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06/10/2022 19:26

POLITIQUE : Selon Louis Aliot, le groupe du RN à l'Assemblée nationale «a bouleversé la vision que certains pouvaient avoir de notre formation»

Maire de Perpignan, Louis Aliot est en campagne afin de succéder à Marine Le Pen à la tête du Rassemblement national. Il a tenu une réunion publique à Dijon le 30 septembre dernier. Délégué en Côte-d'Or, René Lioret a mis en avant «une dynamique forte» avec de nouvelles adhésions depuis les législatives.
Dans le cadre de sa campagne pour la présidence du Rassemblement national, Louis Aliot a fait étape à Dijon, le vendredi 30 septembre 2022, pour échanger avec des cadres et sympathisants de Bourgogne-Franche-Comté. La fédération a revendiqué 125 inscrits à cette réunion publique.

Le candidat n'est pas arrivé en terrain conquis puisque la plupart des élus régionaux du Rassemblement national, à commencer par Julien Odoul, ont appelé à voter pour son concurrent Jordan Bardella.

Julien Odoul «forfait pour le Qatar 2022»


Le nouveau député de l'Yonne était absent car il s'est blessé au genou, le 28 septembre dernier, lors d'un match amical de l'équipe de football de l'Assemblée nationale. L'Icaunais a pris la chose avec philosophie, indiquant sur les médias sociaux être «forfait pour le Qatar 2022».

Julien Odoul forfait, René Lioret, délégué départemental du parti, a accueilli Louis Aliot ainsi qu'une ancienne élue régionale, Sylvie Beaulieu, ayant rejoint la Ville de Perpignan en tant que cheffe de cabinet, présente à la réunion publique comme militante.

Vote jusqu'au 3 novembre


Durant la campagne pour la présidentielle et les législatives, Marine Le Pen avait confié la présidence par intérim du Rassemblement national à Jordan Bardella. Au lendemain des législatives, la cheffe de file du parti avait indiqué se consacrer à la conduite du nouveau groupe de 89 députés à l'Assemblée nationale.

Le congrès se déroulera le 5 novembre prochain et révélera le nom du nouveau président à l'issue d'un vote électronique organisé jusqu'au 3 novembre à minuit.

Sont donc candidats Jordan Bardella, 27 ans, député européen, et Louis Aliot, 53 ans, maire de Perpignan et vice-président de la communauté urbaine.

Le vote pour la présidence, «une affaire de générations»


Pour ce vote interne, Louis Aliot est venu se présenter devant les militants avec l'intention de «rappeler juste [son] parcours», comme il l'a expliqué en amont de la réunion publique.

Pas d'axe programmatique, pas de stratégie de différenciation, pas de conflictualité... bref pas de vague ainsi que l'avait enjoint Marine Le Pen dans le contexte de la «normalisation» du parti national-populiste.

Pour le candidat, la confrontation avec Jordan Bardella relève plus d'«une affaire de générations» que de courants politiques. «Il y a la jeunesse et la fougue de Jordan et puis la sérénité et l'expérience qui est la mienne.»

«Je gère la ville la plus importante du Rassemblement national»


«Beaucoup me connaissent mais beaucoup ne me connaissent pas aussi», a concédé celui qui a consacré du temps et de l'énergie à conquérir la mairie de Perpignan, depuis 2008 jusqu'à son élection en 2020. Dès 2002, Louis Aliot avait commencé à s'implanter en Midi-Pyrénées sur les conseils de Jean-Marie Le Pen.

«J'ai passé trente ans de ma vie dans ce mouvement. J'ai tout risqué : ma carrière universitaire, etc. j'ai toujours été là, j'ai jamais trahi d'une manière ou d'une autre. J'ai fait la présidentielle. J'ai accompagné les candidats aux législatives. Je gère la ville la plus importante du Rassemblement national», a développé le populiste.

Une «forte dynamique» du RN en Côte-d'Or


«Malgré mon jeune âge, je suis les affaires du Front national, régionalement. À l'époque c'était Jaboulet-Vercherre, et ensuite Édouard Ferrand qui est un ami intime, et aujourd'hui, c'est Julien Odoul», a indiqué le candidat, ayant un mot courtois pour le député qui ne le soutient pourtant pas tout en mettant de côté les dissensions avec Sophie Montel lors de la mandature régionale précédente.

«[À la présidentielle], on a fait de beaux résultats en Côte-d'Or», a rebondi René Lioret, «malgré le handicap de la métropole, (…) le département a fait 43%, c'est un point et demi de plus que [le résultat national]». «On a quand même une métropole qui représente 52% du département, qui a voté majoritairement Macron avec l'apport des voix de Mélenchon. (…) On est arrivé en tête dans 450 communes sur 700 en Côte-d'Or. Avec des grosses villes : Montbard, Châtillon, Genlis, Auxonne...»

«On a qualifié deux candidats aux législatives au deuxième tour, presque trois. Mon collègue dans le haut de la Côte-d'Or a fait près de 40% face à un Républicain [NDLR : Hubert Brigand, élu]. J'ai fait près de 46% face au député de La République en marche sortant |NDLR : Didier Paris, élu]. Donc il y a eu beaucoup de travail. Il y a eu une campagne formidable de Marine Le Pen sur le fond : les messages qu'elle a pu passer pour rendre aux Français leur pays, leur argent et faire en sorte qu'ils partent à la retraite à un âge raisonnable», a développé le délégué départemental, se félicitant d'une «forte dynamique».

«Les premiers pas du groupe à l'Assemblée ont fait beaucoup de bien»


«Chez nous, il y a eu un turn over d'adhérents. Il y a beaucoup d'anciens mais aussi beaucoup de nouveaux. Ça permet de se présenter aussi aux nouveaux», a glissé Louis Aliot à propos de son étape dijonnaise.

René Lioret a confirmé une augmentation des adhésions en Côte-d'Or avec 30 nouvelles cartes éditées depuis les législatives, sans compter les renouvellements, dont «deux enseignants, un sur Beaune, un sur Dijon, une buraliste». «Ce sont des gens qui adhèrent et qui veulent aller plus loin dans l'engagement.»

«Les premiers pas du groupe à l'Assemblée ont fait beaucoup de bien. Ce groupe a bouleversé la vision que certains pouvaient avoir de notre formation politique», a analysé Louis Aliot en insistant sur le «pragmatisme» des députés RN.

«On n'est pas à l'abri d'une législative qui arrivera dans six mois», a-t-il estimé en voyant ce vote pour le congrès également comme une façon de «remobiliser» les militants. «Vous avez vu les derniers propos d'Emmanuel Macron qui a dit qu'il dissoudrait s'il y avait un problème. Il le fera, je ne le vois pas rester cinq ans dans les mêmes sabots en attendant que ça se passe, (…) ne serait-ce que pour créer une agitation institutionnelle et tenter de récupérer un pouvoir qu'il n'a plus.»

Cap sur les municipales de 2026


Arrivé en voiture directement de Perpignan (Pyrénées-Orientales), Louis Aliot a poursuivi son chemin dans le secteur nord-est en se rendant dans les jours suivants à Nancy (Lorraine) puis à Colmar (Haut-Rhin).

Nonobstant l'éventualité d'une dissolution de l'Assemblée nationale, les cadres locaux du parti mettent déjà le cap sur les municipales de 2026 avec, comme premier défi, la constitution de listes puisqu'il s'agit notamment de rassembler 37 candidats à Beaune et 60 à Dijon.

Jean-Christophe Tardivon

René Lioret envisage la «normalisation» du Rassemblement National