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05/12/2021 03:14

PRÉSIDENTIELLE : «La bonne nouvelle, c'est que la jeunesse a prévu d'aller voter», s'enthousiasme l'écologiste Julien Bayou

En séance de dédicaces à Dijon le 26 novembre dernier, le patron des Verts a défendu que «le réalisme» se trouverait du côté des écologistes. Au passage, Julien Bayou a taclé François Rebsamen pour son soutien à une implantation d'Amazon dans la métropole dijonnaise.
Le secrétaire national d'Europe Écologie Les Verts est en tournée dans les librairies pour promouvoir son livre, coécrit avec Vincent Édin, «En vert et avec tou.tes» (éditions JC Lattès) qui vise à établir une «alliance des générations».

Le 26 novembre dernier, il a fait étape à la librairie Gibert Joseph à Dijon pour une séance de dédicaces en étant très entouré par des élus locaux EELV, dont les conseillères régionales de Bourgogne-Franche-Comté Claire Mallard et Sarah Persil, les conseillers départementaux de Côte-d'Or Billy Chrétien et Catherine Hervieu ainsi que le conseiller municipal de Dijon Olivier Muller.


Le pape François «allié inattendu» des écologistes


Écrit début 2021 et prévu pour être publié avant la primaire de l'écologie, l'essai est finalement sorti après et compte relativement peu de références aux candidats à la présidentielle de 2022.

Cet essai s'inscrit «dans la montée en puissance des écolos qu'on voit depuis les européennes, aux municipales et même aux régionales où l'on a fait des scores assez historiques», explique Julien Bayou en répondant aux questions d'Infos Dijon.

«Ce livre sert d'abord à dire ce qu'est l'écologie et ce qu'elle n'est pas, à revenir sur toutes les idées reçues, les critiques qu'on peut nous faire, et finalement affirmer que le réalisme, le sérieux, il est plutôt de notre côté», assure-t-il.

«Si on est là où on est, ce n'est pas la faute des écologistes, c'est précisément parce qu'on les a pas assez écoutés ou entendus», considère Julien Bayou. Il liste des «alliés inattendus» comme le pape François et son encyclique «Laudato Si'» sur l'écologie, les acteurs économiques locaux qui ont appelé à la fin du projet Europa City dans le Val d'Oise ou encore les jeunes employés qui appellent à «quitter la Défense» [NDLR : le quartier d'affaires dans les Hauts-de-Seine].

«La France qui ne fait pas sa part ni sur l'environnement, ni sur la justice sociale»


Le patron des Verts enchaîne en ciblant d'abord la droite : «quand on regarde les villes les plus endettées, c'est toujours des villes de droite, ce n'est pas nous qui avons de leçon à recevoir».

Idem pour la sécurité : «la droite a estimé pertinent qu'on ferait plus de sécurité avec moins de policiers, (…) la droite a supprimé la police de proximité, c'est Nicolas Sarkozy qui a réorganisé les services de renseignement et, en fait, les a désorganisés».

Dans la foulée, Julien Bayou fustige l'annonce faite par le président de la République de développer de petits réacteurs nucléaires modulaires : «il n'y pas de pays, à ce stade, qui a une centrale civile SMR – les États-Unis pourrait avoir un prototype en 2029». L'EPR ? «Il ne produit rien du tout pour très très cher !»

«La situation actuelle, c'est 2°7 [NDLR : l'augmentation de la température moyenne de la planète d'ici la fin du XXIème siècle par rapport à l'ère préindustrielle], un scénario catastrophique au niveau mondial et la France qui ne fait pas sa part ni sur l'environnement, ni sur la justice sociale, ni sur les aspects de démocratie», estime l'écologiste.

Yannick Jadot, député européen à Glasgow


Le secrétaire national d'Europe Écologie Les Verts souligne que Yannick Jadot, bien que candidat à l'élection présidentielle a fait «son travail de député européen» en se rendant à la COP 26 à Glasgow (Écosse). «Il était à sa place, là où était un écolo, quand il revient, on l'entend puisqu'il a été la seule voix, claire, ferme notamment à assumer une position claire et humaniste sur l'accueil des réfugiés».

En revanche, il critique la démarche du président de la République : «il est allé à la COP, faire un discours, donner des leçons et repartir une semaine seulement après que la justice l'ait sanctionné pour carences dans l'action climatique ; le fait qu'il soit allé donner des leçons a contribué à empêcher l'Europe de parler d'une seule voix, il a vraiment joué un rôle négatif dans les discussions».

En conséquence, Julien Bayou juge sévèrement le bilan d'Emmanuel Macron : «liberté, égalité, fraternité, climat, tout est à refaire».

À la présidentielle, le choix entre le passé, le présent ou l'avenir


«On a vu des candidats qui essaient de braconner, de trianguler sur des terres d'extrême-droite. (…) Il y a trois projets sur la table, c'est passé-présent-avenir : l'extrême-droite, un champ conservateur puis les progressistes et les écolos. Le passé fantasmé, c'est 'Vive l'Algérie française et les femmes à la maison', le présent c'est 'on fait semblant de tout changer mais on change rien', c'est Emmanuel Macron, (…) et le projet d'avenir de l'écologie», envisage Julien Bayou à propos des propositions en vue de la présidentielle.

Les Verts misent donc sur «un gain à la clarté» en écartant toute participation à une quelconque «remontada» ou «deuxième mandat Hollande» pour préférer «proposer la coalition en soutien à Yannick Jadot».

Laïcité : le «bon équilibre» de la loi de 1905


Un jalon a été posé le 24 novembre dernier par un échange de courriers avec le Parti radical de gauche-Centre gauche, parti très sourcilleux sur les questions de laïcité. La position des Verts était donc attendue. «La loi de 1905 est un joyau, c'est le bon équilibre qui permet l'expression de l'intime et la vie en société. C'est à la fois une loi de liberté ce culte et aussi une loi de répression quand il y a des prêches qui appellent à monter les Français les uns contre les autres ou contre les lois de la République. Il faut l'appliquer pleinement. Une fois que l'on a dit ça, on peut cesser d'instrumentaliser la laïcité. (…) La loi protège la foi tant que la foi ne prétend pas dicter sa loi», résume Julien Bayou. «Là-dessus, on se retrouve avec le PRG !»

Cependant, dans ce courrier, l'ensemble des piliers de la République, l'éducation et le climat ont également été passés en revue par le secrétaire national d'Europe Écologie Les Verts afin d'explorer des «convergences» avec le PRG. Julien Bayou donne les exemples de l'«ISF climatique», les éconditionnalités des aides aux entreprises ou encore l'égalité salariale entre les hommes et les femmes.

«Il y aura 5 millions de primo-votants en 2022»


Le patron des Verts table sur la possibilité d'établir «un contrat de gouvernement» avec «toutes les forces qui le souhaitent» autour de la candidature de Yannick Jadot pour «remplacer Macron».

«Les 13% des européennes, c'est 3 millions de voix, c'est notre record à ce stade», rappelle Julien Bayou, «mais l'enjeu est de doubler et plus puisque le ticket d'entrée au second tour est plutôt aux alentours de 7 à 8 millions de voix. D'où l'enjeu de constituer une coalition, on ne le fera pas seul».

Pour atteindre ce résultat, les Verts comptent sur la mobilisation des abstentionnistes et les jeunes : «il y aura 5 millions de primo-votants en 2022, (…) la bonne nouvelle, c'est que cette jeunesse a prévu d'aller voter».

Féminisme, antinucléaire, diversité, condition animale, transition écologique et biodiversité seront des mots-clés de la plateforme présidentielle prévue pour correspondre aux engagement citoyens de ces jeunes.

«Travailler cette alliance des générations pour enfin agir»


«C'est merveilleux, quand on est écolo, de voir la jeunesse débouler dans la rue, dans les urnes, et s'enthousiasmer pour l'action. C'est aussi important de dire que, si on en est là, c'est parce qu'il y a des personnes qui ont porté les personnes quand ce n'était pas populaire, (…) dans les année quatre-vingt, avant le premier rapport du GIEC qui alertait sur le dérèglement climatique. C'est des menaces, des humiliations, de l'indifférence. Maintenant que la société entre en résonance, il faut arriver à travailler cette alliance des générations pour enfin agir», développe Julien Bayou.

«C'est contester le procès en illégitimité des écolos en le retournant : celles et ceux qui nous envoient dans le mur, (..) c'est les personnes qui s'emploient – un peu comme Rebsamen avec Amazon – à persister dans l'erreur», tacle-t-il.

La «godille» des sociaux-démocrates


La situation politique locale a connu un retournement quelques jours seulement avant la venue de Julien Bayou à Dijon : le groupe municipal de six élus écologistes s'est divisé en deux. Trois élus rejoignant la majorité conduite par François Rebsamen, trois élus restant dans l'opposition (lire notre article).

«On s'attache à la subsidiarité au sens où la décision est prise au plus proche des habitants et habitantes concernés», réagit le secrétaire national d'Europe Écologie Les Verts.

«Nous, on est droit et cohérent. De temps en temps, ça godille en face», lance Julien Bayou en référence aux choix politiques des majorités socialistes notamment. «Un coup, on nous parle de social-écologie, un coup on nous dit 'vive l'aéroport de Notre-Dame des Landes'», ajoute-t-il en songeant à Stéphane Le Foll, maire du Mans, défenseur d'une évolution écologiste de la social-démocratie aux côtés de François Rebsamen (lire notre article). À noter que dans le conseil municipal du Mans, les élus EELV siègent dans l'opposition.

«Découvrir qu'en 2021, on puisse encore soutenir un projet d'implantation d'Amazon me semble révélateur de cette confusion. En 2021, on sait qu'Amazon, ça détruit des emplois. On sait qu'Amazon, c'est 10% des émissions de gaz à effet de serre du pays. On sait que l'implantation, c'est de l'artificialisation. Les conditions de travail sont déplorables. On sait tout ça», peste Julien Bayou. Amazon envisage effectivement d'installer une agence de livraison de proximité à Longvic en 2022 (lire le communiqué).

Selon Julien Bayou, «la social-démocratie n'est pas forcément consubstantielle du productivisme mais, en tous cas, pour l'instant, ils n'ont pas réussi à s'en détacher parfaitement».

Jean-Christophe Tardivon












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