Plus discrète que l'aéronautique ou l'automobile, l'industrie des emballages effectue également sa transition industrielle en incorporant de plus en plus de papiers recyclés et en profitant du boom de l'e-commerce.

Durant la crise sanitaire, l'industrie du carton a été considérée comme étant de «première nécessité» et a tourné à plein régime. «On ne peut plus transporter en France et en Europe des produits destinés à l'agroalimentaire sans avoir de carton. Même si ce n'est pas très visible, ce qui arrive dans les supermarchés arrive en carton ondulé à 99%», explique Fabien Boulogne, directeur général de Smurfit Kappa Dijon.

Smurfit Kappa Dijon fête son centenaire

Créée en Irlande en 1934, l'entreprise Smurfit a fusionné en 2005 avec les papeteries néerlandaises Kappa Packaging et a pris le nom de Smurfit Kappa. Le siège social est à Dublin. Le groupe est leader européen de la fabrication d'emballages à partir de papier et numéro deux mondial pour le carton ondulé. En 2019, son chiffre d'affaires étaient de 9 milliards d'euros.

Parmi les 45 implantations en France, la cartonnerie située dans la zone industrielle de Longvic est une des plus anciennes. Pour son centenaire, Smurfit Kappa Dijon a organisé deux jours d'animations, les 8 et 9 octobre derniers pour présenter ses outils à ses clients et faire également visiter l'usine aux familles des salariés, soit environ 300 personnes attendues.

8.400 hectares de carton produits chaque année

Smurfit Kappa Dijon emploie 160 personnes. L'effectif est stable avec environ cinq recrutements chaque année. L'usine réalise différents types de cartons ondulés, de 1,8 mm à 4 mm d'épaisseur. Elle produit chaque année l'équivalent de 12.000 terrains de foot, soit environ 8.400 hectares de cartons.

Boîtes à gâteau, emballages pour matières dangereuses, calages, prêt-à-vendre, emballages XXL, papier de bureau ou encore présentoirs font partie des spécialités du site de Longvic.

La planéité du carton ondulé

Ce vendredi 8 octobre 2021, à l'entrée de l'usine, les visiteurs découvrent une impressionnante machine, le «corrugator» («onduleuse» en français). Dans la zone dite «humide», la machine prend le papier, ajoute la colle et assemble les trois parties pour faire une bande infinie de carton qui sera façonnée dans la partie «sèche» de l'usine.

Le principal challenge est de livrer du carton plat, ni tuilé ni déformé. «On a un contrôle en continu de la planéité de notre carton», signale Fabien Boulogne. La machine ajuste en temps réel la température et la quantité de colle. Des papiers bruns ou blancs peuvent être assemblés ainsi que des papiers de grammage différents.

Des couleurs sous surveillance

Le façonnage consiste en l'impression du carton, sa découpe puis la réalisation de caisse. L'impression en couleurs utilise des encres à l'eau et des pigments minéraux. Un spectrophotocolorimètre vérifie très précisément la teinte qui doit correspondre aux standards édictés par le client.

Pour des raisons de confidentialité, la production de produits colorés a été stoppée pour les deux jours de visite. En effet, les clients ne souhaitent pas faire savoir où sont réalisés leurs emballages or les couleurs permettent facilement d'identifier les marques, même de loin.

Une nouvelle machine à plusieurs millions d'euros

À la fin du processus, un robot dépose les cartons empilés sur une palette en bois. Cela arrive le plus tard possible dans le processus pour limiter la présence de matériaux en bois dans la chaîne de production, ce qui favorise ainsi l'hygiène du site et l'intégrité des produits.

Si une machine permet de fabriquer des caissettes en une seule fois (découpage, pliage et collage), certains clients choisissent de recevoir les caisses à plat pour les mécaniser en interne.

Même si c'est une coïncidence, Smurfit Kappa Dijon a investi dans une toute nouvelle machine pour l'année de son centenaire. Installée en septembre dernier, elle est encore en phase de réglage.

L'investissement est gardé secret par le groupe qui confie juste que l'enveloppe oscille entre deux et dix millions d'euros. « Smurfit Kappa Dijon est une usine avec une histoire qui cherche à se tourner vers l'avenir», déclare Fabien Boulogne.

Les emballages s'adaptent aux nouveaux circuits de distribution

L'industrie du carton accompagne l'accélération que la crise sanitaire a donné aux nouveaux modes de consommation : e-commerce, drive, magasins de produits locaux...

«Il va falloir adapter toute la chaîne de distribution pour répondre aux attentes des consommateurs, on va demander aux emballages et aux produits beaucoup plus de traçabilité et d'authentification», signale Anne-Sophie L'Herron, ingénieure packaging de Smurfit Kappa France.

La livraison évolue en parallèle : click and collect, boîte à colis partagée et même drone. «On en rigolait il y a trois ans ; aujourd'hui, on en rigole beaucoup moins, cela pose des soucis d'autorisation plus que de technicité», avertit l'ingénieure. La réflexion va toucher tant les emballages primaires (qui fait partie du produit proprement dit) que secondaires (les boîtes qui accueillent les produits à transporter).

La livraison e-commerce mobilise spécifiquement l'emballage carton qui doit résister aux contraintes mécaniques subies dans les entrepôts logistiques, qui doit contribuer à optimiser l'espace sur les palettes et qui doit également répondre à des exigences de présentation.

«Quand on reçoit un colis, c'est la première image que l'on voit du produit et de la marque où l'on a acheté», rappelle Anne-Sophie L'Herron, «donc il est important que le colis soit aussi le reflet de l'entreprise et des valeurs qu'elle veut représenter».

Une économie circulaire

En termes de développement durable, Smurfit Kappa travaille sur la réduction de matière à la source, la réduction de l'empreinte carbone et l'élimination des déchets.

Le groupe est propriétaire de forêts dans les Landes, exploitées en gestion durable garantie par le label Forest Stewardship Council (FSC). Il produit sa propre pâte à papier, soit à partir de cellulose du pin, soit à partir de papier recyclé.

«Le papier est d'origine recyclée à 85%», insiste Jean-Christophe Bugeon, PDG de Smurfit Kappa France, «les 15% qui restent, c'est le bois, c'est très circulaire». «On a un produit qui un biodégradable, c'est un point fort du carton ondulé», appuie Fabien Boulogne.

Avec l'initiative «better planet packaging» (NDLR : «un emballage meilleur pour la planète»], l'entreprise communique sur le carton, «matériau le plus recyclé au monde», et revendique «d’avoir un impact positif sur des milliards de supply chains et de consommateurs en réduisant l'empreinte environnementale des emballages et leurs traces sur la planète». Au niveau mondial, le groupe communique avec le slogan «open the future», en référence à l'ouverture des nouveaux types d'emballages à réaliser dans le futur.

Pas de rupture d'approvisionnement

«Les machines de production sont actuellement à plein régime», indique Jean-François Hureau, directeur commercial de Smurfit Kappa Dijon, «il y a une forte tension sur les besoins en carton ondulé». Malgré ces tensions, l'entreprise ne connaît pas de rupture d'approvisionnement.

«On a une stratégie d'être le plus proche possible de nos clients», explique  Jean-François Hureau. En dehors de l'usine de Longvic, la Bourgogne-Franche-Comté compte une unité de production spécialisée pour la filière vin à Nuits-Saint-Georges et un atelier à Besançon qui transforme les cartons adaptés au transport par containers.