
«Ils veulent faire passer un transfert d'activité pour une cessation d'activité», ont alerté des représentants syndicaux de différentes organisation, ce lundi 24 mars, à Dijon. Le président du Département s'est dit attentif aux situations familiales.
Une vingtaine de salariés du site de Tetra Pak à Longvic se sont rassemblés devant l'Hôtel du Département, ce lundi 24 mars 2025, à Dijon, pour alerter les élus sur les conséquences de la fermeture annoncée par le groupe suédois.
Juste avant la session plénière de la collectivité, les salariés ont été invités à s'installer dans l'espace réservé au public pour suivre la séance tandis qu'une délégation était reçue directement par François Sauvadet (UDI) qui a exprimé notamment sa «solidarité» et a partagé un sentiment «injustice».
Étaient présents Mohamed Aouidat pour la CFE-CGC, Claude Rollandet pour la CGT, Marie Adele pour la CGT, secrétaire du CSE, et Pierrick Plestan, pour l'UNSA.
Une attention aux situations familiales des salariés
«On n'a pas la compétence économique stricto sensu mais je vais demander à nos services d'être à vos côtés si vous avez des situations familiales qui peuvent être problématiques», a déclaré François Sauvadet à la délégation.
Le centriste s'est dit attentif à ce que «ressentent» les salariés de Tetra Pak : «quand on a fait sa vie dans une boîte, 35 ans pour certains, et que l'on se retrouve avec le vide, c'est vertigineux».
«Ils veulent faire passer un transfert d'activité pour une cessation d'activité»
«Il y a un dévoiement des textes de loi par la multinationale», a dénoncé Mohamed Aouidat, «ils veulent faire passer un transfert d'activité pour une cessation d'activité». «On sait très bien que tout ce qu'on produit à Dijon va être transféré en Italie, en Espagne et en Serbie, à moindre coût pour juste faire plus de bénéfices. Il n'y a aucune justification économique.»
«Ce sont des sociétés qui font des bénéfices, qui gagnent de l'argent», a insisté Claude Rollandet. «Il y a 207 familles chez nous, plus de 300 emplois vont être supprimés [NDLR : en intégrant les emplois de l'environnement économique direct]. C'est un drame pour la région. C'est une société où les gens avait un pouvoir d'achat assez important. Il va y avoir un impact financier et économique important, même sur les commerces de la région.»
Un appel à «modifier des lois» pour encadrer le transfert d'activité
«Au politiques de faire tout ce qui est dans leur pouvoir pour modifier des lois», a lancé le syndicaliste à l'adresse des parlementaires mais aussi du ministre de l'Aménagement du territoire et de la Décentralisation. «Il faut que ça bouge au niveau politique pour arrêter ces licenciements pour augmenter les bénéfices de ces sociétés.»
Le 4 février dernier, Pierre Pribetich (PS), député de la Côte-d'Or, a interrogé le Premier ministre à ce sujet notamment (
lire le communiqué).
«On s'est très bien qu'au niveau de la ''loi Florange'', l'activité n'est pas à reprendre puisque, actuellement, tout ce qui est à reprendre, ce sont les locaux et, éventuellement les salariés mais sans outil puisque les machines appartiennent à Tetra Pak», a signalé Marie Adele.
Un vœu de soutien du Département
De retour en séance, François Sauvadet a annoncé qu'il présenterait lui-même un vœu de soutien aux salariés de Tetra Pak auquel serait associé l'opposition départementale.
Au moment de l'interruption de séance pour la pause méridienne, des élus, de la majorité comme de l'opposition, dont Céline Tonot (PS), maire de Longvic, ont rencontré les salariés mobilisés ce jour. En fin de session, les conseillers départementaux ont adopté à l'unanimité un vœu de soutien (voir ci-dessous).
Jean-Christophe Tardivon
Vœu de soutien aux salariés de l’usine Tetra Pak de Longvic
(communiqué)
La direction du groupe Tetra Pak a annoncé le 21 janvier 2025 la potentielle cessation des activités de son usine de Longvic, qui emploie 207 salariés et 20 sous-traitants et constitue un pilier historique de l’industrie locale depuis plus de 50 ans.
Un arrêt de la production est envisagé en septembre et un démantèlement déjà engagé prévu pour mars 2026. La production sera délocalisée vers d’autres sites européens.
Le groupe Tetra Pak, leader mondial de l’emballage alimentaire, demeure largement bénéficiaire, et les raisons économiques invoquées pour justifier cette décision ne sauraient prévaloir sur l’impact social, économique et environnemental majeur que cette fermeture aura sur les salariés, leurs familles, les fournisseurs, le tissu économique local et le savoir-faire industriel de la Côte-d'Or.
Réaffirmant son attachement à la préservation de l’emploi et à la vitalité industrielle du département, le Conseil départemental de la Côte-d'Or apporte son soutien plein et entier aux 207 salariés de l’usine Tetra Pak de Longvic dans leur mobilisation pour la sauvegarde de leurs emplois et du site industriel.
Les conseillers départementaux soussignés, réunis en session du Conseil départemental le 24 mars 2025 demandent :
- à la direction de Tetra Pak, qu’elle reconsidère sa décision et engage un dialogue sincère, transparent et respectueux avec les représentants des salariés et les collectivités territoriales pour sauvegarder les emplois sur le site de Longvic.
- à l’Etat et la Région Bourgogne-Franche-Comté, qui a la compétence économique, qu’ils examinent toutes les alternatives possibles à la fermeture, y compris la recherche d’un repreneur ou la reconversion du site dans une activité compatible avec les compétences des salariés et les besoins du territoire et que des mesures concrètes soient mises en œuvre en faveur des salariés et de l’avenir industriel du département.
- au législateur de faire évoluer la loi Florange pour élargir les secteurs d’activité des potentiels repreneurs.




