
Ce jeudi 5 juin, à Dijon, l'ancien président du Parti radical a considéré les effets de «la poussée des extrêmes» en vue des municipales. Dans ce contexte, «la majorité, dans sa configuration actuelle, nous convient très bien», a déclaré Jean-Philippe Morel.
Ancien président du Parti radical mais toujours président de Voies navigables de France, Laurent Hénart a fait étape à Dijon, ce jeudi 5 juin 2025, pour participer à l'assemblée générale de la fédération de la Côte-d'Or dans un contexte de pré-campagne pour l'élection municipale dijonnaise de 2026.
Le Nancéen a été accueilli par Jean-Philippe Morel, président de la fédération départementale et chef de file pour l'échéance à venir (
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La fédération du Parti radical renouvelle son bureau
Seul candidat, Jean-Philippe Morel a été réélu à la présidence de la fédération qui compte 90 adhérents dont la moitié implantés dans la métropole dijonnaise.
Grégory Wegmann devient vice-président. Camille Chabert, ancienne animatrice des Jeunes Radicaux de Lorraine, devient trésorière. Nicolas Alibert a quitté Renaissance et a été désigné référent sur le thème de la ville inclusive et de la solidarité. Maxime Moulazadeh reste secrétaire national à la défense.
En Côte-d'Or, le Parti radical vise d'avoir des élus dans chaque chef lieu de canton
«Notre histoire nous oblige», déclare Jean-Philippe Morel, «on a pour objectif de redonner aux Français l'envie de République». Le plus vieux parti de la République porte les valeurs «du solidarisme, de la cohésion sociale, de la laïcité, de l'écologie, de la sécurité de nos concitoyens». «On veut les incarner dans des projets locaux.»
«Les partis locaux ne participent pas assez aux débats d'idées», remarque l'élu radical, «on est le parti des territoires». «On a une échéance majeure, celle des municipales. L'enjeu central, c'est de s'engager pour des projets pas pour des places.»
La fédération ambitionne d'avoir des élus dans chaque chef-lieu de canton côte-d'orien.
Jean-Philippe Morel souhaite «la poursuite du large rassemblement, aux côtés de François Rebsamen de Nathalie Koenders»
«En 2020, à Dijon, sur la liste de François Rebsamen, l'enjeu, c'était de s'engager dans une équipe qui avait une vision de long terme», rappelle Jean-Philippe Morel, «ce sont les seules problématiques locales qui nous incombent». «L'absence de dogmatisme, on peut le voir dans la vision portée à la Métropole.»
«Pour 2026, on peut avoir des alliances locales qui sont différentes de celles qui peuvent exister au plan national», explique le tenant du radicalisme.
«François Rebsamen a profondément transformé Dijon, depuis 2001, et maintenant, c'est Nathalie Koenders qui dynamise cette équipe. On partage une même vision politique locale sur la transition écologique, sur la cohésion du territoire métropolitain et on se projette sur les futurs projets majeurs du mandat à venir.»
L'élu dijonnais songe ainsi aux projets de troisième ligne de tramway, de rénovation du parc des expositions et de Campus Maret. À ce jour, seul ce dernier est financé grâce au contrat de plan État-Région. Les deux autres dépendront du résultat des élections.
«Il faut bien se projeter», insiste Jean-Philippe Morel, balayant les remarques de l'opposition sur le coût de ces opérations, «ce seront des choix politiques à faire». «Ces projets nous paraissent très importants pour cette métropole au sens large du terme.»
L'actuel adjoint au maire de Dijon entend donc prolonger la coalition associant le Parti socialiste et le Parti radical, ce qu'il appelle «la poursuite du large rassemblement, initié en 2020, aux côtés de François Rebsamen et de Nathalie Koenders».
Les «interdits» du RN et de LFI
«Ce rassemblement comprendra des femmes et des hommes à la fois de gauche républicaines, du centre et des radicaux en plus grand nombre», espère Jean-Philippe Morel. «Nous sommes le seul rassemblement qui porte une grande cohérence dans ses projets. (…) On préfère la majorité à la médiocrité. (…) Ces défis, on les relèvera ensemble.»
«Dijon n'est pas un marchepied pour atteindre d'autres objectifs», poursuit l'élu radical, «on a quelques parachutage, on a un candidat soutenu par le parti Éric Ciotti et par le Rassemblement national. (…) D'autres candidatures émergent de la part de personnalités n'habitant pas forcément à Dijon.»
Interrogé sur la démarche de rassemblement engagée par Fadila Khattabi (
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«La majorité, dans sa configuration actuelle, nous convient très bien», insiste-t-il, «évidemment, on ne participerait pas à une liste où il y aurait [La France insoumise]».
Effectivement, la présence aux côtés de candidats populistes, du Rassemblement national ou de La France insoumise, fait partie des «interdits» posés, au niveau national, par le Parti radical, comme le rappelle Laurent Hénart. Concernant les Écologistes, «l'appréciation est locale».
«Il y a un risque Rassemblement national partout en France», indique Laurent Hénart. «Le Rassemblement national n'a pas d'implantation à Dijon», réagit Jean-Philippe Morel qui note cependant qu'«il peut y avoir des victoires par effraction».
La «poussée des extrêmes» se ressent jusque dans les grandes villes
«L’étiquetage partisan est un phénomène de grande ville», analyse Laurent Hénart, «la préparation des élections municipales n'a jamais été aussi morcelée».
D'où le maintien en 2026 de la position affichée en 2014 et en 2020, au niveau national, suite à une initiative de Jean-Louis Borloo qui défendait un principe de subsidiarité, avançant que «l'alliance nationale n'avait pas obligatoirement à se reproduire localement».
Laurent Hénart explique ce morcellement par «la perspective du départ d'Emmanuel Macron» qui infuse «dans toutes les formations du socle commun» : «tout le monde prépare la présidentielle et ça pousse les partis à identifier leur choix municipal». «Nécessairement la présidentielle sera ouverte.»
«La poussé des extrêmes a amené la création du parti ciottiste (…) et on a l'ambiguïté sur LFI qui reste un élément dominant et qui le sera jusqu'à la présidentielle», développe-t-il, «LFI fait des voix dans les communes de gauche». «LFI fait jeu égal, quand elle n'est pas devant, avec le Parti socialiste dans des villes où le maire est socialiste et devance nettement les Verts dans des villes où le maire est Vert.»
Le parc Eiffel, «un très bel aménagement»
Avant d'échanger avec Nathalie Koenders (PS), maire de Dijon, Laurent Hénart a visité les espaces verts du port du canal rénovés. «C'est un très bel aménagement que Voies navigables de France n'aurait pas pu conduire car c'est un aménagement connecté à la ville», remarque-t-il.
«Ça répond à une logique d'aménagement de ville plutôt qu'à une logique d'aménagement du port», développe-t-il, «ça montre quand quand on signe des protocoles de coopération on impulse des dynamiques qui se mettent en œuvre rapidement sur l'insertion dans la ville et la participation à la transition énergétique».
Jean-Christophe Tardivon
Nicolas Alibert, Maxime Moulazadeh, Jean-Philippe Morel et Laurent Hénart, le 5 juin 2025 à Dijon (photographie JC Tardivon)