Recherche
Pour nous joindre
redaction.infosdijon@gmail.com
SMS au 07.86.17.77.12
> Vie locale > Vie locale
06/09/2023 20:48

INNOVATION : Cohesives développe un adhésif pour renforcer l'étanchéification des sutures en chirurgie

Grâce à un financement de France 2030, la startup dijonnaise développe une colle qui fait à la fois suture et pansement. «On est les premiers dans le monde», a revendiqué le Docteur Bertrand Perrin auprès du préfet de la région Bourgogne-Franche-Comté, ce mercredi 6 septembre.
La startup dijonnaise Cohesives est soutenue par France 2030 pour développer des technologies médicales de rupture afin de contribuer à la «souveraineté industrielle» du pays.

En 2023, elle a été lauréate de la neuvième vague du concours d'innovation I-Nov organisé par BPI France. Un financement de 466.924 euros lui a été attribué pour mettre au point d'un produit permettant l'étanchéification des plaies chirurgicales cutanées et internes. Cela représente la moitié du coût de ce projet Ancore Technology.

Ce mercredi 6 septembre 2023, Franck Robine, préfet de la région Bourgogne-Franche-Comté, a échangé avec l'équipe de l'entreprise. Il a été accueilli par le Docteur Bertrand Perrin, président et fondateur de Cohesives, Louis Blohorn, directeur général, et Julien Steinbrunn, docteur en science et directeur de la recherche et du développement de l'entreprise.


Déjà 200 millions d'euros pour soutenir l'innovation des entreprises en Bourgogne-Franche-Comté 


«Avec France 2030, c'est vraiment la France de l'avenir qui se dessine», résume le préfet en préambule de la visite des bureaux et du laboratoire. «Ce programme a été lancé pour mettre en place des technologies de rupture, c'est à dire mettre de l'argent a la disposition des chercheurs et des entreprises, dans tous les domaines, pour redonner de la souveraineté industrielle».

«Ce sont des jurys internationaux, au sein du secrétariat général pour les investissements, avec le ministère de la Recherche, qui qualifient les appels à projets», précise le représentant de l’État.

En Bourgogne-Franche-Comté, on recense une centaine de projets labellisés qui ont été dotés de 172 millions d'euros par France 2030.

L’État et le conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté ont renforcé cette enveloppe en mobilisant 12 millions d'euros chacun, fléchés vers des programmes spécifiquement régionaux.

Rendre les entreprises de Bourgogne-Franche-Comté «plus fortes et plus visibles»


Concernant la filière de la santé en particulier qui rassemble 15.000 salariés en Bourgogne-Franche-Comté, l’État, la Région et la Métropole de Dijon souhaitent associer leurs forces pour accompagner la structuration du tissu économique et le développement des entreprises.

«Il faut que les entreprises soient plus fortes et plus visibles pour faire savoir qu'il y a autant d'importance des industries de santé dans la région», estime le préfet.

Cohesives propose d'obtenir «un gain clinique et économique» en matière de santé


Grâce au financement de France 2030, Cohesives souhaite développer deux nouveaux produits. Le premier constitue une solution de suture cutanée par collage qui se veut «aussi efficace qu’une suture par fil».

Le second correspond à une solution d’«étanchéification complète» des sutures pulmonaires présentant une adhérence et une élasticité suffisante pour résister à la pression et aux mouvements répétés due à la respiration.

Selon la startup, «l’objectif est une simplification de la procédure et une division par deux des risques de complication. Ces produits commercialisés et fabriqués en France permettront un gain clinique et économique».

L'objectif d'améliorer les «colles» utilisées en chirurgie


Son fondateur présente Cohesives comme «une plateforme technologique qui développe une technologie de rupture basée sur le premier véritable adhésif sur tissus biologiques humains» dont les applications peuvent se décliner en médecine et chirurgie.

Ancien chirurgien cardiaque, le Docteur Bertrand Perrin utilisait des colles chirurgicales à l'«efficacité très limitée» et a cherché à «améliorer» les produits utilisés en préparant un doctorat en Sciences de la vie à l’université de Lausanne (Suisse) intitulé «Étude des propriétés adhésives des colles chirurgicales».

Cette recherche l'a conduit à se pencher sur les possibilités chimiques de s'«ancrer dans l'extrême surface du tissu biologique». D'où la mise au point d'un procédé permettant de «faire pénétrer dans l'extrême surface et de le polymériser avec des normes similaires à celles que l'on a chez les dentistes».

Polymérisation de composés d'un produit liquide


Techniquement, un produit liquide, contenant des photopolymères, appliqué notamment sur de la peau pour l'imprégner en profondeur, est éclairé par une lumière à la longueur d'onde particulière dans le spectre de l'ultra-violet (UV) et à l'intensité contrôlée afin de provoquer une polymérisation et ainsi un durcissement.

En résumé, il s'agit d'une colle liquide devenant solide sous UV et restant stable dans le temps. Cela peut constituer un pansement superficiel, comme celui expérimenté sur un doigt du préfet durant la visite ou plus en profondeur dans le derme.

Le procédé peut également être étendu aux sutures, y compris sur les organes internes du corps humain. «Notre colle fait à la fois suture et pansement», insiste Louis Blohorn, directeur général de Cohesives.

Une avancée pour la chirurgie du poumon


«On est les premiers dans le monde car coller sur un tissu qui s'étend, c'est plus que compliqué», assure le Docteur Bertrand Perrin en présentant le gonflement de poumons de porc dont des plaies ont été collées par une colle chirurgicale usuelle et par le nouveau produit de Cohesives.

Aspergées de sérum physiologique, une plaie présente des bulles d'air, l'autre pas ce qui présenterait une avancée pour la chirurgie du poumon notamment en cas de cancer.

«Quand vous opérez, vous agrafez, vous faites des trous dans le poumon, il y a des fuites aériennes, ça nécessite de mettre un drain thoracique qui est coûteux et douloureux», explique Louis Blohorn. «On va venir étanchéifier cette ligne de suture pour permettre au patient de ne pas passer par cette phase de drain thoracique.»

Un million d'euros par an de budget de fonctionnement


Fondée en 2015, incubée au Village by CA, Cohesives a implanté en 2021 ses bureaux et son laboratoire dans les bâtiments du parc d'activités Mazen-Sully, à Dijon, après une levée de fonds de 1,4 million d'euros pour atteindre 2,3 millions d'euros de fonds propres.

La plateforme emploie douze salariés dont cinq chimistes et loue l'accès à un support technique de l'Institut de chimie moléculaire de l'université de Bourgogne. Cohesives collabore également avec les laboratoires de chimie des polymères de Bordeaux-Pau et de Mulhouse.

L'entreprise a déjà déposé 20 brevets portant sur ses innovations. Son budget de fonctionnement est d'un million d'euros par an.

Au-delà de l'investissement de ses fondateurs et de partenaires privés, l'entreprise reçoit le soutien financier de BPI France ou encore de la direction générale du ministère des Armées.

Objectif : prouver la biocompatibilité avec les tissus du corps humain


Décrocher le label I-Nov a permis à l'entreprise d'obtenir le financement par France 2030 de la moitié du coût des recherches concernant la possibilité de sutures sur le modèle animal.

Le prochain objectif est de prouver que ce dispositif médical est biocompatible afin d'obtenir l'autorisation de mener des études cliniques sur l'être humain. Un résultat positif à ces études permettra de décrocher une autorisation de commercialisation qui sera effectuée par un industriel d'ici 2030.

Au niveau mondial, le marché des sutures représente 7 milliards d'euros par an. Il est dominé par des entreprises américaines et allemandes.

À noter que le premier pansement liquide superficiel durable mis au point par Cohesives devrait être commercialisé par un industriel d'ici 2026. Le prix du tube devrait osciller entre 15 et 20 euros en pharmacie.

Jean-Christophe Tardivon

Avec France 2030, la Bourgogne-Franche-Comté est «en capacité d'être leader national» en ce qui concerne l'hydrogène, l'alimentation et les biomédicaments


«France 2030, c'est mieux produire, mieux vivre et mieux comprendre», revendique Bruno Bonnell, secrétaire général pour l’investissement






























Votre météo à Dijon
Votre météo en Bourgogne
Infos-dijon.com - Mentions légales