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02/10/2023 19:08

MOBILITÉS : «L'hydrogène s'inscrit dans la stratégie globale de Toyota pour la décarbonation», explique Frank Marotte

Le pionnier de la décarbonation des véhicules continue d'innover. À l'occasion des lancements d'un vélo-cargo et d'un SUV électriques, le PDG de Toyota France fait le point sur les usages de l'hydrogène avec une étonnante perspective pour les vieux véhicules à moteur thermique.
Le PDG de Toyota France Frank Marotte s'est rendu à Dijon, le 22 septembre 2023, pour présenter le Cargo Verso, un vélo-cargo électrique produit par Douze Cycles, entreprise implantée à Ladoix-Serrigny et Longvic, ainsi que le SUV bZ4X.

Vingt-cinq ans après avoir été pionnier dans les véhicules hybrides avec la Prius dotée d'un moteur thermique et d'un moteur électrique – gamme  dont la cinquième génération arrive en France en version hybride rechargeable – Toyota lance en France le bZ4X, son premier véhicule comprenant uniquement une motorisation électrique.

Toutefois, les innovations se focalisent aujourd'hui sur l'usage de l'hydrogène. Une filière que de nombreux acteurs institutionnels et économiques de Bourgogne-Franche-Comté comptent voir se développer. Dans ce contexte, Frank Marotte a répondu aux questions d'Infos Dijon.

«Toyota a été le premier constructeur à faire une voiture particulière à hydrogène»


On sait que Toyota est particulièrement innovant sur les questions de mobilité. Concernant le recours à l'hydrogène, on connaît la Toyota Mirai. Où en est Toyota sur le sujet des véhicules à hydrogène ?

«L'hydrogène s'inscrit dans la stratégie globale de Toyota pour la décarbonation qui est d'investir dans différentes technologies qui, toutes, ont vocation à contribuer au zéro émission pour 100% des voitures neuves qu'on commercialisera pour Lexus en 2030, pour Toyota en 2035 et pour que, progressivement, notre parc devienne zéro émission, ce qui est notre objectif ultime à l'horizon 2050.»

«Toyota a été le premier constructeur à faire une voiture particulière à hydrogène avec une pile à combustible. On est devenu référent auprès d'une profession qui est emblématique pour faire des tests qualité parce que ce sont des gros rouleurs. Les taxis parisiens font un usage intensif de nos Mirai.»

«On va continuer cette aventure. Toyota France a coinvesti avec Air liquide et Total Energies dans une société qui s'appelle HysetCo qui possède l'intégralité de l'infrastructure de distribution d'hydrogène en région parisienne et qui est également propriétaire d'une société de taxi avec 600 licences qui permet de mettre des Mirai à la route progressivement.»

«On a la conviction que le système hydrogène-pile à combustible va s'implanter massivement dans la mobilité lourde. On a annoncé qu'on avait vocation à être fournisseur de piles à combustible dans la mobilité lourde. Il y a quelques mois, on a signé un partenariat avec Mercedes en Asie qui a potentiellement vocation à s'étendre.»

«Il est probable qu'il y aura un développement assez rapide dans les véhicules utilitaires, majoritairement les 3,5 tonnes. La pile à combustible est une solution zéro émission qui s'applique bien au global pour emporter de la charge.»

«Pour la mobilité légère, donc les véhicules particuliers, on va continuer l'aventure Mirai. On verra si, dans le plan produits, il y a d'autres développements, il n'est pas l'heure d'en parler tout de suite. C'est clairement une des technologies dans laquelle on continue à investir pour atteindre le zéro émission.»

Un prototype utilisant de l'hydrogène directement dans un vieux moteur thermique


«Parallèlement à cela, l'hydrogène est aussi une source de recherche importante pour traiter le CO2 des moteurs thermiques. De manière très schématique, on remplace le pétrole – essence ou diesel – par de l'hydrogène dans un bloc moteur thermique que l'on connaît. Des prototypes ont été testés. Il y a une Corolla qui était au 24 Heures du Mans et qui a fait un tour avec notre président Akio Toyoda.»

«On sait que la plus grosse masse de CO2 émise par les véhicules roulants, ce sont des vieilles voitures qui ont un petit prix et qui sont achetés par des clients qui n'ont pas forcément le pouvoir d'achat pour acheter des voitures plus récentes qui émettent moins de CO2.»

«Nous avons dans notre mission de décarbonation chez Toyota, la conviction que nous devons aussi nous attaquer au parc le plus vieillissant. Pour le décarboner, il n'y a pas d'autre solution que de le traiter tel qu'il est à moindre coût. Ça veut dire de remplacer le pétrole dans les moteurs par une autre source d'énergie qui est compatible avec le moteur thermique mais qui permet d'éviter d'émettre du CO2.»

«Il y en a deux d'identifiées sur lesquelles nous souhaitons faire des recherches, c'est l'hydrogène et les carburants synthétiques (ou e-fuels). Dans les deux cas, ils ont capacité – si la pertinence est avérée en termes de technologie et de coût – à remplacer le pétrole et donc à décarboner ce parc très ancien.»

«Pour résumer, la pile à combustible aurait plus vocation à traiter la mobilité lourde, les véhicules utilitaires, une partie des véhicules particuliers pour de nouveaux véhicules. L'hydrogène ou les carburants synthétiques dans les moteurs thermiques auraient plus vocation à traiter le parc roulant pour progressivement le décarboner.»

«On va constater une forte accélération de la densité du réseau de distribution hydrogène»


La Métropole de Dijon développe une future station à hydrogène pour des bus et bennes à ordures ménagères. Peut-on imaginer pour des particuliers d'avoir une Mirai et de s'approvisionner dans une telle station ?

«La Mirai est d'ores et déjà disponible à la commercialisation pour les clients particuliers. Il se trouve que nous en avons très peu parce que l'infrastructure manque mais, partout où l'écosystème se constitue – nous, on l'a accompagné par notre investissement en région parisienne – les clients particuliers pourront s'approvisionner.»

«Avec l'arrivée des poids lourds à hydrogène et des véhicules utilitaires, il est probable que l'on va constater, dans les deux-trois ans, une forte accélération de la densité du réseau des infrastructures et de la densité du réseau de distribution hydrogène sur le territoire.»

«Il faut que ce soit des stations 700 bars, c'est indispensable. C'est la pression de l'hydrogène distribué. Ça permet d'avoir de l'autonomie dans le véhicule. Ça sera plus du 350 bars dans les poids lourds qui ont de plus gros réservoirs. Quand on veut miniaturiser les réservoirs, il faut augmenter la pression pour avoir de l'autonomie.»

Dans le ferroviaire, «l'hydrogène à un vrai futur !»


Chaque constructeur réfléchit à l'avenir des solutions de mobilité. Aujourd'hui, vous évoluez dans le champ de la mobilité avec un partenariat pour produire un vélo. Vous évoquiez les poids lourds. Est-ce que Toyota peut également s'intéresser au ferroviaire ?

«Je vais revenir au ferroviaire. Il y a un autre vecteur de développement du zéro émission auquel on s'est intéressé. Nous avons investi dans une société au Portugal qui s'appelle Caetano et qui fabrique des bus à hydrogènes.»

«De plus en plus, les municipalités réfléchissent à décarboner le transport public. Il y a deux solutions : les batteries ou l'hydrogène. En l'occurrence, pour la partie à hydrogène, nous avons investi dans une société leader en Europe et, d'ores et déjà, nous avons à notre catalogue des bus à hydrogène. La municipalité de Dijon peut tout à fait s'approvisionner et utiliser sa station.»

«Pour ce qui est du ferroviaire, ce n'est pas forcément notre terrain de jeu pour le moment. On sait qu'il y a des projets qui ont été travaillé entre Alstom et Siemens en Allemagne. Il y a des premiers prototypes de locomotives à hydrogène qui fonctionnent. Il y a des industriels qui prennent le projet à bras le corps pour, progressivement, décarboner.»

«On a une partie du réseau ferroviaire en France qui est électrifié, c'est le plus connu avec les TGV. Mais le réseau est majoritairement non-électrifié, surtout pour le fret. Ce qui est à l'étude, c'est quel est le moins coûteux ? Est-ce que c'est de passer à de l'hydrogène pour faire fonctionner des locomotives ou est-ce que c'est d'électrifier le réseau ? Ce sont les seuls moyens de décarboner et d'arrêter les locomotives au diesel.»

«Il est avéré que l'électrification de tout le réseau serait beaucoup trop coûteuse. De ce point de vue, l'hydrogène à un vrai futur !»

Jean-Christophe Tardivon

Avec Douze Cycles, Toyota lance son premier vélo-cargo


Fiche technique Toyota bZ4X
SUV électrique 5 portes à conduite semi-autonome
À partir de 55.000 euros
Deux versions : moteur de 150 kW (204 ch) ou deux moteurs de 80 kW cumulant 159,6 kW (217 ch) pour 4 roues motrices
0-100 km/h : 7,5 s
Autonomie (WLTP) : 500 km
Prise : type 2 Combo (CCS)
Recharge rapide en 30 mn
Recharge en 21h45 sur une prise domestique
Coffre : 452 l
Longueur : 4,69 m
Largeur : 1,86 m
Hauteur : 1,65 m
Empattement : 2,85 m
Braquage : 11,2 m
Garde au sol : 17,7 cm
Poids : 1.970 kg