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11/06/2023 15:02

POLITIQUE : «Si on veut plus de France, il faut plus d'Europe», assure Christophe Grudler

Un an pile avant les élections européennes, le parti de François Bayrou a organisé sa convention régionale de Bourgogne-Franche-Comté, ce samedi 10 juin, à Dijon. «On travaille dans l'intérêt de la France», a déclaré l'eurodéputé du Modem.
Depuis que François Bayrou a topé avec Emmanuel Macron en février 2017 – renonçant à se présenter lui-même à la présidentielle et décrochant, non sans mal, un quota d'investitures aux législatives suivantes –, le Modem fait partie de la majorité présidentielle.

Un partenariat qui a réussi au Mouvement démocrate qui est passé de 2 députés en 2012 à 42 en 2017 puis 49 en 2022. Le parti compte également cinq sénateurs et six députés européens.

En Bourgogne-Franche-Comté, le parti centriste recense trois parlementaires qui sont également présidents de leurs fédérations départementales respectives : Perrine Goulet, députée de la Nièvre, Laurent Croizier, député du Doubs, et Christophe Grudler, député européen.


Première convention régionale en Bourgogne-Franche-Comté


Ce samedi 10 juin 2023, ces deux derniers participaient à la première convention régionale du Modem de Bourgogne-Franche-Comté, organisée à Dijon par la fédération départementale de la Côte-d'Or.

Au programme, la veille, formation des élus, ce samedi, échanges entre cadres et sympathisants du parti le matin, découverte de la Cité internationale de la gastronomie et du vin l'après-midi. Une centaine de personnes ont suivi ce séminaire.

Entre les échanges et la visite, les élus du Modem ont répondu aux questions d'Infos Dijon. Étaient également présents, Marie-Thérèse Brocard, présidente de la fédération du Jura, Vincent Chauvet, maire d'Autun et président de la fédération de la Saône-et-Loire, Michèle Crouzet, ex-députée de l'Yonne et membre du bureau exécutif national, François Deseille, adjoint au maire de Dijon et président de la fédération de la Côte-d'Or, Alice Le Moal, adjointe au maire de Clichy et secrétaire générale adjointe du parti, François Mercier, conseiller municipal à Vesoul et président de la fédération de la Haute-Saône, et Bruno Millienne, député des Yvelines et porte-parole du parti.

«Un mouvement extrêmement attaché à la vie des territoires»


«Le Modem est une vraie force régionale en Bourgogne-Franche-Comté», analyse Christophe Grudler, «le présent, c'est avec lui, l'avenir, c'est avec lui aussi». «On est un mouvement extrêmement attaché à la vie des territoires et à notre ancrage dans les régions», enchaîne Alice Le Moal.

En plus des parlementaires, le parti se targue de recenser une quinzaine de maires en Bourgogne-Franche-Comté, sans compter des «maires sympathisants», souvent élus sans étiquette dans des communes rurales.

«On essaie de voir le sujet à 360°»


«François Bayrou est une personnalité très identifiée de la majorité présidentielle et identifiée en bien comme quelqu'un qui prend de la hauteur», selon Vincent Chauvet. Le président du Modem est haut-commissaire au plan depuis 2020. «Il apporte parfois la voie de la raison, du dialogue avec la société civile, les syndicats qui est un aspect moins prégnant dans d'autres mouvements de la majorité.»

«Les gens qui sont au Modem ne sont pas fongibles dans d'autres partis», souligne cependant Bruno Millienne. «Une des grandes forces du Mouvement démocrate, c'est de travailler. Nous travaillons énormément ! À chaque fois que l'on prend un sujet, on essaie de voir le sujet à 360°. (…) On essaie de voir les conséquences, je me bats toujours pour les conséquences sociales.»

«Évidemment, aujourd'hui, on est au sein de la majorité présidentielle, des alliés loyaux, exigeants et qui n'avons jamais peur d'oser penser différemment et d'oser faire entendre notre singularité», relève Alice Le Moal.

«Opposition aux populismes, de gauche comme de droite»


Avec ses collègues, Laurent Croizier partage volontiers «notre opposition aux populismes, de gauche comme de droite. Nous assumons d'être des modérés mais modérés ne veut pas dire une politique d'eau tiède. On peut être radicalement modéré. Modéré, ça signifie simplement prendre les sujets dans leur complexité, y compris les sujets les plus clivants : les retraites, l'immigration, la sécurité... Aujourd'hui, le simplisme amène à des solutions qui mènent dans le mur !»

«Pas de transition sans solution et sans accompagnement», rebondit Bruno Millienne, reprenant un credo de Marc Fesneau, membre du Modem et actuel ministre de l'Agriculture, concernant notamment les produits phytosanitaires de synthèse. «C'est notre position sur tous les textes.»

«Le Modem a plusieurs héritages dont celui de la démocratie chrétienne»


«On est un parti où l'humanisme est vraiment notre ADN, l'attention aux personnes dans tous les projets que l'on veut défendre mais également une attention au principe de subsidiarité avec, vraiment, l'attention portée aux territoires, aux communes, au fait que les décisions puissent être prises au bon échelon», assure Alice Le Moal.

Interrogée sur l'humanisme, la secrétaire générale adjointe signale que «le Modem a plusieurs héritages dont celui de la démocratie chrétienne, en effet, mais pas exclusivement».

«Le Mouvement démocrate sait, sur un certain nombre d'enjeux, faire entendre une voix singulière. Je prends un exemple qui est autour des enjeux de fin de vie où (…) François Bayrou a émis un certain nombre de doutes, de questionnements, de nuances en s'interrogeant, en particulier, sur quel impact ce projet peut-il avoir sur les plus faibles et les plus fragiles de la société», développe-t-elle.

Bientôt les 80 ans de la famille politique du Modem


«Les racines, c'est ce qui permet à un arbre de pousser haut et fort. C'est François Bayrou qui a utilisé cette expression plusieurs fois. On est très fier de nos racines. C'est grâce à elles qu'on est aussi ancré, qu'on a peut-être plus de facilité à voir du sens à nos actions. On dit que le passé est le meilleur pont entre le présent et l'avenir», poursuit Christophe Grudlet qui se réjouit à l'avence de pouvoir fêter, en 2025, «les 80 ans de notre famille politique», évoquant la création du Mouvement républicain populaire, fin 1944, parti des résistants démocrates-chrétiens fidèles au général de Gaulle.

«Il y a les historiques et il y a les nouveaux», réagit Bruno Millienne, «je fais partie des ''athées'', je suis arrivé pour François Bayrou». L'actuel député a adhéré en 2007, lors de la création du Modem issue d'un recentrage par François Bayrou de l'Union pour la démocratie française (UDF). «J'ai rencontré un gars qui m'a dit les yeux dans les yeux : ''une idée est bonne parce qu'elle est bonne, pas parce qu'elle vient de la droite ou de la gauche''.»

«Les valeurs qui ont été introduites dans ce mouvement, au fil des années, depuis 1945, sont toujours les mêmes. (…) À la bas de tout, il y a l'Homme. C'est l'humanisme qui nous unit tous. On ne prône jamais aucune solution sans en avoir, avant tout, étudié les impacts sur l'Homme», développe l'Yvenilois.

La politique migratoire au regard du défi démographique 


Pour sa part, Vincent Chauvet met en avant «l'influence libérale» comme source de réflexion politique du Modem, en particulier au niveau européen. «Sur des sujets important, notamment l'innovation, la voie des chefs d'entreprise n'est pas assez portée, (…) surtout des PME, des entreprises de terrain.»

«En Bourgogne-Franche-Comté, le plus grand défi est démographique», alerte l'Autunois, «on a une région qui perd des habitants». «L'enjeu, c'est la dénatalité et de savoir vers quelle politique migratoire on va.»

«On voit que le débat aujourd'hui, y compris dans la majorité, n'est pas forcément cohérent. (…) Je fais confiance à nos parlementaires, éclairés par les élus et les militants pour, dans ce flou, dans cette crise, on puisse être ceux qui, forts de nos valeurs et de nos convictions, éclairés par des messages personnels – le message chrétien en fait partie mais d'autres aussi –, pourront proposer une vision cohérente et amener des éléments rationnels dans le débat», développe-t-il.

Vincent Chauvet déjà candidat aux municipales de 2026 à Autun


Seul maire présent, Vincent Chauvet annonce d'ores et déjà qu'il sera candidat aux élections municipales de 2026 à Autun (lire notre article). «On a des signaux populistes inquiétants dans nos territoires. L'Yonne, la Saône-et-Loire, la Nièvre... C'est des territoires où l'on voit l'extrême-droite progresser d'élection en élection donc c'est notre travail, dès maintenant.»

Le maire en place plaide pour un renouvellement alors que la mandature en cours a été «amputée» du fait de deux ans de crise sanitaire.

Parallèlement, l'Autunois alerte sur une forme de «crise» démocratique et sur les agressions d'élus.

Pour François Deseille, les municipales à Dijon, «c'est beaucoup trop tôt»


«L'enjeu, avant de vouloir prendre les maries, c'est de renouveler les générations, avoir des jeunes qui deviennent adjoints, qui rentrent dans les conseils municipaux», analyse Vincent Chauvet.

Adjoint au maire de Dijon depuis 2008, François Deseille botte en touche sur le sujet alors que François Rebsamen (PS, FP) a annoncé qu'il ne briguerait pas le fauteuil de maire à l'issue des municipales de 2026 : «on verra, c'est beaucoup trop tôt».

«Beaucoup de maires apprécient le message de Bayrou, modéré, centriste... Ils le disent eux-mêmes : ''dans nos villages, on n'est pas maire de gauche ou de droite, on est maire du village''», esquive-t-il.

«Beaucoup peuvent être proches des idées du Modem puisqu'ils gèrent le quotidien et ce n'est pas avec des partis politiques qu'ils peuvent le faire», abonde Michèle Crouzet.

Le Modem cible Gilles Platret et Anne Vignot


«Il y a un objectif commun à la famille modérée, c'est de faire que des maires  qui sont clairement extrémistes (…) pourraient utilement être remplacés par d'autres maires, Modem ou d'autres tendances», lance Vincent Chauvet avec Gilles Platret (LR), maire de Chalon-sur-Saône, en particulier dans le collimateur.

«Nous sommes présents dans toutes les villes principales de Bourgogne-Franche-Comté», rappelle Laurent Croizier, «on a aussi l'esprit collectif : on n'est pas à penser que ce sont forcément des maires avec l'étiquette Modem qui peuvent représenter le leadership».

Néanmoins, le Bisontin voit l'avenir de Besançon «mal parti» alors qu'Anne Vignot (EELV) préside la municipalité et la communauté urbaine. «Clairement, on voit ce que donne une maire écologiste à la tête d'une grande ville : c'est une catastrophe !»

«L'écologie, quand elle devient un dogmatisme politique, est une catastrophe. Nous, on veut représenter cette écologie des solutions, cette écologie concrète. L'écologie punitive qui ramène à mettre plus d'impôts et plus d'interdictions, clairement, ce n'est pas notre façon à faire de la politique et on s'engagera clairement à des alternances», développe le député qui est également élu d'opposition à Besançon.

En Haute-Saône également, François Mercier alerte sur «la montée en puissance des populismes» et sur d''éventuelles présidences d'intercommunalités par «des extrêmes» : «ce sera des gens qui vont voter contre tout et tout bloquer». «Il faut qu'on puisse, avec nos alliés, être présents, défendre des positions et travailler avec des gens constructifs.»

Depuis 2019, le Modem compte six eurodéputés


En 2019, avec une participation de 50,12%, les Français ont élus 79 députés sur les 705 du Parlement européen. Parmi eux, la liste Renaissance, soutenant l'action d'Emmanuel Macron et conduite par Nathalie Loiseau, a décroché 23 sièges, soit autant que la liste du Rassemblement national.

Ces députés libéraux, sociaux-libéraux ou centristes mais résolument europhiles siègent dans le groupe Renew Europe, présidé par le Français Stéphane Séjourné (REN), qui compte 103 membres.

La délégation française, appelée l'Europe ensemble, est répartie ainsi : 7 Renaissance, 6 Modem, 4 sans étiquette, 2 Horizons, 1 Agir, 1 Parti radical, 1 Écologie au centre, 1 Territoires de progrès.

«On est quasiment les seuls Français à travailler sur les dossiers européens»


«Notre volonté est de repartir pour une liste de la majorité présidentielle qui fédère nos différentes composantes», signale Christophe Grudler. «On a eu de grandes victoires au niveau du Green Deal, de l'autonomie stratégique européenne, de la réindustrialisation. On a fait du bon travail qui doit se poursuivre.»

«On est quasiment les seuls Français à travailler sur les dossiers européens», glisse, non sans malice, le Belfortain. «Je vais faire quelques exceptions pour quelques collègues du groupes des socialistes ou du groupe de droite. À part ça, l'extrême-droite, qui a 23 députés, n'a jamais empoigné un dossier en quatre ans, l'extrême-gauche, c'est pareil. On travaille dans l'intérêt de la France ; l'intérêt de la France, c'est de nous avoir aussi fortement dans la prochaine mandature pour que l'on puisse porter les dossiers français en ayant déjà une expertise des cinq ans d'avant.»

«L'Europe, c'est là où la France peut imposer des choses au monde entier»


«On a beaucoup de présence de terrain et on travaille à la cohésion des différentes composantes de notre groupe politique. Ça se passe plutôt bien parce qu'il y a une prise de conscience importante. Si on veut plus de France, il faut plus d'Europe», assure l'eurodéputé européen. «L'Europe, c'est le premier marché au monde ; c'est là où la France peut aussi imposer des choses au monde entier.»

«Soyons des européens décomplexés», rebondit Alice Le Moal. «On est fier d'être Européens au Mouvement démocrate ; on est des Européens lucides et critiques. (…) C'est toute l'action très forte de nos eurodéputés : c'est la conviction qu'il y a des choses à changer de l'intérieur. (…) Un des piliers de notre action au Mouvement démocrate, c'est le fait de croire que c'est par l'Europe qu'on s'en sortira et pas sans l'Europe.»

«La gauche traditionnelle, la droite traditionnelle se radicalisent»


Membre du Comité européen des Régions, organe consultatif de l'Union européenne qui associe les collectivités locales au processus décisionnel, Vincent Chauvet estime que «notre champ politique s'ouvre» : «la gauche traditionnelle, la droite traditionnelle se radicalisent».

«Il y avait un groupe social-démocrate. (…) Pour les élections européennes, ils ont enlevé le ''démocrate''. On sera les seuls de cette famille démocrate aux élections. Ils vont partir avec la bannière socialiste», raille l'Autunois qui attend de voir les résultats des négociations des composantes de la NUPES en vue des élections européennes.

«À droite, on le voit de plus en plus sur des sujets comme l'environnement, les conservateurs, les LR en France, s'allient avec les très conservateurs», ajoute Vincent Chauvet.

«Ce groupe pro-européen modéré, conscient des enjeux écologiques et, e même temps, qui sait concilier l'économie, qui met l'humain au cœur, il est pertinent face à une tentation de populisme extrême des autres groupes», conclut-il.

Les européennes, six semaines avant les JO


D'ici les élections, les eurodéputés se pencheront sur des directives concernant la réforme du marché de l'électricité, du Net-Zero Industry Act répondant au Inflation Reduction Act (IRA) de l'administration Biden aux États-Unis, l'approvisionnement en matières premières critiques ou encore la première réglementation mondiale concernant l'intelligence artificielle.

Le Mouvement démocrate donne rendez-vous après les sénatoriales de septembre prochain – concernant cette année la Nièvre et le Jura parmi les départements de la Bourgogne-Franche-Comté – pour l'annonce des investitures aux élections européennes puis, en mars 2024, pour le lancement de la campagne avant le vote du 9 juin 2024, précédant les Jeux olympiques de six semaines.

Jean-Christophe Tardivon
















Alice Le Moal, adjointe au maire de Clichy et secrétaire générale adjointe du Modem

Christophe Grudler, député européen et président de la fédération du Territoire de Belfort

Bruno Millienne, député des Yvelines et porte-parole du Modem

Laurent Croizier, député du Doubs et président de la fédération du Doubs

Vincent Chauvet, maire d'Autun et président de la fédération de la Saône-et-Loire

François Deseille, adjoint au maire de Dijon et président de la fédération de la Côte-d'Or

François Mercier, conseiller municipal à Vesoul et président de la fédération de la Haute-Saône

Marie-Thérèse Brocard, présidente de la fédération du Jura

Michèle Crouzet, membre du bureau exécutif national






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