comté, Fabien Sudry, s'est rendu le vendredi 3 décembre 2021 sur le site pour observer les premières installations réalisées grâce à des financements de France Relance.


Dans la délégation, on retrouvait Fadila Khattabi (LREM), députée de la Côte-d'Or, et Danielle Juban (sans étiquette), vice-présidente de Dijon Métropole, Natacha Vieille, sous-préfète à la relance, Marc Auloge, directeur régional de BPI France, et Julia Roussoulières, cheffe du service économique de l’État en région.

La délégation a été accueillie par Yves Michon, président de Corden Pharma Chenôve, et Mathieu Giraud, directeur mondial de la plateforme peptides, lipides et glucides de Corden Pharma.

Production de principes actifs et de lipides


Corden Pharma appartient à la division chimie fine d'International Chemical Investors Group. Corden Pharma réalise de la chimie à façon pour l'industrie pharmaceutique au travers de cinq plateformes technologiques dont les deux premières concernent le site de Chenôve : chimie des petits molécules, chimie des lipides et des glucides, chimie des peptides, produits hautement actifs et produits injectables.

Le site de Chenôve assure le développement et la production de principes actifs pharmaceutiques et de lipides en préparant également le support réglementaire pour les autorisations de mise sur le marché.

«L'objectif est que ce soit scientifiquement très robuste et que l'on tienne les coûts en qualité pour que les clients puissent déposer leur AMM dans les délais», explique Yves Michon.

Une entreprise qui revient de loin


En 2011, Corden Pharma Chenôve était proche de la cessation d'activité. Yves Michon et son équipe ont redressé la barre avec un retour aux bénéfices dès 2012. Depuis 2017, les ventes ont doublé pour atteindre un chiffre d'affaires de 57 millions d'euros en 2020 dont 90% à l'export.

Le site chenevelier emploie 200 personnes dont 30 dédiées à la recherche et au développement (soit 15% de l'effectif). Les techniciens (bac+2 et bac+3) représentent 70% de l'effectif, les ingénieurs et docteurs (bac+5 et bac+8) 18%.

L'équipe doit présenter des compétences à même d'intéresser des clients qui prospectent des sous-traitants dans le monde entier : «on parle à des gens qui inventent les molécules, (…) on a besoin de scientifiques».

Les personnels viennent de toute la France, certains sont issus de l'université de Bourgogne.

Au-delà, pour les deux nouveaux projets, vingt recrutements sont en cours : trois cadres et sept techniciens.

À noter que le site est classé Seveso dont le niveau est en cours de réévaluation par la DREAL du fait des nouveaux projets.

Le mot d'ordre de la relocalisation


Une cinquantaine de clients répartis sur trois continents commandent actuellement 25 principes actifs. «Les principes actifs se sont beaucoup échappés en Asie, en Chine, depuis un an ou deux. Et le mot 'principe actif' revient dans la communication depuis le Covid : réinternalisation, relocalisation», souligne Yves Michon

Pour ce faire, Corden Pharma a élaboré deux projets : Conti sur la chimie continue et Licorne autour de la purification de lipides spécifiques.

La chimie continue, une «nouvelle approche de la synthèse chimique»


La chimie continue se veut être une «nouvelle approche de la synthèse chimique» non plus en associant ponctuellement des composés pour former un nouveau produit mais en établissant une fluidité dans le processus afin de mélanger de façon stable et en continu les composés.

«C'est une nouvelle manière de mettre en œuvre les composés : On ne voit rien, les tuyaux sont tout petits et on fait cinq tonnes par an !», s'exclame Yves Michon. «On fait les choses bien mieux et moins cher en chimie en continu. On a un meilleur transfert de masses donc les produits réagissent mieux entre eux. (…) Les procédés sont plus concentrés donc il y a moins de solvant.»

«La chimie en continu, c'est l'art du mélange intelligent», insiste-t-il, «on n'invente pas machine, toute la science, c'est de savoir la piloter». Économie, sécurité, maîtrise de la qualité... la chimie en continue présentent bien des avantages selon le président de Corden Pharma Chenôve.

Du fait de ce procédé de fabrication innovant, le projet a été soutenu en octobre 2020 par le fonds « Territoires d’industrie » à hauteur de 800.000 euros pour un investissement total de 1,73 million d'euros.

«On n'aurait pas fait le projet chimie conti si on n'avait pas eu les 800.000 euros», précise Yves Michon. «Le site de Chenôve est le centre d'excellence de Corden Pharma pour la chimie en continue.»

Des lipides pour le vaccin de Moderna


Le vaccin contre la Covid-19 de Moderna est constitué d'une capsule de nanoparticules de lipides qui entourent l'ARN messager pour le stabiliser. Au-delà d'un contenant, la sphère de lipides représente un quasi-principe actif puisqu'elle permet l'internalisation de la capsule dans la cellule où l'ARN messager sera libéré.

Pour Moderna, le site de Chenôve réalise les lipides spécifiques. Dans l'ensemble du processus, l'étape de purification est cruciale. Souvent réalisée par cristallographie, la méthode n'était pas applicable aux lipides complexes destinés au vaccin. Il fallait donc recourir à d'importantes capacités de purification, utilisant la chromatographie haute performance à CO2 liquide (super critical fluid chromatography en anglais, SFC), qui n'étaient pas disponibles dans le réseau européen de Corden Pharma.

Le CO2 liquide vient remplacer des solvants utilisés jusque là et est recyclé jusqu'à 98%. De quoi économiser l'équivalent du volume d'une piscine olympique de solvant chaque année.

Licorne, un projet de 39,6 millions d'euros


Le projet Licorne vise à augmenter la capacité de synthèse, à créer une ligne de purification des lipides SFC et à développer la capacité de séparation des liquides et des solides. À cela s'ajoute la modernisation de l'environnement technologique du site et l'extension des laboratoires de développement.

La société Pic Solutions, implantée en Avignon, fournit le matériel SFC à Corden Pharma avec un premier matériel d'une valeur d'un million d'euros, autour d'une colonne de 76 mm, en attendant une seconde colonne de 200 mm.

Le financement total représente 39,6 millions d'euros dont 2 millions d'euros de développement et 37,6 millions d'euros d'investissement à réaliser en seize mois afin de développer une extension de la capacité de production de lipides.

«Les capacités de production supplémentaires débouchent sur de l'emploi»


Au titre de l'appel à projet «Santé-Capacity building» de France Relance, le projet Licorne est financé par l’État au travers d'une avance remboursable de 23,7 millions d'euros (dont 10 millions d'euros pouvant être transformés en subvention si l'entreprise tient ses engagements).

«C'est la plus grosse subvention publique de l’État à un projet industriel sur la région», indique le préfet sous le regard approbateur de Fadila Khattabi, députée de la troisième circonscription. La BPI étant l'opérateur de l'avance remboursable.

Quatorze entreprises de santé de Bourgogne-Franche-Comté ont été soutenues par le plan de relance nationale, dont cinq en Côte-d'Or. «À travers ces moyens publics, injectés au bon moment, permettent aux entreprises de se développer – d'aller plus vite, d'aller plus loin – des capacités de production supplémentaires qui débouchent sur la création d'activités, sur de l'emploi qualifié», résume le préfet.

Le Botanicol pour remplacer le cholestérol


Corden Pharma a synthétisé des lipides à partir de plantes, appelés Botanicol, pour remplacer le cholestérol d'origine animal qui est de moins en moins utilisé dans l'industrie pharmaceutique.

Grâce au projet Licorne, le Botanicol pourrait atteindre une commercialisation «en quelques mois». Le premier a mettre au point un tel produit pourrait rafler le marché tandis que le second n'aurait que «des miettes», selon Yves Michon.

À ce jour, l'équipe de Corden Pharma Chenôve est au stade de la commande du matériel destiné au projet Licorne. La mise en service du laboratoire interviendra au dernier trimestre de l'année prochaine et celle de l'unité industrielle de purification SFC à la toute fin 2022. L'extension de la production est prévue pour début 2023.

Jean-Christophe Tardivon

Communiqué de la préfecture de la Côte-d'Or du 30 novembre 2021 :

Dans le cadre du soutien à l’investissement industriel dans les territoires (« Fonds d’accélération de l’investissement industriel ») opéré conjointement par l’État et le Conseil régional, 88 projets d’entreprises ont été soutenus par France relance dans toute la région Bourgogne-Franche-Comté.

Cela représente plus de 42 M€ de subventions côté Etat, pour un montant total d’investissement des entreprises de plus de 282 M€.

En Côte d’or, 12 entreprises ont bénéficié d’une subvention grâce à cet appel à projets.

C’est le cas également des entreprises Noetiss France (tubes en acier), Nouvelle manufacture bourguignonne de plastique, Millet Samablan, Proteor (appareils orthopédiques), Savoye Assets management, Suntec Industries France, Titanobel (production d’explosifs civils), Adventys (plaques à induction), les Salaisons dijonnaises (agro-alimentaire), CLEIA, HELITE (production d’airbags).

L’État et le Conseil régional ont décidé de renforcer ce dispositif en mobilisant en 2022 une enveloppe de 12 millions d’euros pour venir en aide aux projets qui n’ont pas pu être soutenus jusqu’à présent par d’autres appels à projets du plan de relance.


























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