Recherche
Pour nous joindre
redaction.infosdijon@gmail.com
SMS au 07.86.17.77.12
> Vie locale > Vie locale
30/03/2022 03:27

PRÉSIDENTIELLE : «L'immigration n'est pas la cause des problèmes de la France mais elle les aggrave tous», selon Jean-Frédéric Poisson

Le président du parti Via est venu en Côte-d'Or le 22 février dernier expliquer pourquoi il soutient la candidature d’Éric Zemmour. Avec Laurence Trochu, présidente du Mouvement conservateur, il a revendiqué «un moratoire sur les questions sociétales pendant cinq ans».
Le déplacement de Jean-Frédéric Poisson à Dijon s'est fait en catimini, la mobilisation des opposants à la candidature d’Éric Zemmour incitant à une certaine discrétion. En effet, il n'est pas toujours pertinent de recourir à la sécurisation des forces de l'ordre comme dans le cas du grand meeting tenu à Saulieu.

Le 22 février 2022, avant une réunion publique à Fontaine-Française, Jean-Frédéric Poisson a répondu aux questions d'Infos Dijon sur le sens de son soutien au candidat d'extrême-droite.

De la démocratie-chrétienne à l'extrême-droite


Président de Via, la voix du peuple (Via) depuis 2013, Jean-Frédéric Poisson a succédé à Christine Boutin qui avait fondé le Forum des républicains sociaux en 2001, devenu Parti chrétien-démocrate en 2009 avant de changer de nouveau de nom en 2020.


Issu d'une scission de l'UDF, associé un temps à l'UMP, le parti a évolué de la démocratie-chrétienne à un conservatisme social en s'arc-boutant sur «les valeurs chrétiennes». Le nouveau nom insiste ainsi sur le positionnement pro-vie incitant à considérer un embryon comme une personne à part entière.

En 2016, Jean-Frédéric Poisson s'est présenté à la primaire de la droite et a obtenu 1,5%. Il a alors soutenu le vainqueur de la primaire, François Fillon, puis refusé d'appeler à voter contre Marine Le Pen au second tour.

Lors des européennes de 2019, une tentative de rapprochement avec Debout La France de Nicolas Dupont-Aignan a échoué et le parti a ensuite noué des accords locaux avec le Rassemblement National aux municipales de 2020.

Chemin faisant, le positionnement s'est affirmé de plus en plus à droite de l'échiquier politique jusqu'à annoncer un soutien à la candidature d'Éric Zemmour en vue de l'élection présidentielle d'avril 2022.

«La logique de l'union des droites»


Ce 22 février, Jean-Frédéric Poisson est entouré de Laurence Trochu, porte-parole d'Éric Zemmour et présidente du Mouvement conservateur, d'Antoine de Loisy, référent Bourgogne-Franche-Comté du Mouvement conservateur en étant basé en Saône-et-Loire, de Franck Gaillard, coordinateur de Reconquête en Bourgogne-Franche-Comté, et de Jean-Philippe Martin, délégué de Via et coordinateur de la campagne de Reconquête en Saône-et-Loire.

«On continue dans la logique de l'union des droites voulue par Éric Zemmour», explique Franck Gaillard en arborant une cravate ornée de fleur de lys, sans connotation politique pour autant, «juste une histoire de goût».
 
«On est sur la ruralité», ajoute le coordinateur régional de Reconquête, «c'est un thème qui me touche beaucoup parce que je suis maire d'une petite commune [NDLR : Chaume-et-Courchamp, commune de 200 habitants au nord de Fontaine-Française], on continue de décrire notre programme pour pouvoir expliquer aux plus démunis de nos communes notre perspective».

«Les chats ont besoin de Marine Le Pen, les Français ont besoin d'Éric Zemmour», glisse-t-il en direction de la présidente du Rassemblement National qui pratique l'élevage de chats.

«Aujourd'hui, la droite est chez Éric Zemmour»


Le Mouvement conservateur est une organisation politique née en 2013 dans le giron de l'UMP pour contester le «mariage pour tous» sous le nom de Sens commun. En Bourgogne-Franche-Comté, aux élections régionales de juin 2021, Gilles Platret (LR) s'était entouré de colistiers du Mouvement conservateur.

Avec le temps, le Mouvement conservateur s'est éloigné des Républicains au point de rejeter un soutien à Valérie Pécresse et de s'orienter vers la candidature d'Éric Zemmour.

«C'est un choix radical», assume Laurence Trochu, «au sens où les Conservateurs, qui étaient associés jusqu'à présent aux Républicains, se sont rendus compte que les idées que nous portions ne pouvaient pas être représentées dans la campagne de Valérie Pécresse qui a dit elle-même dans une interview au magazine Têtu qu'elle faisait partie de la frange la plus progressiste des Républicains».

«Les Républicains sont en véritable crise d'identité», analyse la présidente du Mouvement conservateur. «Aujourd'hui, on ne sait pas de quoi cette droite est le nom. Ils fonctionnent selon un logiciel qui est celui de la Chiraquie qui consiste à dire 'il y a d'un côté les extrêmes, de l'autre côté les modérés, il faut choisir son camp, il n'y a pas d'alternative'. Pour eux, les modérés, c'est LR, c'est En Marche, c'est l'UDI, c'est le Modem mais ça veut dire qu'ils ne sont pas capables de faire la différence entre une vision pour la société portée par la droite et une vision pour la société portée par En Marche. Dès lors qu'ils s'associent dans les faits à cette ligne macroniste, qui est une multiculturaliste, qui est une liste post-nationale, qui est une ligne trans-humaniste, on ne voit pas quel est l'apport dans la campagne électorale. Aujourd'hui, la droite est chez Éric Zemmour. Cette alliance, qu'on a vu déjà pendant les départementales, pendant les régionales, entre LR et En Marche, pour moi, c'est l'extrême-centre.»

Laurence Trochu salue le «positionnement très clair» du candidat qu'elle soutient. «J'ai aimé ce diagnostic très lucide et le courage de proposer des solutions sans se cacher derrière son petit doigt. En ce sens, je pense que c'est une des clés de la réussite d'Éric Zemmour, il parle vrai et les Français le reconnaissent. On a un socle d'idées très claires sur la défense de la nation dans sa liberté, dans sa souveraineté, dans son autorité, dans son identité. C'est tout le travail que les Républicains, malheureusement, n'ont pas fait. Depuis 2017, je pense qu'ils n'ont pas compris comment Emmanuel Macron avait modifié le paysage politique. Nous, on avait essayé de l'intérieur de faire ce travail de clarification d'une ligne mais ça n'a pas été accueilli.»

Antoine de Loisy confirme : «on a essayé de travaillé sur un socle de programme et la droite ne s'y pas intéressé du tout». «J'ai été très surpris de l'adhésion totale de la base, nos militants ont adhéré totalement à Éric Zemmour», confie le référent régional du Mouvement conservateur.

«Il y a une rencontre entre Éric Zemmour et les Conservateurs sur une base commune», abonde Laurence Trochu en renvoyant vers le Manifeste du conservatisme.

Gilles Platret estimé «compatible» avec Éric Zemmour


Concernant leur ancien allié, Gilles Platret, Laurence Trochu évoque un phénomène de «diabolisation» voire «une chasse aux sorcières» au moment de la recherche des parrainages : «Gilles Platret comme les autres subit cette pression».

«Ses prises de position sont globalement compatibles avec le programme d'Éric Zemmour» estime Jean-Philippe Martin. Le coordinateur de la campagne de Reconquête en Saône-et-Loire renvoie ainsi aux propos du maire de Chalon-sur-Saône évoquant une «espèce d'épuration ethniques» dans certains quartiers.

Une «coalition» entre Via et Reconquête


«J'arrive à Dijon en étant un peu chez moi», indique Jean-Frédéric Poisson puisque son père est né dans la capitale régionale et que son grand-père paternel a animé un réseau de la Résistance à Montbard. L'ancien député des Yvelines confie une «affection particulière» pour les vins de la côte de Beaune ou encore de la côte de Nuits.

«Dès la primaire de 2016, je me suis évertué à essayer de faire comprendre que le rassemblement des personnes de bonne volonté sur un projet attentif à la France était la condition de son redressement», rappelle-t-il, «je n'ai pas beaucoup réussi dans cette tentative».

Une consultation interne des militants de Via a conduit à la décision de «rejoindre la campagne de Éric Zemmour» avec deux «compléments». Le premier : «que nous nous situions dans une situation de coalition et non pas dans une perspective monolithique pyramidale. Ça marche plus, nulle part. À tous les niveaux de responsabilité les gens veulent être associés aux décisions. (...) Ce qui est vécu dans le monde du travail est vécu dans dans les autres milieux».

Le second : «la formulation qu'il a adoptée à propos de la question migratoire, je la signe intégralement. L'immigration n'est pas la cause des problèmes de la France mais elle les aggrave tous. (…) Ce n'est pas la faute des immigrés à titre individuels. Ce phénomène pèse d'une manière qui devient insupportable pour notre pays et qui empêche le reste de se dérouler normalement. Mais quand on aurait réglé la question migratoire, rétabli le contrôle aux frontières, stoppé toute forme d'immigration sauf pour les demandeurs d'asile politique et les réfugiés politiques... (…) tout le programme d'Éric Zemmour, il resterait des situations de fragilité que tout ça ne règle pas».

«Petit à petit, on vous met des QR codes partout»


«Un des drame de la société contemporain, c'est que c'est une société des forts et des puissants dont la seule obsession est d'accroître leur force et leur puissance. Si nous ne sortons pas de cette spirale infernale, alors on passera à côté et du résultat électoral et du redressement de notre pays», envisage le président de Via.

«Nous sommes heureux de rejoindre ce projet qui est le seul à constituer une véritable alternative, et non une alternance, aux politiques qui sont mises en place. (…) Éric Zemmour est le seul candidat qui fait de la politique. (…) L'ancrage civilisationnel dans lequel il a résolument décidé d'ancrer son projet politique est, là aussi, quelque chose qui parle aux Français. Ce n'est pas un problème de classe sociale, de niveau de vie ou d'origine culturelle, c'est transversal comme le bien commun est transversal. Le fait qu'il ait anglé son projet politique par ce biais-là entre en résonance avec les attentes profondes d'énormément de Français», développe-t-il.

«Il y a là quelque chose d'extrêmement différenciant, bien sûr de très clivant, puisque tout le monde comprend que quand Éric Zemmour sera élu président de la République et que la majorité à l'Assemblée nationale aura suivi cette élection nous allons rentrer dans une période de chamboulement. (…) Nous n'avons qu'une alternative. Soit effectivement nous continuons, l'air de rien, sur la trajectoire dans laquelle nous sommes et nous irons vers le crédit social, le pacte migratoire européen et l'identité numérique. (…) Je ne crois pas que les Français veulent cette société-là. Ce qu'ils n'ont pas tout à fait compris, c'est que c'est ça qui nous attend si jamais Monsieur Macron ou un de ses clones est élu à la tête de l’État. (…) Petit à petit, on vous met des QR codes partout, on vous explique que, si vous n'êtes pas vacciné, vous ne serez pas remboursés de vos soins à l'hôpital. (…) Ou alors, on prend la pente dans l'autre sens, il y a une pente à remonter, les décisions seront brutales, elles vont modifier un certain nombre de nos habitudes mais le redressement de notre pays est à ce prix», poursuit-il.

Éric Zemmour est «aligné» sur les convictions de Via


Sur les aspects programmatiques de la coalition formée entre Reconquête et Via, Jean-Frédéric Poisson met en avant une «couleur du projet politique» teintée de «sujet familiaux», de «réforme de l'école» et du «rôle de l’État». «Le projet de Macron détruit les repères et réduit les libertés. (…) Le plus protecteur tous les projets qui sont en lice, c'est, à l'évidence, celui d'Éric Zemmour. (…) On entend cette préoccupation particulière pour ceux qui sont en situation de fragilité.»

«Je sais qu'Éric Zemmour est parfaitement aligné sur les convictions qui sont les nôtres. (…) Je n'ai pas changé d'avis sur les questions de la vie, sur le mariage homosexuel, sur la procréation médicalement assistée, sur la légalisation de l'euthanasie. Il me semble que, si on veut réunir les Français autour d'un projet qui les rassemble, qui les rassure, (…) ce n'est peut-être pas le moment de revenir dans le débat public avec des questions dont le premier effet est d'opposer, de fracturer encore davantage l'opinion publique. C'est un traitement politique que je comprends», souligne le président de Via.

«Dans la situation éthique où se trouve notre pays, je me serais contenté de la part de beaucoup de candidats simplement d'un moratoire sur les questions sociétales pendant cinq ans. (…) Éric a pris des positions extrêmement claires sur la PMA sans père, le refus de la GPA, la recherche embryonnaire», ajoute-t-il.

«La métropolisation aggrave toutes les difficultés»


Revenant à la thématique proposée par Franck Gaillard pour ce déplacement, Jean-Frédéric Poisson fait une analogie entre l'immigration et le fait métropolitain : «la métropolisation n'est pas la cause de tout mais aggrave toutes les difficultés».

«La vraie, grande et bonne mesure : un euro dépensé en zone urbaine égale un euro dépensé en zone rurale me paraît le minimum , (…) je serais plutôt dans la logique deux pour un», appuie l'ancien élu rural d'Île-de-France. «Deuxièmement, la prime à la naissance, (…) c'est un investissement indirect, une mesure résolument nataliste, rurale, de rééquilibrage du territoire.»

«Tout l'enjeu est la reconquête des territoires qui sont en voie de désertification tout court : zones blanches, absence de services publiques, fermeture des cafés, des postes, des écoles. Dans le sud des Yvelines, depuis vingt ans, nous y connaissons sans doute le même mouvement que dans le nord de la Côte-d'Or. Ça n'épargne personne. Le phénomène d'aspirateur des grandes métropoles concentre les services, les investissements, les emplois, etc.», analyse-t-il.

«Il faut arriver absolument à déconcentrer tout ça», martèle Jean-Frédéric Poisson, «l'investissement est un levier». «Il faudra des politiques de restructuration urbaines plus énergétiques. (…) Les Français commencent à redécouvrir les vertus de la vie à la campagne. (…) Ce mouvement de déconcentration urbaine, on commence à le voir spontanément, il faut espérer qu'il s'accentue avec les mesures que compte prendre Éric Zemmour».

Jean-Christophe Tardivon

«Le gouvernement veut protéger les banlieues, je veux protéger nos campagnes», déclare Éric Zemmour












Infos-dijon.com - Mentions légales