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14/02/2025 21:28
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NUMÉRIQUE : François Rebsamen promeut «une intelligence artificielle au service de tous»

Pour son premier déplacement ministériel officiel à Dijon, ce vendredi 14 février, François Rebsamen a retenu le thème du numérique : «il faut s'assurer que l'ensemble du territoire va profiter de ces avancées et veiller à ce que tout un chacun, où qu'il vive, puisse s'approprier ces atouts».
L’Élysée et Matignon ont demandé aux membres du gouvernement d'effectuer le SAV du Sommet de l’Intelligence artificielle qui s'est tenu, le 10 février dernier, à Paris, et durant lequel Emmanuel Macron a annoncé que seront engagés 109 milliards d'euros d'investissement privés pour notamment construire en France le plus grand data center d'Europe.

Ministre de l'Aménagement du territoire et de la Décentralisation du gouvernement de François Bayrou depuis le 23 décembre dernier, François Rebsamen a donc répondu à la demande de l'exécutif en mettant en valeur un exemple qu'il connaît bien puisqu'il est appliqué à la Métropole de Dijon, collectivité qu'il continue de présider.

Des agents de la Métropole de Dijon seront formés pour intégrer des outils d'intelligence artificielle dans leur métier


S'il confie volontiers que le directeur des systèmes informatiques de la Métropole de Dijon lui donne des conseils sur l'utilisation de son smartphone, François Rebsamen s'intéresse pourtant aux technologies du secteur numérique.

Ce vendredi 14 février 2025, sur le campus dijonnais de l'Université Bourgogne Europe, le ministre de l'Aménagement du territoire et de la Décentralisation a donc suivi la présentation d'un programme de formation en matière d'intelligence artificielle : CAIRE (Citizen-oriented Artificial Intelligence training for a Responsive Education pour Formation à l'intelligence artificielle orientée vers les citoyens pour placer les apprenants au centre de leur enseignement).

Selon le ministère, ce projet est doté d'un budget global de 13 millions d’euros, dont 7,8 millions d’euros de soutien de France 2030. Il vise à former 28.000 personnes aux usages de l’intelligence artificielle en cinq ans pour répondre aux évolutions des métiers. Il s’adresse principalement aux étudiants en formation initiale, aux personnes en formation continue ainsi qu’aux professionnels déjà en poste. Dijon Métropole, qui a soutenu ce projet dès son origine, teste ce dispositif auprès de ses agents.

De plus, des startupers locaux ont présenté les usages de l'intelligence artificielle fait par leurs sociétés ATOL CD, CASIS, UMMON Health Tech et Four Data.

Les exposés se sont déroulés dans les locaux de l'école d'ingénieurs Polytech Dijon (ex-ESIREM) en présence notamment de Nathalie Koenders (PS), maire de Dijon, Denis Bruel, secrétaire général de la préfecture de la Côte-d'Or, François Patriat (REN), sénateur de la Côte-d'Or, Catherine Hervieu (LE), députée de la Côte-d'Or, Patrick Molinoz (PS), vice-président du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté et président de l'ARNIA, Jean-Claude Lagrange (PS), président de l'AER, Patrick Chapuis (LR), vice-président du conseil départemental de la Côte-d'Or, Marie-Hélène Juillard-Randrian (Modem), vice-présidente de la Métropole de Dijon, Nathalie Albert-Moretti, rectrice de la région académique Bourgogne-Franche-Comté, Vincent Thomas, président de l'Université Bourgogne Europe, et Albert Dipanda, directeur de Polytech Dijon.

«L'intelligence artificielle constitue depuis longtemps déjà un axe majeur de la recherche à l'Université Bourgogne Europe»


«L'ajout du mot Europe à notre dénomination traduit notre engagement pour l'avenir», déclare Vincent Thomas pour lancer la présentation en rappelant la création au 1er janvier dernier d'un établissement public expérimental autour de l'université (lire notre article).

«L'intelligence artificielle constitue depuis longtemps déjà un axe majeur de [la] recherche à l'université», signale le président de l'Université Bourgogne Europe. «Notre programme ambitieux de formation aux usages de l'intelligence artificielle destiné à toucher plusieurs dizaine de milliers de personnes – en réalité 40.000 étudiants et 3.000 personnels – illustre parfaitement notre engagement dans la préparation de l'avenir.»

«CAIRE contribue directement à réduire les inégalités aux compétences numériques»


«Le projet CAIRE vise l'acculturation aux usages de l'IA des citoyens dans une démarche de formation massive», résume Christophe Cruz, professeur à l'Université Bourgogne Europe, qui représente le consortium portant le programme. «L'IA fascine autant qu'elle fait peur ; les formations CAIRE visent à démystifier l'IA.»

Travaillant depuis longtemps sur les modèles de langage, Christophe Cruz a été sollicité pour rejoindre l'équipe de CAIRE en 2022. Il a contribuer à rédiger la réponse à l'appel à manifestation d'intérêt de France 2030. Ayant reçu le soutien de la Métropole de Dijon, première collectivité partenaire, le dossier a été déposé le 2 novembre 2022, peu de temps avant la mise en ligne de Chat GPT.

Christophe Cruz est également membre du comité métropolitain de la donnée qui accompagne le démonstrateur On Dijon. Le chercheur s'intéresse notamment à «la démarche citoyenne concernant le processus d'appropriation de la donnée et de ses usages et de l'IA.»

«En visant à former 28.000 apprenants aux usages de l'IA, CAIRE contribue directement à réduire les inégalités aux compétences numériques», souligne le professeur pour indiquer que le programme répond ainsi aux objectifs de développement durable de l'ONU. De plus, «CAIRE soutient directement la réindustrialisation française en préparant le tissu socio-économique local aux défis technologiques de demain».

«L'intelligence naturelle est collective», conclut Christophe Cruz, «nous avons sur le territoire un collectif prêt à mener à bien les défis d'aujourd'hui».

Le «défi pédagogique» relevé par CAIRE


«C'est un défi pédagogique», avance Mathieu Kister, directeur des études du programme grandes écoles de CESI et co responsable du package 1 de CAIRE. Pour réaliser le contenu, le programme mobilise une vingtaine d'ingénieurs pédagogiques et une vingtaine d'experts dans le domaine de l'IA.

Les contraintes de départ ont fixé une formation courte mais complète – y compris pour des personnes déconnectés du monde d'aujourd'hui –, certifiante pour pouvoir être valorisée par la suite par les apprenants – en trois niveaux reconnus par France compétences –, modulaire – «parce que tout le monde n'a pas les mêmes besoins» –, hybride en recourant à l'e-learning, au tutorat et à des manipulations en présentiel, disponible sur tout le territoire et dispensée par des formateurs non-spécialistes de l'IA.

Trois niveaux de formation


En 8 heures, le premier niveau hybride permet d'atteindre la capacité «définir». En 12 heures, le deuxième niveau hybride permet d'atteindre la capacité «interagir et évaluer». Le troisième niveau propose cinq modules en présentiel de 7 heures chacun afin d'atteindre la capacité «maîtriser l'usage».

La phase test du premier niveau a débuté en septembre 2024 auprès de mille étudiants de première année du cursus ingénieur CESI sur 25 campus différents, de personnels de l'ENSAM ainsi que de représentants de partenaires du consortium.

Après d'autres sessions avec des personnels de la Métropole de Dijon et une amélioration du niveau 1, la massification de la deuxième version du niveau 1 est prévue à partir de septembre prochain. CAIRE devrait entrer dans le plan de formation des personnels de l'UBE fin 2025.

Si l'on prend l'exemple d'un assistant des ressources humaines d'une entreprise qui reçoit des centaines de CV. Au premier niveau, «une IA peut l'aider à classer les CV selon les profils».

Au deuxième niveau, «l'apprenant va maîtriser les étapes pour la mise en place d'un outil d'IA dans son environnement – en commençant par qualifier les données qu'il va utiliser pour faire l'apprentissage de l'IA –, par la suite la paramétrer pour avoir un modèle performant puis en évaluer les performances, tout en intégrant les dimensions éthiques et sociales pour une utilisation consciente et responsable de l'intelligence artificielle».

L'IA «augmente» les agents de la Métropole


«On est face à un élément vraiment disruptif», s'enthousiasme Xavier Lenoir, directeur des systèmes informatiques de Dijon Métropole, «beaucoup de domaine sont éligibles à accompagnement par l'IA».

«L'IA va probablement redonner de la valeurs aux grandes compétences fondamentales, ce qu'on appelait les humanités», anticipe le cadre de la Métropole de Dijon, «la capacité à modéliser sa pensée, à structurer une demande, à faire preuve d'abstraction. «L'IA va bouleverser les métiers dans le secteur public, il ne travaillera pas à notre place mais pour nous.»

La Métropole de Dijon prévoit de développer une plateforme souveraine pour des questions de sécurité et de l'entraîner sur des données propres à la collectivité.

Le travail est envisagé selon trois axes : envisager de mettre à disposition un assistant IA pour tous les agents éligibles – «on complète les agents, on les augmente» –, automatiser des processus d'assistance aux citoyens puis viser «la capacité à motoriser l'analyse stratégique pour aider à l'aménagement du territoire».

Quatre startups dijonnaises exemplifient leur usage de l'intelligence artificielle


Atol conseil développement est société de services informatiques implantée à Dijon et à Gevrey-Chambertin. Elle emploie 270 personnes. «On travaille des solutions d'IA documentaire ou d'IA générative à valeur ajoutée pour nos clients», explique Jean-Philippe Porcherot, président de l'entreprise. «On travaille avec des IA french tech – comme Mistral – ou open source. La solution est déployée sur un cloud souverain ou chez le client.»

Par exemple, l'IA permet de traiter la qualification du courrier électronique entrant d'une entreprise et de générer automatiquement une réponse contextualisée.

Ummon Health Tech fait de l'analyse d'images de tissus corporels qui peuvent révéler de nombreuses informations médicales et permettre, au bout d'une journée, de choisir un traitement adapté parmi tous ceux qui existent

La startup a été créée en 2020 à Dijon par le Docteur Nathan Vinçon et Louis-Oscar Morel.

Four Data commercialise une solution d'inventaire à distance grâce à l'IA par l'intermédiaire de capteurs connectés. «Ces capteurs permettent d'optimiser la logistique du client», explique François Clément cofondateur et directeur commercial.

Créée à Dijon, elle compte une trentaine de salariés et a des clients dans les secteurs de l'énergie, des déchets et de la location de véhicules. Par exemple, APRR a fait appel à Four Dtata pour équiper les points d'apport volontaire de déchets des aires de l'A6 afin d'optimiser la collecte des déchets en anticipant les pics de remplissage des bacs.

Casis prédit la survenue de complication post-infarctus du myocarde, comme l'explique son président Jean-Jospeh Christophe. Chaque examen d'IRM pouvant générer 2 à 3.000 images, avec ses solutions «zéro clic», la durée d'analyse est réduite de 20 minutes à quelques secondes. Casis souhaite devenir la première solution multi-factorielle prédictive au monde.

La startup a été fondée en 2016 à Dijon, à partir d'un projet du CHU Dijon Bourgogne et de l'univeristé de Bourgogne. L'entreprise compte 26 salariés.

«L'intelligence artificielle va concourir à améliorer notre qualité de vie», déclare François Rebsamen


«L'intelligence est à la pointe de la recherche», déclare François Rebsamen à l'issue des exposés pour introduire un plaidoyer en faveur de cette révolution numérique.

«Il faut continuer les efforts dans ce domaine. C'est une chance pour l'ensemble de nos territoires», poursuit le social-démocrate, «l'intelligence artificielle n'est pas l'horrible sorcière qu'on veut faire croire».

«Le progrès a toujours été une source de progrès social. Au cours de l'histoire, il n'y a pas eu d'amélioration de la qualité de vie des individus et des sociétés sans avancées technologiques. Bien maîtrisée, respectueuse de la vie privée, [l'intelligence artificielle] va concourir à améliorer notre qualité de vie. La nouvelle révolution industrielle passe par l'IA et un grand pays comme le nôtre ne peut pas passer à côté», ajoute-t-il.

Le ministre souhaite «faire de l'IA un moyen de modernisation de l'action publique territoriale»


«Il faut s'assurer que l'ensemble du territoire va profiter de ces avancées et veiller à ce que tout un chacun, où qu'il vive, puisse s'approprier ces atouts», enchaîne le ministre, axant son propos plus sur une application de l'aménagement des territoires au service du déploiement numérique que d'une application de l'intelligence artificielle à l'aménagement du territoire : «garantir l'équité territoriale est un de nos combats».

«Tout le monde doit travailler de concert pour collecter les données, garantir leur fiabilité et les analyser à bon escient», envisage François Rebsamen qui insiste sur la «collaboration» entre les entreprises, les établissements d'enseignement supérieur ainsi que les collectivités.

«Cela me semble la condition indispensable pour garantir une intelligence artificielle au service de tous», insiste-t-il, «l'IA au bénéfice des citoyens, sur l'ensemble du territoire, dans tous les domaines, c'est le cap que nous pouvons souhaiter donner aujourd'hui à la décentralisation» pour «faire de l'IA un moyen de modernisation de l'action publique territoriale».

L'ANCT est à l'écoute de «toutes les initiatives» des collectivités


Celui qui est également président de la Métropole de Dijon considère la collectivité comme «une source d'inspiration au niveau nationale» : «j'ai forgé mes convictions d'une intelligence artificielle partagée sur le terrain, dans l'intérêt de tous et pour être au service du bien commun».

Toutefois, le membre de gouvernement ne manque pas de citer des initiatives d'autres collectivités comme Préviso dans le Val de Loire qui prédit les ressources en eau pour aider les collectivités à gérer les risques et protéger la biodiversité ou Kesk'IA qui aide des jeunes habitants de quartier populaire à développer leurs compétences.

Plus globalement, l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) est à l'écoute de «toutes les initiatives» des collectivités – en particulier des intercommunalités – afin que «de nouveaux programmes [soient] déployés à l'échelle nationale».

Jean-Christophe Tardivon

Lancement d’un réseau d’élus pour «une intelligence artificielle au service des collectivités locales»






















































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