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12/10/2021 15:01

MOBILITÉS : «Notre premier enjeu est la modernisation du réseau ferroviaire», déclare Jérôme Grand

SNCF Réseau se prépare à un plan de charge important dans les cinq années à venir. Dans ce contexte, l'opérateur du réseau ferré national embauchera en Bourgogne-Franche-Comté plus d'une centaine de personnes chaque année avec un enjeu d'attractivité dans différents métiers : «il faut que l'on sache que la SNCF recrute au-delà des contrôleurs et des conducteurs», indique-t-on du côté des ressources humaines ce mardi 12 octobre.
Bilan de la crise et relance des projets communs étaient au programme du deuxième Forum de l'économie et de l'emploi ferroviaire organisé par SNCF Réseau et la Fédération régionale des Travaux Publics de Bourgogne-Franche-Comté (FRTP).

L'opérateur du réseau ferré national entendait rappeler aux pouvoirs publics et aux entreprises locales qu'il est un «investisseur et recruteur majeur» dans la région. 423 millions d'euros ont été investis dans la modernisation du réseau en 2021. La programmation prévoie 350 millions d'euros par an durant cinq ans. Plus d'une centaines de personnes seront recrutées chaque année.

Un forum pour les acteurs publics et privés


Ce mardi 12 octobre 2021 au Palais des Congrès de Dijon, acteurs publics et privés se sont penchés plus particulièrement sur deux thématiques : implication des entreprises locales dans les appels d’offres pour les études et travaux ferroviaires et développement de l’insertion dans la filière ferroviaire.

Du côté des acteurs publics, le forum s'est déroulé en présence de conseillers régionaux de Bourgogne-Franche-Comté de la majorité de Marie-Guite Dufay : Michel Neugnot, premier vice-président en charge des transports, Nicolas Soret, vice-président en charge du développement économique, Isabelle Liron, vice-présidente en charge de la formation professionnelle des demandeurs d’emploi, et Jean-Claude Lagrange, président de l'Agence Économique Régionale (AER).

4,7 milliards d'euros pour moderniser le réseau ferré national


«L'objectif que nous partageons tous est de rendre le train plus performant, moins coûteux, mieux adapté aux besoins de mobilité», indique en préambule Jérôme Grand, directeur territorial de SNCF Réseau en Bourgogne-Franche-Comté.

Éric Pierrat, secrétaire général pour les affaires régionales à la préfecture de la région Bourgogne-Franche-Comté, présente le contexte national à commencer par le 40ème anniversaire de la mise en service du premier TGV. De quoi rappeler de bons souvenirs aux acteurs institutionnels tout en soulignant l'ancienneté du réseau ferré y compris pour cette dernière grande innovation technologique.

L’État s'implique fortement dans le ferroviaire : renforcement des fonds propres de la SNCF, nouveaux projets de LGV, nouvelle stratégie de fret ferroviaire pour passer d'ici 2030 de 9% à 30% dans la part de marché du transport. Le plan de relance a fléché 4,7 milliards d'euros pour soutenir les investissements dans les infrastructures du secteur et ainsi moderniser le réseau ferré national.

Pour sa part, Éric Cinotti, coordinateur régional du groupe SNCF et directeur TER en Bourgogne-Franche-Comté, signale les conséquences de la crise sanitaire sur les comptes de SNCF Voyageurs : «6 milliards d'euros de chiffre d'affaires perdus». D'où le besoin de faire appel au plan de relance. De plus, Éric Cinotti souligne «le rôle de la Région qui a continué à soutenir le TER, très largement». «Nous repartons mieux armés pour affronter les défis de la mobilité», indique-t-il avec optimisme.

«Répondre aux besoins des mobilités des territoires»


«Notre premier enjeu est la modernisation du réseau [ferroviaire]», déclare Jérôme Grand, «pendant les trente dernières années, l'argent public a été beaucoup mis sur les lignes à grande vitesse mais, du coup, on a un peu négligé le réseau existant».

Dans ce contexte, «nos programmes de travaux doivent répondre aux besoins des mobilités des territoires». «Les élus locaux doivent identifier leurs besoins de mobilité et, nous, SNCF Réseau, on est là pour apporter des réponses techniques», précise-t-il.

«Le deuxième enjeu, c'est l'externalisation», indique le directeur territorial ; «nous avons un plan de charge qui va être important dans les dix années qui viennent». Le programme d'investissement sera environ de 350 millions d'euros par an durant cinq ans (423 millions d'euros en 2021 du fait des spécificités de la ligne des Horlogers). Le plan de charge garanti, il reste à trouver les compétences techniques auprès des prestataires pour réaliser les travaux.

Le troisième enjeu concerne l'innovation avec le train à hydrogène ou encore les navettes autonomes.

Un partenariat «gagnant-gagnant» avec les travaux publics


Les travaux publics en Bourgogne-Franche-Comté représentent le même nombre de salariés que le groupe SNCF : 11.000. En soulignant ce nombre, Vincent Martin, président de la FRTP, tient à rappeler l'importance de la filière au moment où l'opérateur du réseau ferré envisage d'augmenter son externalisation.

Le représentant du secteur des travaux publics salue donc «la politique d'investissement» de SNCF Réseau en matière d'infrastructures et aspire à «un partenariat gagnant-gagnant».

La promesse employeur de SNCF Réseau


Chaque année, SNCF Réseau recrute donc entre 100 et 200 collaborateurs en Bourgogne-Franche-Comté. Les métiers concernent des agents de la circulation, agents de signalisation électrique, agents voie, opérateurs télécom, ingénieurs, soudeurs, monteurs, électroniciens et des mainteneurs. Les alternants sont recrutés à partir du bac pro jusqu'au niveau ingénieur en passant par les BTS.

«C'est un sujet de visibilité sur les réseaux sociaux, il faut que l'on sache que la SNCF recrute au-delà des contrôleurs et des conducteurs que l'on connaît tous en tant que client SNCF, qu'on recrute sur des métiers techniques et que l'on peut former ce type de profil», explique Laurence Witze, directrice des ressources humaines de la zone de production sud-est de SNCF Réseau (un bassin allant de Paris-Gare de Lyon jusqu'à Nice et Cerbère).

«On est assez exigeant sur le niveau d'entrée des collaborateurs», avertit Laurence Witze, ne serait-ce que pour les métiers de la sécurité qui nécessitent des habilitations spécifiques.

«Pour être plus lisible, on met en avant une 'promesse employeur' : avantages de la SNCF, déroulement de carrière, qualité de vie au travail», insiste la DRH alors que le directeur régional de Pôle Emploi participe au forum.

SNCF Réseau fait donc feu de tout bois pour améliorer l'attractivité de l'entreprise, de la communication numérique jusqu'à la participation à des forums de recruteurs. «On va parfois démarcher des maires de petites communes pour faire connaître nos offres», signale Laurence Witze.

«On a une pratique de compagnonnage entre nos collaborateurs»


«Notre objectif est vraiment de les fidéliser avec nous pour un long parcours. L'exigence de la sécurité nous amène à faire des formations assez longues. (…) On a une pratique de compagnonnage entre nos collaborateurs. Au-delà de la formation, il y a beaucoup de transmission au sein des équipes. On maintient des installations très modernes comme des postes d'aiguillages informatiques – comme on est en train de mettre en service en Bourgogne-Franche-Comté – mais aussi des installations très anciennes donc cette hétérogénéité des installations nous amène à avoir des collaborateurs qui acquièrent au fur et à mesure les compétences nécessaires à l'aisance pour exercer leur métier technique», développe à son tour Olivier Pichon, directeur de l'établissement de maintenance et de travaux en Bourgogne-Franche-Comté, qui travaille avec 1.100 collaborateurs.

Dans les zones urbaines, SNCF Réseau parvient à trouver des ressources humaines. En revanche, en zone rurale où le bassin d'emploi est plus restreint, certains profils spécialisés sont plus difficiles à identifier.

Sur les profils techniques, l'établissement de maintenance de Bourgogne-Franche-Comté subit une forte concurrence dans la zone frontalière avec la Suisse ainsi que de la part des entreprises industrielles recherchant des électriciens notamment.

Apporter une «coloration ferroviaire» à certaines formations


Olivier Pichon indique que SNCF Réseau expérimente un partenariat avec le lycée Édouard Belin à Vesoul pour donner une «coloration ferroviaire» à des formations similaires à de l'alternance. Cela permet aux élèves de découvrir les métiers et à l'entreprise de connaître les jeunes avec l'espoir de «transformer ces expériences en recrutement». Olivier Pichon a également pris des contacts avec le campus dijonnais de l'École spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l'industrie (ESTP Paris).

Le directeur de la maintenance relève un intérêt de la part de jeunes candidats à l'égard des valeurs portées par SNCF Réseau comme le respect de l'environnement. Selon lui, «il y a beaucoup de jeunes aujourd'hui qui veulent trouver du sens dans leur métier ; SNCF apporte une réponse favorable».

Jean-Christophe Tardivon

Le groupe SNCF en Bourgogne-Franche-Comté
11.000 salariés en Bourgogne-Franche-Comté dont 200 alternants
3.000 km de lignes dont 850 km de dessertes fines et 220 km dédiés au fret
150 circulations fret quotidiennes
50 TGV desservant 13 gares tous les jours
600 TER desservant 200 gares
Exploitation des réseaux de mobilités de Beaune, Besançon, Dijon et Nevers notamment au travers de la filiale Keolis
287 millions d'euros d'achats en 2020  auprès de 1.361 entreprises locales (dont 105 millions d'euros auprès de 857 PME) ce qui a génèré 8.717 emplois directs dans ces entreprises et a créé 447 millions d'euros de richesses dans la région (machines, BTP, matériaux de constructions...)

SNCF Réseau en Bourgogne-Franche-Comté
134 millions d'euros d'achats réseau en 2020 (dont 80 millions d'euros auprès de PME)
870 fournisseurs (dont 633 PME)
550.000 euros d'achats solidaires (soit 17.800 heures d'insertion professionnelle)