Actuellement élue de la majorité de François Rebsamen à Dijon, Danielle Juban n'était pas encartée. Elle adhère désormais au principal parti de la majorité présidentielle. «J'ai cru tout de suite en Emmanuel Macron», a-t-elle déclaré, ce samedi 11 novembre.
Danielle Juban a choisi son camp. Après avoir été longtemps «sans étiquette», l'élue dijonnaise vient d'adhérer à Renaissance, le parti politique qui succède au mouvement En Marche qui a porté Emmanuel Macron à la présidence de la République.
Proche tout à la fois de Louis de Broissia et de François Rebsamen, Danielle Juban préfère l'action publique à la politique politicienne afin d'appliquer des décisions de «bon sens».
Ce samedi 11 novembre 2023, Danielle Juban a répondu aux questions d'
Infos Dijon portant sur son parcours politique, son engagement au sein de Renaissance et la perspective des élections municipales de 2026.
De l'entreprise à la politique
Originaire de Bretagne, Danielle Juban est née en 1948 et vit à Dijon depuis 1974. À présent à la retraite, elle a dirigé la communication du groupe Fournier-Urgo-Plasto après avoir travaillé dans le champ de la recherche, ayant une formation scientifique.
En 2001, une scission intervient dans le groupe pharmaceutique. Son époux Daniel Juban présidant Urgo, Danielle Juban se met en retrait professionnellement.
Là, son ami Louis de Broissia, alors sénateur RPR de la Côte-d'Or, la sollicite pour s'impliquer dans la vie politique dijonnaise : «il a pensé que j'avais des choses à dire».
Elle adhère alors à l'Union pour la démocratie française (UDF), le parti centriste fondé en 1978 pour soutenir Valéry Giscard d'Estaing : «je suis profondément européenne».
Derrière le RPR Jean-François Bazin, Danielle Juban est élue conseillère municipale de Dijon, dans l'opposition à François Rebsamen (PS) qui conduit désormais l'alternance politique.
Danielle Juban a rompu avec le Modem
Parallèlement, elle est suppléante de Bernard Depierre (RPR puis UMP), élu député de la première circonscription de la Côte-d'Or en 2002 puis en 2007.
Très engagée, elle figure sur la liste de Jean-Pierre Soissons (UMP) aux élections régionales de 2004. Celui-ci perd le conseil régional de Bourgogne face à François Patriat (alors PS), Danielle Juban démissionne d'emblée et ne siège donc pas dans l'assemblée régionale.
En 2007, l'UDF est un des membres fondateurs du Modem. Danielle Juban suit d'abord le mouvement puis s'éloigne du parti de François Bayrou. «Je n'y ai pas trouvé ce que je voulais», indique-t-elle. Elle sera désormais «sans étiquette» jusqu'à cette année 2023.
«J'ai aimé la vision de François Rebsamen»
En 2008, François Rebsamen la sollicite à son tour. «L'homme m'a plu, c'est quelqu'un que j'apprécie, loin des guerres intestines. J'ai aimé sa vision, son énergie, il m'a fait tout de suite confiance», signale celle qui soutien alors un socialistes après avoir suivi un gaulliste.
«Il faut parfois changer de parti si on ne veut pas changer d'opinion», déclare-t-elle, paraphrasant le cardinal de Retz.
Réélue, figurant dans la majorité, Danielle Juban peut dorénavant passer à l'action. Devenant adjointe au maire, François Rebsamen lui confie la délégation du commerce. Plus tard, elle portera le développement économique.
«J'ai cru tout de suite en Emmanuel Macron»
En 2015, dans le cadre de sa délégation, elle travaille avec Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie : «j'ai cru tout de suite en Emmanuel Macron. C'est quelqu'un qui m'a séduit, que je trouve brillantissime».
En 2016, l'équipe du candidat la désigne référente en Côte-d'Or – François Patriat (alors EM) présidant le comité de soutien – pour la campagne d'Emmanuel Macron à l'élection présidentielle de 2017.
«Ça a été une grande satisfaction car la Côte-d'Or a été le seul département à mettre en tête Emmanuel Macron alors que partout ailleurs, c'était le Front national», se souvient-elle.
Aux municipales de 2020, alors qu'En Marche soutient Sylvain Comparot, Danielle Juban maintient son engagement auprès du maire sortant : «François Rebsamen sait rassembler autour de lui avec des personnes d'horizons différents mais complémentaires».
«J'aime faire avancer les choses avec le plus grand nombre»
Comment caractérisez-vous ce parcours politique ?«J'essaie de rester indépendante tout en étant fidèle à des engagements. (…) Je suis une femme de conviction. J'ai fait confiance à mes idées. (…) Je pense que la justice et l'équité sont des choses importantes. (…) Je suis plutôt une femme de dossiers. (…) Je travaille beaucoup en mode projet.»
«J'aime faire avancer les choses avec le plus grand nombre. J'ai eu la chance d'avoir une vie professionnelle riche et cet engagement politique m'a permis de côtoyer d'autres personnes, de découvrir d'autres horizons.»
«Le danger de l'extrême-droite est là»
Pourquoi adhérer aujourd'hui à Renaissance ?«Je connais Stéphane Séjourné qui a pris la tête de ce parti. Laurent Baumman qui le préside localement, avec talent et en étant modéré, aussi.»
«Je pense que la situation est assez grave, que ce soit en France ou à l'international, pour m'engager un peu plus dans la mesure où il faut que nous soyons aussi unis que possible puisque le danger de l'extrême-droite est là.»
«Stéphane Séjourné a apporté une autre façon de travailler. Il nous questionne régulièrement. Que pensons-nous du couple préfet-maire ? Est-ce qu'il doit se renforcer ? Qu'est-ce que je pense du conseiller territorial qui allierait le Département et la Région ? Qu'est-ce que je pense de la proportionnelle aux législatives ? Qu'est-ce que je pense du cumul des mandats ?»
«Ce sont des sujets qui m'intéressent. Si je peux apporter ma petite contribution, je suis prête à le faire.»
«On a de la chance d'avoir un président qui porte haut et fort la voix de la France»
Est-ce que cet engagement plus marqué est lié au passage du mouvement La République en marche au parti Renaissance ?«C'est ça ! Je suis cartésienne. J'ai besoin de cadre et de choses assez concrètes.»
«Je fais tout pour qu'il y ait liste commune. Chacun a beaucoup à apporter dans le respect et la bienveillance des uns et des autres.»
Depuis 2017, on a du recul sur la politique menée par Emmanuel Macron. Les commentateurs la symbolise par «une jambe gauche» et «une jambe droite». Cette dernière tend à se muscler. Comment voyez-vous la politique d'Emmanuel Macron dans ce second quinquennat ?«On a de la chance de l'avoir. La situation nationale et internationale est compliquée. Je ne suis pas obligatoirement d'accord avec tout mais on a de la chance d'avoir un président qui porte haut et fort la voix de la France.»
Pour 2026, «je fais confiance à François Rebsamen, à sa stratégie»
Soutiendrez-vous le candidat porté par Renaissance aux municipales de 2026 ?«C'est en mars 2026, on est à mi-mandat.»
«Il faudra une personne qui sache rassembler sur un projet, tout comme l'a fait François Rebsamen, avec une équipe soudée. Je fais confiance à François Rebsamen pour la suite, à sa stratégie.»
François Rebsamen a annoncé qu'il ne viserait pas le fauteuil de maire de Dijon en 2026.«J'apporterai mon soutien à la personne qui aura véritablement un projet, une équipe. Il faut rassembler, il n'y a pas d'autre solution.»
Attendez-vous de François Rebsamen qu'il désigne explicitement une personne pour lui succéder ?«Il désignera peut-être quelqu'un à un moment donné mais cette personne devra aussi porter un projet.»
«François Rebsamen ne sera peut-être pas maire mais il sera peut-être président de la Métropole. C'est difficile à dire.»
«Je souhaite qu'il y ait des conseillers Renaissance sur la liste»
Pour les prochaines sénatoriales de l'automne 2026, Renaissance a un enjeu de voir élire des conseillers municipaux au printemps 2026, notamment dans les communes de Côte-d'Or.«Je souhaite qu'il y ait des conseillers Renaissance sur la liste qui sera à Dijon.»
L'attractivité des entreprises, «notre enjeu futur»
Parmi vos délégations d'élue municipale et métropolitaine, apparaît un tropisme pour le développement économique. Pourquoi cela ?«Je viens de l'entreprise. Je la comprends bien. J'ai vécu dans l'entreprise. J'ai mené des projets à bien avec des équipes. François Rebsamen m'a confié ces délégations parce que cela correspond à mon
core business et que j'ai cette sensibilité vis à vis des entreprises.»
«En particulier, c'est un territoire qui est très riche sur la santé. On a à exister sur la carte nationale et internationale. Cela va se concrétiser par le tiers-lieu Santénov qui sera sur le campus métropolitain II. On travaille également sur un campus des métiers de la santé parce que le problème de personnels et d'emplois est quelque chose d'important.»
«On ne fait plus venir une entreprise comme ça. Il faut qu'une entreprise se sente bien dans son élément. Il faut qu'on accompagne les conjoints, les familles qui arrivent. C'est notre enjeu futur.»
Danielle Juban portera le volet dijonnais de Bourgogne industrie
En plus de ses délégations et de la présidence de Dijon Bourgogne Events, vient d'être confié à Danielle Juban le tout nouveau volet dijonnais du label Territoire d'industrie à l'échelle de cinq intercommunalités bourguignonnes (
lire notre article).
N'ayant pas de fonction exécutive dans le bureau départemental de Renaissance, Danielle Juban compte se consacrer à ces dossiers dans les prochains mois.
Jean-Christophe Tardivon