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13/03/2023 20:22
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LOGEMENT SOCIAL : Orvitis met le cap sur la décarbonation

Le bailleur social du Département investit 100 millions d'euros pour éradiquer les «passoires thermiques» d'ici 2030. L'îlot de France, situé dans le quartier de la Fontaine d'Ouche, à Dijon, a été présenté en exemple par François-Xavier Dugourd, ce lundi 13 mars.
Ce lundi 13 mars 2023, les équipes d'Orvitis ont présenté les modalités mises en œuvre pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre en prenant l'exemple d'une résidence de 216 logements : «l'idée est de montrer avec de l'habitat collectif comment on est en mesure de pouvoir travailler à la fois la sobriété – moins consommer – et de pouvoir aussi transiter vers des énergies décarbonées».

Orvitis compte 13.000 logements en Côte-d'Or dont 4.600 dans l'agglomération dijonnaise et, en particulier, 600 dans le quartier de la Fontaine d'Ouche (les îlots France, Franche-Comté et Carrières blanches).


«Agir pour la transition énergétique»


«L'urgence climatique, tout le monde la partage», indique d'emblée François-Xavier Dugourd (LR, NE), vice-président délégué du conseil départemental de la Côte-d'Or et président d'Orvitis, en présentant le résultat des travaux de rénovation de l'îlot France du quartier de la Fontaine-d'Ouche, à Dijon.

«Tous les acteurs, qu'ils soient publics ou privés, ont cette responsabilité d'agir pour la transition énergétique et pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre», poursuit-il. «L'objectif est vraiment qu'Orvitis et ses partenaires s'engagent dans une stratégie bas carbone.»

Entre construction et fonctionnement, le secteur du logement contribue à hauteur de 25% aux émissions de gaz à effet de serre de la France et 44% de la consommation d'énergie.

22% de «passoires thermiques»


Parmi le patrimoine du bailleur social, 54% des bâtiments ont été mis en service avant 1980. Toutefois, 30% datent du XXIème siècle. Dans l'ensemble de ces logements, «beaucoup d'entre eux sont des passoires thermiques qu'il faut absolument réhabiliter», concède François-Xavier Dugourd.

En moyenne, 22% des logements d'Orvitis présentent une étiquette énergétique E, F ou G. Des logements qui seront progressivement interdits à la location d'ici 2034.

100 millions d'euros pour financer l'éco-rénovation


Dans ce contexte, en décembre 2022, le conseil d'administration a voté un programme d'investissement renforçant l'«éco-rénovation» avec l'objectif de ne plus avoir de logements étiquetés E, F et G en 2030.

Ce programme est doté de 100 millions d'euros pour 36 opérations correspondant à la rénovation de 1.500 logements d'ici 2030. Jusqu'à présent, annuellement, l'office HLM investissait près de 10 millions d'euros pour rénover une centaine de logements. «C'est une évolution très importante», souligne François-Xavier Dugourd.

«Un locataire ne paye que sa consommation»


«L'objectif est de protéger le locataire par rapport à l'érosion du pouvoir d'achat», ajoute Christophe Bérion, directeur d'Orvitis. «L'énergie la moins chère est celle que l'on ne consomme pas. Le patrimoine éco-rénové va permettre de faire des diminutions de consommation énergétique.»

«Orvitis a été le premier bailleur national à créer un comptage individuel dans ses logements», signale le directeur. «Aujourd'hui, chez Orvitis, un locataire ne paye que sa consommation, même dans un habitat collectif, pour 70% de sa consommation [d'énergie et d'eau]. On a responsabilisé les locataires.»

Moins 7% d'émissions de CO2 en dix ans


Avec la rénovation thermique des bâtiments, l'évitement des énergies fossiles et le pilotage de la consommation par les usagers, François-Xavier Dugourd estime qu'Orvitis s'oriente vers «une trajectoire bas carbone» résumée dans l'objectif de diminuer de 7% les émissions de CO2 en dix ans.

L'office HLM entend se passer du fioul d'ici 2026 en le substituant cette énergie par les raccordements aux réseaux de chaleur qui émergeront, en lien avec le syndicat d'énergie SICECO, ou aux chaufferies bois ainsi que par le recours aux pompes à chaleur air/eau.

Des panneaux photovoltaïques seront installés en toitures ou en pignons des bâtiments en vue d'une autoconsommation de l'électricité ainsi produite.

«Ces action, c'est aussi de l'emploi», souligne François-Xavier Dugourd en pointant que «plus de 80% des marches d'Orvitis sont attribués à des entreprises locales».

La rénovation de l'îlot France en exemple


L'îlot France est représentatif de cette aspiration. Les 216 logements bénéficiaient auparavant d'une étiquette énergétique D du fait du raccordement au réseau de chaleur urbain de la Métropole de Dijon.

«Le chauffage urbain est déjà une solution énergétique qui permet de maîtriser ses coûts», analyse Christophe Bérion.

Dans ce contexte déjà de «charges maîtrisées», la rénovation a induit, pour les locataires, une économie de 15 euros venant en déduction d'une moyenne de charges de chauffage de 60 euros par mois par logement.

Un premier travail a concerné l'enveloppe du bâtiment : changement du bardage d'isolation en façade, renforcement de l'isolation des toitures terrasses et remplacement des fenêtres ainsi que de la ventilation mécanique.

Dans les parties communes, les ascenseurs desservent maintenant tous les étages ce qui favorise l'accessibilité des personnes à mobilité réduite, les éclairages ont été dotés d'ampoules LED associés à des détecteurs de présence.

Dans les logements, les portes palières ont été changées pour limiter le risque de propagation d'incendie et le risque d'intrusion. Tous les radiateurs ont été remplacés et certains logement ont été dotés de thermostats connectés et prédictifs.

Une application pour smartphone, conçue par Bouygues Smart Buildings, permet de piloter les différents dispositifs énergétiques à distance et même l'interphone d'entrée dans la résidence.

40% d'économie d'énergie liée au chauffage


L'isolation représente une économie d'énergie pour le chauffage oscillant entre 30 et 60% selon les logements, l'abaissement général de deux degrés de la température entre 23 heures et 4 heures du matin représente une économie de 10 à 15% et les thermostats prédictif représentent de 5 à 10% d'économie.

Globalement, l'ensemble permet d'atteindre 40% d'économie d'énergie liée au chauffage. L'îlot entre désormais dans la catégorie «bâtiment basse consommation» et les logements sont désormais étiquetés A.

La production d'électricité des panneaux solaires photovoltaïques installés sur le toit-terrasse – 150 MWh par an – est prévue pour alimenter intégralement les parties communes. Si la production est suffisante, elle pourrait mener venir alléger la consommation d'électricité des logements, cela quel que soit le fournisseur d'énergie choisi par le locataire.

Parallèlement, Orvitis mène une expérience pour réduire la taille des logements proposés. Au niveau de l'îlot France, quatre appartements T4 ont été transformés en six T2. La demande d'appartements T4 ou T5 est passée de 50% à 10% actuellement.

Presque terminés sur la dernière partie de l'îlot France, les travaux sont en cours depuis douze mois.

«On peut désactiver le chauffage de l'extérieur»


Habitant l'îlot de France depuis six ans, une locataire témoigne avoir eu «un peu peur» à son arrivée dans le bâtiment. Selon elle, la rénovation, «ça change tout». «La bâtiment donne plus envie de venir, l'intérieur, ça va mieux. On est mieux chauffé. Avant, c'était humide, on sentait le froid.»

«L'application, c'est pour la sécurité aussi», ajoute-t-elle, «on peut désactiver le chauffage de l'extérieur, même hors de Dijon, et le remettre quand on a envie et le mettre à la température que l'on veut. Au début, j'ai eu du mal mais, après, j'ai compris le système».

«La technologie devient utile»


À ce jour, trente logements disposent de thermostats connectés et prédictifs. Le déploiement étant prévu dans l'ensemble de l'îlot, assorti d'une formation pour les usagers.

Si chaque usager peut piloter sa consommation d'énergie par une application, le bailleur social peut collecter l'ensemble des informations. «La technologie n'est pas un gadget ; trop souvent, on a fait des choses trop compliquée pour les utilisateurs. (…) La technologie devient utile, on arrive à une opération beaucoup plus simple», envisage Christophe Bérion.    

Dans le cadre du projet RESPONSE-H2020, le bailleur social a bénéficié de financements de l'Union européenne et d'un soutien d'EDF pour développer de telles solutions techniques au travers d'un contrat de performance énergétique.

Objectif neutralité carbone en 2050


«Nos opérations concernent l'ensemble du territoire», complète François-Xavier Dugourd, «on n'oublie pas le milieu rural». En 2023, des rénovations de bâtiments seront ainsi menées à Beaune et à Pontailler-sur-Saône et des nouvelles constructions seront livrées à Auxonne, Chenôve, Genlis et Vitteaux.

Au-delà de 2032, la France vise la neutralité carbone pour 2050. «Il faudrait supprimer le gaz sur l'ensemble du patrimoine», anticipe Christophe Bérion. D'où des intérêts pour les pompes à chaleur ou la géothermie.

Dans ce cadre, le bailleur social envisage de recourir à des certificats carbone et de solliciter des banques qui, elles-mêmes, cherchent à financer des réductions d'émissions de gaz à effet de serre pour les intégrer à leur propre empreinte carbone.

Jean-Christophe Tardivon

Le dossier d'Orvitis sur la sobriété et la transition énergétiques



























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