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22/05/2022 03:27

JUSTICE : Une cérémonie militaire inédite pour les greffiers de la promotion Arnaud Beltrame

Ce jeudi 19 mai, 276 greffiers stagiaires ont participé au baptême de leur promotion lors d'une prise d'armes à l'École de gendarmerie de Dijon. Ils ont choisi pour parrain le colonel Arnaud Beltrame qui a donné sa vie lors d'une attaque terroriste à Trèbes en 2018.
L'émotion était palpable ce jeudi 19 mai 2022 sur la place d'armes de l'École de gendarmerie de Dijon – située sur l'ancienne BA102  à Longvic – tant du côté des militaires que des civils. La promotion B2020C03 de l’École nationale des greffes a été solennellement baptisée du nom du colonel Arnaud Beltrame au cours du d'une cérémonie de prise d'armes inédite.

Le moment officiel recouvrait une triple première : première fois que les greffiers stagiaires de la promotion se retrouvaient puisque même leur prestation de serment initiale a été effectuée en distanciel durant la crise sanitaire, première fois que l'École de gendarmerie de Dijon effectuait une prise d'armes avec des civils et première fois que l’École nationale des greffes organisait une cérémonie avec la Gendarmerie nationale.


Un militaire mort assassiné en service pour parrain


Prochainement titularisés, les greffiers stagiaires sont actuellement dans la dernière phase de leur formation en étant en postes dans les juridictions dans toute la France. Malaury Carré, Adrien Ramirez et Inès Vogel ont été désignés délégués lors d'une élection dématérialisée.

Les délégués ont également fait voter leurs collègues sur le nom du parrain de la promotion. Le colonel Arnaud Beltrame a été choisi à l'issue de ce processus «démocratique» comme les délégués ont tenus à le signaler.

Alors lieutenant-colonel de gendarmerie, Arnaud Beltrame est intervenu lors d'une attaque terroriste survenue le 23 mars 2018 dans un magasin Super U à Trèbes (Aude). Arnaud Beltrame a volontairement pris la place de la dernière otage puis tenté de désarmer l'agresseur se revendiquant du groupe djihadiste État islamique.

Mort des suites des blessures reçues durant ce combat, il a été promu au grade de colonel à titre posthume. Un hommage national a été rendu le 28 mars et des obsèques religieuses se sont déroulées le 29 mars 2018.

276 greffiers stagiaires stoïques


Ce jeudi à Longvic, les gendarmes sont sous les ordres du colonel Joël Armand alors que débute la cérémonie présidée par le général Pascal Hurtault, commandant de  l'École de gendarmerie de Dijon.

Sont présents notamment le général Édouard Hubscher, commandant la région de gendarmerie de Bourgogne-Franche-Comté, Véronique Court, directrice de l’École nationale des greffes, et Roland De Lesquen, directeur adjoint des services judiciaires de la Chancellerie.

Devant eux, 276 greffiers stagiaires qui patientent, stoïques, sous un soleil de plomb. Autour d'eux, la sixième compagnie dont les élèves gendarmes terminent leur formation, la septième compagne d'élèves gendarmes adjoints et les cadres de l'École de gendarmerie de Dijon.

«L'engagement du colonel Arnaud Beltrame incarne la défense de la patrie»


Après l'hommage au drapeau, les trois délégués de la promotion s'avancent et découvrent le portrait du colonel Arnaud Beltrame. «Il n'est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage», déclare Mallaury Carré en rappelant l'acte de bravoure du gendarme.

«L'engagement du colonel Arnaud Beltrame pour défendre la liberté, valeur de notre République, incarne la défense de la patrie telle que ressort de la devise de la gendarmerie : 'honneur et patrie'», poursuite la future greffière.

«L'abnégation dont il a su faire preuve tout au long de sa carrière doit être un exemple pour tous et nous montrer la voie à suivre dans la défense de la patrie», déclare à son tour Inès Vogel.

«En tant que greffiers des services judiciaires, si nous jurons de bien et loyalement remplir nos fonctions, ce serment nous oblige de façon sous-jacente à protéger la liberté des justiciables en se portant garant du respect de la procédure, protectrice des libertés», rappelle-t-elle.

«Le corps des greffiers, auquel nous appartenons, faisant de nous les gardiens de la procédure, a pour but la protection de la liberté», insiste Adrien Ramirez qui évoque le «lien indéfectible» entre la gendarmerie et les greffes.

«Pour son courage, pour son engagement envers la liberté, pour sa totale abnégation, nous avons choisi en tant que parrain de notre promotion le colonel Arnaud Beltrame», confirme-t-il.

Le «creuset républicain» des forces de sécurité intérieure et des services judiciaires


Le général Pascal Hurtault se félicite alors que de nombreux établissements scolaires et rues portent désormais le nom d'Arnaud Beltrame.

Pour sa part, Roland De Lesquen revient sur la notion d'engagement, «l'engagement au service de valeurs et de causes qui nous dépassent et auxquelles nous devons souscrire sans ambiguïté au sein d'une société démocratique : le respect du droit et de la prééminence de la loi, le rejet de la violence et la protection des plus fragiles». Il rappelle que les forces de sécurité intérieure et les services judiciaires poursuivent «un même objectif républicain de justice».

À l'heure où la réforme de la haute fonction publique s'applique progressivement, provoquant des mécontentements encore feutrés, le représentant du ministère de la Justice voit dans cette cérémonie inédite un «message extrêmement positif et porteur d'ambition».

À les personnels de greffe pourront voir leur carrière évoluer dans différents corps de la fonction publique : «gendarmes, greffiers, magistrats, fonctionnaires, nous sommes tous issus des mêmes filières académiques et avons été formés dans un même creuset républicain».

En ce début de second mandat d'Emmanuel Macron, Roland De Lesquen poursuit le message du ministère : «le renforcement des effectifs de l'institution judiciaire a été érigé en priorité par le président de la République ; l'école nationale des greffes devra prendre sa part dans le recrutement et la formation des 8.500 personnels attendus dans les années à venir».

«Tisser des liens entre juridictions»


Un temps de convivialité organisé par l’École des greffes prolonge finalement la cérémonie pour les futurs greffiers qui seront titularisés en juin prochain.

«On a beaucoup usé des réseaux sociaux pendant le confinement pour se joindre et se connaître», explique alors Inès Vogel, «étant donné qu'on a la possibilité de passer quelques heures ensemble, l'avantage c'est que l'on concrétise ces connaissances, ça permet de tisser des liens et de se parler entre juridictions, ce qui favorise la communication entre les services».

Jean-Christophe Tardivon













































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