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17/06/2022 15:54
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LÉGISLATIVES : Les partisans d'Emmanuel Macron musclent leur jeu

Durant le meeting départemental de ce jeudi 16 juin à Dijon, qui a rassemblé près de 150 personnes, les orateurs ont tout particulièrement ciblé la NUPES et Jean-Luc Mélenchon.
François Rebsamen : «je ne suis pas de la gauche qui est antisémite, je suis de la gauche de Jean Jaurès». François Patriat : «la conjonction des extrêmes existe réellement». Fadila Khattabi : «c'est la Ville de Chenôve qui a reçu le plus de dotations publiques».
Challengés par la NUPES, défiés par le RN, les candidats soutenant l'action du président de la République ont encouragé leurs troupes à deux jours du second tour des élections législatives. Ce jeudi 16 juin 2022, un meeting départemental avait lieu salle Devosge, à Dijon, pour soutenir les quatre candidats encore en lice : Didier Martin, Benoît Bordat, Fadila Khattabi et Didier Paris.

Face à la dynamique de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES) initiée par Jean-Luc Mélenchon qualifiant, en Côte-d'Or, trois candidats pour le second tour, les Marcheurs se devaient de réagir.


Près de 150 personnes dans l'assistance


François Rebsamen (PS, Fédération progressiste), maire de Dijon, a introduit les discours tandis que François Patriat (Renaissance), sénateur de la Côte-d'Or, a conclu le meeting devant près de 150 personnes.

Étaient présents les fidèles des députés sortants, des Jeunes Avec Macron (JAM) ainsi que quelques proches de François Rebsamen. En revanche, François Deseille (Modem), Jean-Philippe Morel (Part radical) et Claire Vuillemin (Horizons) étaient absents. Parmi les élus, on pouvait remarquer Monique Bayard (sans étiquette), maire de Plombières-lès-Dijon, et Dominique Grimpret (Renaissance), maire d'Ahuy, ainsi que les élues de la majorité municipale Nadjoua Belhadef (PS), Danielle Juban (sans étiquette), Nora El Mesdadi (Renaissance), Lydie Pfander-Meny (PS) et Françoise Tenenbaum (PS), sans oublier Georges Mezui (Renaissance).

En tout, dix orateurs se sont succédé en réussissant le pari de tenir le meeting en un peu plus d'une heure alors que la canicule commençait à envelopper la ville.

«On ne peut pas gouverner ce pays avec de la radicalité»


D'emblée, François Rebsamen pare au plus pressé et appelle à «mobiliser pour donner une majorité au président de la République». «Je suis un homme de gauche», lance-t-il comme il le fait depuis qu'il a annoncé son ralliement à Emmanuel Macron en fondant la Fédération progressiste, «je ne suis pas un homme de la radicalité de gauche, c'est une nuance importante, je suis un social-démocrate qui s'assume comme tel, qui est pro-européen et qui défend le président de la République».

«On ne peut pas gouverner ce pays avec de la radicalité», poursuit François Rebsamen. Alors que les candidats de la NUPES s'en défendent, le socialiste estime que leur programme est de «sortir des traités européens» en prenant pour exemple «les trois mouvements radicaux qui sont apparus en Europe : Syryrza en Grèce, Die Linke en Allemagne et Podemos en Espagne».

«Je ne pense pas que la police tue pour le plaisir», réagit le premier magistrat dijonnais en référence aux propos controversés de Jean-Luc Mélenchon. «C'est extrêmement grave, factieux, de tenir des propos comme cela avant même que des enquêtes judiciaires soient ouvertes, ou des enquêtes de l'IGPN». «Nous avons besoin de la police pour faire respecter l'ordre républicain», ajoute-t-il sous les applaudissement de l'assistance.

«Notre pays mérite mieux que les mirages d'un populisme»


«Je suis pour l'universalisme. (…) Je ne suis pas de la gauche de Corbyn, je ne suis pas de la gauche qui est antisémite, je suis de la gauche de Jean Jaurès. Ce n'est pas la même gauche», martèle l'orateur sous des applaudissements nourris [NDLR : Jeremy Corbyn, leader de l'aile gauche du Parti travailliste britannique, a été critiqué pour sa gestion des cas d'antisémitisme au sein du parti en 2018 et 2019].

Au chapitre de l'économie, François Rebsamen s'en prend aux chantres du «déclinisme» et du «misérabilisme» pour assurer que «l'ascenseur social fonctionne» en mettant en avant qu'«il y a moins d'inégalités qu'il y a vingt ans dans ce pays».

«Notre région, notre pays mérite mieux que (…) les mirages d'un populisme qui mystifie par les faux sentiments et les fausses promesses. Si vous voulez le progrès social, si vous voulez un pays apaisé, (…) votez pour ceux qui sont ici», conclut-il.

Des propositions «réalistes et socialement adaptées à ceux qui en ont le plus besoin»


Après une intervention de sa suppléante Catherine Refait-Alexandre (Renaissance), conseillère municipale de Fontaine-lès-Dijon, Didier Martin (candidat investi par Ensemble sur la première circonscription) aborde le «bilan» et le «programme» par l'angle des relations avec les collectivités territoriales et de «l'intérêt des concitoyens pour la chose publique».

Le candidat poursuit en évoquant les «propositions pour le pouvoir d'achat», «réalistes et socialement adaptées à ceux qui en ont le plus besoin» : «chèque alimentaire», «carburants» ou encore «indexation des retraites sur l'inflation».

Didier Martin estime que promettre «la retraite à 60 ans» revient à «mentir aux Français» et préfère avoir «un discours de vérité» sur le sujet.

Le candidat revient sur le Ségur de la Santé et concède qu'«il faudra aller plus loin» concernant les conditions de travail à l'hôpital et dans les EHPAD notamment. «Nous avons fait sauter le numerus clausus, plus de médecins seront formés dans dix ans.»

«Je n'ai jamais dévié, j'ai toujours été dans des majorités de progrès»


Après une intervention de son suppléant Pascal Théron (sans étiquette), maire de Bézouotte, Benoît Bordat (deuxième circonscription) débute son propos en revenant sur son engagement politique : «je n'ai jamais dévié, j'ai toujours été dans des majorités de progrès, avec des personnes profondément européennes, profondément attachées à la laïcité».

Le candidat enchaîne avec une déclaration d'amour à «l'agriculture côte-d'orienne» puis de foi dans «le mix énergétique» car «on peut garder une part de nucléaire». «On peut faire des énergies renouvelables en local. (…) Dans le rural, on nous parle tout le temps des éoliennes. Je n'ai pas de souci avec mais si les populations et les élus locaux ne sont pas d'accord, on n'insiste pas.»

«Nous avons pris des mesures qui permettent de lutter contre la pauvreté»


Après une intervention de son suppléant Philippe Frei (Renaissance), Fadila Khattabi (troisième circonscription) hausse le ton : «nous avons mené une campagne respectueuse du débat démocratique, ce qui n'est pas le cas de nos opposants !»

La députée sortante ayant été présidente de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale durant la législature précédente, le thème lui revient : «la pauvreté n'a pas augmenté en France parce que nous avons pris des mesures qui permettent de lutter contre la pauvreté».

Et de donner des exemples : «petit-déjeuner gratuit dans les écoles», «cantine à un euro», «augmentation de l'aide aux frais de garde : 138 euros par mois en plus», ou encore «nouveau service public pour pouvoir verser les pensions alimentaires».

«C'est la Ville de Chenôve qui a reçu le plus de dotations publiques»


L'oratrice cible alors Thierry Falconnet (PS), maire de Chenôve, qui soutient sa concurrente de la NUPES au second tour : «c'est la Ville de Chenôve qui a reçu le plus de dotations publiques, c'est une honte son attitude ; il a eu le dédoublement des classes : 19 classes de dédoublées ; la cité éducative : 235.000 euros à Chenôve par an sur plusieurs années (…) pour accompagner les familles, les jeunes entre 0 et 25 ans par le biais de projets éducatifs».

En termes de propositions d'Emmanuel Macron durant la campagne de l'élection présidentielle, Fadila Khattabi insiste sur «la solidarité à la source» vue comme un versement automatisé des allocations sociales afin de réduire le non-recours de bénéficiaires potentiels.

«Emmanuel Macron donne ses chances à tous les Français qui sont sur le territoire», défend-elle, «il nous faut faire en sorte que l'égalité des chances soit une réalité dans notre pays sans quoi, ce seront les extrêmes qui profiteront effectivement de ces inégalités». Et de fustiger le «discours démagogique» de la NUPES.

La «pétaudière» de la NUPES


Après une intervention de sa suppléante Marie-Line Duparc (sans étiquette), maire de Saint-Jean-de-Losne, Didier Paris (cinquième circonscription) choisit de sortir du cadre prévu par les équipes de campagne pour délaisser le sage refrain du bilan et du programme, entonné depuis six semaines, afin de provoquer les concurrents.

«Plus c'est gros plus ça passe. On a des adversaires de gauche radicale ou de droite extrême», considère le député sortant qui insiste sur «les points de désaccord» parmi les composantes ayant signé l'accord de la NUPES. «Ce mouvement n'est qu'un mouvement strictement électoral, il n'a strictement aucun sens au plan du gouvernement. S'ils arrivent à un résultat qu'ils espèrent, ça va être une pétaudière !»

«Il nous faut un peu d'humilité. Reconnaissons que nous avons perdu des voix depuis 2017 tout simplement parce qu'il y a eu une polarisation assez sidérante vers les extrêmes et nous avons été considéré par une partie de nos électeurs comme une espèce de ventre mou», analyse-t-il en regrettant que le bilan du quinquennat précédent soit déjà considéré par les citoyens comme un «acquis».

«La ligne de démarcation républicaine peut jouer», envisage Didier Paris à l'approche du second tour, «nous avons la capacité d'attirer vers nous la puissance de feu de gens qui considèrent que 'trop, c'est trop', que la République a des valeurs, que nous pouvons les porter». «La majorité va se chercher circonscription par circonscription», conclut-il.

«Les temps qui vont venir seront plus difficiles encore»


S'emparant d'un élément d'actualité, le déplacement des chefs d’État ou de gouvernement français, italien et allemand ce même jour à Kiev, en Ukraine, François Patriat insiste sur la stature européenne d'Emmanuel Macron avant de dramatiser son propos.

«Le vote de dimanche, c'est un choix dont l'importance ne doit pas vous échapper compte tenu de l'époque que nous vivons. Nous vivons le temps du tragique, de la guerre, de l'économie, de l'écologie, de la sécurité, des ressources, du sanitaire. Les temps qui vont venir seront plus difficiles encore. Ce quinquennat sera très difficile et l'on voudrait céder à la facilité, à la folie dépensière, aux amertumes politiques ?» développe-t-il.

«Travailler sans doute plus pour plus de progrès social»


«Ce quinquennat doit se faire autour de la valeur et de la notion de travail. (…) Il nous faudra travailler sans doute plus, pour plus de richesses, pour plus de progrès social. Le progrès social naîtra d'un effort supplémentaire qui permettra, avec moins d'impôts et moins d'endettement, de permettre de faire continuer le progrès social dans ce pays alors qu'on nous propose, en face, une forme de régression sociale parce qu'on sait très bien que dépenser 250 milliards de plus, ça ne tiendra pas longtemps», analyse François Patriat.

Le Marcheur ne met pourtant pas ses pas dans ceux de Nicolas Sarkozy : «je n'ai pas dit 'travailler plus pour gagner plus', j'ai dit 'travailler pour que le travaille paie mieux'. Pour les jeunes, avec les primes d'activité. Pour l'apprentissage. Avec les primes Macron».

Baisse des émissions de GES françaises «de 10% en cinq ans»


«Le deuxième enjeu, c'est celui de la souveraineté», selon le sénateur qui liste la défense – «il faut plus d'armement» –, l'agriculture – «avec les nouvelles formes d'alimentation» –, la santé – «avec les usines recrées en France» –, et l'énergie – «il faudra faire du nucléaire demain» –. Malgré ces enjeux, «on n'augmentera pas les impôts et pas la TVA», assure-t-il.

Alors que la critique des concurrents Insoumis, écologistes et communistes porte régulièrement sur le bilan du quinquennat précédent concernant les sujets environnementales, François Patriat proteste : «la France est le seul pays de l'Union européenne qui a fait baisser les gaz à effet de serre de 10% en cinq ans» [NDLR : le CITEPA qui fait l'inventaire des émissions de gaz à effet de serre a publié ces données le 14 juin dernier, confirmant, malgré la reprise post-Covid, la tendance baissière des émissions en France, outre-mer compris].

«La conjonction des extrêmes existe réellement»


Le sénateur porte ensuite la charge sur le thème des retraites et déplore les «mensonges» de Jean-Luc Mélenchon quant au niveau des pensions avec un âge légal qui serait fixé à 60 ans.

Orientant résolument son propos dans une critique de la NUPES, François Patriat aborde le sujet des «fachos pas fâchés» (sic) : «c'est dramatique, (…) d'un côté, on dit 'pas une voix pour l'extrême-droite' mais 'les mecs qu'ont voté Le Pen, votez pour nous'. C'est l'appel discret, un peu drôle, au vote du Front National. C'est la conjonction des extrêmes, elle existe réellement» [NDLR : hors lapsus, la formulation habituelle des Insoumis est «fâchés pas fachos» pour évoquer la dimension protestataire du vote pour le RN].

«Ça va se jouer à quelques centaines de voix près. Ne croyez pas que c'est gagné», alerte-t-il, «il y a le talisman de l'union qui fait croire aux gens de gauche que l'union de la gauche est revenue comme avant alors que je suis plus de gauche, de la vraie gauche, que les gens d'extrême-gauche !»

La dernière campagne de François Patriat


«Il faut que l'on refasse 4 sur 5», lance-t-il pour mobiliser autour les quatre candidats du second tour en Côte-d'Or dont les trois députés sortants ainsi que le nouveau candidat Benoît Bordat : «il va gagner dans sa circonscription», ajoute François Patriat pour appuyer son soutien.

N'étant pas concernés par les sénatoriales de 2023, le prochain scrutin qui mobilisera les Côte-d'Oriens concernera l'élection les députés européens en 2024. François Patriat conclut en indiquant qu'il pourrait s'agir ainsi de sa dernière prise de parole publique durant une campagne électorale : «celle là, il faut à tout prix la gagner». Ce mot de la fin déclenche une vibrante salve d'applaudissements suivie de sollicitations pour des photo-souvenirs.

Jean-Christophe Tardivon

Les candidats en Côte-d'Or au second tour

Première circonscription
Didier Martin (Ensemble)
Antoine Peillon (NUPES)
Deuxième circonscription
Catherine Hervieu (NUPES)
Benoît Bordat (Ensemble)
Troisième circonscription
Fadila Khattabi (Ensemble)
Patricia Marc (NUPES)
Quatrième circonscription
Jean-Marc Ponelle (RN)
Hubert Brigand (LR-UDI)
Cinquième circonscription
Didier Paris (Ensemble)
René Lioret (RN)

Les enseignements du premier tour des élections législatives en Côte-d'Or


Les réactions au premier tour des législatives en Côte-d'Or


Les résultats territoriaux au premier tour des élections législative en Côte-d'Or















































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