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15/10/2021 04:58

POLITIQUE : Valérie Pécresse propose d'aller vers «une société du travail»

«Je suis une des adversaires qu'Emmanuel Macron craint le plus», a analysé Valérie Pécresse, en déplacement ce jeudi 14 octobre à Dijon où elle a tenu une réunion devant des sympathisants des Républicains dans le cadre de sa campagne pour la primaire de la droite.
En décembre, la primaire des candidats de droite prendra la forme d'un congrès réservé aux adhérents du parti Les Républicains. Ayant fondé le mouvement Libres, Valérie Pécresse incite aujourd'hui ses partisans à adhérer aux Républicains pour influer sur la décision du congrès et ainsi la désigner candidate à l'élection présidentielle de 2022.

Ce jeudi 14 octobre 2021, Valérie Pécresse était en déplacement à Dijon sur le thème de la formation professionnelle et l'enseignement supérieur. La candidate a été accueillie notamment par Rémi Delatte, député de la Côte-d'Or siégeant dans le groupe LR, et par Laurent Bourguignat (LR-Libres), conseiller municipal d'opposition à Dijon.


Au programme : rencontre avec des représentants du bâtiment et des travaux publics sur le thème de l'apprentissage, échanges avec le président de l'université de Bourgogne, visite du Laboratoire Interdisciplinaire Carnot de Bourgogne, réunion publique avec les sympathisants et adhérents Les Républicains et des élus avant de conclure par un dîner avec les élus.

«Une des adversaires qu'Emmanuel Macron craint le plus»


Valérie Pécresse a fondé Soyons libres – abrégé en Libres – en 2017 et a quitté les Républicains en 2019. Aujourd'hui, la candidate saisit la main tendue du parti conservateur vers le mouvement libéral et participera à la primaire de la droite après avoir de nouveau adhéré aux Républicains.

«Les Républicains doivent devenir le parti de la reconquête et de l'alternance», déclare la candidate qui n'envisagerait donc pas de présenter des candidats Libres face à des candidats LR aux prochaines législatives mais plutôt des candidats d'union de la droite.

«Emmanuel Macron a cramé la caisse, il s'occupe des élections futures au lieu des générations futures», assène la candidate en amont de la réunion. «Emmanuel Macron a envoyé contre moi cinq ministres du gouvernement aux régionales, cinq. Je suis une des adversaires qu'il craint le plus parce qu'effectivement, je peux rassembler au-delà de la droite, le centre et une partie de la droite qui est partie chez Emmanuel Macron. Je vais faire un projet d'autorité, de liberté, de dignité par le travail et un projet écologique, un projet féministe», ajoute-t-elle.

Rémi Delatte votera au congrès des Républicains


Laurent Bourguignat, conseiller municipal d'opposition, avait déjà la double casquette LR-Libres. Rémi Delatte, député de la Côte-d'Or, siège parmi le groupe LR à l'Assemblée nationale. Il a adhéré à Libres mais ne réglait plus de cotisation à la fédération des Républicains de la Côte-d'Or depuis quelques années.

Ce jeudi, le député confie à Infos Dijon qu'il va régulariser sa situation auprès de la fédération d'ici le 16 novembre pour pouvoir participer au congrès.

«Le temps est venu d'une femme d'action et de courage pour la France»


Devant une centaine de personnes, Rémi Delatte prend la parole pour lancer la réunion dans la salle Camille Claudel. «Il nous faut une candidate solide, une candidate qui soit capable de gagner face à Emmanuel Macron», déclare-t-il avant de saluer la «constance» de Valérie Pécresse face à la «désignation collective» des Républicains.

Dans la salle, plusieurs élus sont au premier rang : Charles Guené (LR), sénateur de la Haute-Marne, Marie-Claire Bonnet-Vallet (LCOP), conseillère départementale de la Côte-d'Or, Monique Bayard (sans étiquette), maire de Plombières-lès-Dijon, Jean-François Dodet (LR), maire de Saint-Apollinaire, Jean-Baptiste Gagnoux (sans étiquette), maire de Dole, Nadine Mutin (sans étiquette), maire de Ruffey-lès-Echirey, Fabian Ruinet (LR-Agir), maire de Talant, sans oublier Gilbert Menut (LR), ancien maire de Talant.

Selon Rémi Delatte, «le temps est venu pour la droite et le centre de reprendre la France en mains» alors que s'avancent de «grands défis» comme «la dette publique», «l'emploi», «le changement climatique», «l'insécurité» ou encore «l'immigration».

«Le temps est venu d'une femme d'action et de courage pour la France», lance-t-il à une salle attentive mais peu enthousiaste. Les applaudissements pour ponctuer les interventions suivantes seront rares, laissant ainsi penser que les participants sont plus venus pour jauger la candidate que pour la soutenir.

«Une France fracturée, déclassée, déconsidérée, humiliée»


Affichant sa neutralité en tant que président de la fédération des Républicains de la Côte-d'Or (lire notre article), François-Xavier Dugourd rappelle les règles du jeu de la primaire ainsi que les noms des concurrents de l'invitée du jour : Michel Barnier, Xavier Bertrand, Éric Ciotti, Philippe Juvin et Denis Payre. Chacun doit récolter 250 parrainages. Les adhésions (30 euros) seront closes au 16 novembre. Un débat avec les adhérents du parti sera organisé le 20 novembre à Paris. Le congrès aura lieu du 1er au 4 décembre pour deux tours dans un format numérique.

«Celui ou celle qui va en sortir peut et doit gagner l'élection présidentielle», lance François-Xavier Dugourd. «Aujourd'hui, rien n'est joué. (…) Nous avons un projet pour la France. Nous avons des talents dans ce mouvement. (..) On doit gagner parce la France ne va pas bien. On voit une France fracturée, (…) une France déclassée, déconsidérée, presque humiliée au plan international.»

«Emmanuel Macron ? On a déjà donné. (...) C'est l'incapacité véritablement de réformer notre pays, c'est l'immobilisme (…) avec en plus une arrogance et un mépris pour un certain nombre de Français qui est vraiment insupportable», clame le président de la fédération.

«La solution, ce n'est pas non plus les extrêmes dont certains constats sont partagés mais les solutions qu'ils proposent sont irréalistes voire particulièrement dangereuses. La seule solution, les amis, c'est nous, la droite républicaine, une droite forte, une droite libérale, une droite sociale», ajoute-t-il.

«Ne jamais transiger ni sur nos valeurs ni sur ce qui fait sens»


En prenant à son tour la parole, Emmanuelle Coint (LR), conseillère départementale de la Côte-d'Or, dénonce «le concours Lépine de la provocation» qui se tient à l'occasion de la campagne. Pour Emmanuelle Coint, son engagement politique repose sur trois piliers : un état des lieux «lucide» de la situation, imaginer des «possibles» avec une «évaluation» et «ne jamais transiger ni sur nos valeurs ni sur ce qui fait sens».

«Je me le suis appliqué à moi-même», souligne celle qui a quitté la liste portée par Gilles Platret aux élections régionales du fait de son accord avec Debout La France. Gilles Platret qui est un des soutiens de Laurent Wauquiez. Quand ce dernier était président des Républicains, Valérie Pécresse apparaissait comme une opposante en interne.

«Avec Macron, l'addition, c'est après l'élection»


Ayant annoncé sa candidature le 21 juillet dernier, Valérie Pécresse a déjà pu rôder sa campagne, son argumentaire et ses punchlines. Elle ne manquera pas de décocher celles qui font mouche dans les médias : «Emmanuel Macron nous a emmené dans le mur», «Emmanuel Macron est en train de cramer la caisse : c'est tous les jours une nouvelle dépense», «Avec Macron, l'addition, c'est après l'élection»...

Sur ce thème, elle met en avant la dette publique s'élevant à 117% du PIB ou encore les «200 milliards» de déficit du budget de l’État en 2021.

Dans ce contexte de dépenses publiques, «il faut qu'on arrête d'être les champions du monde des impôts sans être les champions du monde des services publics», lance l'oratrice.

«L'école, c'est la fabrique de la France»


Au chapitre scolaire, la candidate propose un «retour aux fondamentaux» ainsi qu'un examen d'entrée en sixième éventuellement suivi d'une «sixième de consolidation», de rétablir les «bourses au mérite», de revenir à «une école l'exigence» qui lutte contre le décrochage avec «une réserve éducative» dédiée au soutien scolaire et de confier toute l'orientation aux régions avec les les conseils écopsychologiques en orientation devenant «psychologues».

Elle souhaite également une «régionalisation» du concours du secondaire pour que les professeurs «enseignant dans leur région de cœur». «L'école, c'est la fabrique de la France», résume-t-elle.

Valérie Pécresse propose d'instaurer des «campus connectés» permettant aux nouveaux étudiants d'effectuer leur première année universitaire en suivant des cours à distance dans leur lycée de terminale pour éviter le coût d'une installation dans une ville universitaire.

Vers une «société du travail»


En termes d'aménagement du territoire, après avoir proposé «un euro dépensé dans la politique de la ville, un euro dépensé dans les territoires ruraux», la candidate suggère de créer «un plafond anti-ghetto» : c'est à dire un maximum de «30% de logement social par quartier». Dans la foulée, elle souhaite que «les travailleurs de première ligne soient prioritaires dans l'accès au logement social».

C'est une «société du travail» que défend l'oratrice qui propose une hausse de 10% de tous les salaires nets jusqu'à 2,5 SMIC pour que «le travail paie plus que l'assistance» doublée d'une TVA «antidélocalisation» pour «faire baisser les charges de 8,7%». «Il faut que l'on ait intérêt à retravailler», résume-t-elle.

La candidate se dit également favorable à la saisie d'une partie du RSA des délinquants pour payer les amendes et à l'individualisation des aides aux personnes handicapées.

Le bilan de la présidente de Région Île-de-France


Valérie Pécresse parlera plusieurs fois de l’Île-de-France pour mettre en avant son bilan de présidente de Région réélue en juin dernier : charte de la laïcité, «bouclier de sécurité» (lié à des cofinancements État/Région de polices municipales ou d'équipements de la Police nationale), formation pour les femmes de plus de 45 ans, orientation de demandeurs d'emploi vers des formations via le Bon Coin.

«Les extrêmes vivent des problèmes mais nous, nous sommes les apporteurs de solutions. (…) Mon surnom dans ma région, c'est la 'dame de faire', f-a-i-r-e. À chaque fois que je prends un problème, j'essaie d'apporter une solution. (…) Je crois que les Français ont besoin de ça. (…) Cela va des sujets les plus traditionnels de la droite : l'immigration, la sécurité, la lutte contre l'islamisme,  l'école, (…) l'apprentissage, (…) l'écologie. (…) J'ai battu Julien Bayou. (…) L'écologie des résultats, c'était moi ! L'écologie du blocage idéologique, c'était lui. (…) Une femme qui fait, ce peut être ce dont la France a besoin», développe la candidate.

À propos de formation, la candidate demande la «régionalisation» de Pôle Emploi dont les services seraient alors confiés aux conseils régionaux.

En matière de sécurité, elle en appelle à «un plan Orsec» pour la justice et au retour des peines planchers.

Loi constitutionnelle sur l'immigration


«Une immigration incontrôlée et une intégration ratée peuvent disloquer une nation», lance celle qui se dit «violemment modérée», «de droite» et «gaulliste». Valérie Pécresse propose donc un référendum autour d'une loi constitutionnelle permettant de fixer des quotas migratoires inspirés des systèmes américain et canadien : «on choisit pays par pays». De plus, elle souhaite conditionner les visas d'accueil aux laisser-passer consulaires de retour des clandestins.

Elle propose d'instaurer un examen de français obligatoire, ainsi qu'un respect des valeurs de la République, pour obtenir un titre de séjour. Revenant sur son action régionale, elle évoque sa bataille juridique avec les Verts contre une loi qui oblige «à donner 50% de réduction aux clandestins dans les transports en commun» et dont le coût est estimé à «40 millions par an» soit «une ligne de tramway».

Prenant exemple sur l'Allemagne, Valérie Pécresse refuse d'accorder l'aide juridictionnelle gratuite aux demandeurs d'asile, de revoir le périmètre de l'aide médicale d’État et d'instaurer un minimum de «cinq ans de séjour régulier» avant de pouvoir bénéficier de prestations sociales. «Si on fait juste ça, on remet beaucoup d'ordre», ponctue-t-elle.

Avant d'échanger avec la salle, la candidate conclut son intervention en résumant ses propositions : «lutter contre l'islamisme», «lutter contre l'immigration incontrôlée», «remettre de l'ordre dans les comptes» et «faire une société du travail».

Jean-Christophe Tardivon

Valérie Pécresse appelle à «un acte deux de l'autonomie des universités»
































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