> Vie locale > Vie locale
06/11/2022 19:59

POLITIQUE : Bruno Retailleau veut «reconstruire un nouveau parti pour rassembler la vraie droite»

Le candidat à la présidence du parti Les Républicains a tenu une réunion publique à Talant, ce samedi 5 novembre. En matière de sécurité, Bruno Retailleau appelle à sortir du «laxisme judiciaire» et du «laxisme migratoire».
Les 4 et 11 décembre prochains, les adhérents des Républicains désigneront par un vote électronique leur nouveau président, succédant ainsi à Christian Jabob alors que la Doubiste Annie Genevard assure l'intérim.

Après Éric Ciotti, le 24 septembre dernier, la fédération départementale a reçu Bruno Retailleau, ce samedi 5 novembre 2022. Adhérent initialement du MPF de Philippe de Villiers, Bruno Retailleau a rejoint l'UMP en 2012. Sénateur de Vendée depuis 2004, il préside le groupe politique des Républicains au Sénat depuis 2014.

Valérie Grandet comme référente


En Côte-d'Or, sa référente est Valérie Grandet, conseillère municipale d'opposition à Longvic. Ce samedi, il a pris la parole devant environ 70 personnes.

Au premier rang, on retrouvait notamment Martine Déchaud, conseillère régionale de Bourgogne-Franche-Comté, Emmanuel Bichot, conseiller municipal de Dijon, et Charlotte Fougère, adjointe au maire de Beaune.

La sécurité, problématique prioritaire des élus locaux des Républicains


L'orateur a été accueilli salle Edmond Michelet à Talant par Fabian Ruinet, maire de la commune et premier à prendre la parole. Selon lui, les Républicains ont «beaucoup d'avenir» du fait du grand nombre d'élus locaux.

Le maire de Talant insiste sur les sujets de sécurité et d'immigration et considère que «les gens de gauche» ont «un problème idéologique sur l'armement [des policiers municipaux] et sur la vidéoprotection».

«Le Sénat joue un rôle très important d'équilibre des pouvoirs», rappelle François-Xavier Dugourd. À son tour, le président de la fédération de Côte-d'Or, par ailleurs conseiller départemental du canton Dijon 1, insiste sur «la problématique de l'insécurité» en faisant référence aux faits divers survenus ses dernières semaines à Dijon, notamment place de la République. Il enchaîne en évoquant le sujet de l'immigration et «le rang de la France, en Europe et dans le monde».

«Les Français veulent de l'autorité à tous les niveaux»


Au niveau national, François-Xavier Dugourd analyse que l'exécutif est «paralysé» alors qu'Emmanuel Macron ne pourra se représenter : «la succession est ouverte». «D'où la responsabilité des Républicains de constituer une offre qui, aux échéances essentielles de 2027, les élections présidentielle et législatives, représente véritablement une alternative pour les Français, une alternative de droite républicaine, fière de l'être.»

Il estime que cette alternative ne peut venir ni de Renaissance ni «des extrêmes» qui «n'ont qu'un but, c'est de mettre le chaos dans la rue, dans les quartiers».

«Les Français veulent de l'autorité à tous les niveaux : à l'école, dans les familles, dans la vie publique, dans les quartiers. Ils veulent de la responsabilité, davantage de liberté, liberté d'agir en particulier en matière économique. Et la grandeur de la France, ce sont des valeurs fondamentales de droite», martèle le président de la fédération.

«Emmanuel Macron, c'est déjà terminé»


L'invité du jour se lance alors dans un discours fleuve parfois un peu trop tranquille. Il faudra attendre 40 minutes avant que n'interviennent les premiers applaudissements. Ils se feront ensuite plus réguliers quand le candidat abordera des sujets qui font mouche chez les militants : fiscalité, sécurité, immigration, patriotisme...

«Emmanuel Macron, c'est déjà terminé. (…) Il fera tout pour couper les jarrets de ses successeurs, comme l'avait fait François Mitterrand. (…) Seuls nous, la droite française, on peut proposer une alternative car jamais il n'y a eu autant d'électeurs français à droite», analyse Bruno Retailleau tout en concédant la défaite de Valérie Pécresse avec 4,78% des suffrages au premier tour de la présidentielle d'avril 2022.

Attendre les européennes avant de désigner un candidat à la présidentielle


Avec «une droite qui parle vraie», le candidat espère que les Républicains soient en mesure d'incarner «un nouvel idéal français» : «je veux reconstruire un nouveau parti pour rassembler la vraie droite».

En cas d'élection, Bruno Retailleau propose d'organiser des «référendums internes» pour décider des «grandes orientations politiques stratégiques» du parti. Et de donner comme exemple de question qui aurait pu être posée la participation ou non à une coalition gouvernementale. «Les Français ne savent même plus ce que l'on pense, (…) il y a une dissonance perpétuelle.»

Il envisage d'instaurer un «droit de veto» des fédérations au regard des désignations effectuées par la commission d'investiture nationale jugée «trop parisienne» par celui qui a été président du conseil régional des Pays de la Loire.

«Je veux construire un parti populaire, (…) patriote», insiste le candidat qui, à défaut d'union des droites, appelle à un rassemblement des électeurs de droite : «tous les électeurs de droite, même quand ils ont voté Macron, même quand ils ont voté Zemmour, même quand ils ont voté Le Pen, même quand ils se sont abstenus».

Dans la foulée, Bruno Retailleau incite à ne désigner le candidat des Républicains à la présidentielle de 2027 qu'après les élections européennes de 2024. Il marque ainsi sa différence avec Éric Ciotti qui est d'emblée favorable à une candidature de Laurent Wauquiez.

«C'est une idée funeste pour le parti mais les qualités de Laurent Wauquiez ne sont pas en cause», prend soin d'ajouter Bruno Retailleau en invitant à «travailler le fond» puis à faire appel aux militants pour choisir le candidat.

Retraite à 64 ans pour «le bien des Français»


Effets des surtransposition des normes européennes notamment en matière agricole ou encore du temps de travail légal hebdomadaire fixé à 35 heures, niveau de la dépense publique ou de l'administration de la santé... l'orateur développe des constats qui font consensus au sein des Républicains.

En matière d'environnement, Bruno Retailleau insiste sur les questions d'énergie. Il fustige notamment la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim et cherche «dans la science des solutions aux problèmes d'aujourd'hui». «C'est ça la façon d'être à droite écologiste.»

À propos de la réforme des retraites, Bruno Retailleau se dit favorable à un ajustement de la durée de cotisation et un relèvement de l'âge de départ à la retraite à 64 ans, cela pour «le bien des Français».

«En cinq ans, 8 millions de retraités ont perdu en moyenne 1.300 euros sur une année parce qu'il n'y a pas eu cette réforme. Quand vous mettez moins de travail dans l'économie, collectivement, on s'appauvrit. Si on veut maintenir le pouvoir d'achat de nos retraités, (…) il faut plus de travail», scande l'orateur.

«Quand on est de droite, nous ne sommes pas de faux monnayeurs en générosité. Nous ne créons pas de nouveaux droits sur le dos des jeunes générations, par l'endettement, ou sur le dos du contribuable français», ajoute-t-il.

Fusionner les minimas sociaux dans une allocation unique plafonnée


Pour contrebalancer «l'assistanat», le candidat propose de «fusionner tous les minimas sociaux dans une seule allocation sociale unique (ASU) et que l'on cape cette allocation sociale unique à 75% du SMIC» pour «que l'on s'assure qu'il y ait toujours un écart suffisant entre le revenu du travail et le revenu de l'assistance».

«La devise de l'Absurdistan, (…) c'est 'tout ce qui bouge, on le taxe, ce qui bouge encore, on le réglemente, ce qui ne bouge plus du tout, on le subventionne'», lance alors l'orateur. Une saillie qui déclenche la première salve d'applaudissements.

Sortir du «laxisme judiciaire» et du «laxisme migratoire»


«Un projet de civilisation, c'est de lutter contre l'islamisme», clame Bruno Retailleau qui prédit «d'autres attentats» – en particulier «low cost» – avant d'aborder «l'ensauvagement» de la société pour lequel Dijon serait «aux premières loges».

En réponse, le candidat appelle à sortir du «laxisme judiciaire» et du «laxisme migratoire». Deux thématiques propices à l'approbation de l'assistance. Concrètement, il propose une «révolution pénale» assumant le principe de la double peine – c'est à dire l'expulsion des délinquants et criminels étrangers – ainsi que des peines planchers chère à Nicolas Sarkozy.

Cela dans l'optique de contrecarrer un «gouvernement des juges» car il estime qu'«on a une partie, pas tous, de nos magistrats qui jugent non pas au nom du peuple français mais qui jugent en fonction d'une idéologie gauchisante».

Les mafias réalisent un benchmarking des pays


«Les filières, les mafias sont les nouveaux esclavagistes. Ils se font des milliards sur le dos de pauvres êtres humains qui sont à la recherche de l'Eldorado», analyse Bruno Retalleau qui reprend les études laissant supposer que les dites filières opère des classements au niveau européen en matière de droit d'asile, de regroupement familial, de naturalisation, de soins gratuits afin d'orienter leurs activités criminelles.

Tout comme Marine Le Pen, Bruno Retailleau appelle donc à questionner les Français sur la politique migratoire par un référendum, assumant une évolution constitutionnelle pour contrecarrer la jurisprudence constitutionnelle française et les jurisprudences européennes.

«On reconstruira l'école à partir du savoir»


«Depuis trente ans, l'école française a été déconstruite par tous ces idéologues soixante-huitards», déclare le candidat au sujet de l'éducation. «Les wokistes d'aujourd'hui, ça n'est finalement que leurs exécuteurs testamentaires, leurs héritiers. L'école a été cassée. L'école de la République est une des écoles les plus inégalitaires en Europe. (…) On reconstruira l'école à partir du savoir qu'on transmettra, à partir de professeurs qu'on revalorisera. (…) Une école où on donnera à aimer la France», revendique le candidat en pointant le faible niveau des élèves dans les classements européens.»

Bruno Retailleau refuse la «fatalité»


Malgré ces constats négatifs, le candidat rejette toute «fatalité» : «la France est en déclin mais la France a connu des moments bien pire que celui-ci ; à chaque fois qu'elle s'est rassemblée, à chaque fois qu'on lui a donné une direction, elle a grillé tout le monde au poteau. On peut le faire parce qu'on a d'énormes atouts. (…) Dans l'histoire de l'humanité, la France est ce petit miracle d'où le plus grand des chaos peut naître le plus beau sursaut».

Durant le temps d'échanges, un incident révélera des tensions qui traversent le parti. Rapidement, une militante prend la parole et félicite le sénateur pour avoir appelé Nicolas Sarkozy à quitter les Républicains et pour avoir repoussé au Sénat la demande d'inscrire le droit à l'IVG dans la Constitution. Une intervention engagée qui se prolongera et amènera finalement François-Xavier Dugourd à intervenir avec diplomatie pour récupérer le micro.

Toutefois, Bruno Retailleau apporte une nuance à l'enthousiasme de la militante en signalant que Les Républicains ne cherchent pas à interdire l'IVG et que ce droit des femmes relève déjà du «bloc de constitutionnalité» au regard de la jurisprudence du Conseil constitutionnel.

Un militant du Châtillonnais interroge le candidat sur la réglementation de l'installation d'éoliennes : «nous sommes envahis par les éoliennes, (…) on va nous imposer des parcs éoliens partout».

En attendant l'évolution du texte à l'Assemblée nationale, Bruno Retailleau signale que le groupe LR du Sénat a voté la possibilité pour les maires d'exclure l'implantation d'éoliennes dans les documents d'urbanisme. «Un droit de veto aux maires», en somme.

Avant le traditionnel verre de l'amitié, Bruno Retailleau s'est volontiers prêté au niveau rituel des selfies, notamment avec les Jeunes Républicains.

Fin novembre, la fédération a prévu de recevoir Aurélien Pradié, troisième candidat à la présidence du parti.

Jean-Christophe Tardivon