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08/05/2023 03:51

POLITIQUE : «On veut une vague de décentralisation», revendique Laurent Hénart

En déplacement à Dijon, ce vendredi 5 mai, le président du Parti radical s'est dit favorable à «une plateforme de gouvernement» entre élus «du centre, de la gauche, de la droite modérée».
Président de Voies navigables France, l'opérateur des réseaux fluviaux français, Laurent Hénart est venu à Dijon, ce vendredi 5 mai 2023, pour signer un protocole avec la Métropole afin de «redynamiser» le canal de Bourgogne (lire notre article).

En amont, Laurent Hénart s'est exprimé sur l'actualité politique nationale, lui qui est président du Parti radical depuis 2014 et a été maire de Nancy, député de Meurthe-et-Moselle ainsi que secrétaire d'État chargé de l'Insertion professionnelle des jeunes dans le troisième gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, durant le second mandat de Jacques Chirac.


Le parti radical soutient Emmanuel Macron et François Rebsamen


Fondé en 1901, le Parti radical a connu bien des évolutions. Représentant le radical-socialisme à ses origines, il a évolué vers le centre-droit avec le Parti radical valoisien après la scission des radicaux de gauche. Une tentative de réunification a eu lieu en 2017 mais a débouché sur une nouvelle scission du PRG-Centre gauche.

Le parti compterait 10.000 adhérents dont 1.000 élus. Au niveau national, le Parti radical soutient l'action d'Emmanuel Macron. Au niveau local, le président de la fédération de Côte-d'Or Jean-Philippe Morel participe à la majorité municipale de François Rebsamen (PS, FP) ; il est adjoint au maire délégué aux anciens combattants, au devoir de mémoire, à l'engagement citoyen et à la défense nationale.

«Le président de la République a raison de vouloir ouvrir un chantier de changement de nos institutions»


Où en est le Parti radical ?

«Le Parti radical parle à la droite, parle à la gauche, la laïcité, l’égalité des chances, des territoires, l’écologie de progrès. Valeurs qui font que nous avons une convergence avec François Rebsamen.»

«Je profite de mon passage à Dijon pour rencontrer le bureau de la fédération, puisqu’on essaye de faire un point avec chaque fédération sur la préparation des échéances du moment. Il y en a trois principales pour le Parti radical, d’abord, le chef de l’État a fait un appel à idée sur l’évolution des institutions, dans un contexte plus que délétère, on voit que l’extrême-droite avec le Rassemblement national et l’extrême-gauche avec la France Insoumise recueillent des suffrages en nombre très important ce qui montre qu’avec les partis conventionnels, les candidates et candidats qu’ils peuvent présenter, et les élus, les habitants et les citoyens, le lien de confiance est abîmé profondément. Le président de la République a raison de vouloir ouvrir un chantier de changement de nos institutions.»

«Les radicaux sont, évidement, favorables au renforcement du parlement. On pourrait parler également de l’idée de revenir à un septennat pour que l’assemblée nationale et le président n’aient pas le même rythme de vie. Pour nous la priorité des priorités, c’est d’avoir une vraie mesure de confiance aux collectivités locales avec une loi de décentralisation qui transfère massivement les compétences, avec ce qu’on appelle le bloc communal, communes et communautés, avec les Régions. On veut une vague de décentralisation ou l’État garde une compétence avec une confiance en les communautés locales.»

«La guerre en Ukraine montre que l’Europe est incontournable»


«Le deuxième sujet qui va être ouvert cet été est celui de l’élection européenne, les radicaux ont toujours été fédéralistes, avec ces situations et les guerres en Ukraine. La guerre en Ukraine montre à la fois les limites de l’Europe, mais elle montre également que l’Europe est incontournable. Avec la crise sanitaire, on voit que le sujet de la création d‘un vaccin a été possible car, à l’échelle européenne, il y a eu une volonté d’échange. Rester dans les frontières hexagonales aurait été compliqué.»

«La guerre en Ukraine montre combien ce qu’on pensait oublier avec la Yougoslavie, n’est pas traité, la page n’est pas tournée.»

Laurent Hénart est favorable à «une plateforme de gouvernement» entre élus «du centre, de la gauche, de la droite modérée»


Le Parti radical est-il à l’aise dans la majorité présidentielle ?

«Oui, parce qu’on a pas trop le choix, le scrutin majoritaire fait que la vie politique se constitue maintenant autour de grands blocs, et on voit bien qu’il y a un grand bloc d’extrême-droite autour de Marine Le Pen, les options types Zemmour n’ont pas prospéré et je pense que les ambiguïtés types Ciotti ne prospéreront pas plus.»

«La France insoumise, c’est l’autre grand bloc, c’est l’extrême-gauche. On voit aussi que la volonté d’être ambigüe avec la France insoumise de la part du Parti socialiste, des écologistes ou des communistes n’a pas fonctionné puisqu’ils ont fini complètement vassalisés.»

«Un troisième bloc, dit démocrates ou républicains, ce sont ceux qui veulent, ni faire la chasse aux étrangers ni la chasse aux riches et aux pollueurs. Cette force politique centrale, on en a besoin pour l’avenir, tant que les extrêmes sont aussi haut, nous n’avons pas d’autre solution que de faire en sorte que ceux issus du centre, de la gauche, de la droite modérée s’entendent sur une plateforme de gouvernement. Peut-être que le scrutin majoritaire, justement, n’est pas adapté à ça.»

«Donc, oui on est à l’aise sur la majorité, en revanche on pense qu’elle doit avancer sur des sujets sociaux, sur des sujets écologiques, et surtout elle doit réellement porter une ambition de décentralisation. S’il y a une famille politique qui est favorable à la décentralisation, c’est cette famille que vous trouvez au centre.»

«L’élection européenne, on ne peut pas faire l’impasse dessus»


Comment préparez-vous l’après-Macron ?

«C’est peut-être la faiblesse du parti, mais nous ne sommes pas omnibullés par l’élection présidentielle. Je trouve dommage que cette élection aboutisse parfois à gâcher d’autres échéances importantes.»

«Le débat national est déjà sur l’après-Macron. Avant 2027, il y a quand même pas mal de scrutins. Il y en a des fondamentaux, d’abord les européennes qui peuvent être déterminantes sur des sujets comme notre vie quotidienne, les mobilités mais aussi pour nos industries, notre système de recherche, comme l’automobile.»

«Le parlement européen décide la fin du moteur thermique en 2035, à un moment donné il faut se rendre compte qu’une partie des choix stratégiques se fait au niveau de l’Europe, car si on le fait au niveau national elles ne se font pas, il n’y a pas d’effet d’entraînement, on n’est pas au bon niveau, on n’a pas la masse critique par rapport à la mondialisation pour imposer les choses.»

«L’élection européenne, on ne peut pas faire l’impasse dessus, d’autant plus que la guerre en Ukraine a eu un précédent : l’invasion de la Crimée, qui a eu un précédent, c’était la Tchétchénie, entre les deux, il y a eu la Syrie et que Poutine n’en n’est pas à son premier coup. Il faut que l’Europe nous prémunisse de la multiplication de ce genre de mauvaises pratiques. Quand on regarde le monde, on ne peut pas dire que la démocratie triomphe joyeusement.»

«On va faire trois ans de travail dans la préparation des élections municipales»


«Il y a également les municipales sur laquelle les radicaux ne vont pas faire l’impasse, on a une partie d’élus, évidement, on doit grandir, on doit être plus forts notamment si on veut jouer un rôle dans la présidentielle de 2027, mais pour nous ça passe par les municipales de 2026, donc on va mettre les moyens matériel et financier du parti dans la formation, la détection des candidates et candidats, dans le soutien de nos élus qui veulent repartir. On va faire trois ans de travail dans la préparation des élections municipales à l’échelle du parti.»

«Il y a aussi ces grands choix de société, qui sont des choix français et européen, il faut qu’on montre qu’on est capable de les défendre.  Comme le débat de la fin de vie, qui touche tout le monde.»

Propos recueillis par
Nathanaëlle Lambert

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