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20/01/2023 14:52

POLITIQUE : Le premier meeting de la NUPES 21 critique «l'idéologie purement libérale» de la réforme des retraites

Plus de 150 personnes se sont retrouvées à Chenôve, ce jeudi 19 janvier, pour partager des arguments de contestation de la réforme. «Tout est question de partage des richesses», a déclaré Éric Coquerel tandis que Sophie Taillé-Polian a fustigé la «méthode antidémocratique du gouvernement».
La structuration de la NUPES 21 se poursuit lentement mais sûrement. À la suite de l'accord électoral de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale, les représentants en Côte-d'Or de certaines composantes ont décidé de mettre en place une coordination départementale à l'automne dernier (lire notre article), de créer un site web et d'organiser un meeting politique.


Ce jeudi 19 janvier 2023, une réunion publique se tenait dans la salle des fêtes de Chenôve et marquait le début d'une campagne de mobilisation «pour nos retraites» et contre la réforme voulue par Emmanuel Macron.

Une participation moindre qu'espérée


Plus de 150 personnes ont suivi le meeting tandis que les organisateurs ont dû composer avec les effets de l'actualité. Tout d'abord, de nombreux sympathisants ayant prévu de venir ont changé d'avis après avoir marché plus de deux heures dans le froid durant la manifestation de l'après-midi (lire notre article), ensuite deux orateurs nationaux n'ont pu voyager jusqu'à Chenôve du fait des grèves à la SNCF et, enfin, les élus socialistes ont préféré suivre le vote pour le premier secrétaire du PS dans leur section respective (lire notre article).

Ainsi, Thierry Falconnet (PS), maire de Chenôve, accompagné par Patrick Audard (PS), a accueilli les participants avant de regagner le siège de la fédération de la Côte-d'Or, mais après avoir annoncé sa candidature pour briguer, en février prochain, le poste de premier secrétaire fédéral (lire notre article).

Antoine Peillon mentionne les «pionniers» de la NUPES 21


Alors qu'Isabelle de Almeida (PCF) et Antoine Peillon (LFI) se présentent à l'assistance pour animer la réunion et annoncer les orateurs, figurent notamment aux avant-postes Catherine Hervieu (EELV), Billy Chrétien (EELV), Jacques Bonnet (POI), Christine Renaudin-Jacques (Génération.s), Bruno Léon (Génération.s), Patricia Marc (LFI) et Michel Alignier (LFI) ainsi que Stéphanie Modde (EELV), Olivier Muller (EELV), Carole Bernhard (EELV), Jacky Dessolle (PCF), Caroline Carlier (G.s) ou encore Léo Coutellec (LFI).

«Toutes les forces de la gauche et de l'écologie sont rassemblées en Côte-d'Or sous la bannière de la NUPES 21», martèle Antoine Peillon. «Nous sommes assez pionniers», ajoute-t-il tout en évoquant également «une NUPES au complet» en Saône-et-Loire (lire notre article).

«Les retraites, c'est un peu dans l'ADN social de notre peuple», note Éric Coquerel


Premier dans l'ordre alphabétique, Éric Coquerel (LFI), député de Seine-Saint-Denis, président de la commission des finances de l'Assemblée nationale, débute, en distanciel, les interventions.

«On a une vague gigantesque qui vient percuter le gouvernement», se félicite  l'Insoumis au regard de la mobilisation dans toute la France contre la réforme des retraites alors que la participation est estimée à 1,12 million de personnes selon le ministère de l'Intérieur et 2 millions de personnes selon la CGT.

«Les retraites, c'est un peu dans l'ADN social de notre peuple. Il y a la sécurité sociale et les retraites. À chaque fois qu'on a touché un de ces deux domaines, le peuple de France s'est mobilisé. (…) Il y a beaucoup de grèves dans le pays pour le pouvoir d'achat et qui gagnent. Tout ça, ça donne confiance», s'enthousiasme le député qui anticipe «d'autres déferlantes» pour «obtenir le retrait pur et simple de se projet de loi absolument scélérat».

«On a 50 jours pour s'opposer»


«Macron n'est pas inoxydable», poursuit-il en référence aux «reculs» face aux Gilets jaunes et à la contestation de la première réforme. Éric Coquerel fait volontiers référence à la posture d'Alain Juppé «droit dans ses bottes» en 1995 avant le retrait de la réforme puis une dissolution en 1997.

«On a 50 jours pour s'opposer», signale le député qui fustige le choix du recours à l'article 47-1, «pire que le 49-3».

«Tout est donc question de partage des richesses»


Sur le fond, «ce projet, c'est un choix de société», analyse-t-il, «ce projet nous dit qu'on va presser les gens comme des citrons jusqu'au bout et une fois qu'ils auront donné toute leur énergie, toute leur force intellectuelle, ils pourront partir à la retraite». Et d'ajouter que l'«on sait que depuis plusieurs années, l'espérance de vie en bonne santé stagne : 63 ans chez les hommes, 64 ans chez les femmes».

L'Insoumis rappelle que son parti propose «une retraite à 60 ans avec 40 annuités de cotisation au maximum» car «nous revendiquons qu'on a le droit (…) de profiter de notre retraite pendant des années, voire des décennies en bonne santé».

En référence à l'audition des représentants du Conseil d'orientation des retraites à l'Assemblée nationale, le parlementaire souligne qu'«il n'y a pas de dérapage des dépenses de retraite en France» mais que «les déficits se creusent» parce que «tout est question de ressources».

«Tout est donc question de partage des richesses», selon l'Insoumis qui renvoie «au discours néolibéral» : «de plus en plus de pourcentage de richesse nationale part des revenus du travail vers le capital». En fonction de quoi, «il suffit d'aller chercher l'argent où il est parti» et «taxer le capital, ça serait peut être mieux que de faire souffrir les Français un peu plus longtemps».

Le député propose donc d'«appliquer les mêmes cotisations aux dividendes qu'au travail» et de «de taxer les milliardaires» ou de «faire en sorte que les salaires hommes-femmes soient égaux» alors que «reculer l'âge de départ à la retraite augmente les allocations chômage».

«Le système conduit à la catastrophe», selon Jérôme Legavre


Député de la Seine-Saint-Denis, Jérôme Legavre (POI) salue lui aussi «une mobilisation historique» en insistant sur les «plus de 75% de grévistes» au sein de l’Éducation nationale, préférant ainsi retenir le décompte des syndicats plutôt que le relevé du ministère indiquant 35,15% de grévistes (lire le communiqué).

«Le système conduit à la catastrophe», considère le trotskiste qui voit dans Emmanuel Macron, «l'ami d'Uber et de McKinsey» l'incarnation du «système prédation et de pillage au profit des plus riches».

Et de lister les dysfonctionnements «dans la septième puissance mondial» : pénurie de médicaments, patients qui meurent sur des brancards, travailleurs pauvres, jeunes précaires... En conséquence de quoi, le député propose d'«augmenter les salaires et les indexer sur les prix».

«Travailler plus longtemps et payer moins»


«Il s'agit de nous coller à tous deux ans fermes», poursuit Jérôme Legavre pour qui la réforme correspond à «la volonté de faire travailler plus longtemps» et «de payer moins». Il note que 58% des personnes arrivent sans emploi à la retraite à 62 ans.

Le trotskiste analyse que les réformes instaurées entre 2010 et 2019 ont «entraîné 22 milliards d'économie», signale que les actionnaires du CAC 40 ont reçu 82 milliards d'euros de dividendes en 2022 et mentionne que les exonération de cotisations sociales et aides publiques aux entreprises ont atteint 170 milliards d'euros en 2022.

Critiquant «le caractère antidémocratique des institutions de la Vème République», Jérôme Legavre fustige lui aussi l'article 47-1 – «l'équivalent du 49-3» – et appelle finalement à «faire reculer» Emmanuel Macron sur la réforme avant de «balayer ce pouvoir».

«Le capital se défend bec et ongles», estime Pascal Savoldelli


Sénateur du Val-de-Marne, Pascal Savoldelli (PCF) estime que «la démocratie est anesthésiée» au nom de «la responsabilité» et préfère souligner «un manque de respect» et «l'arrogance» du gouvernement.

Face à «l'idéologie purement libérale» et au «capital qui se défend bec et ongles», le communiste annonce le futur dépôt d'un recours devant le Conseil constitutionnel.

Le député anticipe le résultat de l'usage de l'article 47-1, «un 49-3 déguisé» : «au bout de 50 jours, on arrête, on ferme, le gouvernement peut décider par ordonnances».

Il voit là, «le musellement du débat parlementaire qui porte atteinte à la confiance dans la politique» car «on est dans une crise de la démocratie» mais les résultats de la mobilisation du jour l'empêche de «tomber dans le défaitisme».

«Les retraites de la fonction publique contribuent majoritairement au système des retraites françaises»


Résumant les choix gouvernementaux proposés – «les pensions baisseront, la France va sombrer dans l'asphyxie fiscale, les Français devraient travailler plus longtemps» – Pascal Savoldelli renvoie à «la Mère Thatcher» et le fameux «Where is no alternative», «ligne de conduite de toutes les politiques affiliées au libéralisme».

«Quand j'étais jeune militant, fin des années 70-80, on me disait que les riches allaient partir. J'ai 62 ans, les riches sont toujours là et ils n'ont jamais fait autant d'argent», glisse le communiste sous les applaudissements de l'assistance.

«Les retraites de la fonction publique contribuent majoritairement au système des retraites françaises», tient à signaler Pascal Savoldelli. Il insiste également sur l'égalité salariale hommes-femmes qui «rapporterait 37,1 milliards d'euros» et sur le travail des seniors.

In fine, le Parti communiste français propose une retraite à 60 ans à taux plein pour une carrière complète de 42 annuités.

«Cette réforme, c'est un cap vers la mort du travail humain»


Après plusieurs «dernier mot» étirant le propos, celui qui a rédigé l'essai «Ubérisation et après ?» aborde un sujet précédant la retraite : «on est en train de déshumaniser le travail».

Le communiste indique «trouver 2 milliards d'euros» de cotisations sociales si les chauffeurs et les livreur de repas ubérisés se voyaient accorder le statut de salariés.

«Cette réforme, c'est un cap vers la mort du travail humain», résume Pascal Savoldelli. «Le travail, il faut participer à sa transformation, son enrichissement, son intellectualisation, son allègement et sa réduction», conclut-il sous les applaudissements.

Sophie Taillé-Polian fustige la «méthode antidémocratique du gouvernement»


Députée du Val-de-Marne, Sophie Taillé-Polian (G.s) se félicite en particulier du taux de grévistes chez Total Énergies : «c'est un acte de solidarité».

À son tour, la parlementaire fustige la «méthode antidémocratique du gouvernement» : «c'est une obstruction du parlement, c'est empêcher que le débat puisse se dérouler et aller à son terme» en comptant «80 heures de débat uniquement» à l'Assemblée nationale.

Relayant un sondage notant 93% d'actifs opposés à la réforme, Sophie Taillé-Polian analyse qu'«Emmanuel Macron a été élu malgré son programme, parce que la gauche était désunie».

«Il n'a aucune légitimité démocratique à faire cette réforme, il a été élu pour s'opposer à Madame Le Pen», poursuit-elle, «cette réforme c'est faire payer au plus grand nombre les aides du plus petit nombre».

«Ce qui est présenté comme des éléments de justice, c'est de l'atténuation»


«C'est une réforme d'injustice totale parce que tout le monde va partir deux ans plus tard», indique Sophie Taillé-Polian qui insiste sur les catégories actives de la fonction publique : «ce qui est présenté comme des éléments de justice, c'est de l'atténuation».

Cet aspect est effectivement technique. En présentant la réforme gouvernementale, Élisabeth Borne a indiqué que «quatre Français sur dix pourront partir à la retraite avant 64 ans».

Cela concerne notamment les personnes inaptes au travail (62 ans sans minimum de trimestres), les personnes en incapacité permanente d'au moins 10% liée à un facteur de pénibilité (62 ans), les personnes en situation de handicap (55 ans si 112 trimestres), les travailleurs exposés à l'amiante (50 ans), les travailleurs ayant commencé une «carrière longue» avant 16 ans (58 ans) ou avant 18 ans (60 ans) ou avant 20 ans (62 ans), les avocats (entre 60 et 62 ans), les marins (50 ans si 25 années de cotisation), les policiers (entre 52 et 57 ans suivant les années de service) et tout simplement les personnes nées avant août 1961.

«La retraite à 1.200 euros pour tout le monde, c'est du baratin»


La députée considère le minimum garanti des pensions comme une «vaste fumisterie» car réservé aux «carrières complètes». Elle calcule que 30% des retraités figurent actuellement sous les 85% du SMIC dont un tiers avec une carrière complète. En conséquence, l'augmentation induite va «représenter 25 euros par mois». Ce qui lui fait dire que «la retraite à 1.200 euros pour tout le monde, c'est du baratin».

Maniant avec habileté l'ironie et malgré le dispositif distanciel, l'oratrice réveille la salle quelque peu assoupie au gré des interventions.

Sophie Taillé-Polian insiste sur l'égalité femmes-hommes et la prise en compte de la pénibilité avec pour objectif d'«arriver en bonne santé à la retraite pour en profiter pendant plein d'années».

Puis, elle embraye sur le sujet plus général de l'offre de soins et les désets médicaux puisque la réforme instaure un «suivi renforcé» des travailleurs seniors. Un propos particulièrement applaudi par l'assistance.

«Permettez-nous d'avoir une retraite active, une retraite qui participe au bien être de la société», lance finalement Sophie Taillé-Polian avant de donner «rendez-vous» le 31 janvier.

«Il en va de la qualité de vie des seniors», résume Catherine Hervieu


Alors que de nombreuses personnes quittent la salle après les interventions des orateurs nationaux, Catherine Hervieu prend le micro pour inciter à être à l'écoute des dirigeants de petites entreprises : «une entreprise, si l'on veut qu'elle tourne bien, il faut s'appuyer sur des salariés qui soient bien, qui ont des niveaux de salaires correct, qui ont des perspectives effectivement de retraite et de qualité de vie correctes».

L'écologiste insiste sur la participation des personnes à la retraite aux «solidarités familiales» et aux «solidarités associatives»

«Il en va de la qualité de vie des seniors», résume-t-elle à propos de la contestation de la réforme tout en reconnaissant «un gros travail» à réaliser pour «aller convaincre tous ceux qui ne se sont pas déplacés» et en faisant un parallèle avec l'abstention vue comme «une désaffection de la chose publique».

Christine Renaudin-Jacques reste «mo-bi-li-sée»


Un propos condensé, apprécié et applaudi par les participants restants. À la suite de quoi, Christine Renaudin-Jacques passe son tour – tout en restant «mo-bi-li-sée» – pour ne pas ajouter du temps à une réunion publique dépassant déjà les deux heures.

Les principales personnalités se retrouvent alors à la tribune pour chanter «Bella Ciao», poing levé ou non, c'est selon, mais sourire aux lèvres à l'issue de ce premier meeting de la NUPES 21.

Jean-Christophe Tardivon








































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