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12/04/2024 10:26

MOBILITÉS : Happening des Verts pour moquer le soutien financier à l'aéroport de Dole-Jura

«On compte en dizaines de millions d'euros les sommes qui ont été déposées pour subventionner à perte les vols low-cost», a fustigé Dominique Voynet, ce jeudi 11 avril, à Dijon.
La fine fleur des écologistes de Bourgogne-Franche-Comté s'est rassemblée, ce jeudi 11 avril 2024, à Dijon, devant l'Hôtel de Région, pour brandir non pas un tournesol – emblème historique des Verts – mais un avion gonflable.

Répondant au mot d'ordre «Il est temps de faire atterrir les vieux messieurs !» (lire ci-dessous), cet happening avait vocation à singer la démarche de cinq présidents de collectivité soutenant financièrement l'aéroport de Dole-Jura, implanté à Tavaux, (lire notre article) et à rappeler à Marie-Guite Dufay (PS), présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté, l'opposition des Verts aux déplacements en avion au moment de réviser la stratégie aéroportuaire régionale (lire notre article).

Un happening potache


L'action militante a été orchestrée par Dominique Voynet, secrétaire régionale d'Europe Écologie Les Verts- Les Écologistes de Franche-Comté et ancienne ministre de l'Environnement de Lionel Jospin.

Il s'agissait de caricaturer les dits présidents de collectivité en les imaginant réclamer «de la thune» à Marie-Guite Dufay pour développer l'aéroport Dole-Jura de façon à le placer «au cœur de l'Europe» avec pour conséquence de «nuire gravement au climat», ce dernier aspect étant symbolisé par une planète qui s’essouffle.

Le ton était résolument potache avec, par exemple, Dominique Cornet, secrétaire régional d'Europe Écologie Les Verts – Les Écologistes de Bourgogne, qui figurait «Clément Porto», autrement dit Clément Pernot, président du conseil département du Jura et fer de lance de la fédération de collectivités.

On assisté au happening, avec plus ou moins d'entrain, notamment Stéphanie Modde, vice-présidente de la Région et élue à la Métropole de Dijon, Claire Mallard, présidente du groupe politique Écologistes et solidaires à la Région, et Catherine Hervieu, élue à la Ville de Dijon et au Département de la Côte-d'Or.

«L'aéroport de Dole-Jura n'est pas rentable»


Dominique Cornet a assumé «cette action humoristique pour rappeler le gouffre qu'est cet aéroport» de façon à alerter sur «les conséquences négatives pour le climat».

«Il y a d'autres solutions qu'il faut développer sur le transport en commun», a-t-il envisagé, «il y a d'autres aéroports qui sont accessibles». «Le problème est que cet aéroport [de Dole-Jura] n'est pas rentable et on ne peut pas continuer indéfiniment à financer ce type d’outil.»

«Il y a un mois, de grands élus ont manifesté à Tavaux pour apporter leur soutien, ils se sont bien gardés de parler d'argent», a pointé Dominique Voynet, «depuis quelques années, on compte en dizaines de millions d'euros les sommes qui ont été déposées pour subventionner à perte les vols low-cost exécutés par une compagnie aérienne à bas coût qui exploite ses salariés». «Alors que les collectivités se plaignent de n'avoir plus les moyens de leurs compétences obligatoires – aide sociale à l'enfance, entretien des routes, la lutte contre l'incendie –, ça nous paraît complètement déraisonnable de tenir à bout de bras cet aéroport.»

«Dijon est à une heure et demie de Paris, est un nœud autoroutier, est à moins de deux heures d'aéroports intérnationaux», a-t-elle souligné, «Dijon n'est pas enclavée». «On souhaite pouvoir travailler pour desservir les zones les plus isolées de notre territoire, dans le Haut-Doubs, le Haut-Jura.»

Un propos ironiquement hué, dans le contexte du happening, par «André Acariâtre», «François Rap'samère» ou encore «Dark Sauvador».

La Région Bourgogne-Franche-Comté suspend sa subvention à l'aéroport Dola-Jura


«Madame Dufay défend ce que l'on demande et c'est une très bonne chose», s'est félicité Dominique Cornet.

En session, par 45 voix contre 43, la majorité de Marie-Guite Dufay a adopté la révision de la stratégie aéroportuaire conduisant notamment à maintenir la participation de la Région dans cinq syndicats mixtes de gestion d'aéroport (Auxerre, Besançon, Dijon, Montbéliard et Nevers) et à suspendre la subventionnement de fonctionnement à l'aéroport de Dole-Jura tout en maintenant la participation de 1,5 million d'euros pour la réfection de la piste de cette infrastructure.

Jean-Christophe Tardivon

Communiqué des fédérations régionales d'Europe Écologie Les Verts- Les Écologistes de Bourgogne et de Franche-Comté du 10 avril 2024 :

Aéroport de Dole-Tavaux : Il est temps de faire atterrir les vieux messieurs !

Il y a un mois, un aréopage de « grands élus » – ou plutôt d’élus de grandes collectivités – mettait en scène un soutien inconditionnel à l’aéroport de Dole Tavaux, qui survit sous perfusion financière des collectivités depuis des années.

En vérité, le soutien affiché est surtout « de principe » - les élus ayant prudemment évité de parler d’argent ! – et politique, ciblant tout particulièrement la présidente de Région, fort heureusement imperméable aux rêves de grandeur de ces messieurs.

Les arguments les plus saugrenus ont été avancés : il s’agit d’enrayer la baisse démographique de notre région (sic), de desservir des événements de portée mondiale comme… la Percée du Vin Jaune, d’accueillir des Canadair (sérieux ? ils sont aujourd’hui tous à Marignane !), de DE-SEN-CLA- VER notre territoire ! Le grand mot est lâché !

Ridicule, non ? Belfort, Besançon, Dole ou Dijon se trouvent à moins de deux heures des aéroports internationaux de Lyon, Bâle-Mulhouse ou Genève. Et Dijon, le centre du monde donc, est idéalement desservi par le TGV et par plusieurs autoroutes.

A l’heure où l’État cherche des milliards et annonce des coupes budgétaires historiques, à l’heure où les collectivités territoriales – départements en tête – pleurent misère, prétendant ne plus pouvoir faire face à leurs compétences obligatoires, comme l’aide sociale à l’enfance ou l’entretien des collèges, est-il raisonnable de continuer à subventionner des vols low-cost vers Porto ou Marrakech, pour le plus grand profit de Ryanair… qui est le principal utilisateur de la plate-forme de Tavaux ?

Les sommes en jeu ne sont pas négligeables. La « renaissance » de l’aéroport de Dijon-Longvic, un échec piteux, aura coûté 25 M€ ; la survie de celui de Tavaux a déjà englouti 38 M€ depuis 2008… Alors, stop ou encore ? Poser la question, c’est y répondre !

L’avion est le plus polluant des moyens de transport : il l’est 40 fois plus que le train. Et il n’est utilisé que par une minorité de nos concitoyens. Détaxation du kérosène, financement en investissement et en fonctionnement, soutien aux compagnies… Comment enrayer le changement climatique si on continue à justifier par des arguments d’un autre âge que rien ne change, tout continue comme si de rien n’était ?

Les Écologistes de Bourgogne et de Franche-Comté apportent leur soutien à la présidente de Région, face aux exigences injustifiables des promoteurs de l’aéroport de Dole-Tavaux, incapables d’actualiser leur logiciel. Et l’encouragent à aller plus loin en mettant fin au soutien public aux aéroports en Bourgogne Franche-Comté.

Dominique Voynet,
Secrétaire régionale
EELV Franche-Comté

Dominique Cornet,
Secrétaire régional
EELV Bourgogne

Marie-Guite Dufay se prépare à une session à haut risque politique


Le dossier de la Région Bourgogne-Franche-Comté sur la session du 11 avril 2024


La Région Bourgogne-Franche-Comté souhaite «accélérer la décarbonation» de cinq aéroports