
L'élu du canton Dijon 1 a lancé, ce mardi 17 décembre, une consultation des citoyens pour élaborer un projet municipal pouvant être porté par un «rassemblement» autour de personnalités issues de la droite et du centre. «Dijon a besoin de changer d'ère», a-t-il déclaré en songeant à l'alternance.
Les pièces sur l'échiquier de l'élection municipale dijonnaise de mars 2026 se mettent en place progressivement. Ce mardi 17 décembre 2024, l'initiative du «Printemps dijonnais» est apparue dans le paysage politique.
Pour présenter la démarche, François-Xavier Dugourd (LR, NE) a choisi un établissement de la place de la Libération, face à l'Hôtel de Ville. Le vice-président délégué du conseil départemental de la Côte-d'Or, élu sur le canton Dijon I, était entouré d'une dizaine d'élus et de citoyens.
Le Printemps dijonnais pour rivaliser avec la majorité sortante
«Nous souhaitons lancer le Printemps dijonnais. Cela veut dire ouvrir le débat dans la perspective des élections municipales de 2026. (…) C'est indispensable qu'il y ait un débat sur l'avenir de Dijon dans tous les domaines», déclare d'emblée François-Xavier Dugourd pour indiquer dans quel cadre se situe cette initiative. «C'est l'objectif de notre démarche, une démarche collective.»
Un avenir en forme d'alternance : «l'équipe actuelle, ça fera 25 ans qu'elle est là en 2026, ça commence à faire long ! Dijon a besoin d'air, d'un nouveau souffle, de changer d'ère.»
L'objectif est donc clairement posé : définir un projet de façon «collective» et une liste pour rivaliser avec la majorité sortante en 2026.
«La nouvelle maire de Dijon est bien marquée à gauche politiquement»
À la suite de la transmission de l'écharpe de maire de Dijon de François Rebsamen (PS, FP) à Nathalie Koenders (PS) (
lire notre article), François-Xavier Dugourd considère néanmoins que «c'est François Rebsamen qui tire les ficelles». «Il veut probablement priver les Dijonnais d'une forme d'élection. C'est-à-dire que, dans une pratique un peu féodale, clanique, de petits arrangements entre amis, on se repasse le poste de maire aux nez des Dijonnais.»
«Il y a beaucoup d'acquis», reconnaît toutefois François-Xavier Dugourd à propos du bilan de l'exécutif en place, «mais aussi des sujets qui ne vont pas». Et de citer «la sécurité», «l'urbanisme» et «la démocratie au sens large».
«La nouvelle maire de Dijon est bien marquée à gauche politiquement», analyse-t-il, «on n'a pas trop envie que Dijon subisse les dérives parisiennes, qu'il y ait une assimilation avec notamment Madame Hidalgo [NDLR : actuelle maire de Paris, adhérente du Parti socialiste]». «Il faut qu'on ait un projet beaucoup plus ouvert aux Dijonnais.»
«Un rassemblement très large» autour d'«une base de la droite et du centre»
Après l'objectif, la méthode : «on essaie d'ouvrir grandes les portes et les fenêtres à travers une consultation la plus large possible des Dijonnais pour qu'on construise ensemble le Dijon de demain».
«Il y a une base qui est de la droite et du centre», assume François-Xavier Dugourd, entouré de personnalités adhérentes des Républicains, de Nouvelle Énergie – le mouvement fondé par David Lisnard avec une orientation libérale – et d'Horizons – le parti fondé par Édouard Philippe avec une orientation de centre-droit –, sans oublier les citoyens assurant avoir «des valeurs de droite».
L'ensemble constitue «un rassemblement très large», considère François-Xavier Dugourd qui additionne également les groupes ou associations comme Dijon autrement, le Laboratoire d'idées dijonnais ou encore Les Projets de la Lib'.
«C'est aussi le rassemblement d'un certain nombre d'amis qui ne sont engagés nulle part mais qui ont envie de construire le Dijon de demain», ajoute-t-il en soulignant le souhait d'«élargir le débat à toutes les bonnes volontés» et même à des sympathisants du «Rassemblement national ou de LFI» pour peu qu'«ils aiment Dijon». «Ce n'est pas une démarche partisane.»
Une consultation centrée sur un questionnaire
Première étape : la diffusion d'un questionnaire, en ligne ou imprimé, dès à présent et jusqu'au 28 février, assortie de rendez-vous citoyens – un par secteur correspondant aux Ateliers de quartier – qui débuteront en janvier.
Le résultat des analyses de la consultation est prévu d'être présenté le 20 mars.
«C'est une démarche ouverte», reprend François-Xavier Dugourd puisque même des habitants d'autres communes peuvent participer, pour peu qu'ils «s'intéressent» à Dijon.
«C'est le bon moment pour écouter tout le monde»
Bruno David (LR), conseiller municipal d'opposition de Dijon, indique que la consultation est pensée pour «donner la parole le plus librement possible». Il s'agit de «détecter, conforter, compléter, quantifier».
Un premier niveau permet de répondre à quelques rapides question, d'indiquer «trois grandes satisfactions», «trois points noirs» avant d'ouvrir sur «un projet prioritaire». Un second niveau permet d'approfondir différentes thématiques : mobilités, habitat, culture, sport, emploi, attractivité, action sociale...
«C'est juste avant Noël, c'est le bon moment pour écouter tout le monde», s'enthousiasme Bruno David.
Les premiers engagés dans le Printemps dijonnais
Laurent Bourguignat (LR, NE), conseiller municipal d'opposition et président du groupe Dijon autrement, signale «avoir beaucoup travaillé dans les quartiers», notamment à Stalingrad ou à l'Arsenal.
«On a travaillé des propositions fortes», souligne-t-il en évoquant la construction d'un parking près du CHU Dijon Bourgogne, la révision de la tarification des services municipaux pour «moins pénaliser les classes moyennes», le stationnement pour les artisans qui viennent travailler au centre-ville.
Henri-Bénigne de Vregille (HOR), conseiller municipal d'opposition, délégué municipal d'Horizons et président de l'association Les Projets de la Lib', met en avant «un travail sur la chartreuse de Champmol».
«La Ville s'est beaucoup dispersée. On a besoin de retrouver de la cohérence au service des habitants», martèle-t-il, «l'idée du Printemps dijonnais est une fédération».
«On se présente pour un projet», revendique-t-il, «on ne se bat pas contre quelque chose, on se bat pour quelque chose». «Le Printemps dijonnais est quelque chose qui pousse, pas qui se rabougrit».
«Le projet voté en 2001, que François Rebsamen a porté, a apporté des projets à Dijon mais ce projet s'est essoufflé», estime
Axel Sibert (LR), conseiller municipal d'opposition et président du Laboratoire d'idées dijonnais, «il faudra que notre ville change de projet».
«Les idées du LID sont au service de tous ceux qui veulent l'alternance à Dijon», avance-t-il en mettant en avant un premier livret de réflexion qui servira le candidat et l'équipe qui portera l'alternance à Dijon». «Pour gagner, il faut un projet, une équipe et un homme... ou une femme ! (…) Le rassemblement est indispensable !»
«Dijon est une ville que je porte dans mon cœur, c'est une ville que j'aime», confie
Clémentine Barbier (sans étiquette), conseillère départementale, élue du canton Dijon I. Celle qui revendique «des valeurs de droite très ancrées» mais qui «ne se retrouve pas dans les partis politiques» aborde les enjeux de sécurité et d'économie, en particulier au centre-ville.
«C'est une démarche au plus près des Dijonnais et de leurs préoccupations avec des questions ouvertes et d'autres plus fermées», expose
Céline Renaud (NE), conseillère municipale d'opposition.
«La majorité est dans une communication folle. Je veux revenir sur le quotidien», ajoute-t-elle en citant les problématiques de déplacement ou le sujet «dramatique» des halles centrales.
«La taxe foncière fait fuir les jeunes familles en périphérie pour avoir un coût de l'habitat moins onéreux», analyse-t-elle avant d'évoquer «les problèmes d'accueil dans les crèches».
Ce qui fait réagir François-Xavier Dugourd sur «la place des familles dans la ville», y compris «les familles monoparentales», ainsi que «la place des enfants».
«Depuis 25 ans qu'il a été porté, le projet est à bout de souffle, (…) on ronronne, c'est le moment d'apporter autre chose», commente Gérald Laout, citoyen soutenant la démarche, «on a aussi le droit d'avoir notre parole dans cette ville».
«Cette page doit associer de nouvelles générations et des plus anciennes»
«On aime Dijon et on veut le construire avec les Dijonnais», résume François-Xavier Dugourd. «Ça fait un moment que l'on prépare notre démarche, ce n'est pas improvisé, le timing n'est pas lié à l'actualité», assure-t-il en réfutant un lien avec l'élection de Nathalie Koenders par le conseil municipal, le 25 novembre dernier.
«On rencontre plein de monde à l'occasion des vacances de Noël et des fêtes, (...) c'est un travail qui peut être familial. (…) On ne veut pas faire de grandes réunions publiques, on veut aller à la rencontre des Dijonnais», développe-t-il.
Déjà candidat à la future élection municipale, Emmanuel Bichot (LR, AD) a été prévenu de l'initiative. «La porte est ouverte s'il veut participer à la consultation», indique François-Xavier Dugourd, «il fait un travail qui est tout à fait respectable au conseil municipal».
Désignation de la tête de liste au second semestre 2025
«J'ai toujours dit que je souhaitais m'impliquer dans ces élections
municipales», rappelle François-Xavier Dugourd, «on est à un tournant de
l'histoire de Dijon». «Il y a une nouvelle page à écrire. Cette page
doit associer de nouvelles générations et des plus anciennes.»
«Ce qui compte, c'est comment on peut du mieux servir Dijon demain», reprend-il. «Il y a une équipe, il y a plein de talents. On verra comment on s'organise. Ce n'est pas ma candidature qu'on lance, ce soir.»
L'équipe du Printemps dijonnais doit désormais accomplir la tache fixée en vue de la restitution de mars. À moyen terme, la constitution de l'équipe et son organisation, donc la désignation d'une personne en tête de liste, sont envisagées pour le second semestre 2025.
Jean-Christophe Tardivon






