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04/10/2021 03:28

PRÉSIDENTIELLE : «L'immigration est au centre du débat», selon Julien Odoul

En campagne à Dijon au pied des bâtiments d'un centre de demandeurs d'asile ce vendredi 1er octobre, Julien Odoul a relayé la proposition de Marine Le Pen d'organiser un référendum. «On n'a pas attendu Éric Zemmour pour parler d'immigration», s'est agacé le porte-parole du Rassemblement National.
«L'immigration est au centre du débat de la campagne présidentielle», lance Julien Odoul. «On ne fait pas qu'en parler, on propose des choses qui sont réalistes». Pourtant les prises de position d'autres protagonistes se multiplient, ce qui amène la Rassemblement National à réagir, notamment par la voix de ses porte-paroles.

L'élu régional en Bourgogne-Franche-Comté compte ainsi relayer la première proposition importante de Marine Le Pen dans sa campagne pour l'élection présidentielle de 2022 : la tenue d'un référendum sur l'immigration.

En campagne à Dijon sur le thème du droit d'asile


Un projet qui aura «des conséquences au niveau local», comme l'explique Julien Odoul ce vendredi 1er octobre 2021 en fin d'après-midi sur le parking du centre d'accueil de demandeurs d'asile (CADA) de la Croix-Rouge à Dijon.

Si les responsables locaux de la Croix-Rouge sont pourtant prévenus de la venue de trois conseillers régionaux, personne n'a fait le déplacement pour les accueillir. La Croix-Rouge indiquant que les personnels ont terminé leur journée de travail. Julien Odoul se contente de faire le tour des bâtiments en étant accompagné de ses collègues Valérie Deloge, Mélanie Fortier et René Lioret ainsi que de Jérémy Dameron qui a été candidat aux départementales en Côte-d'Or.

«Une région de désengorgement pour les migrants d’Île-de-France»


«En Bourgogne-Franche-Comté, on n'en parle pas beaucoup (…) mais on a à faire d'une part à une immigration massive depuis plusieurs années. Entre 2015 et 2018, on a près de 11.000 migrants qui sont arrivés dans notre région et, surtout, on a à faire à une dissémination de la part du gouvernement qui se sert de la Bourgogne-Franche-Comté – comme d'autres régions rurales – de région de désengorgement pour les migrants d’Île-de-France», explique Julien Odoul.

Une stratégie tout à fait assumée de la part du gouvernement puisque la Bourgogne-Franche-Comté offre des capacités d'accueil de demandeurs d'asile disponibles du fait d'une diminution des arrivées de migrants à partir de 2019 (lire notre article).

Julien Odoul déplore que cet accueil soit «à la charge du contribuable» et anticipe que les demandeurs d'asile «vont générer malheureusement – et c'est inévitable – de l'insécurité parce qu'on sait que l'immigration massive entraîne de l'insécurité massive également».

Dans une région «polyfracturée» comptant 400.000 personnes vivant sous le seuil de pauvreté, Julien Odoul appelle de ses vœux la fin du regroupement familial, la fin des «régularisations automatiques» des clandestins ainsi que la priorité à l'emploi, au logement et aux prestations sociales aux ressortissants français ou européens.

«On ne peut plus subvenir aux besoins des immigrés, qu'ils soient légaux ou illégaux», assène le porte-parole du Rassemblement National. «Dans le logement social, il y a 31% des ménages immigrés qui ont un logement social alors qu'il n'y a que 13% des ménages français. Ça monte à 50% pour les ménages algériens, à 45% pour ménages marocains, à 48% pour les ménages d'Afrique subsaharienne. On voit qu'il y a une préférence étrangère et malheureusement une discrimination vis à vis des Français les plus modestes».

«Faire en sorte que la solidarité nationale soit consacrée aux Françaises et aux Français»


À partir du moment où Julien Odoul a pris la présidence du groupe d'opposition du Rassemblement National, il n'a cessé de pointer les dépenses concernant l'accompagnement des ressortissants étrangers primo-arrivants – parfois tout simplement appelés «migrants» - notamment dans leur apprentissage de la langue française (avec des cours de français langues étrangère ou FLE).

La collectivité entame une nouvelle période mais l'opposant à Marie-Guite Dufay additionne toujours les budgets : «nous étions opposés au coût de l'immigration et la française étrangère instaurée par Marie-Guite Dufay. C'est près de 17 millions d'euros qui ont été consacrés à la fois à l'installation et la formation du public migrant. On a constaté que la gauche n'avait eu de cesse d'abonder ces budgets quel que soit le contexte économique et sanitaire».

Mettant en balance les différentes politiques, Julien Odoul dénonce en particulier le fait que «beaucoup» de restaurateurs n'aient toujours pas reçu d'aides au titre du fonds régional de solidarité et que des classes soient fermés dans les zones rurales. «Des petits Français vont avoir plus de difficultés pour s'instruire», glisse-t-il.

«C'est le principe de la priorité nationale qui est un principe qui est partagé par une majorité de pays, de faire en sorte que la solidarité nationale qui est le fruit de l'argent des Françaises et des Français soit consacrée aux Françaises et aux Français», martèle Julien Odoul.

«On peut considérer que c'est une forme d'esclavage»


«Il y a une discrimination qui s'opère avec, progressivement, un remplacement et une acceptation de ce remplacement. On dit que des métiers ne peuvent être finalement pourvus que par les migrants. On le dit dans les vendanges, l'agriculture, la filières bois. C'est très facile et ce sont les patrons qui en profitent parce que, évidemment, les salaires ne sont pas les mêmes. On s'habitue à voir des petits boulots qui n'étaient pas indispensables avant, comme les livreurs [uberisés]. (…) On peut considérer que c'est une forme d'esclavage», analyse l'élu RN.

Pour Julien Odoul, «on leur fait miroiter un pays qui va accepter leurs cultures, leurs coutumes, leurs modes de vie, leurs croyances sans rien changer» prenant appui sur les passants sur le parking du CADA qui «ne se sont pas mis à la culture français».

Une vision restrictive du droit d'asile


«Considérant que «le droit d'asile a été totalement dévoyé», le RN a une approche très restrictive de ce droit, le réservant à des personnalités emblématiques persécutées dans leur pays, comme des intellectuels par exemple : «le droit d'asile, ce n'est pas faire venir des populations entières, ce n'est pas fuir un pays qui est en guerre, c'est être persécuté individuellement».

De façon assez paradoxale, le RN propose que les individus pourchassés dans un pays pour leur religion ou leurs absence de religion, leur orientation sexuelle ou leurs opinions politiques voient leur dossier étudiés dans «un consulat» au sein de ce même pays avant d'être admis en France.

Dans le cas très actuel de la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan, Marine Le Pen a suggéré que les pays limitrophes mettent en place des «cités de l'asile» pour faire les demandes. On n'ose imaginer cela au Pakistan, pays voisin qui soutient le régime des talibans.

«Les gauchistes entretiennent une forme de paternalisme»


Pour autant, l'élu du RN se défend de cibler les individus : «on ne s'attaque jamais aux immigrés. On a à faire à des hommes et des femmes que l'on respecte, que l'on peut comprendre, compte-tenu des difficultés qui sont les leurs, qui sont bien souvent les victimes à la fois de politiques dans leur propre pays, à la fois de passeurs qui exploitent leur misère et qui leur font miroiter un Eldorado qui n'existe pas chez nous, à la fois aussi de gauchistes qui entretiennent une forme de paternalisme quelques fois un peu raciste. (…) On respecte les immigrés mais, en revanche, on considère que les Français ont plus de droits – plus de devoirs aussi – et que c'est eux qui doivent recevoir le fruit de la solidarité nationale».

«On est dans une situation de submersion qui a déjà un impact sur nos modes de vie. On le voit ici à Dijon, on l'a vu avec un certain nombre de faits divers. Un impact en termes d'insécurité, de principes (nos valeurs républicaines et nos valeurs françaises qui sont ébréchées par une surreprésentation de migrants ou d'immigrés dans certains quartiers) et un sentiment de dépossession de notre pays, de notre société, qui est légitime et durement ressenti», analyse Julien Odoul.

En prenant l'exemple du Danemark, la proposition du RN est que les demandes d'accueil en France soient effectuées dans les pays d'origine des personnes ou «si le pays est en guerre, dans un pays limitrophe».

Un projet de loi constitutionnelle


«Si Marine Le Pen était élue, c'est la première fois que les Français seraient interrogés sur la politique migratoire. On leur demanderait leur avis. Quelles sont les conditions pour entrer sur notre territoire ? Quelles sont les conditions pour y rester ? Quelles sont les conditions d'acquisition de la nationalité française ? Qu'est-ce que signifie tout simplement aujourd'hui être Français ?», liste le nationaliste.

Bien sûr, ces questions-là ne seraient pas posées directement aux citoyens mais constitueraient les principes sous-jacent d'un projet de loi constitutionnelle dont l'approbation ou le rejet seraient soumis par référendum aux électeurs.

Reprenant le slogan d'une affiche du Front National de 1995, Julien Odoul considère que «être Français, ça s'hérite ou ça se mérité» et en appelle donc à une révision du Code de la nationalité consécutive au dit référendum.

«C'est toujours une logique ultralibérale»


«On a un défi de civilisation de savoir si on souhaite que la France reste la France, que les Français puissent continuer à être majoritaires dans leur propre pays, être prioritaires dans leur propre pays», lance le porte-parole du RN.

«On constate qu'il n'y a pas de politique visant à lutter contre l'immigration massive au niveau européen. Schengen ne nous protège pas. Schengen est une immense passoire. La volonté des politiques européennes est de faire venir de plus en plus de migrants. C'est 50 millions de migrants notamment qui serviraient de main d’œuvre. On l'a vu avec le patronat allemand qui a fait fléchir Angela Merkel pour faire entrer un million de migrants dont une minorité étaient Syriens tout simplement pour remplacer les travailleurs d'Europe de l'est dans les usines allemandes et donc pour tirer à la baisse les salaires. C'est toujours une logique ultralibérale», analyse-t-il.

«Éric Zemmour est dans le commentaire»


«Défi de civilisation», «remplacement», des thèmes dont Éric Zemmour s'empare en se lançant dans une pré-campagne. «On n'a pas attendu Éric Zemmour pour parler d'immigration», s'agace Julien Odoul alors que se multiplient les opérations de communication du RN face aux bons sondages récoltés par le polémiste.

«La seule différence peut-être que l'on a avec Éric Zemmour c'est qu'il n'est pas dans la proposition. C'est facile de dire qu'il y a trop d'immigrés en France, c'est facile de dire qu'il y a trop de femmes voilées en France. (…) Qu'est-ce que concrètement on fait une fois que l'on arrivera aux responsabilités, avec le souci de l'unité du pays, d'un point de vue législatif ? Marine Le Pen, elle répond à cette question avec ce projet de référendum. Éric Zemmour est dans le commentaire, dans la polémique et surtout dans le constat. Le constat, ça fait 40 ans qu'on le fait», poursuit-il.

«La réalité s'exprime avec des murs, des budgets, du personnel employé»


«Marine Le Pen est la seule qui peut apporter ses réponses d'un point de vue politique et démocratique parce que c'est la seule qui peut gagner», insiste le porte-parole de la candidate à la présidentielle.

«Nous voulons agir sur un phénomène qui a des répercussions sur le quotidien des Français d'un point de vue identitaire, sécuritaire, budgétaire. Par contre des personnes. On va à la rencontre des personnes. Plusieurs fois, j'ai pu rentrer dans des centres de demandeurs d'asile, j'ai pu échanger soit avec des personnels, soit avec des migrants eux-mêmes pour connaître leur parcours. On va au contact. La réalité s'exprime là, elle s'exprime avec des murs, avec des budgets, avec du personnel employé. C'est la collectivité qui paye pour tout cela», boucle-t-il.

Déplacements de cadres du RN en Bourgogne-Franche-Comté


Autour de Julien Odoul, les élus régionaux débutent une tournée en Bourgogne-Franche-Comté pour battre la campagne. Une réunion avec Sébastien Chenu figure déjà à l'agenda, le 11 octobre prochain en Côte-d'Or.

«Les adhérents attendent la venue de cadres parisiens», indique René Lioret, délégué départemental, qui organisera une autre rencontre le 21 novembre. Le nouveau président du parti, Jordan Bardella, et la candidate elle-même, Marine Le Pen, sont également espérés dans la région.

Jean-Christophe Tardivon