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03/06/2024 13:28

POLITIQUE : Le parti Agir pour Dijon fête ses dix ans

Conduit par Emmanuel Bichot et Laurence Gerbet, le parti politique local a rassemblé une centaine de personnes, ce samedi 1er juin, pour célébrer son anniversaire et rappeler ses orientations, notamment en matière de sécurité et d'urbanisme.
Le micro-parti Agir pour Dijon, dédié aux questions municipales dijonnaises, a tenu son assemblée générale, ce samedi 1er juin 2024, salle Camille Claudel, dans le quartier des Grésilles, en rassemblant une centaine de personnes.

Alors qu'il fête ses dix ans, le parti enregistre une progression des adhésions – désormais au nombre de 150 – et met le cap sur les échéances municipales de 2026 avec l'objectif de présenter une liste.

Un collectif de citoyens devenu parti politique


Agir pour Dijon résulte de la création d'un collectif citoyen en 2013, transformé en association en 2014 puis en parti politique en 2017. Emmanuel Bichot en est le président, Laurence Gerbet la vice-présidente.

Tous les deux sont également membre du groupe municipal d'opposition éponyme et ainsi que du groupe Agir pour Dijon Métropole. Par ailleurs, Emmanuel Bichot est adhérent des Républicains et Laurence Gerbet adhérente du Nouveau Centre.

Parmi les dix membres du conseil d'administration d'Agir pour Dijon, Émeric Bastide est le mandataire financier et Josette Girardin la secrétaire.

La sécurité est le premier thème abordé


Après la partie statutaire, Emmanuel Bichot propose de tirer le bilan de dix ans d'actions en se disant «fier de notre travail collectif» tandis que Laurence Gerbet salue «une jolie camaraderie» qui se manifeste parmi les militants.

«Nos combats ont souvent porté leurs fruits», assure l'élu conservateur au regard de revendications portées auprès du maire de Dijon ou du préfet de la Côte-d'Or en matière de sécurité.

Et de citer les demandes concernant la dotation d'armes à feu des policiers municipaux remontant à 2013 – «le maire de Dijon, opposant historique à l'armement létal des agents de la police municipale, a fait volte-face en octobre 2020» –, l'augmentation du nombre de policiers municipaux – passé d'une quarantaine en 2015 à bientôt une centaine –, ou encore des interventions «pour rétablir l'ordre» place de la République.

Néanmoins, «tant reste à faire», estime-t-il à ce sujet alors qu'il souhaite porter à 150 le nombre de policiers municipaux, créer «dans tous les quartiers» des commissariats associant la Police nationale et la police municipale, et «engager totalement» la municipalité dans la lutte contre les trafic de drogue.

«De nombreux bâtiments publics sont en déshérence»


Concernant le patrimoine municipal, l'élu d'opposition se félicite qu'un plan d'éradication des bâtiments préfabriqués dans les écoles ait été lancé par l'exécutif dijonnais mais considère que «son rythme de réalisation est beaucoup trop long».

Par ailleurs, «de nombreux bâtiments publics sont en déshérence» comme l'église Saint-Philibert que Stéphane Bern s'est engagé à sauver (lire notre article), l'église Notre-Dame et les Halles centrales «rongées par la rouille».

Emmanuel Bichot considère que l'entretien du parc des expositions constitue un «scandale» car l'équipement serait, depuis 2001, «devenu vétuste et ne respectant plus les normes» (lire notre article).

«Nous avons gagné une première victoire en évitant un contrat très défavorable pour la Ville de Dijon avec un prestataire privé puis en obtenant que le maire renonce à la destruction du bâtiment historique et de sa charpente métallique remarquable qui sera en principe conservée», signale Emmanuel Bichot, «mais tout reste à faire et dix années au moins ont été perdues».

Emmanuel Bichot critique les projets «pharaoniques et dispendieux» de François Rebsamen


Le président d'Agir pour Dijon estime «avoir eu raison» en contestant plusieurs projets municipaux majeurs portés par la majorité de François Rebsamen (PS, FP).

Ainsi, il fustige «les grands projets, souvent pharaoniques et dispendieux» comme la Cité international de la gastronomie et du vin. «Le juge a requalifié le contrat de droit privé en droit public, ce qui redonne un droit de contrôle à la Ville, la Ville a fini par récupérer la propriété des actifs du pôle culturel, comme nous le demandions depuis le début, qu'elle avait entièrement financés avec l'argent des Dijonnais. (…) Nous nous battons pour que les constructions de 300 logements soient abandonnées sur le flanc sud de la CIGV au profit d'un parc qui serait relié au port du canal. Sur cette parcelle, le projet de tour de 15 étages, puis de 10 étages, a été abandonné et, pour l'instant, c'est le statu quo.»

«Nous avons eu raison sur On Dijon», poursuit-il, «véritable gabegie quand on voit les pannes régulières d’éclairage public ou le mauvais fonctionnement des feux de circulation».

Le projet de production d'hydrogène pour alimenter des véhicules est qualifié de «folie» : «nous demandons sa suspension et la redéfinition de la stratégie de la métropole pour la propulsion des bus et bennes à ordures ménagères».

Au chapitre de l'urbanisme, l'orateur se fait plus mesuré : «quelques projets ont pu être évités et le PLUi-HD ayant tout de même fini par préserver certaines zones pavillonnaires». Pour autant, le conseiller municipal d'opposition considère que «la politique de bétonisation continue de faire des ravages».

«Nous avons gagné en crédibilité au fil des années»


«Notre continuons notre combat pour le respect des agents municipaux et communautaires, des occupants du parc HLM ou des résidents des EPHAD de la Ville de Dijon, tous méprisés ou maltraités à différents titres par cette municipalité», cingle Emmanuel Bichot.

«Notre travail est payant, mais ne peut infléchir que marginalement les politiques municipales conduites par une municipalité en place depuis bientôt un quart de siècle, de même que les dérives qui se sont installées dans l’exercice du  pouvoir», développe-t-il. «En revanche, nous avons gagné en crédibilité au fil des années par notre constance, notre sincérité, notre pugnacité, notre connaissance des dossiers et notre écoute de la population. Nos grandes orientations sont partagées massivement aujourd’hui par la majorité des Dijonnais.»

Le projet municipal d'Agir pour Dijon


Les principaux points du programme d'Agir pour Dijon portent notamment sur l'urbanisme – envisagé comme «plus harmonieux et respectueux de la nature en ville» –, la politique de sécurité et de tranquillité publique, la maîtrise du peuplement, l’entretien et la rénovation du patrimoine public, «la cohabitation des tous les moyens de déplacement», «la lutte contre le communautarisme et la pression islamiste», la démocratie participative et «la transparence et la vigilance dans l’utilisation des fonds publics».

«On fait le maximum, on obtient des résultats, de temps en temps, mais nous ne sommes que l'opposition. (…) Seul un changement de municipalité permettra en 2026 un profond renouvellement qui permettra d'aller plus loin et d'envisager l’avenir avec confiance et sérénité», conclut celui qui est d'ores et déjà candidat aux prochaines élections.

La «difficile cohabitation» à la Cité de la gastronomie


Au moment des échanges avec l'assistance, une résidente d'un logement social voisin du Village gastronomique de la Cité de la gastronomique intervient pour déplorer «la cacophonie» liée aux concerts qui animent en soirée cet espace commercial.

«Les riverains sont très embêtés par les nuisances sonores des concerts», confirme Laurence Gerbet, «ainsi que par le bruit des livreurs de la conciergerie».

«On avait critiqué la conception de la Cité de la gastronomie comme un fourre-tout», enchaîne Emmanuel Bichot. «Tout le monde est dérangé par le bruit parce qu'ils essaient de faire des animations ; la cohabitation de toutes ces activités concentrées n'est pas facile.»

«Il faudra être vigilant avec le nouveau centre Dauphine», fuse dans l'assistance.

La proposition de faire de la Fontaine d'Ouche une zone franche


Une militante alerte ensuite sur «le sort du centre de soins infirmiers» du quartier de la Fontaine d'Ouche qui peine à recruter des médecins malgré «la proposition de salaires engageants».

«Il n'y a pas suffisamment de médecins», note Emmanuel Bichot à propos de la démographie médicale du quartier, «ceux qui sont là subissent une pression énorme, combien de temps vont-ils tenir ?»

«Il n'y a pas d'action coordonnée pour trouver des solutions», déplore le président d'Agir pour Dijon qui préconise que le dispositif des zones franches urbaines, avantageux fiscalement pour les entreprises, puisse s'appliquer au quartier de la Fontaine d'Ouche mais «la municipalité ne veut pas le faire». «Le quartier a beaucoup d'atouts mais il rencontre aussi beaucoup de difficultés.»

Le même niveau de taxe foncière à la Fontaine d'Ouche qu'à Montchapet


Une habitante, co-propriétaire de longue date dans un immeuble de ce quartier, s'inquiète cependant des éventuelles conséquences de ce dispositif sur le marché des appartements et pointe le montant de la taxe foncière.

«La taxe foncière de la Fontaine d'Ouche est calculée sur la même référence cadastrale que la taxe foncière de Montchapet parce que, quand le quartier de la Fontaine d'Ouche a été construit, c'était considéré comme aussi attractif que Montchapet», explique Emmanuel Bichot.

Le rythme des questions se réduisant, les échanges se poursuivent alors autour d'un verre de l'amitié faisant la part belle aux «produits bourguignons».

Jean-Christophe Tardivon

Emmanuel Bichot propose de «sanctuariser tous les espaces verts existant à Dijon»