En germe depuis 2010, réalisé après cinq ans d'études et de travaux, la fin du chantier de mise en accessibilité de la gare Dijon-Ville pour les personnes à mobilité réduite a été célébrée le jeudi 29 septembre 2022. Il s'agit de la plus importante opération d'accessibilité en Bourgogne-Franche-Comté. Quotidiennement, la gare de Dijon voit passer 360 trains et accueille 16.000 voyageurs par jour.

Désormais, tous les usagers peuvent accéder de plain-pied aux trains depuis le parvis, que ce soit par des rampes modérément inclinées ou des ascenseurs. Un pavage podotactile a été mis en place au sol et, dans les airs, des marquises protègent les usagers et les personnels.

Le coût global de cette opération pour offrir une meilleure qualité de service s'élève à 39,4 millions d'euros, cofinancés par l’État (56%), la Région Bourgogne-Franche-Comté (39%) et la Métropole de Dijon (5%).

Les travaux ont été menés principalement par Bouygues sous maîtrise d'ouvrage SNCF Réseau avec la participation de nombreuses entreprises locales incluant 5.000 heures d'insertion.

«Ça va me redonner envie de prendre le train»

Lors de l'inauguration du quai A rénové, Martine Cuenot et Christophe Noirot, adhérents d'APF France handicap, étaient accompagnés de Bernard Avon, référent accessibilité au sein de SNCF Réseau

La fin des travaux représente un «soulagement» après «une très très longue attente» a expliqué Martine Cuenot qui emprunte régulièrement les TER comme les TGV.

«C'était très contraignant de devoir traverser les voies avec du personnel donc il fallait venir longtemps avant. Maintenant, on peut voyager avec nos proches, l'accès aux quais par ascenseur, c'est génial comme avancée», a-t-elle expliqué tout en signalant le sujet de l'accès aux trains suivant l'antériorité du matériel et la jonction entre le train et le quai.

«Le jour où les quais et les trains seront tous à la même hauteur, on n'aura même plus besoin de service pour les personnes en situation de handicap physique car il ne faut pas oublier les personnes désorientées qui auront besoin d'accompagnement», a poursuivi Martine Cuenot.

Effectivement, être accompagné en gare ajoute une heure sur un trajet, 30 minutes au départ pour accéder au train et 30 minutes à l'arrivée soit «un niveau de vie moins confortable», selon Bernard Avon.

Le référent a repris le mot d'ordre d'APF France handicap «liberté, égalité, accessibilité» pour partager son souhait de «pouvoir voyager comme les autres sans avoir une contrainte de temps».

«Ça va me redonner envie de prendre le train, j'irai sans aucun a priori, sans peur», a déclaré Christophe Noirot qui envisage des trajets Dijon-Paris.

«Rendre les gares efficaces, modernes, pratiques et remarquables»

Lors des discours officiels, Sandrine Azemard, directrice régionale SNCF Gares et Connexions pour la Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes, a reconnu que les chantiers de mise en accessibilité avait été lancés «tardivement» mais que, à ce jour, 60% des gares prioritaires étaient en accessibilité totale, du parvis jusqu'au train.

«C'est une mission sociétale de rendre accessible la mobilité à tous. Ces travaux profitent à tout le monde : nous avons tous eu des poussettes, des valises, un accident de la vie qui font que l'on a bien besoin de ces services-là», a-t-elle déclaré.

Selon Sandrine Azemard, «la relation au territoire est primordiale pour la vie de la gare et l'attrait du ferroviaire», ce qui passe par une «continuité» avec l'environnement urbain dijonnais.  SNCF Gares et Connexions travaille à faire du train «un maillon nodal de mobilité» et à «rendre |les] gares efficaces, modernes, pratiques et remarquables».

«L'accessibilité du transport pour tous est un droit»

Pour Jérôme Grand, «cette opération illustre bien l'exemplarité de la Bourgogne-Franche-Comté en matière d'accessibilité». «L'accessibilité du transport pour tous est un droit, une obligation morale, une forte volonté politique de la SNCF.»

Le directeur territorial SNCF Réseau Bourgogne-Franche-Comté a salué «la prouesse technique» d'un chantier réalisé en conservant la gare ouverte.

Jérôme Grand est également revenu sur «l'implication personnelle» d’Élisabeth Borne, alors ministre des Transports en 2017, qui a accordé une rallonge de 10 millions d'euros à la suite d'une démarche de Michel Neugnot.

François Rebsamen demande une ligne TGV Besançon-Dijon-Roissy

Après être revenu sur l'historique du projet, François Rebsamen (PS, FP), président de la Métropole de Dijon, a revendiqué une meilleure desserte de la ville, notamment en direction d'un aéroport comme Roissy-Charles de Gaulle.

En effet, profitant de la crise sanitaire, SNCF Voyageurs a suspendu la ligne Mulhouse-Besançon-Dijon-Marne-la-Vallée-Roissy-Lille.

Avec le soutien de la maire de Besançon, le maire de Dijon propose de rétablir une ligne allant de Besançon à Roissy et interpelle Christophe Ganichet, P-DG de SNCF Voyageurs : «Je constate que les Dijonnais ont du mal à réserver des places dans les TGV parce qu'ils sont complets.»

«On nous dit que la rentabilité n'est plus là» mais «Dijon est une ville internationale» a martelé François Rebsamen avant d'ajouter : «Ma détermination est totale ! J'irai jusqu'au président de la République !»

«Ce projet coche toutes les cases de l'intérêt général»

«Le pôle d'échange multimodal de Dijon est une réussite», s'est enthousiasmé Michel Neugnot (PS), premier vice-président du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté.

Toutefois, l'élu régional en charge des transports a noté que la fréquentation des TER n'avait pas retrouvé le niveau de 2019, du fait du télétravail en particulier.

Pour sa part, Fabien Sudry, préfet de la région Bourgogne-Franche-Comté a souligné que «ce projet coche toutes les cases de l'intérêt général», un chantier qui bénéficié de financements de France relance dans le cadre de la modernisation du réseau ferroviaire pour favoriser l'attractivité des déplacements en train.

«Une gare plus sûre, plus accessible, plus claire», selon le préfet

L’État et SNCF Réseau s'engagent pour la réduction du bruit ferroviaire

Les TER économisent de l'énergie avec Opti-conduite

Les points clés du chantier selon le groupe SNCF

Depuis l’été 2022, chaque quai de la gare est équipé d’un ascenseur, d’une rampe d’accès et d’un escalier afin de :
- Sécuriser et fluidifier les déplacements des voyageurs
- Renforcer l’autonomie des personnes à mobilité réduite
- Faciliter l’accès aux quais et aux trains pour tous.

Les travaux ont été réalisés de février 2020 à septembre 2022 avec 2 opérations coups de poing pendant les étés 2020 et 2021 qui ont nécessité la neutralisation de la moitié de la gare avec interruption des circulations ferroviaires sur les quais en travaux, des plans de transport adaptés.

Ce chantier a consisté également à la dépose et la repose de la voie et des poteaux caténaires au niveau des futures rampes pour créer une piste d’accès au chantier de 80m de long, ainsi que la dépose des abris voyageurs. Un assemblage des éléments préfabriqués des rampes, des cages d’ascenseurs, la reconstruction des quais, le remontage des abris et la mise en place des dalles podotactiles ont ensuite été réalisés.

Ce chantier a permis :
- La mise aux normes de 5 quais pour Personnes à Mobilité Réduite, notamment avec le rehaussement d’un quai bas (accès de plain-pied aux trains),
- La création de 4 ascenseurs (accès passage souterrain / quais), et repositionnement de l’ascenseur Quai 5 et modernisation ascenseur BV
- La mise aux normes de dalles podotactiles sur 400m / quai soit 3800 mètres linéaires, mais aussi de la signalétique, de l’éclairage et des escaliers (première et dernière contremarches contrastées, nez de marche contrastés, installation de doubles lisses et de manchons braille),
- La sécurisation des extrémités de quai,
- La création de 4 rampes de 46 mètres,
- Le remplacement des abris voyageurs et de la marquise du quai 1 pour le confort clients,
- La rénovation du passage souterrain (sols, murs, plafond),
- Le remplacement des escaliers mécaniques.