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02/11/2021 03:22

POLITIQUE : Le député Ugo Bernalicis fait la «campagne militante» de Jean-Luc Mélenchon en mode stand up

Ce vendredi 29 octobre, le député Insoumis du Nord est venu à Marsannay-la-Côte, en périphérie de Dijon, pour défendre les propositions de Jean-Luc Mélenchon en vue de la présidentielle de 2022. Les sujets des logements sociaux, de la police de proximité, de la réforme des retraites et de la sortie du nucléaire ont notamment été passés en revue.
Le problème avec le peuple, c'est que tout le monde s'en réclame. En 2002, Jacques Chirac avait lancé l'Union pour un Mouvement Populaire (UMP) afin de prendre la suite du RPR du XXème siècle. En 2007, le promoteur d'un éventuel Frexit, François Asselineau, avait même fondé l'Union Populaire Républicaine (UPR).

Voilà que, depuis le 17 octobre dernier, Jean-Luc Mélenchon ajoute au parti La France Insoumise (LFI) la démarche de l'Union populaire. Il ne s'agit pas d'un retour du Front de Gauche, plutôt d'un véhicule construit sur-mesure pour le candidat à l'élection présidentielle de 2022 et censé accueillir à bord les partenaires d'un éventuel rassemblement de la gauche.


Pour faire connaître cette Union populaire, les élus LFI partent à la rencontre des citoyens en général et des sympathisants en particulier. C'est le cas ce vendredi 29 octobre 2021 à la salle du Rocher de Marsannay-la-Côte où des militants, des syndicalistes et même d'anciens Gilets jaunes sont venus pour entendre Ugo Bernalicis à ce sujet.

Environ 60 personnes sont présentes, ce qui fait dire à Arnaud Guvenatam (LFI), organisateur de la soirée avec Patricia Marc (LFI), qu'il s'agit là d'un «succès de mobilisation» alors que «le temps politique est à la reconstitution des sympathisants». C'est en effet bien plus que lors des précédentes réunions similaires. Tous les groupes d'actions Insoumis de la métropole ont relayé le message et certains participants ont même fait le déplacement depuis Montbard.

«Il y a de plus en plus de monde dans les réunions»


Originaire d'Arras (Nord), Ugo Bernalicis a été élu député en 2017. Il a grandi dans une famille communiste, a fait ses premières armes politiques au MJS et au PS où il s'est rapproché de Jean-Luc Mélenchon jusqu'à le suivre dès les débuts du Parti de Gauche en 2009. Depuis 2012, l'Insoumis a sa propre chaîne Youtube. C'est d'ailleurs équipé d'un smartphone et d'un micro qu'il aborde la réunion à Marsannay-la-Côte pour réaliser une captation vidéo.
 
Alors que la Jurassienne Anne-Sophie Pelletier (LFI) est plus connue dans la région en tant que députée européenne, il se trouve qu'Ugo Bernalicis est le «député référent» du territoire. La France étant découpée en 17 zones pour se répartir le travail. D'où sa venue en périphérie de Dijon pour effectuer «une campagne militante».

«Il y a de plus en plus de monde dans les réunions», assure-t-il en amont du rendez-vous alors que nous ne sommes encore qu'en pré-campagne pour l'élection présidentielle de 2022. Appelant à voter pour Jean-Luc Mélenchon, le député revendique un programme qui a été «précisé» depuis les propositions de 2017.

VIème République, SMIC à 1.400 euros nets, blocage des prix de l'énergie, impôt sur le revenu à 14 tranches, planification écologique avec une «règle verte» constitutionnalisée, sortie du nucléaire et application du scénario Négawatt d'ici 2050 sont les principales propositions.

Intervention en mode stand up


Après avoir accueilli avec ses hôtes les participants à l'entrée de la salle, le député aborde d'emblée l'assistance dans un format novateur, façon stand up. Pas de présentation préalable, pas de long discours suivi d'échanges : une brève introduction et des questions de la salle directement.

Cela n'empêchera pas Ugo Bernalicis de faire de longs «tunnels» entre deux questions tout en ponctuant régulièrement son propos de touches d'humour, parfois en référence à sa circonscription tout en sachant éviter l'écueil de références trop marquées Ch'tis.

Les premières questions fusent en respectant le principe de la parité. Une femme prend la parole sur l'urbanisme et en profite pour tacler le maire de Dijon. Un homme s'interroge sur la réforme des retraites et la faisabilité d'un passage aux 32 heures. Un autre sur l'équipement de la police municipale dijonnaise avec des armes à feu (lire notre article). Une femme évoque la potentielle suppression des directeurs d'école dans une loi à venir.

Très à l'aise Ugo Bernalicis répondra précisément en prévenant : «mon anti-sèche, c'est l'Avenir en commun». Il est également venu avec le «contre-budget 2022» de La France Insoumise. Résultat, il sera de facto assez peu question de l'Union populaire.

«Remettre des services publics partout»


Constatant «une demande de logements qui explose dans les centres-villes urbains parce qu'il y aune concentration de l'activité dans les grands centres urbains et a contrario une disparition de l'activité économique dans le périrubain et le rural», Ugo Bernalicis propose «l'aménagement du territoire sauce LFI : remettre des services publics partout».

Il revendique également d'«aider la construction de logements sociaux», de « construire un peu plus vers le haut qu'à l'horizontale», de «durcir les seuils sur le logement social» et de revenir sur la loi Elan qui a contribué à «casser le logement social».

L'Insoumis propose également des «réquisition de logements vides et de bureaux vides qui ne servent à rien, c'est de la spéculation». Ce faisant , «il n'y a quasiment plus de problème de logement dans ce pays». «Le logement est un axe majeur pour réduire les émissions de gaz à effet de serre», insiste-t-il au sujet de la rénovation dans l'ancien.

«Le système à points est une arnaque qui fait rentrer une règle générationnelle»


En matière de retraite, «c'est simple», lance le député, «60 ans à taux plein même si vous n'avez pas les quarante annuités et aucune retraite sous le SMIC». Le financement serait assure par «une politique qui créé massivement de l'emploi» et par «l'égalité salariale» et la remontée mécanique des cotisations des femmes.

«Le système à points est une arnaque qui fait rentrer une règle générationnelle. (…) Si ça avait été un régime à points au moment de la pandémie mondiale, cela voulait dire -15% au moment de liquider la retraite», analyse-t-il.

Ugo Bernalicis en profite même pour répondre à des questions qui n'ont pas été posées et tacle Xavier Bertrand et son «arnaque» des 1.500 euros pour «les gens qui travaillent au SMIC». «Il fait du Macron ou du Le Pen», glisse l'Insoumis en supposant que la signifierait «une augmentation de la prime d'activité» : «qui paie ? Vous ! Vous vous payez votre propre augmentation».

Le député poursuit sa démonstration : «depuis 1980, on a perdu dix points de PIB qui sont passés des poches du travail dans les poches du capital. Dix points de PIB, c'est 220 milliards chaque année, ça fait un paquet de pognon».

Et de revenir sur la question initiale : «oui, on peut passer au 32 heures payées au SMIC mensuel à taux plein. Il y a des entreprise qui le font avec une meilleure qualité de vie au travail, une meilleur productivité». «Travaillons tous pour travailler moins», lance le député en parodiant le slogan de Nicolas Sarkozy. «Les acteurs économiques s'adapteront», estime-t-il simplement.

Arnaud Guvenatam s'empresse alors d'intervenir pour évoquer «la constitution d'un fonds de péréquation pour accompagner la trésorerie des PME devant augmenter les salaires».

Reprenant le fil du propos, Ugo Bernalicis signale une proposition a priori contre-intuitive pour un Insoumis : diminuer l'impôt sur les sociétés de 33% à 25%. Cela avec l'intention de faire remonter le taux moyen réglé par les grandes entreprises de 8% à 25% justement.

«Le cœur de métier, c'est assumer le rôle social du policier»


Le sujet de l'équipement des polices municipales offre l'occasion à l'Insoumis de tacler les «municipalités Europe Écologie Les Verts» qui vont «s'équiper de LBD et de tasers», ce qui s'accompagne d'un frisson dans la salle.

«Les principales victimes des armes à feu des policiers, ce sont les policiers eux-mêmes», assure Ugo Bernalicis en évoquant les suicides dans la police. «Les armes hors service à la maison, terminé !» Le député propose plutôt de «faire de la prévention» autour de ses situations dramatiques.

«Le cœur de métier, c'est assumer le rôle social du policier», indique l'Insoumis qui propose d'intégrer les effectifs de policiers municipaux (environ 21.000 agents) à la Police nationale afin de «recréer une police de proximité digne de ce nom». Des agents qui ne seraient pas armés, à la manière des bobbies anglais, et qui seraient placés sous la «double autorité» des maires et des préfets.

«Rattrapage du gel du point d'indice depuis Sarkozy» pour les enseignants


Une fois n'est pas coutume, sur la question des écoles, le député fait plutôt l'explication de texte de la loi en évoquant la création d'«une filière administrative d'adjoint au directeur d'école». «Ça répond à des besoins de l'école et à de l'emploi local», constate-t-il sobrement.

Après Xavier Bertrand, après les Verts, le sujet permet de cibler cette fois Anne Hidalgo (PS) et sa surprenante proposition de doubler le salaire des enseignants. L'Insoumis propose plutôt le simple «rattrapage du gel du point d'indice depuis Sarkozy». Une mesure estimée à 25 milliards d'euros à elle seule : «ça va très vite !» Elle serait financée par un «impôt universel sur les entreprises», générant 26 milliards d'euros ainsi que par le retour de l'ISF.

«On contrevient aux directives européennes et on va se fâcher»


Une autre salve de questions émane alors de l'assistance. Dumping social, emprise de l'Union européenne, arrêt du nucléaire et taxation des robots intéressent les participants.

Ugo Bernalicis raille le principe de «concurrence libre et non faussée» défendue par l'Union européenne : «tout va mieux ? Non !» «Effectivement, si on applique le programme qui prévoir de renationaliser la SNCF, on contrevient aux directives européennes et on va se fâcher», explique l'Insoumis tout en signalant que la France est dans une situation très différente de la Pologne puisque créditrice au budget européen. De plus, il compte sur «un certain nombre de pays qui veulent revenir sur la libéralisation des services publics».

En fonction de quoi, «nous allons nous fâcher, c'est prévu». En revanche, selon le soutien de Jean-Luc Mélenchon, l'écologiste Yannick Jadot ne pourrait pas appliquer tout son programme faute d'avoir «prévu de se fâcher avec l'Union européenne».

«Éteindre une centrale ça va vite, la démanteler c'est long»


À propos de la proposition de «sortir du nucléaire» d'ici 2030 qui a fait beaucoup réagir, le député l'admet : «on met la barre hyper haute». Cependant, «il y a des choses qui vont s'imposer à nous, il est urgent de se dépêcher qu'on ne dépendent plus de l'énergie nucléaire». «Éteindre une centrale ça va vite, la démanteler c'est long», ajoute-t-il pour justifier l'agenda.

En substitution, le député propose «une montée en puissance des énergies renouvelables» associée à «beaucoup de sobriété» dans le bâtiment et l'industrie. Tout en alertant sur la consommation d'électricité liée aux smartphone et aux datas centers, Ugo Bernlicis conclut le délicat sujet énergétique en estimant que «sur le logement, on a des marges de progression substantielles».

Jean-Christophe Tardivon

















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